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SYMPHONIE DIAGONALE

Inspiration de Lichtspiel III: Symphonie Diagonale et diffusé sur scène pendant le morceau

Symphonie diagonale (en allemand : Diagonalsymfonin) est un film muet allemand d’animation, précurseur du courant cinématographique expérimental, réalisé par Viking Eggeling et sorti en 1925.

L’unique copie originale ayant étant perdue dans les bombardements de Berlin en 1940, une version de reconstitution (mais qui ne se présente pas comme telle) est réalisée dans les années 1940 à l’initiative de Hans Richter, sur la base des rouleaux conservés de Eggeling. Bien que peu fidèle à l’œuvre originale (construction, rythmes), c’est l’unique version diffusée aujourd’hui.


Synopsis

Construite à partir de 6 720 dessins, cette Symphonie diagonale s’articule autour de formes géométriques blanches se mouvant au gré de leurs apparitions et de leurs disparitions sur un fond noir uni. Le film a été tourné à Berlin dans les studios de la UFA.


Viking Eggeling (né le 21 octobre 1880 à Lund en Suède et mort le 19 mai 1925 à Berlin en Allemagne) est un artiste et cinéaste avant-gardiste lié au dadaisme, au constructivisme et l’art abstrait qui a été l’un des pionniers du cinéma absolu et de la musique visuelle. Son film de 1924, Symphonie Diagonale est l’un des films abstraits précurseurs de l’histoire du cinéma expérimental.


Biographie

Début de carrière

À 16 ans, l’orphelin Eggeling s’est installé en Allemagne pour faire une carrière artistique. Il a étudié l’histoire de l’art à Milan de 1901 à 1907, subvenant à ses besoins en travaillant comme comptable. De 1907 à 1911, il a enseigné l’art au Lyceum in Zuoz/Institut Engiadina (aujourd’hui le Lyceum Alpinum Zuoz) en Suisse. Il a vécu à Paris de 1911 à 1915, où il s’est familiarisé avec Amedeo Modigliani, Hans Arp, Léopold Survage et d’autres artistes de l’époque. À ce moment, son art était influencé par le cubisme, mais il est rapidement devenu plus abstrait, et dans les années 1915-1917, influencé plus spécifiquement par les Rythmes colorés de Survage, il a commencé à faire des croquis sur des rouleurs qu’il a plus tard transformés en films abstraits : Horizontal-Vertikal Messe (aujourd’hui perdu) et Symphonie Diagonale.


Zürich & Dada

À Zürich en 1918, il s’est rapproché à nouveau avec Hans Arp et a participé à plusieurs activités dada, devenant l’ami de Marcel Janco, Richard Huelsenbeck, Sophie Taeuber et les autres dadaïstes liés au Cabaret Voltaire. En 1919, il a été rejoint le groupe Das Neue Leben (“La nouvelle vie”), qui était basé à Bâle et comprenait Marcel Janco, Hans Arp, Sophie Taeuber, Augusto Giacometti, et d’autres. Le groupe était en faveur d’une approche éducationnelle à l’art moderne, couplé à des idéaux socialistes et une esthétique constructiviste. Dans son manifeste artistique, le groupe a déclaré son idéal de “reconstruire la communauté humaine” pour préparer la fin du capitalisme. La même année, Eggeling a été le co-fondateyr du groupe similaire Artistes Radicaux, section plus politique du groupe Neue Leben. Durant cette période, en 1918, Tristant Tzara l’a présenté à Hans Richter, avec qui il travaillera intimement pendant quelques années, et en 1919, les deux ont quitté la Suisse pour l’Allemagne. Richter a plus tard écrit que “Le contraste entre nous, qui était entre la méthode et la spontanéïté, n’a servi qu’à renforcer notre attraction mutuelle… pendant trois ans, nous avons marché côte à côte, même si nous combattions sur des fronts séparés”.


Berlin

En Allemagne, son premier arrêt a été Berlin, où il a rencontré Raoul Hausmann, Hannah Höch et d’autres artistes radicaux. Il y a également rejoint le Novembergruppe (“le groupe de novembre”), groupe politique radical qui comprenait de nombreux artistes liés au dada, au Bauhaus et au constructivisme. Après s’être installé à Klein-Kölzig avec Richeter, il a continué ses expérimentations avec les “rouleaux”. Ces rouleaux étaient des séquences d’images peintes sur de longs rouleaux de papier qui examinent la transformation de formes géométriques qui pouvaient faire jusqu’à 15 mètres de long. Comme ils devaient être “lus” de gauche à droite, cela a rapidement évolué en expérimentation cinématographique sur pellicule. En 1920, Eggeling a commencé à produire son premier film, Horizontal-Vertikal-Messe, adapté d’un rouleau contenant approximativement 5000 images. En 1921, il a mis fin à sa collaboration avec Richter et a remis à plus tard son travail sur Horizontal-Vertikal-Messe. En 1923, il a collaboré à la place avec Erna Niemeyer et travaillé sur Symphonie Diagonale, synthèse d’image, rythme, mouvement et musique, créée à partir d’une série de feuilles de papier noir avec des formes géométriques. Ce film a été terminé en 1924 et dévoilé pour la première fois en novembre de la même année. Sa première projection publique a été à Berlin en mai 1925, lors du programme cinématographique Der absolute Film, arrangé par le Novembergruppe. 16 jours plus tard, Eggeling est mort d’une septicémie.

Source : Wikipedia

LICHTSPIEL SCHWARZ WEISS GRAU

Inspiration de Lichtspiel II: Schwarz Weiss Grau et diffusé sur scène pendant le morceau

En 1930, après huit ans de recherche et d’expérimentation, Laszlo Moholy-Nagy a créé le Modulateur espace-lumière, sculpture cinétique de verre, spirales et feuilles de métal perforées rotatifs illuminée de 140 sources de lumière différentes. Cette même année, il a produit le film Lichtspiel Schwarz Weiss Grau, abstraction cinématographique dynamique de la lumière et du mouvement généré par le Modulateur espace-lumière. Le jeu de la lumière dans le film, comme dans la sculpture originale, a permis à Moholy-Nagy de créer une expérience complètement nouvelle pour le spectateur, affirmant sa propre proposition que,

“Étant donné que la lumière est un problème spatio-temporel, la seule accentuation de la question de la lumière nous amène dans le domaine d’une nouvelle notion spatiale qui ne peut encore être complètement analysée. Nous pouvons, cependant, trouver un terme pour la décrire : le flottement”.

Moholy-Nagy a également vu son Modulateur espace-lumière comme une extension des idées qui étayaient le cinéma – la lumière amplifiée projetée sur une surface dans des configurations dynamiques. De ce fait, Lichtspiel Schwarz Weizz Grau, sa médiation cinématographique de ces soucis spatiaux et lumineux est une œuvre vitale dans sa pratique artistique. Le film commence en une série d’images abstraites de formes géométriques et d’ombres formées par le mouvement cinétique du Modulateur espace-lumière. Les mouvements circulaires de la sculpture et de la caméra en combinaison fournissent un effet pendant hypnotique qui est à la fois un document de la sculpture et une élégante danse visuelle de formes et de lumière transformées protéiformes. Les combinaisons rythmiques d’inertie et de dynamisme sur diverses variations d’espace d’écran et de superpositions de mouvement et de forme en font une expérience visuelle vertigineuse.

Bien qu’il ne puisse reproduire l’expérience immersive de la sculpture de lumière, le film crée un espace de vision dans lequel le public est visuellement désorienté par les bouleversements spatiaux de Moholy-Nagy. Comme l’a anticipé l’artiste, cela crée une sensation de détachement, de “flottement”, au milieu d’une vision dynamique de la relation de la lumière à la compréhension spatiale.

Source : https://www.acmi.net.au/works/108255–lichtspiel-schwarz-weiss-grau/


László Moholy-Nagy, né László Weisz le 20 juillet 1895 à Bácsborsód (alors dans l’Empire austro-hongrois) et mort le 24 novembre 1946 à Chicago, est un peintre, un photographe plasticien et théoricien de la photographie hongrois, naturalisé américain en 1946.

László Moholy-Nagy est connu pour sa participation à divers mouvements d’avant-garde dans l’entre-deux guerres, dans lesquels il côtoie notamment les membres du dadaisme, du constructivisme et du De Stijl. Il explore les nouvelles techniques de photographie en concevant des photogrammes. Sollicité par le fondateur et directeur de l’école du Bauhaus, Walter Gropius, l’artiste y devient enseignant en 1923 avec le titre de Maître. Il quitte l’établissement en 1928 et s’installe en 1934 au Royaume-Uni. Là-bas, il continue ses expérimentations artistiques et travaille dans la publicité. En 1937, il part aux États-Unis pour ouvrir l’école du New Bauhaus à Chicago.


Biographie

Origines, famille et études

László Weisz nait le 20 juillet 1895. Il est issu d’une famille juive hongroise de Bácsborsód. Son père, Lipót Weisz, est intendant dans une grande propriété agricole. Par sa mère Karolina Stein, il a un demi-frère ainé, Jenö, né en 1891. Son père abandonne la famille en 1897, juste après la naissance de son plus jeune frère, Akos. C’est l’oncle maternel, Gusztáv Nagy, un avocat nationaliste et progressiste, qui recueille la famille à Mohol et qui subvient aux besoins de celle-ci.

Le jeune László adopte le patronyme de son oncle. En 1905, Il entre au Gymnasium de Szeged. László Nagy fait ses premières armes dans le domaine artistique en publiant des poèmes dans le journal local Szegedi Napló en 1911. En 1913, après son baccalauréat, il entame des études de droit à l’Université de Budapest (Budapesti Tudományegyetem). Au début de la Première Guerre mondiale, il est mobilisé dans l’armée austro-hongroise comme officier d’artillerie. Blessé au cours de l’année 1917, il commence à dessiner durant sa convalescence à l’hôpital d’Odessa. László Moholy-Nagy s’implique dans la revue Jelenkor (“Le Temps Présent”), fondée par Iván Hevesy, puis dans la revue révolutionnaire d’avant-garde MA (“Aujourd’hui”) de Lajos Kassák. Cette même année, il change définitivement son patronyme en Moholy-Nagy : Moholy en reconnaissance de Mohol, la ville de sa jeunesse et Nagy en hommage à son oncle.


Premières expositions

De retour à Budapest après sa démobilisation, il décide de se consacrer à la peinture. Il fréquente l’école d’art privée de l’artiste hongrois Fauve Róbert Berény et participe à plusieurs expositions. L’éphémère République des conseils de Hongrie lui achète quatre œuvres en 1919. Après la chute du régime communiste en août 1919, il se retire à Szeged puis fuit le pays. Il gagne Vienne à la fin de l’année.

En 1920, László Moholy-Nagy emménage à Berlin début 1920. Là-bas il rencontre les Dadas Raoul Hausmann, Hannah Höch et Kurt Schwitters. Il devient le correspondant pour la revue MA. La même année il rencontre puis épouse la photographe et écrivaine Lucia Schulz. À Berlin, il découvre le constructivisme et le suprématisme, incarnés par les œuvres de Kasimir Malevitch et en 1921 il réalise l’un de ses premiers tableaux, Composition 19. En octobre de la même année, la revue néerlandaise De Stijl publie un “Appel à l’art élémentaire. Aux artistes du monde entier”, texte qu’il cosigne avec Jean Arp, Raoul Hausmann et Ivan Puni (Jean Pougny).

En 1922, lors d’une exposition commune avec son compatriote hongrois Laszlo Peri à la galerie d’art Der Sturm de Berlin, il fait la connaissance de Walter Gropius. Cette même année, au cours du premier “Congrès des artistes progressistes”, organisé à Düsseldorf du 29 au 31 mai, il représente le groupe MA et rencontre à cette occasion El Lissitzky et Theo van Doesburg, lequel vient de publier dans De Stilj un article théorique sur les photogrammes, intitulé “Production reproduction”. De son côté, Moholy-Nagy publie avec Kassák le Livre des nouveaux artistes. Cet été-là, il part en vacances dans le massif montagneux de la Rhön avec sa femme. Celle-ci l’initie à fabriquer des photogrammes sur papier photosensible.

Ses premiers photogrammes sont influencés par les films de Walter RuttmannViking Eggeling et Hans Richter. Il reproche cependant au cinéma abstrait de “privilégier les développements formels au détriment de la représentation du mouvement”. Dans un article publié en 1923 par la revue américaine Broom, Moholy-Nagy explique qu’il “vise à utiliser la lumière comme facteur formel primaire, qui crée l’espace et le mouvement, et élimine la perspective centrale de la photographie”. En regard de cet article, Broom reproduit quatre photogrammes de Moholy-Nagy ainsi que quatre autres réalisés par Man Ray. Les photomontages des dadaïstes lui inspirent une nouvelle variante qu’il appelle “Fotoplastik”. Durant cette période il esquisse aussi ses idées pour ce qui deviendra sa plus célèbre sculpture, le Modulateur espace-lumière (Licht-Raum Modulator) achevé dans les années 1920.


1919-1928 : les années Bauhaus

En février 1923, la galerie Der Sturm organise sa deuxième exposition personnelle, qui permet à Moholy-Nagy de présente ses Telephonbilder (“Tableaux téléphonés”) : il s’agit d’œuvres sur porcelaine émaillée “dont les couleurs observent de subtiles variations en fonction de l’agrandissement ou de la réduction de la composition”.

La même année, Moholy-Nagy est invité à enseigner au Bauhaus de Weimar par son fondateur et directeur, Walter Gropius. Il y reprend le poste de Johannes Itten comme directeur du cours préliminaire. Il remplace également Paul Klee à la tête de l’atelier du métal. Sa venue marque la fin de la tendance expressionniste de l’école. Moholy-Nagy, lui, promeut une vision constructiviste. Ainsi, l’école amorce un rapprochement avec son but initial, à savoir être une école de design industriel.

Moholy-Nagy est le premier artiste de l’Entre-deux-guerres à proposer l’utilisation d’équipements scientifiques tels que le télescope, le microscope et la radiographie dans la création artistique. Il joue également un rôle important dans la publication des Bauhausbücher (“Livres du Bauhaus”), dont il assure aussi la mise en page. En 1925, il publie le livre Malerei. Fotografie. Film (“Peinture. Photographie. Film”), dans lequel expose ses photogrammes.


1928-1937 : Exils européens

László Moholy-Nagy est rédacteur en chef de la revue néerlandaise International Revue i 10 de 1927 à 1929. L’artiste quitte le Bauhaus en 1928, et Marianne Brandt reprend son rôle de responsable de l’atelier de métallurgie, tandis que Moholy-Nagy fonde son propre studio de design à Berlin. Avec son studio, il réalise plusieurs décors pour l’Opéra national de Berlin puis le théâtre d’Erwin Piscator. Il conçoit également des expositions et des livres, crée des campagnes publicitaires, écrit des articles et réalise des films. Son atelier emploie des artistes et des designers comme Istvan Seboek, György Kepes, et Andor Weininger.

En 1929, Moholy-Nagy se sépare de sa première femme, Lucia, mais deux ans plus tard, en 1931, il rencontre l’actrice et scénariste Sibyl Pietzsch qu’il épouse en 1932. Ils auront deux filles, Hattula (née en 1933) et Claudia (1936-1971).

Après l’arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne en 1933, Moholy-Nagy n’est plus autorisé à travailler à cause de ses origines juives. En 1934, il s’exile tout d’abord aux Pays-Bas, où il sera actif principalement dans le commerce, avant de déménager avec sa famille à Londres en 1935. En Angleterre, László Moholy-Nagy fait partie du cercle des artistes et intellectuels émigrés qui se sont installés à Hampstead. Il est engagé par Jack Pritchard pour créer du contenu publicitaire pour sa société Isokon. Il y retrouve Walter Gropius, avec lequel il projette de créer une version anglaise du Bauhaus, mais faute de soutiens, le projet ne verra pas le jour.

László Moholy-Nagy gagne sa vie à Londres en acceptant divers emplois dans le design commercial, comme chez Imperial Airways. Il photographie l’architecture contemporaine pour la revue The Architectural Review dont le rédacteur en chef adjoint est John Betjeman. Celui-ci lui commande des photographies pour illustrer son livre An Oxford University Chest. Il est commissionné pour réaliser les films Lobsters (1935) et New Architecture and the London Zoo (1936). Il commence également à expérimenter la peinture sur plastique transparent, comme le polyméthacrylate de méthyle.

En 1936, le producteur de films hongrois Alexander Korda le charge de concevoir effets spéciaux pour le film Things to Come (“Les Mondes futurs”) basé sur le roman de H. G. Wells. László Moholy-Nagy crée des sculptures cinétiques et des effets de lumière abstraits, mais ils ne seront pas utilisés par le réalisateur du film William Cameron Menzies. À l’invitation de l’architecte britannique Leslie Martin, il donne également une conférence à l’école d’architecture de Kingston upon Hull.

En 1937, les Nazis intègrent ses œuvres dans l’exposition Art dégénéré organisée à Munich.


1937-1946 : Les États-Unis

À l’automne 1937, László Moholy-Nagy fonde le New Bauhaus dans la ville de Chicago à l’invitation de l’Association des arts et de l’industrie de la ville. Cette école de design reprend les concepts créatifs du Bauhaus allemand. En raison de problèmes financiers, l’école ferme en 1938, mais cette fermeture sera de courte durée car, grâce à des soutiens qu’il a trouvés, Moholy-Nagy rouvre l’école la même année, sous le nom de Chicago School of Design. En 1944, cette école devient l’Institute of Design et en 1949 elle est intégrée au nouveau système universitaire de l’Institut de technologie de l’Illinois. L’établissement est le premier à proposer aux États-Unis un doctorat en design. Moholy-Nagy conserve le poste de directeur jusqu’en 1945. Durant son mandat, il organise des cours d’été dans plusieurs établissements. À l’été 1940, il donne des cours au Mills College d’Oakland en Californie et en 1942, des cours d’été ont lieu au Women’s Teachers College à Denton, au Texas.

En avril 1946, László Moholy-Nagy obtient la nationalité américaine, quelques mois avant de mourir, le 24 novembre 1946 à Chicago, d’une leucémie diagnostiquée un an auparavant. Il est enterré au cimetière de Graceland à Chicago.


Postérité

En 1995 et 1996 le Centre Georges-Pompidou présente plus de quatre cents photogrammes de l’artiste lors de l’exposition “Laszlo Moholy-Nagy – Compositions lumineuses, photogrammes, 1922 – 1943”. À l’automne 2003, la Fondation Moholy-Nagy est créée pour mener des recherches sur la vie et l’œuvre de l’artiste. En 2005, l’Université hongroise d’arts appliqués de Budapest (Magyar Iparművészeti Egyetem) est renommée Université d’art appliqué Moholy-Nagy (Moholy-Nagy Művészeti Egyetem), en son honneur. En 2016, le musée Solomon R. Guggenheim de New York présente une rétrospective de l’œuvre de László Moholy-Nagy qui comprend des peintures, des films, des photographies et des sculptures.


Analyse

Avec Christian Schad et Man Ray, László Moholy-Nagy fait partie des premiers artistes à investir les champs plastiques de la photographie qui devient un de ses médiums le plus récurrent. Avec ses photogrammes, l’historien de l’art Herbert Molderings juge que l’artiste “veille à ce que le spectateur ne puisse, autant que faire se peut, reconnaître les formes et les objets utilisés lors de la réalisation du photogramme”.

Source : Wikipedia

LICHTSPIEL: OPUS I

Inspiration de Lichtspiel I: Opus et diffusé sur scène pendant le morceau

Lichtspiel : Opus I (1919-1921) de Walter Ruttmann (artiste allemand, 1887-1941) est l’un des premiers films entièrement abstraits (“absolus”) sans aucune référence figurative. Peintre, Walter Ruttmann a créé Lichtspiel : Opus I avec des images peintes avec de l’huile sur des plaques de verre sous une caméra d’animation, tirant un cadre après chaque coup de pinceau ou chaque modification car la peinture humide pouvait être facilement nettoyée ou modifiée. Plus tard, il a combiné cela avec des découpes géométriques sur une couche de verre séparée. Le film d’animation a été composé avec impression en boucle pour allonger et développer ses motifs pendant sa durée de 12 minutes. Le compositeur Max Butting a composé une partition étroitement synchronisée à l’action des courbes, des triangles et des barres qui se déplacent autour de l’écran. Il y a deux séries de formes animées – un ensemble doucement dessiné aux formes et mouvements organiques et des formes triangulaires et aux arêtes vives qui s’avancent dans l’écran, faisant fuir les formes organiques et offrant un ballet visuel.

Source : ArtPlastoc


Walter Ruttmann, parfois Walther Ruttmann, est un cinéaste allemand pionnier du “cinéma absolu”, né le 28 décembre 1887 à Francfort et mort le 15 juillet 1941, à 53 ans, à Berlin.

Après son baccalauréat passé en 1905, Walter Ruttmann commence des études d’architecture à Zürich puis de peinture à Munich où il se lie d’amitié avec Paul Klee et Lyonel Feininger. En 1917 il peint ses premières compositions abstraites puis déclare, l’année suivante, abandonner les tableaux pour la “peinture avec le temps (Malerei mit Zeit)”. Il construit alors un dispositif qui sera à la base de son Opus I.

Pendant la Première Guerre mondiale, il est lieutenant d’artillerie sur le front de l’est, puis, malade, passe l’année 1917 au sanatorium.

Avec Opus I, réalisé en 1921, Walter Ruttmann est le pionnier du cinéma abstrait appelé en Allemagne le Absoluter Film. La première projection publique a lieu le 27 avril 1921 à la Marmorhaus de Berlin. La partition musicale originale est de Max Butting. Il rencontrera à cette projection Oskar Fischinger à qui il achètera, l’année suivante, sa machine à tronçonner la cire avec laquelle Fischinger a réalisé ses premières œuvres. Les Opus II, III et IV, sont présentées le 25 juin 1925 à la Marmorhaus de Berlin, en même temps que la Symphonie diagonale de Viking Eggeling.

À partir de 1925 il travaille avec Lore Leudesdorff, une étudiante du Bauhaus, qui l’assiste pour son Opus V et des films publicitaires que Ruttmann réalise à ce moment. En 1925-26 il rencontre Karl Freund et le scénariste Carl Mayer avec qui il a l’idée d’un film sur Berlin, ce sera Berlin, symphonie d’une grande ville (Berlin: Die Sinfonie der Großstadt, 1927), qui le rend célèbre dans le monde entier.

Considéré alors comme un pacifiste de gauche, il fera un voyage à Moscou en 1928 et 1929. Il adhère à l’idéologie nazie dans les années 1930. Il est l’assistant de Leni Riefenstahl pour Les Dieux du stade, puis réalise ensuite des films de propagande pour l’armée nazie peu avant de mourir des suites de l’amputation d’une jambe.

Source : Wikipedia

ANITA BERBER

Son poème Kokain a inspiré à EERA les paroles de Gib mir das Licht

Wände
Tisch
Schatten und Katzen
Grüne Augen
Viele Augen
Millionenfache Augen
Das Weib
Nervöses zerflatterndes Begehren
Aufflackerndes Leben
Schwälende Lampe
Tanzender Schatten
Kleiner Schatten
Großer Schatten
Der Schatten
Oh – der Sprung über den Schatten
Er quält dieser Schatten
Er martert dieser Schatten
Er frißt mich dieser Schatten
Was will dieser Schatten
Kokain
Aufschrei
Tiere
Blut
Alkohol
Schmerzen
Viele Schmerzen
Und die Augen
Die Tiere
Die Mäuse
Das Licht
Dieser Schatten
Dieser schrecklich große schwarze Schatten
Des murs
Une table
Des ombres et des chats
Des yeux verts
Beaucoup d'yeux
Des millions d'yeux
La femme
Le désir nerveux qui se désintègre
La vie qui rebondit
La lumière qui se consume
L'ombre qui danse
La petite ombre
La grande ombre
L'ombre
Oh – le saut par-dessus l'ombre
Il tourmente cette ombre
Il torture cette ombre
Il me donne cette ombre à manger
Que veut cette ombre
De la cocaïne
Un cri
Des animaux
Du sang
De l'alcool
La douleur
Beaucoup de douleur
Et les yeux
Les animaux
Les souris
La lumière
Cette ombre
Cette ombre terriblement grosse et noire

Anita Berber, née le 10 juin 1899 probablement à Leipzig et morte le 10 novembre 1928 à Berlin, est une praticienne de la danse libre, mannequin et actrice allemande. Artiste de cabaret avant-gardiste et bisexuelle affichée, elle a fait de sa vie elle-même une Gesamtkunstwerk aux frontières de la délinquance.

En concevant, produisant et dansant des chorégraphies qui, sur le thème de l’érotisation de la mort, mêlent l’orientalisme des costumes à la musique moderne, elle devient dès 1917 l’icône dérangeante du courant expressionniste dans les domaines de la pantomime et du burlesque américain. Figure underground de la femme affranchie et professionnelle de la provocation vilipendée, elle est à la suite d’Adorée Villany et Mata Hari une des premières performeuses avec Claire Bauroff à danser nue. Laissant la scène à des femmes artistes moins outrancières, Mary Wigman, Valeska Gert, Verena Skoronel, Berthe Trümpy ou Leni Riefenstahl, elle meurt de tuberculose à l’âge de vingt-neuf ans en ex-starlette victime de ses excès toxicomaniaques.

“Elle n’avait pas seulement besoin de scandaliser la morale, mais aussi de se mettre physiquement en danger”

— Klaus Mann, qui lui a rendu visite plusieurs fois à l’automne 1924, goûtant auprès d’elle à la cocaïne, et une dernière fois à la fin 1926.

Biographie

Fille d’artiste sans père (1899-1914)

Anita Berber est la fille d’une chanteuse de cabaret, Anna Lucie Thiem, dite Lucie, et de Félix Berber, premier violon du Gewandhaus de Leipzig qui se mariera cinq fois dans sa vie. Elle a trois ans et demi le 8 novembre 1902 quand ses parents divorcent pour “opposition de caractères irréconciliables”. À partir de 1906, elle est élevée à Dresde par sa grand-mère maternelle, Louise, dans un confort bourgeois.

Elle a six ans et ne voit plus sa mère partie à Berlin, où Rudolf Nelson a embauchée celle ci dans la revue du Chat Noir, cabaret de l’avenue Unter den Linden. À dix ans, soit un an avant Mary Wigman qui deviendra la promotrice de la danse expressionniste, elle est inscrite dans ce qui devient en 1912 l’Établissement d’enseignement Jacques Delcroze de Hellerau, où est mise en œuvre une pédagogie nouvelle basée sur la rythmique Jacques Dalcroze.

À quatorze ans, en 1913, elle rejoint sa mère à Weimar. Inscrite à la rentrée dans le coûteux Institut de formation pour jeunes filles Curt Weiss, elle apprend le français et la couture. Elle fait sa confirmation luthérienne le 5 avril 1914 à l’église Saint-Luc de Dresde avec le pasteur Johannes Kessler.


L’avant-garde berlinoise (1915-1918)

En 1915, après que la guerre a éclaté, Anita Berber suit avec sa grand-mère sa mère à Wilmersdorf, une banlieue de Berlin où s’entassent les immigrés de l’intérieur. L’adolescente vit là, 13 rue Zähringer, entourée de femmes, dont ses deux tantes maternelles, Else et Margarete, toutes deux vieilles filles. Tout en se produisant dans des cabarets, elle suit des cours à l’École de théâtre Maria Moissi Berlin.

Elle apprend la danse moderne et la pantomime en même temps que Dinah Nelken auprès de Rita Sacchetto, une actrice adepte d’Isadora Duncan et amie de Gustave Klimt qui, après avoir donné des spectacles de tableaux vivants à travers le monde, a ouvert dans sa villa une école. Elle monte sur scène pour la première fois le 24 février 1916 à la Salle Blüthner, où elle participe à une chorégraphie au côté d’une autre débutante, Valeska Gert. Le chef de la censure Ernest von Glasenapp, qui est présent, préfère celle-ci et déclare à propos de la première “ça va vraiment trop loin”. Elle part toutefois en tournée avec la troupe Sacchetto à travers l’Allemagne, Hanovre, Leipzig, Hambourg et Francfort. Sa rousseur naturelle la distingue parmi les nombreuses autres jolies filles.

Le 6 mars 1917, elle donne son premier solo, Danse coréenne, dans la salle des fêtes de la Haute école de musique de Berlin. Elle n’a pas encore dix-huit ans et elle est remarquée par le propriétaire du magazine féminin Le Monde de l’élégance (Elegante Welte), Franz Koebner, un passionné de danse, mais c’est du concurrent Die Dame qu’elle fait la une.

Elle se produit dès lors en solo à l’Apollo, puis au Wintergarten sous la direction d’un certain Pirelli, qui bouleverse le style de danse qu’elle a pratiquée jusqu’alors au sein des sages tableaux vivants de Sacchetto. Elle danse sur des musiques de compositeurs contemporains, tels Claude Debussy, Richard Strauss ou Camille Saint-Saëns, mais aussi Léo Delibes. Elle répète auprès d’Hélène Grimm-Reiter dans l’École pour la danse artistique et la culture physique, Kurfürstendamm, là même où sa jeune cadette Leni Riefenstahl réussit à s’offrir quelques cours à l’insu de ses parents.

Richard Oswald l’introduit dans le cinématographe en 1918 et elle devient un mannequin recherché par les magazines féminins, une figure des ateliers photographiques Alex Binder et Eberth. C’est aussi en 1918 qu’elle fait sa première tournée à l’étranger, en Suisse, en Hongrie et en Autriche. Elle est à Budapest quand l’armistice est signé. Au cours d’une soirée de retour de scène, dans un hôtel de Vienne, complètement ivre, elle se livre pour la première fois en public à une danse entièrement déshabillée.


Mondanité décadente (1919-1920)

En janvier 1919, Anita Berber épouse un héritier, Eberhard von Nathusius, qui est un scénariste employé par Richard Oswald. Elle tient le second rôle, au côté de Conrad Veidt, dans Différent des autres, film qui sort au printemps et qui milite pour la cause homosexuelle. C’est une œuvre engagée pour laquelle Richard Oswald a fait appel aux conseils du sexologue Magnus Hirschfeld.

Dans une capitale défaite et traversée par la révolution spartakiste, Anita Berber dépense sans compter en vêtements, chapeaux, chaussures et bijoux. Elle habite une suite de l’hôtel Adlon et entretient son image d’excentrique en se promenant un singe sur l’épaule et en s’habillant en homme. Elle lance la mode “à la Berber”, smoking et monocle. Anorexique, elle consomme éther, chloroforme, opium, cocaïne et cognac. La consommation de poudre lui vaut le surnom de Reine des neiges. Elle découvre le sadomasochisme et fréquente grands restaurants et palaces. Elle a l’habitude de s’injecter de la morphine devant les autres clients. Elle parait une fois dans la salle à manger de l’Adlon entourée de deux jeunes hommes peints, vêtue d’un seul manteau de fourrure noire, qu’elle laisse tomber en prenant le Champagne et qu’aussitôt le maître d’hôtel remet délicatement sur ses épaules. Punk avant l’heure, elle se teint les cheveux rouge sang et peint ses lèvres d’un grand cœur noir.

Si son personnage scandaleux lui attire le public du Schall und Rauch que dirige Max Reinhardt, sa toxicomanie compromet sa carrière cinématographique.


La scandaleuse de Berlin (1921)

En 1921, son mari obtient le divorce. La mode berlinoise est à la vedette sexuellement libérée. La rumeur prêtera à celle qui s’honore du titre de “mauvaise fille” de nombreuses liaisons saphiques, dont Marlene Dietrich. Anita Berber se met en ménage avec Susi Wanowsky, une femme divorcée d’un haut fonctionnaire de la police et propriétaire d’un bar pour rencontres lesbiennes, La Garçonne. Susi Wanowsky devient sa productrice et secrétaire.

Le couple pratique un triolisme saphique avec Celly de Rheidt qui vaut aux trois femmes le surnom de “pyramide de dames” par lequel elles sont tous les lundis à neuf heures du soir accueillies sous les applaudissements au Topp Keller, un cabaret clandestin situé à Schöneberg, 13 Schwerinstrasse. Sous prétexte de participer à une loterie officiellement appelée La Pyramide, les lesbiennes peuvent s’y retrouver à l’insu de la police, du propriétaire, des voisins, et pour trente pfennigs viennent écouter Claire Waldoff interpréter au milieu de quatre musiciens des chansons à boire. Anita Berber pose lascivement avec Renée Sintenis et un modèle, anonyme, pour un cliché coquin.

Elle est d’une revue de Rudolf Nelson intitulée Payez, s’il vous plaît ! sur la scène du Théâtre Nelson, 217 Kurfürstendamm, où triomphera cinq ans plus tard la Revue nègre de Joséphine Baker. Elle se produit sur la minuscule scène de La Souris blanche, qui appartient à un puissant industriel, Peter Sachse, et où certains spectateurs ne se présentent que le visage masqué. Son interprétation de Morphine, sur la musique d’une valse lente écrite pour elle par Mischa Spoliansky, est un tube repris jusqu’à Paris.

Le premier spectacle où elle se montre entièrement nue sur scène, la scène de l’Alcazar de Hambourg, suscite l’enthousiasme des uns, la réprobation des autres. Aux spectateurs qui protestent, elle répond comme à son habitude par un doigt ou même un bras d’honneur. Sous la menace d’une sanction pénale, elle reprend les séances des jours suivants revêtue d’un ultime voile.


Couple infernal (1922-1923)

“Nous dansons la mort, la maladie, la grossesse, la syphilis, la folie, la famine, le handicap, et personne ne nous prend au sérieux”.

— Anita Berber répondant en 1922 au journaliste Fred Hildenbrandt.

En juin 1922, Anita Berber rencontre au cours d’une soirée privée du Casino son prochain partenaire de scène, le poète homosexuel Sebastian Droste, qui, cocaïne aidant, prend aussitôt la place de Susi Wanowsky au poste de régisseur général. Fils de famille hambourgeois, c’est aussi un danseur qui a été membre de la compagnie de Celly de Rheidt, une des maîtresses d’Anita Berber célèbre pour ses mises en scène subversives, plus blasphématoires qu’obscènes, et qui se trouve au chômage depuis un peu moins d’un an que la troupe a été interdite, sa patronne condamnée pour emplois dissimulés à une amende qu’elle est incapable de payer.

Le spectacle que le nouveau couple met au point sans attendre se veut transgressif à la scène comme à la ville. La scénographie est confiée au viennois Harry Täuber, un élève du peintre Franz Cižek, lui-même promoteur d’une pédagogie nouvelle qui laisse l’enfant s’exprimer. Évocation ambigüe du sadomasochisme comme du tabou sexuel qui pèse alors sur un possible métissage, l’entrée du personnage féminin, armé de fouets, se fait entre deux Nègres. À Vienne, Anita Berber a une brève, et incertaine, aventure avec la baronne Léonie von Puttkamer, cocotte extravagante qui a été cinq ans plus tôt l’obsession de Margarethe Csonka, “la jeune homosexuelle” suicidaire analysée par Sigmund Freud et plus connue sous le pseudonyme de Sidonie Csillag. Après cinq semaines de répétition, elle est brièvement hospitalisée au sanatorium Loew, 20 Mariannengasse, où une tuberculose lui est diagnostiquée. Un an plus tard, l’hyperinflation aidant, un seul billet de banque aurait suffi pour régler les dettes d’Anita Berber à l’origine de sa dérive.

Pour apurer la dette de cinquante millions de couronnes qu’Anita Berber a accumulée, somme qu’il faut mesurer au regard du contexte d’hyperinflation, Sébastien Droste fait un faux en écriture. Les créanciers dupés demandent au tribunal à être remboursés sur les recettes futures du programme en cours et de laisser Sébastien Droste le vendre. Celui-ci vend les avant-premières à trois théâtres différents, en Italie, en Espagne et en France, chacune comme exclusive. L’escroquerie vaut aux deux artistes d’être bannis de l’Union internationale des artistes et interdits de représentation pour deux années sur le continent, en Grande Bretagne et en Turquie.

Revenus à Vienne pour la première, qui se déroule le 14 novembre 1922, ils sont invités plusieurs fois par la police à quitter la ville. Sébastien Droste est finalement arrêté le 15 janvier 1923 pour fraude et le couple est expulsé d’Autriche vers la Hongrie le 23. Ils transforment le spectacle en une publication au titre explicite, Danses du vice, de l’horreur et de l’extase, qui est un recueil de poèmes et de dessins illustré de seize photographies tirées par Madame d’Ora. L’ouvrage est préfacé par un proche de Franz Cižek, le promoteur de la nudité dans la danse Leopold Rochowanski.

Les deux parias se marient ce même mois de janvier 1923. De Budapest, ils partent en compagnie d’un voyant, Frederik Marion, pour l’Italie puis la Yougoslavie, où ils se produisent clandestinement de nuit, avant de retrouver Berlin, cinq mois plus tard. En octobre, Sébastien Droste s’enfuit avec l’argent, les fourrures et les bijoux de sa femme sur un paquebot à destination de New York, où il trouve sous le nom de Baron Willy Sebastian Droste un emploi de correspondant du B.Z. am Mittag et s’attèle à un projet de film autobiographique qui ne se fera pas, The Way.


Seconde chance (1923-1925)

Anita Berber retourne chez sa mère, rue Zâhringer, et reprend le travail à la Rampe, au Bruit et fumée, au Café Mégalo. Elle fonde sa propre compagnie, la Troupe Anita Berber.

Le 12 octobre 1923, elle assiste à la Salle Blüthner, qui a été sa première scène, aux débuts d’un danseur américain, Henri Châtin Hofmann. C’est le fils d’un pasteur de l’Église Sion de Baltimore. Elle danse avec lui à La Fusée, à La Souris blanche, à La Rampe. Le 10 septembre 1924, elle se marie une troisième fois, avec lui.

Le nouveau couple donne son premier spectacle conçu ensemble, Shipwrecked, en avril 1925 à Stuttgart. Le succès leur ouvre une tournée nationale, qui commence en octobre et dont les étapes, Cologne, Düsseldorf, Wiesbaden, Leipzig, Breslau, sont l’occasion d’autant d’orgies. Quand Alfred Flechtheim prend soin de ne pas l’inviter à son bal masqué, elle fait un scandale dans la rue, devant la maison, hurlant la moitié de la nuit durant.

Les tournées sont aussi l’occasion de rencontres artistiques, en particulier avec Felix Albrecht Harta, Otto et Martha Dix, admirateurs qui n’hésiteront plus à parcourir de longues distances pour l’admirer sur scène. “Si charmante, si adorable, très spontanée et très séduisante” aux yeux de Martha Dix, qui la voit pourtant vider en moins d’une heure une bouteille de cognac tout en se maquillant dans sa loge, Anita Berber est peinte par Otto Dix sous les traits d’une vieillarde moulée dans une robe rouge, portrait bien différent de la vision idéalisée qu’en a son épouse.

À l’occasion, Anita Berber se prostitue, sans gêne, voire par provocation. À Wiesbaden, en 1925, devant ses amis Martha et Otto Dix avec lesquels elle se promène au sortir d’une représentation, elle répond à tout admirateur qui l’aborde “C’est deux cents marks”. Elle justifie cette pratique par le peu que lui rapporte son métier et le prix élevé de ses costumes qu’elle doit payer elle-même.


Déchéance (1926)

Un an plus tard, en avril 1926, les Hofmann présentent leur nouveau spectacle, Danses de l’érotique et de l’extase, à l’Alcazar de Hambourg, où elle avait fait scandale en 1921, et c’est une nouvelle tournée, à Stockholm, Amsterdam puis en Europe de l’Est.

Les retards sur scène d’Anita Berber deviennent légendaires et elle ne fait plus son entrée sans avoir eu sa bouteille de cognac. Les soirs de beuverie où elle se retrouve dans son ménage se terminent par des coups. À Prague, son mari déclenche une bagarre dans le grand restaurant Pavillon Sect et finit la soirée au poste de police. À Zagreb, en juin 1926, elle insulte publiquement la mémoire de feu le roi de Yougoslavie et est emprisonnée. Son mari réussit à la faire libérer par le consul des États-Unis au bout de six semaines.

Physiquement épuisée, elle se réfugie à Berlin auprès de son ami le docteur Magnus Hirschfeld. Elle est hébergée avec son mari dans une pièce qui sert d’infirmerie. À la suite d’une plainte déposée auprès du préfet de police de Berlin, Albert Grzesinski, pour “immoralité”, elle fait l’objet d’une enquête criminelle. Le fait est qu’elle a toujours fréquenté un milieu interlope, celui des prostituées, des travestis, des boxeurs, des parieurs clandestins…

C’est au salon Eldorado, nouvellement ouvert au 31 Lutherstrasse, qu’elle s’adonne à la cocaïne. Elle y entend les chansons de rue de Claire Waldoff, qui par ailleurs tient salon avec sa compagne Olga von Roeder, ainsi que le duo Margo Lion Marlène Dietrich interprétant la chansonnette explicite Ma meilleure amie. Elle se montre aussi au Café National Hof, où se réunit le Club Violetta, association fondée cette année 1926 par Lotte Hahm, la responsable de la branche féminine de la Ligue pour le droit de l’Homme, laquelle édite le journal militant Die Freundin. Le nom du club est une référence à la Nuit de la violette, appelée aussi dans certaines villes allemandes Nuit du lilas, fête qui mélange tous les ans le bleu masculin et le rouge féminin.

L’ex-actrice essaie de se reconvertir dans le théâtre. Embauchée au Theâtre intime de la Bülowstrasse, numéro 6, par Gustave Heppner, elle joue, entre autres rôles, un des multiples personnages dans Un Jeu de rêve d’August Strindberg, qui est un hommage à la Traumdeutung de Sigmund Freud.


Dernière tournée (1927-1928)

À Berlin, le couple, désormais désuni, est sollicité de se reformer au sein d’une revue néerlandaise, qui les emmène en octobre 1926 pour deux ans au Proche-Orient dans une tournée qui commence par Athènes et se poursuit au Caire. Henri Hofman essaie de convaincre sa femme de mettre un terme à son alcoolisme. C’est durant cette tournée, le 27 juin 1927, que le précédent mari de celle-ci, Sébastien Droste, revenu de New York à cause de sa tuberculose, meurt à Hambourg, dans la maison de ses parents. Il avait vingt-neuf ans.

Durant les vacances, en juillet 1927, Anita Berber se trouve à Munich quand elle lit par hasard une affiche annonçant un concert donné par l’orchestre de chambre qu’anime son père, Félix Berber. Elle assiste au concert et quand, à la fin, elle va dans les coulisses rencontrer son père, celui-ci refuse de la recevoir.

La tournée au Proche-Orient reprend à l’automne. Dans la nuit du 13 juin 1928, Anita Berber s’effondre dans une boîte de nuit de Beyrouth. Le médecin lui diagnostique une “phtisie galopante”. Elle doit renoncer à poursuivre la tournée jusqu’à Damas.


Mort dans l’indigence (fin 1928)

Son rapatriement en compagnie d’Henri Hofman) est un calvaire dispendieux, son état imposant de longues étapes. Arrivée désargentée à Prague au bout de quatre mois, il faut qu’une collecte soit organisée dans les coulisses des cabarets de Berlin pour lui permettre d’acheter les billets de train.

Hébergée par sa mère, elle est admise à l’hôpital Béthanie, qui accueille les indigents, et reste optimiste, forme des projets, prend soin de ses jambes.

Elle meurt moins de trois semaines après son hospitalisation, sans l’assistance de son pasteur, Johannes Kessler, qu’elle a fait appeler mais qui est en voyage. Le soir même son mari doit se produire au Casino Weidenhof, 36 Friedrichstraße, avec une remplaçante, Shelda.

L’enterrement a lieu sous la pluie le 14 novembre au cimetière Saint-Thomas de NeuKölln, dont l’entrée est 2 Hermannstrasse, en présence de nombreux artistes berlinois. Ultime provocation du destin, son mari, resté très amoureux, s’y présente en retard maquillé et ivre, tenant dans sa bouche deux roses qu’il jette dans la fosse, où le cercueil est déjà enseveli. L’éloge funèbre est prononcé par le siffleur Willy Karzin. Elle est enterrée pauvrement, sans pierre tombale, rang 21, section 2.


Chorégraphies

“Elle dansait la mort, la folie, la syphilis, l’extase, la morphine, le suicide, l’agonie et l’orgasme.”

— Une critique d’aujourd’hui.
  • 1922 : Danses du vice, de l’horreur et de l’extase avec Sebastian Droste.
  • 1925 : Naufragés avec Henri Châtin Hofmann.
  • 1926 : Danses de l’érotique et de l’extase avec Henri Châtin Hofmann.
  • 1928 : avec Henri Châtin Hofmann.

Célébration

Sujet artistique choisi de son vivant

À Selb en 1918, durant sa tournée avec Pirelli, Anita Berber pose pour le sculpteur Constantin Holzer-Defanti. Celui-ci réalise deux figurines en porcelaine Rosenthal devenues depuis célèbres auprès des collectionneurs, Danse coréenne, en souvenir du premier solo que la danseuse a donné un an plus tôt, et Pierrette.

En 1919, Charlotte Berend-Corinth réalise huit lithographies pornographiques, quoique très stylisées, d’Anita Berber, qui sont publiées à un petit nombre d’exemplaires par la galerie Gurlitt, maison habituée à ce genre d’éditions confidentielles, et qui inaugurent la légende. Elles sont aujourd’hui conservées dans une collection privée à New York, où elles sont connues sous le nom d’Anita Berber Portfolio. Cette même année, la costumière Lotte Pritzel fait le portrait au crayon de la danseuse, le décolleté laissant apparaitre les seins nus. La dessinatrice en tire un de ces inquiétants mannequins qui feront sa célébrité et serviront de thème chorégraphique à Anita Berber comme à Niddy Impekoven.

Femme libre, Anita Berber devient en 1921 un sujet littéraire. Elle inspire à Vicki Baum le caractère principal d’un roman intitulé La Danse d’Ina Raffay. Ina Raffay est un pseudonyme qui lui-même fait allusion à la cinéaste Iwa Raffay. Vanity Fair publie des photographies de l’héroïne.

En 1925, durant le passage à Düsseldorf du spectacle Naufragés, avec Henri Châtin Hofmann, le peintre Otto Dix, chef de fil d’un mouvement expressionniste dit Groupe du Rhin, fait le célèbre portrait vieilli avant l’âge de la “putain écarlate de Berlin” comme une caricature de la déviance sexuelle. Le tableau entrera en 1928 dans les collections municipales de la ville de Nuremberg et est exposé aujourd’hui dans celui de la ville de Stuttgart. À Vienne, cette même année 1925, c’est Felix Albrecht Harta, compagnon de jeunesse d’Egon Schiele, Albert Paris Gütersloh et Oskar Kokoschka, qui fait les portraits de l’artiste et de son compagnon.


Damnatio memoriae nazie

Le mythe d’une Anita Berber révolutionnant les mœurs est forgé dès sa mort par son biographe Léo Lania. Elle est déjà le prototype de l’artiste fustigé par la Ligue des artistes allemands comme illustrant un art dégénéré “judéobolchévique” qui contribuerait à l’effondrement moral et économique de l’Allemagne.

Cinq ans plus tard, l’avènement du régime nazi, dont une des premières mesures est de saccager les centres de planning familial, incarcérer leurs animateurs et criminaliser l’avortement, efface durablement son souvenir. Le peintre qui a fait son célèbre portrait, Otto Dix, fait partie des artistes dénoncés par la série des Expositions d’art dégénéré, qui est inaugurée par Hans Adolphe Bühler en septembre à Dresde. L’ensemble de son œuvre, dont la Danseuse Anita Berber, est interdit d’exposition, comme le sont les créations de ses collègues qui ne choisissent pas l’“émigration intérieure”. Les jeunes allemands nés dans l’entre-deux guerres seront formés à l’“Art allemand” et ignoreront l’histoire d’Anita Berber.


Redécouverte

En 1984, à l’occasion de la publication d’une biographie écrite par Lothar Fischer, auteur d’une précédente biographie d’Otto Dix, est organisée du 15 mai au 30 juin à la Maison de la place Lützow par une association sans but lucratif, le Cercle de recherche du centre culturel de Berlin, une exposition de photographies et d’archives relatives à Anita Berber, qui est relayée par la presse et la journal télévisé de la SFB. À la galerie Bildfang, à Schöneberg, Charla Drops représente quelques danses reconstituées d’Anita Berber.

Le 9 avril de l’année suivante, l’Institut Goethe renouvelle la manifestation à Berlin-Ouest dans le cadre d’une exposition plus générale. Une conférence de Lothar Fischer restaure la mémoire d’Anita Berber et de son monde auprès des visiteurs.

Ce n’est qu’en 1987 qu’Anita Berber est rappelée au souvenir du public, grâce à un film de Rosa von Praunheim, Anita – Danses du vice. Le Théâtre de la Renaissance de Berlin donne une Revue Anita Berber. L’héroïne y est incarnée par Ingrid Caven. Pour le sept cent cinquantième anniversaire de sa fondation, Berlin présente le 27 mai à l’Espace artistique Kreuzberg de Béthanie une chorégraphie dramatique de Nada Kokodovic, directrice du ballet du Théâtre national de Subotica, intitulée Anita Berber. Le 13 février de l’année suivante, la Cinémathèque allemande prolonge le succès du film par une exposition au Musée gay de Berlin. Le 20, la troupe Sheela Na Gig danse un spectacle intitulé La nouvelle Berberie.

En 1989, quelques mois avant la chute du mur de Berlin, qui intervient dans la nuit du 9 au 10 novembre, Arila Siegert incarne Anita Berber dans l’adaptation du roman de Hermynia zur Mühlen La Peste blanche diffusée par la Télévision de DDR.

En 1991, la Poste fédérale publie un timbre représentant le tableau d’Otto Dix La Danseuse Anita Berber. À Berlin, un cabaret a depuis ouvert au nom de celle-ci.

Le 1er octobre 1993 est donné à l’Opéra national Unter den Linden, à Berlin, Dix ou Eros et Mort, un ballet de Roland Petit dont le huitième tableau est consacré à Anita Berber, incarnée par Bettina Thiel.


Le centenaire et ses suites

Le centième anniversaire de la naissance d’Anita Berber est fêté le 24 mars 1999 au musée Kolbe de Berlin par un collage de Lothar Fischer et l’actrice Claudia Jakobshagen intitulé La plus sensationnelle danseuse de Berlin, le 5 novembre à la Salle de spectacle Leipzig par une conférence et projection réalisée par les mêmes.

Le 28 novembre 1999, est organisée par Béatrice Manowsky au Café Aurora de la discothèque Trésor Berlin une nuit Anita Berber Danse en lumière, avec entre autres la ballerine Jutta Deutschland. Six mois plus tard, le 2 juin 2000, c’est Sylvia Schmid qui présente un ballet dans le cadre d’une exposition au BAT. La danse nue de Sylvia Schmid passe sur la chaine MDR Fernsehen à l’occasion de la diffusion d’un entretien de Lothar Fischer.

Pendant dix ans, de 2000 à 2010, l’actrice Claudia Jakobshagen, sous la direction musicale de Dietrich Bartsch, incarne Anita Berber sur la scène berlinoise du Tanztheater de Sylvia Schmid, la Petite revue de nuit (Kleine Nachtrevue).

La figure d’Anita Berber passe à l’ouest le 10 février 2005, quand Nina Kurzeja, ballerine qui sera primée par le Prix de danse et de théâtre de Stuttgart, interprète aux côtés de Christian Alexander Koch et quatre danseurs un spectacle qu’elle a conçu et intitulé Connaissez-vous Anita Berber ? à la Maison du théâtre Stuttgart.


Icône post punk

En avril 1994 à San Francisco, la boîte de nuit Bimbos produit une chorégraphie de Marni Thomas subventionnée par l’Institut Goethe, Les sept toxicomanies et les cinq métiers d’Anita Berber. Nina Hagen réalise une performance Anita Berber.

En décembre 1998, le perfomeur transformiste Bridge Markland présente Pièce Anita Berber à la salle des fêtes de Berlin Centre, au Bal de la rue Naunyn et à la galerie Bildfang. Le groupe Death in Vegas consacre en 2004 un titre de son album Satan’s Circus à Anita Berber.

En janvier 2007, le couturier Michael Michalsky présente à l’hôtel de ville rouge de Berlin une collection qui revisite la mode “à la Berber”. En 2008, Lena Braun présente un Hommage à Anita à l’Espace artistique Kreuzberg-Béthanie, dans les bâtiments de l’hôpital Béthanie, Mariannenplatz, où est morte Anita Berber et qui ont été transformés en 1973 en cité d’artistes. C’est un ensemble d’autoportraits sérigrahiés reconstituant des scènes qui représentent Anita Berber et ses danses du vice. L’année suivante, Vogue Allemagne publie une série de clichés réalisés par Karl Lagerfeld faisant revivre le personnage d’Anita Berber.

À l’autre bout de Berlin, à Wedding, un centre Anita Berber est ouvert en 2013, dans les locaux d’un autre hôpital désaffecté, 17 Pankstrasse. Différentes manifestations, conférences, concerts électro, spectacles de striptease, y sont organisés. En 2014, le peintre Markus Manowski y expose un nu d’Anita Berber renversé. Au début de cette année 2014, le MS Stimulateur cardiaque, compagnie de danse fondée en 1998, réédite l’ouvrage que le chorégraphe Joe Jentchik consacrait en 1930 à Anita Berber défunte et s’appuie sur ce document pour produire à l’Espace artistique Béthanie mais aussi au Théâtre national de la Sarre, une rétrospective, série de performances et de reconstitutions expérimentales.

En 2017, au terme d’une tournée d’un an, Jan Moritz, soliste du groupe Van Canto, enregistre avec le groupe Opera chaotique une chanson de l’album New EP « MUSES » (of the Damned Artists) consacrée à Anita Berber.


Consécration séculaire

Le 17 juin 2016, à l’occasion du cent vingt cinquième anniversaire de la naissance d’Otto Dix, a lieu au théâtre de la Grande maison, à Gera, la première d’un ballet de Yiri Boubénitchèque évoquant les épisodes de la vie d’Anita Berber, Anita Berber, déesse de la nuit. La chorégraphie est dansée par le ballet national de Thuringe. La musique, interprétée par la Philharmonique d’Altenbourg, a été composée par Simon Wills.

Le 10 juillet 2017, après deux années de travaux émaillés de quelques profanations accidentelles de tombes, l’ancien cimetière Saint-Thomas de Berlin, où est enterrée Anita Berber, est rouvert sous la forme d’un parc de 6,6 hectares à son nom, lequel a été au dernier moment préféré à celui de la militante communiste Olga Benário.

Source : Wikipedia

MARLENE DIETRICH

A inspiré Blue Heaven

Marie Magdalene Dietrich, dite Marlene Dietrich (parfois francisé en Marlène Dietrich), est une actrice et chanteuse allemande naturalisée américaine, née le 27 décembre 1901 à Schöneberg et morte le 6 mai 1992 à Paris 8ème.

Après s’être destinée à une carrière musicale dans un premier temps, elle se tourne vers le théâtre et le cinéma au début des années 1920. Lancée par le film L’Ange bleu de Josef von Sternberg, produit par le UFA en 1930, elle est repérée par le studio américain Paramount et poursuit sa carrière à Hollywood. Sa collaboration artistique avec von Sternberg produit sept films dont Morocco (1930), Shanghaï Express (1932) ou L’Impératrice rouge (1934), faisant de l’actrice l’incarnation parfaite de la femme fatale.

Par la suite, elle tourne avec les plus grands réalisateurs, dans divers genres de films. La comédie avec Ernst Lubitsch (Angel, 1937), René Clair (La Belle Ensorceleuse, 1941) ou Billy Wilder (La Scandaleuse de Berlin, 1948), le western avec George Marshall (Femme ou Démon, 1939) ou Fritz Lang (L’Ange des maudits, 1952), le film policier avec Alfred Hitchcock (Le Grand Alibi, 1950), Billy Wilder (Témoin à charge, 1957) ou Orson Welles (La Soif du mal, 1959).

Elle s’engage contre le nazisme dès les années 1930, et participe activement à la Seconde Guerre mondiale entre 1944 et 1945, rendant célèbre la chanson Lili Marleen, et obtenant en 1947 la Medal of Freedom, plus haute distinction militaire américaine que peut recevoir un civil. Alors que ses rôles au cinéma se font moins nombreux, elle se tourne vers la radio puis vers le music-hall, faisant le tour du monde avec son tour de chant entre 1953 et 1975. Pour protéger son image, elle vit recluse les quinze dernières années de sa vie, dans son appartement du 12, avenue Montaigne à Paris, refusant de se faire photographier, tout en restant présente médiatiquement.

Marlene Dietrich marque aussi son époque par son style et son élégance au cours de ses apparitions publiques, s’habillant chez les grands couturiers, français notamment, comme Hermès, Dior, Chanel ou Balenciaga. Surnommée “L’Ange bleu” ou “La Vénus blonde”, elle est classée en 1999 par l’American Film Institute à la neuvième place des actrices de légende.


Biographie

Enfance

Marie Magdalene Dietrich naît le 27 décembre 1901 à Schöneberg (aujourd’hui un quartier de Berlin), au numéro 65 de la Sedanstraße (aujourd’hui Leberstraße), dans le quartier de la Rote Insel, de Louis Erich Otto Dietrich (1868-1908), lieutenant de la police impériale prussienne, et de Wilhelmina Elisabeth Joséphine Felsing (1876-1945), riche héritière d’une famille d’horlogers. Le couple qui s’est marié en décembre 1898 a déjà une première fille, Elisabeth, née en 1900.

Ils donnent à leurs deux jeunes filles une éducation très stricte, entièrement basée sur la discipline. Celles-ci prennent notamment des cours de maintien, des leçons de français et d’anglais. Alors que sa sœur aînée est une enfant obéissante, Marie Magdalene est plus dissipée et s’envisage espionne ou artiste. C’est dans cette perspective qu’elle contracte ses deux premiers prénoms en Marlene. Elle perd son père le 5 août 1908. Les biographies divergent sur les circonstances de sa mort : il est probablement emporté par la syphilis après être entré dans un sanatorium.

Sa mère se remarie en 1916 avec le meilleur ami de celui-ci, Eduard von Losch, capitaine de cavalerie, qui meurt sur le front de l’Est en juillet 1917 lors de la Première Guerre mondiale, sans avoir eu le temps d’adopter officiellement ses deux belles-filles.


Formation et études

Marlene fréquente l’école des filles Auguste-Viktoria de 1907 à 1917 puis est diplômée de l’école Victoria-Luise (actuel lycée Goethe). Elle cultive parallèlement ses dons pour la musique et le chant. En 1918, elle s’inscrit à l’École supérieure de musique Franz-Liszt de Weimar et prend des cours privés de violon avec le professeur suisse Robert Reitz, qui devient son premier amant. Elle envisage une carrière de violoniste de concert, mais doit abandonner l’usage intensif de cet instrument à la suite d’une blessure au poignet (ganglion douloureux ou inflammation du ligament de l’annulaire gauche selon les biographies). Elle jouera plus tard de la scie musicale quand elle attendait son tour pour jouer une scène. Son premier emploi est celui de violoniste dans un orchestre qui accompagne la projection de films muets dans un cinéma de Berlin.


Débuts

“Marlene Dietrich refuse de parler de ses débuts de comédienne, c’est-à-dire de la période comprise entre 1922 et 1930. Ce n’est pas négociable.”

— Louis Bozon

Marlene Dietrich prend ses premiers cours de théâtre auprès de Max Reinhardt en 1921. En 1922, elle joue ses premiers petits rôles au théâtre, notamment au Großes Schauspielhaus, et joue dans des revues, comme celle du théâtre Komoedie dans le Kurfürstendamm de Berlin, aux côtés de la vedette française Margo Lion. Elle obtient aussi des rôles mineurs au cinéma. Son premier rôle crédité est Lucy dans Tragédie de l’amour de Joe May. Elle se marie le 17 mai 1923 avec le régisseur Rudolf Sieber et donne naissance à sa fille Maria Elisabeth, le 13 décembre 1924. Elle n’aura pas d’autres enfants, vivra peu avec son mari, et ne se remariera jamais (bien qu’un mariage avec Jean Gabin semble avoir été, plus tard, sérieusement envisagé).

Marlene Dietrich enregistre à la fin des années 1920 ses premières chansons, et les chante dans la revue Es liegt in der Luft (“C’est dans l’air”, 1928) où elle se fait remarquer par le metteur en scène Josef von Sternberg.


Von Sternberg et L’Ange bleu

En 1929, Dietrich tourne son premier rôle important dans L’Énigme sous la direction de Curtis Bernhardt. Mais c’est L’Ange bleu tourné par von Sternberg l’année suivante, et notamment la chanson Ich bin von Kopf bis Fuß auf Liebe eingestellt (“Je suis faite pour l’amour de la tête aux pieds¨), qui lui apportent la gloire.

Tourné dans les studios de l’UFA à Babelsberg, ce film, qui réunit Emil Jannings (immense vedette à l’époque) dans le rôle du professeur Rath, et Dietrich dans celui de Lola-Lola, est le premier film parlant du cinéma allemand. Von Sternberg, qui entrevoit le potentiel de la jeune actrice, la recommande, avant même la sortie, au studio américain Paramount Pictures pour lequel il vient de tourner et dont le bureau berlinois cherche une actrice pour concurrencer Greta Garbo lancée par la Metro-Goldwyn-Mayer. La Paramount lui offre un cachet de 1 250 dollars par semaine.

Le soir de la première, le 1er avril 1930 au Gloria Palast, en long manteau de fourrure blanche, une gerbe de roses dans les bras, Marlene arbore sur sa robe un bouquet de violettes épinglé au niveau du pubis. À 23 heures, elle prend le train à la gare de Lehrter vers le port de Bremerhaven, d’où elle embarque pour New York. D’une actrice encore inconnue hors d’Allemagne, Sternberg va façonner un mythe.


Naissance d’un mythe

Dès son arrivée, Marlene interprète à nouveau une chanteuse de cabaret dans Morocco aux côtés de Gary Cooper. Premier des six longs métrages que tourneront ensemble Sternberg et Dietrich aux États-Unis, le film vaut à Marlene une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice en 1931 et lui confère une notoriété internationale. L’écrivain allemand Franz Hessel publie la même année la première biographie de l’actrice, Marlene: Ein Porträt, dans lequel il tente de brosser le portrait de la femme derrière la vedette. L’usage dans le titre de l’ouvrage du seul prénom de l’actrice donne une idée de sa célébrité déjà à ce moment-là ; la fascination pour Dietrich ne fait que commencer.

Von Sternberg et sa muse vont en effet asseoir définitivement au cours de leur collaboration le personnage de femme fatale sur lequel Dietrich a construit sa renommée à partir de L’Ange bleu et qu’elle va s’atteler à entretenir tout au long de sa vie, tout en jouant sur une certaine ambiguïté sexuelle (elle apparaît régulièrement en habits masculins et exerce son charme autant sur les hommes que sur les femmes).

“Après Lola-Lola, Marlene restera l’image parfaite de la femme fatale : mystérieuse et indomptable, sculptée par la lumière, dans le nuage irréel de la fumée de sa cigarette. On la suivrait au bout du monde… Dans son sillage, les personnes les plus sérieuses et les plus dignes deviennent des petits enfants.”

— Vincent Pinel

Le couple enchaîne ainsi avec Agent X 27 (1931), Shanghaï Express (1932), véritable succès du box-office jusqu’au Japon qui récompense l’actrice d’un kimono de cérémonie ; puis viennent Blonde Vénus en 1932 et L’Impératrice rouge en 1934, délire baroque qui sert davantage la gloire de Marlene que celle de Catherine de Russie qu’elle interprète, et qui, malgré un échec financier deviendra avec le temps un chef-d’œuvre reconnu.

Même en dehors de l’écran, Marlene Dietrich subjugue les foules :

“Avec son profond regard mélancolique, ses cils longs de trois centimètres, le nimbe doux de ses cheveux, ses traits classiques, son air mystique et son corps de panthère, elle n’aurait pas pu entrer dans une église sans aussitôt troubler le sermon.”

— Josef von Sternberg

La fille de l’actrice, Maria Riva, raconte une soirée avec sa mère à l’Opéra Garnier en 1933, et notamment l’entracte : “Tout le monde buvait du champagne et essayait de se rapprocher de ma mère, qui se comportait à son habitude, comme si elle était seule sur une île déserte, et fumait tranquillement sa cigarette pendant que les dames et les messieurs la dévoraient des yeux, comme si de rien n’était.”

Cette fructueuse – mais houleuse ” collaboration s’achève en 1935 par La Femme et le Pantin d’après le roman homonyme de Pierre Louÿs, film préféré de l’actrice.

La Femme et le Pantin est une superbe adaptation de Pierre Louÿs et l’apogée du mythe de la femme fatale symbolisée par Marlene.”

— Jean Tulard

Après sa séparation artistique d’avec Sternberg, Marlene ne continuera pas moins à incarner les femmes fatales, notamment dans La Maison des sept péchés (1940), La Belle Ensorceleuse et L’Entraîneuse fatale (1941), La Scandaleuse de Berlin en 1948, Le Grand Alibi (1950) ou encore Témoin à charge (1957).

“Il est exact que cette actrice a fait de la vamp la reine des écrans, il est exact qu’elle incarne la féminité, il est exact que le sex-appeal n’a jamais de représentante plus brillante, plus attirante, plus persuasive qu’elle.”

— Sydney W. Carroll, The Times (1933)

L’après-Sternberg

Alors que ses films avec Sternberg sont reconnus aujourd’hui comme des chefs-d’œuvre du patrimoine cinématographique, ceux que Dietrich tourne en 1936 et 1937 marquent moins les esprits. L’actrice peine en effet à trouver ses marques sans son pygmalion. Le tournage de I Loved a Soldier, est ainsi interrompu au bout d’un mois à la suite d’un désaccord entre Dietrich et la production, alors qu’il a déjà coûté près de 900 000 dollars. Désir de Frank Borzage (sorti en 1936, mais tourné avant I Loved a Soldier en 1935) et Le Jardin d’Allah de Richard Boleslawski, un des tout premiers films en couleurs, ne font pas recette.

La Paramount laisse Dietrich partir pour l’Europe en 1937 tourner Le Chevalier sans armure de Jacques Feyder aux studios de Denham près de Londres. Elle rentre ensuite à Hollywood pour jouer dans Ange sous la direction d’Ernst Lubitsch (qui avait assisté Borzage sur Désir). Le nouvel échec de ces films la fait taxer dans la presse de “poison du box-office” (“Box Office Poison”) par l’association des propriétaires de salles de cinéma (Independent Theater Owners of America), comme Greta Garbo, Joan Crawford, Katharine Hepburn ou Bette Davis. Ce à quoi l’actrice répond : “Tout ce que je sais, c’est que lorsqu’un des gars de la direction a besoin de rembourser son emprunt, ils m’appellent avec une idée de film”.

Elle choisit alors de s’éloigner des studios et entame une liaison avec l’écrivain pacifiste Erich Maria Remarque. La même année, séjournant avec lui au Cap d’Antibes, elle entretient une liaison discrète avec Joseph Kennedy, ambassadeur des États-Unis à Londres favorable à une politique d’apaisement envers l’Allemagne nazie. Elle accorde également ses faveurs au fils de celui-ci, le jeune John Fitzgerald. C’est aussi à cette époque qu’elle entretient une liaison avec Suzanne Baulé dite Frede, une entraîneuse puis animatrice de cabaret qu’elle rencontre en 1936 au Monocle, une boîte de nuit féminine située boulevard Edgar-Quinet, à Paris ; les deux femmes restèrent amies jusque dans les années 1970, ainsi qu’en témoigne la correspondance conservée aux archives Marlene Dietrich de Berlin.

À l’été 1939, le producteur Joe Pasternak lui propose un western, Femme ou Démon, sous la direction de George Marshall, à condition que son cachet soit revu à la baisse. Sur les conseils de son mari et de Sternberg, elle accepte néanmoins et remporte un triomphe qui apporte un second souffle à sa carrière.

Elle enchaîne alors avec La Maison des sept péchés de Tay Garnett en 1940, premier des trois films qu’elle tourne avec John Wayne, suivi de La Belle Ensorceleuse de René Clair et L’Entraîneuse fatale de Raoul Walsh en 1941. Trois films suivent en 1942, dont Les Écumeurs et La Fièvre de l’or noir, dans lesquels elle retrouve Wayne.


Engagement contre le nazisme

Résolument opposée au régime nazi, Marlene Dietrich rompt peu à peu, bien qu’à contre-cœur, les liens qui l’attachent à l’Allemagne. Devenue citoyenne américaine en juin 1939, elle met, comme de nombreuses vedettes de l’époque, sa célébrité au service de l’effort de guerre après l’entrée en guerre des États-Unis dans le conflit mondial en décembre 1941. Elle participe ainsi à la Hollywood Canteen, et récolte des bons du trésor avec Orson Welles.

De 1941 à 1943, elle héberge chez elle Jean Gabin qui, refusant de tourner pour les Allemands, a quitté la France occupée. Les deux acteurs ne tardent pas à entamer une liaison passionnée alors que Gabin est encore marié à Jeanne Mauchain, demeurée en France (le divorce sera prononcé le 18 janvier 1943 aux torts “entiers et reconnus” de l’acteur, bien qu’en son absence).

Au début de l’année 1944, elle tourne Kismet, film musical dans lequel ses jambes peintes en or font autant parler la presse que la percée des Alliés en Italie puis apparaît dans le film de propagande Hollywood Parade aux côtés du tout-Hollywood.

Dietrich pousse plus loin son engagement en intégrant l’United Service Organizations (USO). Elle part pour le front européen en avril 1944, chantant pour les troupes américaines et britanniques stationnées au Royaume-Uni, avant d’accompagner la 3ème armée américaine du général Patton en Italie, en France puis en Allemagne et en Tchécoslovaquie pendant la campagne de libération, donnant plus de 60 concerts en quinze mois. Son interprétation de Lili Marleen, chanson popularisée par le régime nazi, devient l’emblème de la résistance à celui-ci.


L’après-guerre

L’âge avançant, trouvant moins de rôles à Hollywood, elle retrouve, à la libération de Paris, Jean Gabin qui a rejoint la 2ème division blindée. Un mariage entre eux semble avoir été alors envisagé. Elle refuse le scénario des Portes de la nuit de Marcel Carné, ne souhaitant pas interpréter la fille d’un collaborateur, pour tourner avec Gabin Martin Roumagnac (1946). S’il reçoit un succès en salles, le film n’est pas apprécié par la critique française.

Après sa rupture avec Gabin, elle rentre à Hollywood et tourne, teinte en brune, dans Les Anneaux d’or de Mitchell Leisen, puis dans La Scandaleuse de Berlin de Billy Wilder l’année suivante, même si elle met du temps à accepter le rôle, étant confrontée au même problème que pour Les Portes de la nuit (les liens de son personnage avec le régime nazi). Devenue la même année “la grand-mère la plus fabuleuse du monde” avec la naissance de son premier petit-fils, elle part en 1949 à Londres tourner Le Grand Alibi sous la direction d’Alfred Hitchcock. Habillée par Dior, elle y interprète La Vie en rose, que lui a “prêtée” son amie Édith Piaf.

En 1951, elle joue pour la première fois pour Fritz Lang dans le western L’Ange des maudits mais, tout comme avec Sternberg quelques années plus tôt, la collaboration entre le réalisateur et sa vedette, également compatriotes, est houleuse, le premier traitant l’actrice de “bonniche allemande”, la seconde estimant qu’“un homme qui est capable de faire un film comme M le maudit ne peut être qu’un sadique.”

En parallèle de sa carrière au cinéma, Dietrich participe aux émissions radiophoniques de son amie Tallulah Bankheadx, jouant avec son image, son âge, et multipliant les sous-entendus. Loin de son image de vamp mythique, l’actrice révèle également un réel talent de cuisinière comme le montre le livre Dîner chez Marlene. Passionnée par la cuisine, elle adore concocter pour ses amis ou amants le chou farci, les œufs brouillés, le rognon braisé ou son plat fétiche le pot-au-feu.

Témoin du mariage de Piaf avec Jacques Pills en juillet 1952, elle fait une apparition remarquée en 1953 dans un gala au profit des enfants handicapés du cirque Ringling Bros. and Barnum & Bailey Circus au Madison Square Garden à New York, vêtue de l’uniforme de Monsieur Loyal en mini-short (une tenue dont elle revendiquera plus tard l’“invention” : “J’ai inventé le mini-short, qu’on appellera plus tard le hot pants”). Cette prestation lui sert de tremplin pour monter son propre spectacle de cabaret à Las Vegas. Pour 30 000 dollars par semaine, elle monte pour la première fois le 15 décembre 1953 sur la scène du night club du Sahara Hotel, vêtue d’un fourreau semé d’étoiles de strass.


Une seconde carrière

Accompagnée par son dernier amant en date, l’arrangeur Burt Bacharach, Dietrich transporte son tour de chant sur les scènes du monde entier à partir de 1960 en Europe, et à l’été en Israël où elle chante en allemand et a droit à une standing-ovation. Elle enregistre en hébreu la chanson Shir Hatan. Elle se produit sur le continent américain et en URSS en 1964.

Plusieurs disques sont les témoins de cette tournée : Dietrich in Rio (1959), Wiedersehen mit Marlene (1960) et Marlene Dietrich in London (1964). Dans Sag mir, wo die Blumen sind (Dis-moi où sont les fleurs), composée par Pete Seeger et traduite en allemand par Max Colpet, elle dénonce la guerre froide.

En 1960, elle fait une tournée triomphale en Allemagne, est acclamée à Munich et Düsseldorf (mais dans cette dernière ville, au moment où elle sortait de son hôtel, une jeune fille parmi la foule lui crache au visage – fait relaté dans Blue Heaven).

Seule la France lui réserve un accueil mitigé, au grand dam de cette francophile. Son ami le poète Jean Cocteau lui dit : “Votre nom commence par une caresse et finit par un coup de cravache”.

En 1961, convaincue que le national-socialisme n’était pas encore mort et que le peuple allemand était responsable de sa prolifération, elle accepte de jouer dans Jugement à Nuremberg, film de Stanley Kramer inspiré d’un des procès de Nuremberg.

Elle assiste aux obsèques d’Édith Piaf le 14 octobre 1963.

Lorsque Burt Bacharach la quitte en 1965, elle songe dans un premier temps à abandonner les récitals. Elle continue pourtant et triomphe à Broadway en 1967, obtenant un Special Tony Award pour sa prestation l’année suivante. L’abus d’alcool va cependant assombrir les dernières années de sa carrière : en 1973, elle tombe dans la fosse d’orchestre lors d’un concert à New York, puis fait une seconde chute juste avant d’entrer en scène à l’opéra de Sydney, le 29 septembre 1975, se fracturant le col du fémur et mettant ainsi un terme définitif à sa carrière de music-hall.


Fin de vie

Après une dernière apparition au cinéma en 1978, après dix-sept ans d’absence, dans C’est mon gigolo de David Hemmings, elle se cloître dans son appartement parisien du 12 avenue Montaigne, fréquentant peu de gens en dehors de sa fille et de quelques amis fidèles, car “Marlene n’est pas facile à vivre au quotidien.” Parmi ceux qui la côtoient car ils ont sa confiance totale, outre sa fille, on compte l’animateur de radio Louis Bozon, le comédien Sacha Briquet, et sa secrétaire Norma Bosquet, femme de l’écrivain Alain Bosquet.

À partir de 1980, elle ne quitte plus son appartement et installe le téléphone près de son lit car elle téléphone à peu de gens mais beaucoup et à toute heure. Néanmoins, elle reste présente médiatiquement :

  • En 1977, le jeune chanteur Daniel Balavoine, sortira la chanson Lady Marlène, issu de son second album intégralement consacré à l’évocation du mur de Berlin. La chanson évoque Marlene Dietrich, confrontée à une Allemagne divisée en deux pays rivaux. Elle appréciera beaucoup cet hommage. La chanson passera de nombreuses fois à la radio.
  • En 1979, son autobiographie sort en Allemagne.
  • En 1982, Maximilian Schell réalise une interview de l’actrice, laborieuse, dont il tirera le documentaire Marlene, récompensé dans divers festivals et nommé à l’Oscar du meilleur documentaire de la 57ème cérémonie des Oscars en 1985 ;
  • En 1984, son autobiographie est publiée en France ;
  • Le 14 novembre 1989, elle exprime sa joie en français à la suite de la chute du mur de Berlin sur les ondes de France Inter ;
  • Le 25 novembre 1989, elle intervient par téléphone lors de la deuxième cérémonie de remise des Prix du cinéma européen au théâtre des Champs Elysées ;
  • Lors de la promotion du 31 décembre 1989, le président François Mitterrand la fait Commandeur de la Légion d’Honneur, mais elle refuse d’apparaître à l’Élysée pour recevoir sa décoration ;
  • En 1989-1990, elle intervient, selon Frédéric Mitterrand, pour éviter la fermeture des studios de Babelsberg à Berlin, les plus anciens du monde, où elle a tourné L’Ange bleu en 1929.

Marlene Dietrich meurt à Paris le 6 mai 1992. Ses obsèques ont lieu à l’église de la Madeleine. Son cercueil y est recouvert d’un drapeau français, sur lequel est épinglée, notamment, sa croix de la Légion d’honneur. Bien qu’elle ait toujours eu des rapports conflictuels avec son pays d’origine, Dietrich se sentait berlinoise et avait décidé de s’y faire inhumer. Elle est ainsi enterrée non loin de sa mère dans le petit cimetière Friedhof Schöneberg III de Friedenau, dans l’arrondissement de Schöneberg.

En 1993, le sénateur berlinois chargé des affaires culturelles, Ulrich Roloff-Momin, parvient à faire racheter, grâce à l’État fédéral et à la loterie nationale, l’ensemble des biens de l’actrice, comptant notamment trois mille vêtements, mille objets de la garde-robe, quelque seize mille cinq cents photographies, des documents écrits (correspondance, papiers d’état civil, partitions…), des affiches, des objets de bagagerie et des meubles ayant appartenu à la star. Cette collection, la plus grande au monde pour des archives cinématographiques, fait l’objet d’expositions au Filmmuseum Berlin où elle est entreposée, et à travers le monde. En décembre de la même année, la tombe de l’actrice est profanée par des néo-nazis qui n’acceptent pas son départ du pays dans les années 1930, sa naturalisation et son refus de rentrer en Allemagne après la guerre.

À l’occasion du centenaire de sa naissance, le 28 décembre 2001 à Berlin, le président de la République fédérale d’Allemagne, Johannes Rau, lui rend hommage. Cette cérémonie s’accompagne de révélations sur les causes de sa mort. Selon sa confidente et secrétaire Norma Bosquet, l’actrice se serait vraisemblablement suicidée après lui avoir demandé de lui fournir des somnifères.

Source : Wikipedia

BERLIN, SYMPHONIE D’UNE GRANDE VILLE

A inspiré Der Sumpf (Sinfonie der Großstadt) et a été utilisé dans le clip de Der Rhythmus der Maschinen

Berlin, symphonie d’une grande ville (allemand : Berlin: Die Sinfonie der Großstadt) est un film allemand muet réalisé par Walther Ruttmann en 1927.


Synopsis

La vie et le rythme d’une grande métropole, de l’aube à minuit.


Production

Walther Ruttmann déclare en 1928 : “Depuis que je suis venu au cinéma, j’ai toujours eu l’idée de faire quelque chose avec la matière vivante, de créer un film symphonique avec les milliers d’énergies qui composent la vie d’une grande ville. La possibilité d’une telle réalisation se présenta le jour où je rencontrai Karl Freund qui avait les mêmes idées. […] C’est étrange comme Berlin essayait d’échapper à mes efforts pour saisir avec mon objectif sa vie et son rythme. […], mais les parties les plus difficiles furent celles de la ville endormie. Il est plus facile de travailler avec du mouvement que de donner une impression de repos absolu et de calme de mort.”


Vidéo

Source : Wikipedia

LA CONSTRUCTION, LE LANCEMENT, LE NAUFRAGE ET LA DÉCOUVERTE DE L’ÉPAVE DU TITANIC

Thème principal de White Star Liner EP

Le RMS Titanic est un paquebot transatlantique britannique qui fait naufrage dans l’océan Atlantique Nord en 1912 à la suite d’une collision avec un iceberg, lors de son voyage inaugural de Southampton à New York. Entre 1 490 et 1 520 personnes trouvent la mort, ce qui fait de cet événement l’une des plus grandes catastrophes maritimes survenues en temps de paix et la plus grande pour l’époque.

Paquebot de la White Star Line construit à l’initiative de Joseph Bruce Ismay en 1907, il a été conçu par les architectes Alexander Montgomery Carlisle et Thomas Andrews des chantiers navals Harland & Wolff. Sa construction débute en 1909 à Belfast et se termine en 1912. Il appartient à la classe Olympic avec ses deux sister-ships, l’Olympic et le Britannic. C’est à l’époque le plus luxueux et le plus grand paquebot jamais construit.

Le Titanic est dirigé par le commandant Edward Smith, qui a également sombré avec le navire. Le paquebot portait certains des gens les plus riches de l’époque, de même que des centaines d’émigrants de Grande-Bretagne et d’Irlande et d’ailleurs en Europe qui cherchaient une nouvelle vie aux États-Unis. La coque du Titanic est pourvue de seize compartiments étanches servant à protéger le navire en cas de voies d’eau ou d’avaries importantes, ce qui lui a donné la réputation de paquebot “insubmersible” et conduit les médias contemporains à le présenter comme l’un des navires les plus sûrs.

Le , quatre jours après le commencement de son voyage inaugural, il heurte un iceberg à 23 h 40 (heure locale) et coule le  à 2 h 20 au large de Terre-Neuve. Le drame met en évidence l’insuffisance des règles de sécurité de l’époque, notamment le nombre insuffisant de canots de sauvetage et les carences dans les procédures d’évacuation d’urgence. Le puissant émetteur TSF du bord a permis d’appeler à l’aide, mais dans des conditions controversées, qui s’ajoutent à une polémique financière. Des conférences internationales seront par la suite organisées, entraînant des changements de réglementation encore en vigueur un siècle après la catastrophe.

L’épave du Titanic est localisée le 1er par le professeur Robert Ballard. Elle gît à 3 843 mètres de profondeur à 650 km au sud-est de Terre-Neuve. L’histoire du paquebot a marqué les mémoires, et suscité la publication de nombreux ouvrages (historiques ou de fiction) et la réalisation de longs métrages dont le film du même nom Titanic de James Cameron, sorti en 1997 et ayant entraîné un important regain d’intérêt pour le paquebot et son histoire. Les médias s’intéressent à nouveau au navire à l’occasion du centenaire de son naufrage, en avril 2012.


Histoire

Projet et conception

Durant l’année 1907, pour concurrencer le Lusitania et le Mauretania, deux rapides paquebots de la Cunard Line, Lord William James Pirrie, associé de la société du chantier naval Harland & Wolff à Belfast, et Joseph Bruce Ismay, directeur général de la compagnie maritime White Star Line, prennent la décision de construire une série de trois paquebots capables de surpasser en confort, sécurité et élégance ceux des autres compagnies maritimes concurrentes, qu’elles soient britanniques ou allemandes. Leurs noms, OlympicTitanic et Gigantic (nom évoqué avant qu’il ne soit rebaptisé Britannic) sont choisis par la suite. La rencontre eut lieu autour d’un dîner au domicile londonien de lord Pirrie (à Downshire House, dans le quartier chic de Belgravia).

Les plans de l’Olympic et du Titanic (la construction du Gigantic devant débuter plus tard) sont dessinés dans les bureaux d’études des chantiers navals Harland & Wolff sur Queen’s Island à Belfast, en Irlande du Nord. À la tête des opérations se trouvent Alexander Montgomery Carlisle, directeur général des chantiers navals et responsable des aménagements, de la décoration et des dispositifs de sauvetage des paquebots et Thomas Andrews, chef du département Dessin et architecte naval. Au départ en retraite d’Alexander Montgomery Carlisle, en 1910, Thomas Andrews prend sa place et devient ainsi directeur général des chantiers et de la conception.

Ce départ en retraite de l’architecte est provoqué par une réunion entre Lord Pirrie, Ismay et Carlisle sur le nombre de canots de sauvetage : Carlisle voulait 66 canots de sauvetage ; nonobstant les qualités et défauts de la conception du système des cloisons étanches, l’architecte était au courant qu’une fabrication humaine ne saurait être insubmersible. Un refus lui étant signifié, il claque la porte des chantiers.

Le , Joseph Bruce Ismay approuve le projet lors d’un déplacement à Belfast et signe une lettre d’accord avec les chantiers navals. Aucun contrat officiel n’est signé, les liens entre les deux firmes étant très forts depuis plusieurs décennies. Conscient de l’importance de l’événement, Pirrie engage le photographe Robert Welch qui est chargé d’immortaliser les moments forts de la construction dans l’avancement des travaux. La qualité n’est pas négligée, et les meilleurs matériaux sont commandés.


Construction et essais [Thème de The Unsinkable Ship]

Ce sont les chantiers Harland & Wolff, à Belfast, qui sont chargés de la construction du paquebot. Celui-ci est mis en cale à côté de son sister-ship, le RMS Olympic, mis en chantier quatre mois plus tôt.


Construction de la coque

À l’automne 1908, les plans sont achevés et les approvisionnements spéciaux ainsi que les équipements non réalisables par les chantiers Harland & Wolff sont commandés. Lord Pirrie fait agrandir les chantiers navals, notamment par la construction d’un immense portique qui est le plus grand échafaudage du monde à l’époque (256 m de long, 28,50 m de large et 52,60 m de haut ainsi que des grues de 69,50 m). Le , la quille constituée de nombreuses pièces de l’Olympic est posée sur la cale de construction n° 2. Elle porte le numéro de chantier 400, la 400ème commande reçue par Harland and Wolff.

Le , la quille du Titanic identique à l’Olympic est posée sur la cale n° 3, le numéro de chantier étant le 401. Les travaux avancent très vite et deux ans plus tard, au printemps 1911, la coque du Titanic est achevée. Elle est constituée de 2 000 tôles de 2,5 à 3,8 cm d’épaisseur, 3,00 m de long et 2,00 m de haut maintenues par 3 millions de rivets.


Lancement [Thème de White Star Liner]

L’Olympic est lancé le  et le Titanic le , jour de l’anniversaire de Lord Pirrie qui assiste à la mise à l’eau du paquebot en présence de 100 000 personnes : les employés des chantiers et leurs familles, des visiteurs, quelques personnalités et la presse sont présents. Pour aider le Titanic à “glisser” dans l’eau, 20 tonnes de suif, d’huile de vidange, de graisse de baleine et de savon sont étalées sur 2 cm d’épaisseur le long des cales. Le navire n’est pas baptisé avec la traditionnelle bouteille de champagne : c’est une habitude au sein des chantiers, Pirrie considérant qu’un problème dans la cérémonie peut entraîner des superstitions parmi passagers et équipages.

Le Titanic, après avoir réussi son lancement, est ralenti et stoppé par six ancres, entretemps retenues elles-mêmes par vingt-trois aussières en acier de 80 tonnes chacune, puis il est remorqué et mis au quai d’armement par cinq remorqueurs. Après le lancement, invités, représentants de la presse et personnalités sont conviés à un déjeuner donné au Grand Central Hôtel de Belfast. Au menu, pas moins de six plats et cinq desserts ou mises-en-bouche de cuisine française sont servis. Quant à Joseph Bruce Ismay et John Pierpont Morgan, ils quittent le repas pour se rendre sur l’Olympic qui doit subir ses essais en mer.


Armement

Entre juin 1911 et mars 1912, plus de 3 000 professionnels (mécaniciens, électriciens, plombiers, ébénistes, peintres, décorateurs, etc.) travaillent et équipent le Titanic des dernières techniques navales et l’aménagent avec des éléments décoratifs et un mobilier somptueux. Le 18 septembre 1911, on annonce la date du voyage inaugural du paquebot, le 20 mars 1912.

Mais, le 20 septembre, à la suite d’une collision entre le croiseur de la Royal Navy, Hawke et l’Olympic lors de sa cinquième traversée transatlantique, le Titanic doit être déplacé et mis en cale sèche. Une partie des 14 000 ouvriers travaillant à sa construction sont affectés aux travaux de réparation de la coque de l’Olympic, ce qui retarde considérablement la construction du paquebot. La White Star Line reporte le voyage inaugural au 10 avril. Le 30 novembre, une fois les réparations de la coque de l’Olympic terminées, celui-ci reprend son service et le Titanic rejoint son quai où son armement se poursuit. En janvier 1912, on installe les 4 cheminées et le 3 février, les 3 imposantes hélices de bronze, boulonnées sur un moyeu d’acier, sont posées sur le navire (2 hélices latérales tripales bâbord et tribord de 38 tonnes et de 7,20 m de diamètre, 1 hélice centrale quadripale de 22 tonnes et de 5,20 m de diamètre). Le 24 mars 1912, le Titanic est immatriculé à Liverpool, son port d’attache, bien qu’il ne navigue jamais dans les eaux de celui-ci.


Essais

Le , 78 chauffeurs et soutiers ainsi que 41 officiers et membres d’équipage se trouvent à bord. À 6 h 0, le Titanic quitte son dock, tiré par quatre remorqueurs appartenant à la Red Funnel Line, sous le commandement d’Edward Smith, précédemment commandant de l’Olympic. Toute la journée, le Titanic procède à des essais de vitesse et de manœuvrabilité (arrêts d’urgence sur son erre, mesures des qualités manœuvrières à différentes vitesses). Durant ces essais, le navire montre qu’il peut stopper sur une distance de seulement trois fois sa longueur.

À midi, les ingénieurs, les représentants du chantier et les représentants du ministère du commerce britannique l’inaugurent, en déjeunant dans la salle à manger de première classe. Après d’autres essais, le Titanic rentre à Belfast vers 18 h. Le nouveau paquebot ayant rempli toutes les exigences du gouvernement britannique, Francis Carruthers, inspecteur du Board of Trade, signe le certificat de navigabilité n° 131428, valable pour une durée d’un an. Vers 20 h, le paquebot vire de bord et met le cap sur Southampton où il est attendu dans la nuit du 3 au 4 avril.


À Southampton

Après avoir parcouru les 570 milles qui l’en séparent, le Titanic arrive, peu avant minuit, au port de Southampton où six remorqueurs de la Red Funnel Line l’attendent. Le navire accoste le quai n° 44. Pour accueillir les nouveaux navires, le port de la ville a dû subir de nombreux travaux. Durant l’escale, les cheminées sont repeintes ainsi que le flanc bâbord de la coque. Une fois achevé, le Titanic a coûté 1,5 million de livres soit 7,5 millions de dollars américains à l’époque (150 millions au début des années 2000).


Traversée inaugurale

Embarquement des passagers

Le , à 12 h 15, le Titanic appareille de Southampton en Angleterre avec à son bord 953 passagers dont 31 trans-Manche et 889 membres d’équipage. On ne compte pas moins de quarante nationalités présentes à bord du navire. Lors de son départ, il manque de peu de heurter le paquebot City of New York amarré au quai 38. Les remous causés par les hélices du Titanic font rompre les amarres du City of New York, et ce dernier se rapproche rapidement du Titanic jusqu’à une distance de 2 mètres. Le commandant Edward Smith donne alors l’ordre de mettre les machines “arrière toute”, ce qui a pour effet de repousser le New York. Le Titanic quitte enfin Southampton avec une heure de retard. À 18 h 35, le Titanic étant arrivé à Cherbourg en Normandie, 24 passagers trans-Manche débarquent et 274 embarquent, principalement des 1ère classes. Cependant le Titanic reste en rade car son tirant d’eau ne lui permet pas de venir à quai. Ce sont donc, comme pour les autres paquebots, deux transbordeurs de la White Star Line, le Nomadic et le Traffic, qui se chargent de transborder les 274 passagers qui embarquent sur le Titanic. À 20 h 10, le paquebot appareille de Cherbourg pour Queenstown (aujourd’hui Cobh) en Irlande.

Le , à 11 h 30, le Titanic arrive à Queenstown où débarquent sept passagers tandis que 120 embarquent, en grande majorité des passagers de 3ème classe émigrant vers les États-Unis. À 13 h 30, le RMS Titanic quitte Queenstown pour New York avec à son bord 1 324 passagers et 889 membres d’équipage. Il est parfois dit qu’Edward Smith envisageait de prendre sa retraite après cette traversée et qu’il ne devait par conséquent assurer le commandement du Titanic que pour cette unique fois. Il est cependant parfois considéré que Smith n’avait encore rien décidé : des sources laissent en effet penser que la White Star souhaitait qu’il assure également le commandement du Gigantic, dont la mise en service était prévue pour 1914.


Voyage

Le 12 avril 1912, à 19 h 45, le Titanic reçoit un message de La Touraine lui signalant un brouillard dense, une couche de glace épaisse, des icebergs et un navire abandonné sur plusieurs points de l’Atlantique Nord. Ce message est immédiatement remis au commandant Edward Smith.

Dans la journée du 13 avril 1912, le Titanic reçoit plusieurs messages lui signalant des icebergs, des growlers (petits icebergs de 1 mètre par 5) et quelques champs de glace. Dans l’après-midi, un incendie est éteint dans la salle des chaudières n° 5. Il faisait rage depuis plusieurs jours (peut-être depuis le 2 avril) et avait été décelé le jour du départ. Il ne s’agissait pas d’un fait inhabituel sur les navires de l’époque mais celui-ci était d’une rare intensité (dû à un coup de grisou sur un charbon de faible qualité livré à cause d’une grève des mineurs) et une douzaine d’hommes ont été nécessaires pour le maîtriser mais ce feu de charbon a pu fragiliser les cloisons de cette salle. À 22 h 30, le paquebot reçoit un avis du Rappahannock lui signalant un épais champ de glace et plusieurs icebergs ; la réception de ce message est confirmée par un officier.


Naufrage

Déroulement

Nuit de la collision

Le  vers 21h00, le Titanic a déjà parcouru 1 451 milles (2 687 kilomètres). Durant cette journée, le Titanic reçoit une dizaine de messages venant de plusieurs navires, parmi lesquels le Baltic et le Californian, lui signalant des avis de glace. À 22 h 55, Cyril Evans, l’opérateur radio du Californian, alors pris dans la glace à 20 milles (environ 36 km) au nord du Titanic, envoie un message à tous les navires alentour, parmi lesquels le Titanic : à bord de ce dernier, Jack Phillips, le radio-télégraphiste, reçoit le message. Il l’interrompt en lui demandant de se taire “Shut up, shut up, I am busy. I am working Cape Race”. L’utilisation des mots “Shut up” était une formule courante parmi les opérateurs radio pour demander poliment aux autres de “garder la ligne libre”. Evans entendra le Titanic pour la dernière fois à 22h25 qui communiquait avec Cap Race. Il n’éteindra donc pas la radio à la suite du message de Phillips mais à 23h35, soit plus d’une demi-heure plus tard. Étant le seul télégraphiste à bord, il n’avait pas obligation de rester en veille en permanence.

À 23 h 40, par 41° 46′ N et 50° 14′ O, alors que le Titanic avance à 22,5 nœuds (41,7 km/h), les veilleurs Frederick Fleet et Reginald Lee installés dans le nid-de-pie du mât avant aperçoivent un iceberg droit devant dans le brouillard et le signalent à la passerelle. Le 1er officier William Murdoch, alors officier de quart, essaie de faire virer le navire vers bâbord et fait stopper les machines et demande une marche arrière toute. Quelque 37 secondes plus tard, le navire vire mais heurte l’iceberg par tribord et le choc fait déchirer des tôles et sauter des rivets ouvrant ainsi une voie d’eau dans la coque sous la ligne de flottaison. Les portes étanches sont alors immédiatement fermées par Murdoch afin d’éviter une voie d’eau plus importante. Mais l’eau commence à envahir les cinq premiers compartiments du bateau. Or le Titanic ne peut flotter qu’avec au maximum quatre de ses compartiments remplis d’eau.


Évacuation des passagers

À 0 h 5, le commandant fait enlever les tauds des embarcations et rappeler l’équipage. À 0 h 15, le premier appel de détresse est envoyé en signal CQD (Thème de C-Q-D) par TSF sur la longueur d’onde des 600 mètres. À 0 h 25, l’ordre est donné de faire monter les femmes et les enfants en premier dans les canots de sauvetage. À 0 h 45, le premier canot est affalé avec 28 passagers contre 65 possibles et le signal CQD est transformé en SOS. Les officiers s’occupent de faire monter les femmes et les enfants en priorité dans les canots, et les première et deuxième classes, étant plus près des canots, y ont plus facilement accès. Mais la capacité des canots n’est que de 1 178 personnes au total et il y a environ 2 200 personnes à secourir.

Les canots quittent le Titanic à intervalle régulier, et sont pour la plupart à moitié vides. À bâbord, le second officier Charles Lightoller et le capitaine Edward Smith ne font monter que des femmes et des enfants, alors qu’à tribord le premier officier William Murdoch complète souvent les places vides avec des hommes. Seuls deux des vingt canots partiront à pleine charge. À 2 h 5, le canot pliable D est le dernier mis à la mer avec succès contenant 24 personnes à son bord contre 47 possibles. À intervalles réguliers, jusqu’à 1 h 40, des fusées de détresse sont envoyées. Il en est de même pour les SOS qui sont envoyés jusqu’à 2 h 17, heure à laquelle l’eau atteint la cabine radio. Les deux canots restants après 2 h 5, les canots pliables A et B, situés sur le toit du quartier, sont descendus sur le pont des embarcations mais les officiers ne disposant pas de suffisamment de temps, ils partent à la dérive quand l’eau envahit l’avant du pont et des nageurs s’y installent. Environ quarante personnes se trouvant sur ces dernières chaloupes seront récupérés par d’autres canots.

À 2 h 17, l’orchestre s’arrête de jouer juste avant la chute de la cheminée selon la plupart des témoignages. D’autres, comme Archibald Gracie, ont cependant déclaré que les musiciens ont cessé de jouer plus tôt dans la soirée. Peu après, la grande verrière se brise en entraînant la destruction du Grand Escalier et donnant accès à l’eau à toutes les pièces de l’avant. À 2 h 18, les lumières du Titanic clignotent une dernière fois puis s’éteignent. Un instant plus tard, le paquebot se brise en deux. Alors que la partie avant coule, la partie arrière flotte pendant quelques instants et se remplit d’eau lentement jusqu’à ce qu’elle sombre à 2 h 20. La température de l’eau est alors de −2 °C. Aux alentours de 3 heures, le canot n° 14 commandé par le cinquième officier Harold Lowe arrive sur les lieux du naufrage après avoir vidé ses passagers dans d’autres canots. Arrivant trop tard, il ne tire de l’eau que quatre hommes, dont l’un meurt à bord du canot. Plus tard, à 3 h 30, les passagers des canots aperçoivent les feux du Carpathia. À 5 h 30, le Californian prévenu par le Frankfurt arrive sur les lieux du désastre. Le dernier canot est récupéré à 8 h 30, le deuxième officier Charles Lightoller est le dernier à monter à bord. Le capitaine Arthur Rostron du Carpathia met ensuite le cap sur New York à 10 h 50.


Arrivée des rescapés

Durant la matinée du 15 avril, des informations sur le naufrage parviennent mais sans qu’on puisse en vérifier les détails, si bien que les journaux américains restent sur leur réserve. Prudent, le Herald titre : “Le Titanic heurte un iceberg et appelle au secours. Des navires en route”. Seul le Times annonce dans ses premières éditions que le paquebot a très certainement coulé puisqu’on n’a plus rien reçu après les premiers messages.

À 8h, une foule de journalistes se presse au bureau de la White Star à New York, au 9 rue Broadway. Devant la presse, le vice-président, Philippe A.S. Franklin se montre rassurant : “Nous avons une confiance absolue dans le Titanic. Nous sommes persuadés que c’est un navire qui ne peut pas couler”, ce qui ne l’empêche pas d’envoyer un télégramme alarmant au capitaine Smith : “Attendons anxieusement nouvelles navire et précisions sur sort passagers”. Alors que les proches des naufragés commencent à arriver, la compagnie fait tout pour les rassurer.

À 18h15, lorsqu’un message du paquebot Olympia parvient, c’est le coup de massue. Le Titanic a bien sombré à 2h20 du matin. Le Carpathia, qui aurait recueilli 675 rescapés, se dirige vers New-York. Dès lors, le doute n’est plus permis. Pressé de questions par les journalistes, le vice-président de la White Star se contente dans un premier temps de confirmer le naufrage, sans donner plus de détails. À 21h, il craque : “C’est une catastrophe… On pourrait remplacer le navire, mais jamais les vies humaines”.

Trois jours passent et peu de nouvelles parviennent. En manque d’informations, certains journaux s’en prennent au Carpathia. L’Evening Mail dénonce “le silence assourdissant du Caparthia”, tandis que le World attaque l’équipage qui “ne veut pas envoyer la liste des disparus”.

Le jeudi soir, lorsque le Carpathia arrive enfin à New York, trente mille personnes se massent le long des quais pour le voir arriver. Les rescapés peuvent dès lors être interrogés par les journalistes, ce qui n’empêche pas l’apparition dans la presse de témoignages invraisemblables. On y apprend qu’un passager de deuxième classe serait notamment resté à cheval sur un morceau de glace pendant quatre heures. Une passagère aurait, elle, vu l’iceberg une heure avant la collision.


Bilan

Le naufrage du Titanic a fait environ 1 500 morts, le nombre variant entre 1 491 et 1 513 victimes. Il y a donc environ 700 rescapés. Les membres d’équipage sont les plus touchés puisque 76 % d’entre eux sont morts. 75 % des troisièmes classes ont également trouvé la mort. D’une façon plus générale, la principale différence se situe entre les hommes et les femmes. Seules 25 % des femmes sont mortes dans le naufrage contre 82 % des passagers masculins. Proportionnellement, les enfants sont davantage victimes que les femmes, 53 des 109 enfants à bord ayant péri, soit 48,6 % d’entre eux. Cependant, 70 % des femmes et des enfants ont survécu au naufrage contre un peu plus de 20 % des hommes, la règle “les femmes et les enfants d’abord” ayant prévalu, contrairement à la majorité des catastrophes maritimes.


Causes

Le naufrage du Titanic a de nombreuses causes, tant naturelles qu’humaines. Son bilan, qui est l’un des plus lourds de l’histoire maritime, s’explique également par plusieurs facteurs. Les circonstances du naufrage sont en effet particulières. Il est vrai qu’il est rare de trouver des icebergs dans cette région de l’Atlantique au mois d’avril, mais la présence de nombreuses glaces cette année-là s’explique par un hiver particulièrement doux. Ceci explique que le Titanic, qui navigue pourtant plus au sud que la route conseillée, se soit dirigé droit vers un champ de glaces. De plus, la nuit est sombre, sans lune et sans vent, ce qui rend plus difficile le repérage des icebergs. Ceci est aggravé par l’absence de jumelles dans le nid-de-pie, à la suite d’une négligence des officiers : selon Frederick Fleet, le veilleur qui a aperçu et signalé l’iceberg, des jumelles auraient peut-être permis de le voir à temps.

De plus, les compartiments étanches ne montent pas assez haut pour empêcher la progression de l’eau (ces cloisons transversales sont interrompues à 15 mètres de hauteur par les architectes pour que les passagers puissent emprunter le pont-promenade supérieur), la coque n’est double qu’au fond du navire (ne protégeant que des hauts fonds), et l’acier composant certaines parties de la coque est très cassant à température négative (celle de l’eau la nuit du drame était de −1 à −2 °C) bien qu’il soit le meilleur de l’époque produit dans les fours Martin, comme les rivets qui maintiennent les plaques de la coque ensemble (les chantiers Harland and Wolff ont commandé 9 millions de rivets pour le Titanic, le Britannic et l’Olympic mais une pénurie de pièces en acier les ont incités à utiliser des rivets en fer forgé). La vitesse du navire au moment du choc était également trop élevée pour les circonstances (bien qu’en accord avec les règles de navigation de l’époque). Malgré une tentative de la part de la commission américaine qui enquêta sur le naufrage, il n’a pu être prouvé qu’Ismay a poussé le commandant à aller plus vite. Enfin, le nombre élevé de morts s’explique par le faible nombre de canots de sauvetage du navire, qui ne pouvaient contenir que 1 178 personnes, mais aussi par le manque d’organisation dans leur chargement et d’information des passagers. Cette mauvaise organisation aurait rendu des canots supplémentaires peut-être inutiles, puisque les officiers n’ont pas eu le temps de s’occuper des deux derniers canots. Certains canots, comme le n° 1, partent presque vides et refusent de revenir sur les lieux du naufrage. Ceci explique que les canots sont, à la fin, remplis à moins des deux tiers.


Conséquences

Le désastre est un choc pour la communauté internationale car il prouve à tous que l’homme et ses réussites technologiques peuvent être dépassés par les puissances de la nature à une époque où le progrès scientifique semblait impossible à arrêter. Il met également la lumière sur les insuffisances techniques de l’époque : les examens modernes montrent en effet que l’acier de la coque et encore davantage les rivets autres que sur la partie centrale de la coque contiennent trop de soufre et pas assez de manganèse, ce qui les rend trop cassants. La commission britannique de Lord Mersey a fait de nombreuses propositions sur la sécurité en mer, de même que la commission américaine du sénateur Smith. L’attitude jugée désinvolte et insouciante de ceux qui décident de la route et de la vitesse des paquebots a fortement contribué à la perte du navire, selon les deux commissions sur le naufrage.

Pour éviter qu’une telle catastrophe ne se reproduise, la communauté internationale prend plusieurs mesures. La première est la création de la Patrouille internationale des glaces le . Depuis, aucune mort consécutive à un naufrage dû à un iceberg n’est à déplorer. De plus, la procédure à appliquer en cas de collision avec un iceberg est changée. Désormais, il est considéré que les dégâts seront moindres en cas de collision frontale. La chose est prouvée en 1914 lorsque survient la collision du Royal Edward avec un iceberg, qui ne fait aucune victime parmi les 800 passagers.

Concernant les moyens de communication, il est décrété que la veille radio doit être assurée 24 h/24 sur la longueur d’onde de 600 mètres (500 kHz) (ce qui était le cas sur le Titanic, mais ni sur le Californian ni sur le Carpathia) et devra bénéficier de batteries de secours pour alimenter la station radio de secours. Le mauvais usage des récents progrès de la TSF déclenche dans les mois qui suivent une controverse autour de la société Marconi, dont la puissance des émetteurs avait d’abord été saluée. Cependant, la conséquence la plus importante du naufrage concerne les embarcations de sauvetage. Désormais, tout navire se doit d’être équipé de canots en nombre suffisant. La loi demandait jusqu’alors un équipement selon le tonnage, et n’avait pas suivi la rapide augmentation de la taille des navires. Dès la commission américaine, Ismay déclare que tous les navires de l’IMM Co seront équipés de canots en nombre suffisant. Des conférences internationales sur la sécurité en mer se sont tenues en 1914, 1929, 1948 et 1960 et ont notamment rendu obligatoire pour tous les navires de pouvoir être évacués en une demi-heure.


Postérité

Découverte de l’épave (Thème de The Deep)

De nombreux projets d’expéditions pour retrouver le navire englouti ont vu le jour sans connaître le succès pendant de nombreuses années.

L’épave est finalement localisée le 1er septembre 1985 à 1 h 5 par une expédition franco-américaine dirigée par Jean-Louis Michel de l’IFREMER et le Dr Robert D. Ballard de l’Institut océanographique de Woods Hole. Le but original de cette expédition était de couvrir les recherches de deux sous-marins nucléaires américains. Elle est localisée à une profondeur de 3 821 m, à 41° 43′ 55″ N, 49° 56′ 45″ O, à 650 km au sud-est de Terre-Neuve. Le navire est brisé en deux parties qui reposent sur le fond à environ 800 mètres l’une de l’autre, séparées par un champ de débris. Lors du naufrage, la coque s’est brisée là où la contrainte (de flexion) était la plus forte, au niveau de la salle des machines et du Grand Escalier arrière.

Le Dr Ballard et son équipe n’ont enlevé aucun objet du site, considérant que cela équivalait à un pillage de tombes. Pour le droit maritime international cependant, la récupération des objets est nécessaire pour établir les droits de sauvegarde pour une épave. Dans les années suivant la découverte, le Titanic est l’objet de nombreux arrêts juridiques concernant la propriété des objets et le site du naufrage lui-même. Beaucoup d’objets ont été sauvés et sont exposés au public. Les scientifiques affirment que les nombreuses expéditions sur l’épave ont accéléré sa dégradation et estiment qu’elle aura disparu vers 2050. Durant l’été 2016, à l’aide d’une technique d’imagerie par rayonnement à neutrons, une équipe de chercheurs de l’Institut Laue-Langevin met en évidence qu’une molécule appelée éctoïne est utilisée par la bactérie Halomonas titanicae dans l’épave du Titanic afin de survivre à la pression osmotique que provoque le sel de l’eau sur ses membranes. Cette bactérie qui ronge les restes du paquebot devrait faire disparaître progressivement l’épave à l’horizon de 2030.

La découverte et l’étude scientifique de l’épave permettent de mieux comprendre les circonstances exactes du naufrage, tout d’abord en donnant raison aux quelques témoins qui ont affirmé avoir vu le navire se casser en deux juste avant le plongeon final. Plus récemment, en 1996, un sonar a permis de voir les dégâts causés par l’iceberg dans la coque à l’avant du navire. Contrairement à ce que l’on croyait jusqu’alors, ce n’est pas une brèche de 100 mètres de long mais six petites entailles à peine plus épaisses qu’un bras humain, réparties approximativement le long du premier tiers avant du navire, qui ont causé sa perte. Une étude plus récente menée par deux chercheurs métallurgistes américains, le Dr Tim Foecke et le Dr Jennifer McCarty, s’appuyant sur des analyses scientifiques de pièces (tôles et rivets) extraites de l’épave et sur l’examen des archives des chantiers navals Harland & Wolff conservées à Belfast, met en cause la qualité des rivets utilisés pour fixer les plaques d’acier de la coque à l’avant du navire. En effet, ceux-ci sont en fer et non en acier comme dans la partie centrale, en raison de l’impossibilité des fournisseurs à suivre les rythmes et les quantités imposés par le constructeur. Les auteurs de l’étude supposent que des rivets en acier, plus résistants, auraient peut-être, sinon sauvé le navire, du moins accordé un délai suffisant pour permettre aux secours d’arriver à temps. Cependant, de nouveaux essais réalisés dans différentes conditions par le laboratoire de Woods Hole (États-Unis) en 2010, ont démontré le contraire. L’étude, pour laquelle a notamment été reproduit pour essais un morceau composé de deux plaques d’acier rivetées telles celles qui composaient la coque, a soumis les rivets et les plaques à différentes pressions, et démontré que la structure et la composition de ces derniers n’étaient pas responsables.

Le centenaire du naufrage du Titanic place l’épave sous la protection de la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique de l’UNESCO.

En août 2019, une nouvelle expédition ayant nécessité trois années de préparation rapporte des images en haute définition de l’épave, démontrant une carcasse affaiblie par la corrosion et les bactéries qui rongent la structure métallique du navire. Selon les estimations, l’épave devrait disparaître totalement dans les décennies à venir.

Source : Wikipedia

BEF (CORPS EXPÉDITIONNAIRE BRITANNIQUE)

Mentionné sur Waltz For George

La British Expeditionary Force ou (BEF) est un Corps expéditionnaire britannique envoyé, pour participer aux combats en France et en Belgique suite au déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Le même nom a été donné aux forces britanniques, envoyées en France, à partir de 1939-1940 au cours de la Seconde Guerre mondiale.


Historique

Le BEF a été créé par le Secrétaire d’État à la Guerre Britannique Richard Haldane après la Seconde Guerre des Boers dans le cas où le Royaume-Uni, puisse en cas de nécessité, déployer rapidement une force de la British Army capable de prendre part à une guerre outre-mer.

Après l’invasion allemande de la Pologne en 1939, la British Expeditionary Force a été envoyée à la frontière franco-belge.

En mai 1940, lors de l’attaque allemande, elle était constituée de :

  • 10 divisions d’infanterie en trois corps (I, II et III),
  • 1 brigade blindée d’armée (1st Army Tank Brigade)
  • 1 détachement d’environ 500 avions.

Cette force aérienne, la BAFF (British Air Forces in France) était sous le commandement de l’Air Marshal Barratt et se subdivisait à son tour en Advanced Air Striking Force (AASF) supposée épauler l’armée de l’air française et l’Air Component of the British Expeditionary Force (BEF) chargée de soutenir la BEF.

La BEF était commandée par le général Lord Gort. Cette force ne constituait qu’un dixième des forces alliées en face des forces allemandes sur le front allant du Rhin à l’Atlantique, mais une partie prépondérante du mécanisme anglo-franco-belge qui défendait la frontière Allemagne-Belgique puis Belgique-France. Prise de front puis dépassée par les forces allemandes qui contournent la ligne Maginot par la percée de Sedan, la force britannique s’effondre. Elle a subit de lourdes pertes et se retrouve encerclée dans une poche autour de Dunkerque. Une partie (environ 330 000 hommes) ont été évacués de Dunkerque entre le 26 mai et le 4 juin 1940 grâce à la défense fournie par les troupes françaises, qui ont subit de lourdes pertes pour permettre la retraite des forces britanniques ainsi que de contingents français. La force britannique laisse une grande partie de son équipement, dont tous les équipements lourds, sur le sol belge et français. Cette défaite cuisante a été transformée en élément de propagande par Churchill qui présente l’évacuation comme une victoire paradoxale, au point d’oublier le rôle des forces françaises et belges qui ont couvert le retrait britannique. Environ 61 000 soldats de la force britannique ont cependant été fait prisonniers par les Allemands.

La 51ème (Highland) Division d’infanterie, n’ayant pas été enfermée dans la poche de Dunkerque, s’est battue à Saint-Valery-en-Caux et, encerclée, a capitulé.

Le second corps expéditionnaire commandé par le général Alan Brooke et débarqué après Dunkerque, a été rapidement évacué dans ouest de la France au cours de l’opération Ariel.

Source : Wikipedia

“THE CITY IS BUILT TO MUSIC, THEREFORE NEVER BUILT AT ALL, AND THEREFORE BUILT FOREVER”

Alfred Tennyson – Livret de Bright Magic
Extrait du poème Gareth and Lynette du recueil Les Idylles du Roi
(“La ville est construite sur de la musique, ainsi jamais construite du tout, et ainsi construite pour toujours”)

Alfred Tennyson, 1er baron Tennyson (6 août 1809 – 6 octobre 1892), frère de Charles Tennyson Turner, est l’un des poètes britanniques les plus célèbres de l’époque victorienne.

Nombre de ses vers sont fondés sur des thèmes classiques ou mythologiques, comme In Memoriam, écrit en l’honneur de son meilleur ami Arthur Hallam, un jeune poète et un camarade à Trinity College fiancé à la sœur de Tennyson, et qui est mort tragiquement d’une hémorragie cérébrale à l’âge de 22 ans.

L’un des plus célèbres ouvrages de Tennyson est Les Idylles du Roi (1885), une série de poèmes narratifs fondés entièrement sur le roi Arthur et la légende arthurienne et influencés, dans ses thèmes, par les premiers récits de Sir Thomas Malory sur ce roi légendaire. L’œuvre a été dédiée au prince Albert, l’époux de la reine Victoria. Durant sa carrière, Lord Tennyson a fait des tentatives d’écriture dramatique, mais ses pièces n’ont pas eu de succès.


Vie

Jeunesse

Il est né à Somersby, dans le Lincolnshire, fils d’un recteur. Son père s’est brouillé avec sa famille et a été déshérité ; il s’est mis à boire plus que de raison et est devenu instable. Tennyson et deux de ses frères plus âgés se sont mis à écrire de la poésie ; et un recueil de poèmes collectif a été publié localement, alors qu’Alfred n’était âgé que de dix-sept ans. L’un de ses frères, Charles Tennyson Turner, épousera plus tard Louisa Sellwood, jeune sœur de la future épouse d’Alfred ; l’autre était Frederick Tennyson. Étudiant à la grammar school (équivalent de notre lycée) de Louth, dans le Lincolnshire, puis au Trinity College de Cambridge (1828), où il est entré dans une société secrète appelée les Cambridge Apostles et a rencontré son ami Arthur Hallam, Alfred Tennyson a publié son premier recueil de poèmes personnels, Poèmes surtout lyriques en 1830. Claribel et Mariana, qui ont pris plus tard leur place parmi les poèmes les plus célèbres de Tennyson, étaient inclus dans ce volume. Bien que décriés par les critiques comme trop sentimentaux, ses vers sont devenus bientôt populaires et ont attiré sur Tennyson l’attention des plus célèbres auteurs de l’époque, notamment Samuel Taylor Coleridge.

Au printemps 1831, le père de Tennyson est mort, forçant celui-ci à quitter Cambridge avant l’obtention de son diplôme. Il est retourné au rectorat, où il a été autorisé à vivre six autres années, et a pris la charge de sa mère et de ses nombreux enfants. Son ami Hallam est venu s’installer chez lui pendant l’été et s’est fiancé avec la sœur de Tennyson, Emilia.


Poète

En 1833, Tennyson a publié son deuxième livre de poésie, qui contenait son poème le plus connu, La Lady de Shalott, l’histoire d’une princesse qui ne peut voir le monde, hormis à travers le reflet d’un miroir. Comme Sir Lancelot se dirige vers la tour où elle doit demeurer, elle lui apparaît, et la malédiction touche à son terme ; elle meurt après être montée sur un petit bateau et descend la rivière vers Camelot, son nom écrit sur la poupe du bateau. Le volume a reçu un mauvais accueil de la critique, qui a découragé tellement Tennyson qu’il n’a plus publié pendant les dix années suivantes, bien qu’il ait continué à écrire.

La même année, son ami Arthur Henry Hallam a été victime d’une hémorragie cérébrale pendant des vacances à Vienne et est mort. La nouvelle a anéanti Alfred, mais lui a inspiré une myriade de poèmes, comptant les vers les plus purs du monde. Peu après cependant, la mort d’Hallam a engendré pour Tennyson une décennie de silence poétique.

Autorisés à résider dans le rectorat pendant six ans, Tennyson et sa famille se sont installés dans l’Essex. Un investissement imprudent dans une entreprise de découpe de bois ecclésiastique l’a conduit à la perte d’une part importante de son argent, ce qui doit être l’une des raisons pour lesquelles Tennyson se serait marié si tard.

En 1842, tandis qu’il vivait modestement à Londres, Tennyson a publié deux volumes de Poèmes, le premier incluant des textes déjà publiés et le second étant composé entièrement de nouveaux poèmes. Ils ont connu un succès immédiat. La Princesse, qui sortit en 1847, est également devenu très populaire.


Poète lauréat

En 1850, Tennyson a atteint le sommet de sa carrière, succédant à William Wordsworth comme poète lauréat. La même année, il a écrit son chef-d’œuvre, In Memoriam A.H.H., dédié à Arthur Hallam, et s’est marié avec Emily Sellwood (1813-1896), qu’il connaissait depuis l’enfance, dans le village de Shiplake. Ils ont eu deux fils, Hallam – baptisé en souvenir de son ami – et Lionel.

Il a occupé la charge de poète lauréat de 1850 jusqu’à sa mort, composant sur commande des vers médiocres, notamment un poème complimentant Alexandra de Danemark à l’occasion de sa venue en Grande-Bretagne et de son prochain mariage avec le futur roi Édouard VII. En 1854, Tennyson a écrit l’un de ses textes les plus connus, La Charge de la brigade légère, un poème dramatique rendant hommage aux cavaliers britanniques entraînés dans une charge insensée le 25 octobre 1854, durant la guerre de Crimée. Parmi les autres poèmes qu’il a composé en tant que poète lauréat, on peut distinguer une Ode à la mort du duc de Wellington et une Ode chantée à l’ouverture de l’Exposition universelle.

Vers la fin de sa vie, Tennyson a révélé que ses opinions religieuses défiaient également les conventions, portant plutôt vers l’agnosticisme et le panthéisme.

La reine Victoria était une grande admiratrice de Tennyson, et l’a nommé en 1884 Baron Tennyson de Aldworth dans le comté du Sussex et de Freshwater dans l’Île de Wight. Titulaire du poste de poète lauréat en 1850, il a été le premier poète anglais élevé à la Pairie. Homme passionné et d’une nature bizarre, il n’a jamais été réellement à l’aise dans sa position de pair ; il n’a accepté la pairie, paraît-il, que pour assurer l’avenir de son fils Hallam.

Il existe des enregistrements de Lord Tennyson déclamant sa propre poésie, réalisés par Thomas Edison, mais ils sont d’une qualité assez médiocre.

Tennyson a continué à écrire jusqu’à plus de 80 ans et est mort le 6 octobre 1892, âgé de 83 ans. Il a été enterré dans le coin des poètes à l’abbaye de Westminster. Son fils Hallam Tennyson, qui lui a succédé comme second Baron Tennyson, a écrit une biographie de son père en 1897, et a été le second gouverneur-général de l’Australie.

Jean-Paul Sartre dira de lui : “Cet écrivain anglais – dont je n’ai pas lu une seule ligne – avait vécu, selon des rapports dignes de foi, conformément à mes prêches : il avait écrit et il ne lui était jamais rien arrivé. Je disais au Castor avec rage : Je ne voudrais tout de même pas avoir la vie de Tennyson”.


Inspiration

Son célèbre The Charge of the Light Brigade, à propos de la charge de la brigade légère, un épisode de la guerre de Crimée, a inspiré le groupe Iron Maiden quand il a composé la chanson The Trooper. La chanteuse Loreena McKennit a quant à elle repris le texte du poème The Lady of Shalott pour le morceau éponyme.

Source : Wikipedia

WOCHENENDE

Samplé sur Der Sumpf (Sinfonie der Großstadt), Im Licht, Der Rhythmus der Maschinen et Lichtspiel I: Opus

Wochenende (en anglais : Weekend) est un film “sans images” réalisé par Walter Ruttmann en 1930, dont la particularité est de n’utiliser que la bande son d’une pellicule cinématographique.


Film sans images

Le film est susceptible d’être projeté (et il l’a été à diverses occasions, notamment à Berlin en mai 1930, puis lors du Deuxième congrès du film indépendant de Bruxelles) dans une salle de cinéma habituelle, une forme de “cinéma pour l’oreille”, ou bien d’être considéré comme une œuvre sonore à part entière (diffusée par exemple par voie radiophonique, comme cela a été le cas en juin 1930, ou bien encore plus récemment, en 1994, où le “film” a été édité sous forme de mini CD). L’utilisation d’une pellicule cinéma permet notamment d’atteindre une durée de onze minutes et trente secondes, ce qui était impossible avec les disques de l’époque.


Synopsis

Le film tente de représenter le déroulement du week-end dans la semaine d’un travailleur par une succession de collages sonores. La représentation de l’univers du travail (conversations téléphoniques simulées, récitation d’un texte par un enfant à l’école, lecture d’un courrier par un chef d’entreprise, bruits mécaniques) est suivie de sons évoquant davantage la détente et le week-end (sifflotements, chants de chœurs, d’enfants joyeux, d’animaux, heure marquée par des cloches, miaulement de chat, débouchage d’une bouteille, etc.).


Commentaires

Dans son livre Musiques expérimentales, le musicien et critique Philippe Robert présente Wochenende comme une anticipation remarquable de ce qui sera plus tard dénommé la musique concrète. En effet, en précurseur de certaines réflexions sur les objets sonores, qui seront menées par Pierre Schaeffer une vingtaine d’années plus tard, Ruttmann isole certains éléments (bruits) de la vie quotidienne pour réaliser une œuvre sonore organisée et cohérente, affranchie de ses causes physiques.


Divers

Le film était considéré comme perdu jusqu’à ce qu’une copie soit retrouvée à New York en 1978.


Vidéo

Source : Wikipedia