EVEREST | Montagne

Mentionnée sur Everest

L’Everest, en tibétain ཇོ་མོ་གླང་མ, Chomolungma, en népalais सगरमाथा, Sagarmatha, aussi appelé mont Everest, est une montagne située dans la chaîne de l’Himalaya, à la frontière entre le Népal (Sagarmatha) et la Chine (Tibet).

Il est aperçu par des Européens pour la première fois en 1847 puis, après quelques années d’observations et de calculs, son altitude est établie à 8 848 mètres et il est identifié comme le plus haut sommet du monde au-dessus du niveau de la mer. Cette caractéristique lui vaut d’être baptisé de son nom actuel par les Occidentaux en 1865 et, dès les années 1920, de lui attirer l’intérêt des alpinistes qui se lancent à l’assaut de ses pentes. Plusieurs expéditions, en particulier britanniques, se succèdent depuis le Nord. Toutefois, les conditions climatiques extrêmes font leurs premières victimes, parmi lesquelles George Mallory et Andrew Irvine, en 1924, dont on ne saura probablement jamais avec certitude s’ils ont atteint le sommet. En 1950, le Népal autorise l’accès à la montagne depuis le Sud offrant des possibilités d’ascension par l’arête Sud-Est, moins périlleuse. Finalement, trois ans plus tard, Edmund Hillary et Tensing Norgay réussissent à vaincre l’Everest. Dès lors, les exploits en tous genres s’enchaînent, alimentant les fantasmes populaires ; mais, en 1996, une série d’accidents mortels vient rappeler les dangers liés à la montagne, portant de nos jours à plus de 200 le nombre de victimes. Pourtant, le tourisme de masse se popularise, fragilisant le milieu naturel malgré les créations du parc national de Sagarmatha en 1976 et de la réserve naturelle du Qomolangma en 1988. Ainsi, plus de 14 000 alpinistes ont tenté l’ascension depuis 1922 et plus de 4 000 l’ont réussie, bien aidés, pour la majorité d’entre eux, par les porteurs sherpas.

Identifié comme “pic B” à partir de 1847 (car le Kangchenjunga était considéré à cette époque comme le plus haut sommet du monde) puis appelé “pic XV” en 1849 (numération romaine de Michael Hennessy, arpenteur général britannique, nommant les sommets de la chaîne de l’Himalaya d’est en ouest), la montagne acquiert en 1865 son nom anglais qui lui est donné par Andrew Waugh, alors arpenteur général britannique des Indes orientales. Généralement, le nom local est respecté, à l’instar du Kangchenjunga et du Dhaulagiri, mais le Népal et le Tibet étant fermés aux voyageurs étrangers, il écrit :

“Mon respecté chef et prédécesseur le colonel Sir George Everest m’a enseigné à désigner tout objet géographique par son véritable nom local ou indigène. Mais voici une montagne, probablement la plus haute au monde, dont nous n’avons pu trouver aucun nom local. L’appellation indigène, si elle en a une, ne sera très probablement pas découverte avant que nous soyons autorisés à pénétrer au Népal. En attendant il m’incombe le privilège comme le devoir d’assigner… un nom, par lequel cette montagne puisse être connue des citoyens et des géographes et devenir un mot d’usage courant dans les nations civilisées”.

— Andrew Waugh, Proceedings of the Royal Geographical Society of London

Pourtant, de nombreux noms locaux existent, le plus connu étant probablement depuis plusieurs siècles l’appellation tibétaine Chomolungma figurant même sur une carte de 1733 publiée à Paris par le géographe français Jean-Baptiste Bourguignon d’Anville. Quoi qu’il en soit, Waugh prétexte qu’avec la pléthore de noms locaux, il aurait été difficile d’en favoriser un plus répandu parmi les autres. Il décide alors de le baptiser d’après son prédécesseur de 1830 à 1843, d’abord en utilisant l’orthographe Mont Everest puis Mount Everest. Pourtant, celui-ci objecte en 1857 que le nom est impossible à écrire en hindi ou à prononcer par les “natifs de l’Inde”. Malgré cela, la Royal Geographical Society l’entérine officiellement en 1865, soit un an avant la mort de George Everest. La prononciation anglaise moderne d’Everest (API : [ˈɛvərɪst] ou [ˈɛvrɪst]) est d’ailleurs différente de la prononciation du nom de famille qui était [ˈiːvrɪst]. La prononciation française, quant à elle, diffère encore de l’original, puisque l’on dit [ˈevrɛst].

Le nom tibétain est donc Chomolungma ou Qomolangma (ཇོ་མོ་གླིང་མ) signifiant la “Déesse (Chomo) mère (suffixe ma) des vents (lung)” et la translittération en chinois est Zhūmùlǎngmǎ Fēng (chinois simplifié : 珠穆朗玛峰, chinois traditionnel : 珠穆朗瑪峰) ou Shèngmǔ Fēng (聖母峰) signifiant “déesse de l’univers” tandis que la traduction littérale donne Shèngmǔ Fēng (chinois simplifié : 圣母峰, chinois traditionnel : 聖母峰). En ancien sanskrit, la montagne a pour nom Devgiri, en français “la montagne sainte”, et Devadurga, prononcé en anglais deodungha au XIXème siècle. Au début des années 1960, le gouvernement népalais prend conscience que l’Everest n’a aucun nom népalais. Ce manque est dû au fait que la montagne n’était pas connue et n’avait donc pas de nom au Népal ethnique, c’est-à-dire, la vallée de Katmandou et ses abords. Le gouvernement se décide alors à trouver un nom pour la montagne. Chomolangma, pourtant utilisé par les Sherpas, n’est pas acceptable car il aurait été contraire à l’idée d’unification du pays (“népalisation”). Aussi, un nouveau nom est inventé par Baburam Acharya : Sagarmatha (सगरमाथा), en français la “tête du ciel”.

En 2002, le journal chinois Le Quotidien du Peuple édite un article alléguant un point de droit contre l’utilisation continue du nom anglais dans le monde occidental, insistant sur le fait que la montagne devrait être mentionnée par son nom tibétain. Le journal se justifie par le fait que le nom local précédait chronologiquement le nom anglais : le mont Qomolangma aurait été repéré selon eux sur une carte chinoise il y a plus de 280 ans. Dans le même ordre d’idées, une campagne menée entre autres par l’ancien Premier ministre de l’Inde, Atal Bihari Vajpayee, a tenté de convaincre l’opinion que la montagne devrait être renommée d’après Radhanath Sikdar, l’auteur des calculs établissant l’altitude du sommet en 1852, mais la montagne n’étant pas en territoire indien, la dénomination a été rejetée.

L’Everest s’élève à la frontière entre la région autonome du Tibet (préfecture de Xigazê) en Chine et la zone de Sagarmatha (district de Solukhumbu) au Népal. Il culmine à 8 848 mètres d’altitude dans le Mahalangur Himal, un massif de l’Himalaya, ce qui en fait le point culminant de l’Asie et le plus haut des sept sommets. Il se situe à 160 kilomètres à l’est-nord-est de Katmandou, 260 kilomètres à l’ouest-nord-ouest de Thimphou, 450 kilomètres à l’ouest-sud-ouest de Lhassa et environ 600 kilomètres au nord de Calcutta et du golfe du Bengale. Les sommets de plus de 8 000 mètres les plus proches sont le Lhotse, avec 8 516 mètres d’altitude à trois kilomètres à vol d’oiseau au sud, le Makalu, avec 8 463 mètres d’altitude à vingt kilomètres à vol d’oiseau au sud-est, et le Cho Oyu, avec 8 201 mètres d’altitude à vingt-huit kilomètres à vol d’oiseau au nord-ouest.

L’Everest est un pic pyramidal. Il a été modelé par l’érosion, en particulier glaciaire. Il possède trois faces, la Sud-Ouest, la Nord et l’Est, séparées par autant d’arêtes quasi rectilignes, l’Ouest, la Nord-Est et la Sud. Un glacier s’épanche de chacun des versants : respectivement le glacier du Khumbu au travers de la Western Cwm aussi appelée “vallée du Silence”, le glacier du Rongbuk et le glacier de Kangshung. La face Nord est la plus difficile d’accès car moins enneigée et plus rocheuse que la face Sud-Ouest. Elle abrite le couloir Hornbein et le Grand couloir appelé aussi couloir Norton. Les arêtes Ouest et Sud-Est délimitent la frontière entre la République populaire de Chine et le Népal. L’arête Nord-Est relie le Changtse, culminant à 7 543 mètres d’altitude, via le col Nord situé à 7 020 mètres d’altitude. L’arête Sud-Est relie le Lhotse, culminant à 8 516 mètres d’altitude, via le sommet secondaire de l’Everest simplement appelé Sommet Sud, culminant à 8 751 mètres d’altitude, et le col Sud situé à 7 904 mètres d’altitude tandis que l’arête Ouest relie le Khumbutse, culminant à 6 636 mètres d’altitude, via l’Épaule occidentale et le col Lho-La situé à 6 026 mètres d’altitude.

En 1856, Andrew Waugh, l’arpenteur général des Indes orientales depuis 1843, annonce après plusieurs années de mesures menées dans le cadre du “grand projet de topographie trigonométrique” que le “pic XV” a été mesuré officiellement à 8 840 mètres d’altitude.

En 1955, une étude indienne aboutit pour la première fois à la valeur de 8 848 mètres d’altitude. Comme l’équipe de Waugh, ils ont réalisé leurs mesures au moyen de théodolites mais ils ont eu l’avantage de pouvoir s’approcher beaucoup plus près de l’Everest. Cette altitude est confirmée en 1975 par une étude chinoise. Dans les deux cas, c’est le manteau neigeux qui a été pris en considération.

En , une expédition américaine menée par Bradford Washburn enfouit une balise GPS dans la roche. Acceptée par la National Geographic Society, elle permet de déterminer à 8 849,87 mètres d’altitude le sommet rocheux et à un mètre l’épaisseur de la couverture de glace et de neige. Le , après plusieurs mois de mesures et de calculs, le bureau national de topographie et de cartographie de la République populaire de Chine annonce officiellement que l’altitude de l’Everest est de 8 844,43 mètres ± 0,21 mètres. Les autorités proclament qu’il s’agit de la mesure la plus précise jamais effectuée. Les résultats de Bian Qiantao, chercheur à l’Institut de géologie et de géophysique de l’Académie chinoise des sciences suggèrent que l’Himalaya et le plateau Tibétain ne continueront pas à s’élever indéfiniment. Pourtant, cette nouvelle valeur ajoutée aux 3,5 mètres d’épaisseur de glace et de neige rencontrée par l’équipe chinoise est en accord avec l’altitude de 8 848 mètres que continue de reconnaître le gouvernement népalais.

Toutefois, l’épaisseur du manteau neigeux varie en fonction du temps ce qui rend la mesure de l’altitude durablement impossible avec la précision énoncée en 1999 et 2005. Pour autant, l’altitude du sommet rocheux est tout aussi incertaine en raison de la forme du géoïde et des ondulations de la croûte terrestre. De plus, à moindre échelle, des mouvements tectoniques sont à l’origine d’une augmentation de l’altitude de quatre millimètres par an ainsi que d’un déplacement latéral de l’ordre de trois à six millimètres par an en direction du nord-est, voire de vingt-sept millimètres selon une autre source.

Une carte photogrammétrique détaillée à l’échelle 1:50000ème de la région de Khumbu incluant le versant Sud de l’Everest a été réalisée dans le cadre de l’expédition internationale en Himalaya de 1955 par Erwin Schneider qui en a profité pour tenter l’ascension du Lhotse. Une carte topographique de l’Everest encore plus détaillée a été produite à la fin des années 1980 sous la direction de Bradford Washburn, à l’aide de photographies aériennes.

En 1808, les Britanniques lancent le “grand projet de topographie trigonométrique” des Indes orientales afin de déterminer la localisation et nommer les plus hauts sommets du monde. L’étude commence au sud du pays et se déplace progressivement vers le Nord en utilisant douze porteurs pour le transport de chacun des théodolites. Ces appareils pèsent plus de 500 kilogrammes et permettent de mesurer avec précision la hauteur des montagnes. Elle atteint le pied de l’Himalaya dans les années 1830 mais le Népal refuse l’accès de son territoire aux Britanniques, craignant des heurts politiques et une possible annexion. Plusieurs requêtes sont envoyées par les scientifiques mais toutes sont rejetées. Ils sont contraints de poursuivre leurs observations depuis le Teraï, une région parallèle au Népal et à l’Himalaya. Les pluies torrentielles rendent les observations difficiles. Le paludisme provoque la mort de trois experts et impose l’évacuation de deux autres.

Néanmoins, en 1847, les Britanniques persévèrent et commencent des études détaillées des sommets de l’Himalaya depuis des postes d’observation situés à plus de 240 kilomètres de distance. Les conditions climatiques restreignent la durée de travail à trois mois dans l’année. En , Andrew Waugh, l’arpenteur général des Indes, réalise de nombreuses observations depuis le poste de Sawajpore situé à l’extrémité orientale de la chaîne. À cette époque, le Kangchenjunga, mesuré depuis à 8 586 mètres d’altitude ce qui le place en troisième position, est alors considéré depuis une dizaine d’années comme étant le plus haut sommet sur Terre. Il note avec intérêt l’existence d’un sommet à 230 kilomètres en arrière de celui-ci. John Armstrong, un des fonctionnaires de Waugh, l’aperçoit également depuis une position un peu plus occidentale et l’identifie trivialement comme le “pic B”. Plus tard, Waugh admettra que les mesures effectuées sur le pic B le désignaient comme plus élevé que le Kangchenjunga mais qu’étant donné la distance importante, des observations rapprochées étaient nécessaires pour s’en assurer. Pour ce faire, l’année suivante, Waugh renvoie un géomètre dans la région du Teraï, mais des nuages empêchent toute mesure.

En 1849, Waugh affecte James Nicolson à cette région. Ce dernier réussit à faire des observations à 190 kilomètres de distance depuis Jirol. Il emporte avec lui le plus gros des théodolites et se dirige vers l’est en réalisant trente mesures depuis cinq positions différentes, la plus proche à 175 kilomètres du sommet. Il se retire à Patna, sur le Gange, pour effectuer les calculs nécessaires. Ses relevés lui fournissent une altitude moyenne de 9 200 mètres mais ils ne tiennent pas compte de la réfraction qui distord les mesures. La valeur a cependant l’avantage de donner une indication sur l’altitude du pic B comparée à celle du Kangchenjunga. Malheureusement, Nicolson est affaibli par le paludisme et doit quitter les Indes sans terminer ses calculs. Michael Hennessy, un des assistants de Waugh, qui a commencé à désigner les sommets avec des chiffres romains, renomme le Kangchenjunga “pic IX” et le pic B “pic XV”.

En 1852, Radhanath Sikdar, mathématicien et géomètre indien originaire du Bengale, stationne sur le site principal des géomètres à Dehradun. Il est le premier à reconnaître dans le sommet le point culminant de l’Himalaya en faisant appel à des calculs trigonométriques basés sur les relevés de Nicolson. L’annonce officielle est repoussée durant plusieurs années, le temps que les calculs soient inlassablement répétés. En 1854, Waugh reprend lui-même le travail laissé par Nicolson et, avec son équipe, passe près de deux ans à résoudre les problèmes de réfraction, de pression atmosphérique et de température qui se posent sur de telles distances. Finalement, en mars 1856, il révèle sa découverte dans une lettre à son adjoint à Calcutta. Le pic IX est estimé à 28 156 pieds soit 8 582 mètres d’altitude et le pic XV à 29 002 pieds soit 8 840 mètres. Waugh conclut que le pic XV est “plus que probablement le plus haut du monde”. En réalité, le pic XV a été mesuré à exactement 29 000 pieds soit 8 839 mètres mais deux pieds ont été arbitrairement rajoutés afin d’éviter l’impression que la mesure était une estimation grossièrement arrondie.

La première personne à évoquer la possibilité d’une ascension de l’Everest est Clinton Thomas Dent, président de l’Alpine Club, en 1885 dans Above the Snow Line.

En 1904, l’expédition militaire britannique menée par Francis Younghusband parvient à négocier le passage des frontières du Tibet. À cette occasion, J. Claude White réalise la première photographie détaillée de la face Est depuis Kampa Dzong à une distance de 150 kilomètres. Mais il faut attendre 1921 pour que la Royal Geographical Society obtienne l’autorisation de véritablement explorer la montagne. La première expédition est financée par le Mount Everest Committee, dirigée par le colonel Charles Howard-Bury, et composée de Harold Raeburn, George Mallory, Brian Donahue, Guy Bullock et Edward Oliver Wheeler. Sa mission est seulement de cartographier la montagne et de repérer l’itinéraire le plus facile vers le sommet. La santé de Raeburn l’oblige toutefois à abandonner ses compagnons et Mallory assume le rôle de chef d’expédition. Bien qu’ils ne soient pas équipés pour atteindre le sommet, ils parviennent au col Nord avant d’être forcés de faire demi-tour, surpris par la mousson. L’expérience de Mallory lui permet d’affirmer que l’itinéraire vers le sommet paraît long mais envisageable pour une expédition bien préparée.

La seconde expédition de 1922, menée par Charles Granville Bruce, est composée d’Edward Lisle Strutt, George Mallory, George Ingle Finch, Edward F. Norton, Henry T. Morshead, Howard Somervell, Arthur Wakefield, John Noel, Tom George Longstaff, Geoffrey Bruce, John Morris, Colin G. Crawford, et jusqu’à 160 porteurs. Ces deux derniers atteignent la North Ridge et l’altitude de 8 320 mètres lors d’une deuxième tentative avec assistance respiratoire, ce qui constitue un record mondial. Mais une avalanche fait les premières victimes d’une ascension en tuant sept Sherpas et met un terme à la troisième et dernière tentative de l’expédition.

La troisième expédition en 1924, menée à nouveau par Charles Granville Bruce mais qui renonce, atteint du paludisme, puis par Edward F. Norton, est composée de George Mallory, Bentley Beetham, Geoffrey Bruce, John de Vars Hazard, R.W.G. Hingston, Andrew Irvine, John Noel, Noel Odell, E.O. Shebbeare et Howard Somervell. Norton réussit à établir, lors d’une deuxième tentative, un nouveau record d’altitude avec 8 570 mètres qui tiendra jusqu’en 1952. Lors d’une troisième tentative, Mallory et Irvine disparaissent alors qu’ils sont aperçus par Odell en route pour le sommet. L’énigme demeure quant à savoir s’ils ont atteint le sommet alors qu’aucune preuve concluante ne permet de l’affirmer de manière certaine malgré la découverte du corps de Mallory en 1999.

Lors d’une interview accordée le à un journaliste du New York Times qui lui demandait pourquoi il souhaitait à ce point escalader l’Everest, George Mallory avait simplement répondu par la phrase devenue probablement la plus connue de l’alpinisme :

“Because it’s there (Parce qu’il est là)

— George Mallory, The New York Times

Dans les années 1930, plusieurs autres expéditions britanniques sont tentées, sans succès. La plus importante est celle de 1933 menée par Hugh Ruttledge qui voit Lawrence Wager avec Percy Wyn-Harris et Eric Shipton avec Frank Smythe successivement échouer dans leur tentative d’atteindre le sommet. En 1935, Tensing Norgay sert pour la première fois de porteur auprès de Shipton et de ses compagnons Bill Tilman, C.B.M. Warren, E.G.H. Kempson, L.V. Bryant, and E.H.L. Wigram. Au total, sept missions britanniques se lanceront à l’assaut de la face Nord de l’Everest. La Seconde Guerre mondiale puis la prise de contrôle du Tibet par les autorités chinoises en 1950 mettent un terme aux ascensions pour une longue période, à l’exception d’une tentative illégale réalisée en par le Canadien Earl Denman accompagné de Tensing Norgay et Ang Dawa Sherpa. Il faudra attendre une expédition chinoise pour que la voie Nord-Est soit enfin vaincue le , bien que des controverses subsistent.

La fermeture du Tibet à cause de l’invasion chinoise oblige les expéditions à se tourner vers le Népal qui s’ouvre aux étrangers en 1950. C’est Bill Tilman accompagné de Charles Houston, Oscar Houston et Betsy Cowles qui, cette année-là, réalise la première approche de l’Everest par le sud. Cette ouverture est à l’origine de l’expression “conférence au sommet” inventée par Winston Churchill.

En 1951, une expédition soutenue par l’Alpine Club et la Royal Geographical Society est une nouvelle fois menée par Eric Shipton avec Tom Bourdillon, M.P. Ward, W.H. Murray et les néo-zélandais Edmund Hillary et H. Riddiford. Ils franchissent pour la première fois la cascade de glace de Khumbu, s’aventurent dans la vallée du Silence et jusque sur les pentes du Pumori pour constater que la face Sud offre au moins une possibilité d’ascension.

En 1952, la Swiss Foundation for Alpine Research lance des expéditions à l’assaut du sommet. Au printemps, Édouard Wyss-Dunant, Gabriel Chevalley, Raymond Lambert, René Dittert, L. Flory, R. Aubert, A. Roch, J. Asper, E. Hofstetter et Tenzing Norgay installent le camp VI au col Sud et le camp VII à 8 380 mètres d’altitude sur l’arête Sud-Est. Lambert et Norgay atteignent l’altitude de 8 595 mètres. En dépit de l’excellente ambiance entre Suisses et Sherpas, des problèmes de logistique et des appareils d’assistance respiratoire les contraignent à renoncer. Jamais une expédition n’avait eu autant de chances de réussite, mais l’expérience acquise par Norgay se révélera déterminante l’année suivante. À l’automne, une nouvelle tentative est entreprise par G. Chevalley, R. Lambert, E. Reiss, J. Buzio, A. Spohel, G. Gross, N.G. Dyhrenfurth et T. Norgay en escaladant le Lhotse. Cet itinéraire est aujourd’hui la voie normale. Deux accidents, dont un qui fait la première victime depuis vingt ans, obligent l’expédition à rebrousser chemin.

En 1953, une nouvelle expédition est lancée. Elle est dirigée par le Britannique John Hunt. Il est accompagné des alpinistes Charles Evans, G. Band, T. Bourdillon, A. Gregory, Edmund Hillary, W.G. Lowe, C. Noyce, M.P. Ward, M. Westmacott, C.G. Wylie et du Sherpa Tensing Norgay. Le 22 avril, l’expédition atteint la cascade de glace. Le camp VI est installé vers 7 000 mètres d’altitude au pied du Lhotse. Le col Sud est atteint par la voie ouverte à l’automne précédent. Ils bénéficient même des vivres et des réserves d’oxygène laissés par les Suisses. Le 26 mai, la première tentative d’atteindre le sommet est réalisée par Evans et Bourdillon mais ils font demi-tour après avoir atteint le sommet Sud situé à 8 751 mètres d’altitude. Ils laissent toutefois des réserves d’oxygène pour la paire suivante. Le même jour, des Sherpas montent, à la demande de Hunt, le camp IX sur l’arête Sud-Est, à 8 500 mètres d’altitude. Finalement, le 29 mai, une seconde tentative permet à Edmund Hillary et Tensing Norgay de poser le pied au sommet. Partis du camp IX à 6 h 30, ils franchissent le sommet Sud 9h et atteignent leur objectif à 11h30. Norgay admettra deux années plus tard que Hillary l’a devancé au sommet. Là, ils prennent plusieurs photographies et ensevelissent quelques sucreries ainsi qu’une petite croix. De retour au col Sud, ils sont accueillis par Lowe. Hillary s’exclame alors :

“Well, George, we knocked the bastard off! (Et bien, George, on se l’est fait le salaud !)”

— Edmund Hillary

Les nouvelles du succès de l’expédition parviennent rapidement à Londres le matin du , jour du couronnement de la reine Elizabeth II. De retour à Katmandou, quelques jours plus tard, Hunt, citoyen britannique, et Hillary, sujet de la reine souveraine de la Nouvelle-Zélande au sein du royaume du Commonwealth, découvrent qu’ils ont été faits chevaliers de l’Ordre de l’Empire britannique. Le Népalais Tensing Norgay reçoit la George Medal.

La République populaire de Chine a élargi la piste de 100 kilomètres de long menant au camp de base tibétain à 5 154 mètres d’altitude, au pied du glacier du Rongbuk, dans le but de faciliter l’acheminement du nombre croissant de touristes. Les travaux ont commencé le et se sont achevés en avril suivant pour un budget évalué à 150 millions de yuan soit environ 15 millions d’euro. Ces aménagements ont été réalisés malgré les protestations concernant la dégradation écologique. En outre, une antenne-relais de China Telecom pour la téléphonie mobile a été installée à 1 500 mètres du camp de base pour couvrir le sommet avec un réseau et un confortable hôtel a été construit à une heure de marche en aval.

À l’occasion des Jeux olympiques d’été de 2008 à Pékin, la flamme a été acheminée le 8 mai, avec deux semaines de retard, au sommet de l’Everest par dix-neuf alpinistes chinois, dont une majorité de Tibétains, et une équipe de tournage de huit personnes. La montée, télévisée, tout comme la descente se sont déroulées par le col Nord. La flamme – en fait une réplique pendant que l’originale continuait son parcours – a dû être protégée du manque d’oxygène et du vent par une lampe de mineur spéciale. Au sommet, les alpinistes d’origine han se sont exclamés “Nous avons réussi !” et “Pékin vous accueille”.

La région de l’Everest est la terre des Sherpas, groupe ethnique qui a migré du Tibet à 2 000 kilomètres de leur habitat actuel au nord-est du Népal il y a 500 ans environ. Ils occupent désormais principalement les deux régions de Solu et de Khumbu. Douze clans distincts peuplent cette dernière. Les Sherpas sont notamment 2 500 à vivre au sein du parc national de Sagarmatha. Ils parlent un dialecte tibétain et pratiquent très majoritairement un bouddhisme tibétain empli de superstitions, de croyances et de cérémonies issues d’un mélange de traditions animistes et de religion Bön. Ce sont traditionnellement des agriculteurs, des pasteurs et des commerçants adaptés à la vie en haute altitude et qui se déplacent souvent à l’aide d’animaux tels que des yaks et des dzos. Depuis plusieurs décennies, ils profitent du tourisme et se sont spécialisés comme porteurs lors des expéditions au sommet des plus hautes montagnes, l’Everest en tête. Ils sont reconnus comme des hommes forts, endurants et courageux. Ils sont toutefois régulièrement remplacés par des Rai, des Tamang ou des Gurung.

L’Everest est une montagne sacrée pour les Sherpas. Ils pensent qu’elle abrite des esprits, des démons mais aussi des arbres. Elle serait également le siège de Jomo Miyo Sangma Lang, l’une des “cinq sœurs de la longue vie” qui fournissent de la nourriture aux habitants du haut des cinq plus hauts sommets himalayens. Le maître bouddhiste Padmasambhavaaurait organisé une course jusqu’au sommet de l’Everest. Après quelque temps de méditation et de combat contre les démons, il aurait défié un des lamas de la religion Bön afin de déterminer qui était le plus puissant. Padmasambhava aurait été transporté vers le sommet par un rayon de lumière et le lama, vaincu, y aurait laissé son tambour. Depuis, chaque fois qu’une avalanche se produit jusque dans la vallée, les Sherpas jouent du tambour pour chasser les esprits.

Avant toute ascension, les Sherpas pratiquent la pūjā, une cérémonie pour vénérer les victimes de la montagne, apaiser leurs pensées, tranquilliser leur âme et demander la clémence aux esprits de la montagne. Entre Dingboche et le Lobuche, sur le chemin du camp de base, un cimetière a été construit en l’hommage aux victimes des ascensions. Chacune est représentée par un cairn. Des stûpas, des moulins et drapeaux de prières, ainsi que des mantras sont présents au pied de l’Everest pour pratiquer les cérémonies.

Source : Wikipédia France