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NPR | 5 juillet 2017

Quelque chose de vieux, quelque chose de neuf : Public Service Broadcasting à propos de l’histoire et de la narration

Jacob Pinter

Bien que connu surtout en tant que groupe, Public Service Broadcasting est tout autant un projet historique que musical. Fondé par J. Willgoose, Esq., le trio anglais utilise des archives, que ce soit des films ou des émissions de radio, pour écrire de nouvelles chansons autour. “On peut essayer de raconter les histoires du passé avec de la nouvelle musique – essayer d’apporter de nouvelles dimensions, je suppose”, explique Willgoose.

Pour son nouvel album, Every Valley, Public Service Broadcasting a puisé dans la véritable histoire d’un boom minier au Pays de Galles qui a contribué à faire prospérer les petites communautés – et l’effondrement de cette bulle industrielle qui s’en est ensuit à cause de l’innovation et la révolution techniques. Pour raconter cette histoire, le groupe s’est lourdement reposé sur l’énorme archive du British Film Institute d’images produites par le gouvernement, qui incluaient des films réalisés par le National Coal Board qui étaient diffusés aux mineurs dans les cinémas de l’époque.

À propos de la mission de Public Service Broadcasting
Ça a commencé comme une sorte de truc ironique dans lequel on déclarait “enseigner les leçons du passé via la musique du futur”. Et ça a toujours été une blague pour moi. Mais je pense qu’on a fini par prendre ça un petit peu plus sérieusement en ce qui concerne les leçons du passé et de le ramener à la surface, le réexaminer, le remettre en contexte grâce à la musique qu’on écrit autour, et fixer des limites entre le passé et le présent. C’est, pour moi, ce qui rend tout ça le plus intéressant. Ce n’est pas un exercice de nostalgie, c’est en fait une histoire de recadrage du passé.

À propos du processus du travail avec des images d’archive pour Every Valley
En gros, ils t’apportent ces boîtes de pellicules qui n’ont pas été ouvertes depuis de nombreuses années. Et ils montent ce film en 35 mm sur de vieux projecteurs Steinbeck et tu t’asseois là à le regarder via un minuscule viseur. En fait, j’ai dû emmener l’une des boîtes au technicien là-vas en disant, “Je n’arrive pas à l’ouvrir, tu fais quoi dans ce cas ?” Et il l’a juste jetée par terre et elle s’est ouverte [rit]. J’étais là, waou, on ne peut pas faire ça avec des disques durs.

À propos de la chanson Progress
La ligne “I believe in progress”, surtout dans le contexte de l’album, prend une sorte de signification à double tranchant. À un niveau, c’est une chanson pop assez superficielle, [mais] tu parles de progrès et de la poussée en avant incessante de la race humaine. [La technologie] s’est débarrassée de ce qui était un boulot dangereux et sale, mais au prix énorme pour les communautés qui comptaient dessus. On regarde le progrès, mais on regarde aussi ce qui est abandonné.

À propos de combien une contrainte créative peut être libératrice
Je pense que dès le départ, on a eu la question, “C’est un concept intéressant, mais allez-vous devenir à cours de matière ou d’idées ?” Pour moi, ça n’a jamais été une chose limitante. Ça a toujours été une chose vraiment libératrice parce qu’on peut se focaliser sur à peu près tout, et on peut traiter la matière à peu près de toutes les manières. C’est une manière libératrice de travailler, et ça libère l’imagination.

Traduction : 5 mai 2023

The Sunday Times | 9 July 2017

Public Service Broadcasting
Every Valley
Pias

The decline of the Welsh mining industry doesn’t sound like a pop topic, but in the hands of a band whose albums have explored the space race and inventions including colour TV, it provides inspiration. The sample-centric Londoners raid the archives for footage (Richard Burton’s booming voice included) to tell a stirring community tale via disco, broody post-rock, jittery electro and beguiling folk. James Dean Bradfield and Camera Obscura’s Tracyanne Campbell guest alongside a male-voice choir, colliery brass and sumptuous strings.

LV

The Times | 7 juillet 2017

Public Service Broadcasting – Every Valley

Pias. 4/5

Un petit farceur en ligne a dit de Public Service Broadcasting : “C’est ce qui arrive quand on ne plonge pas assez la tête des mômes du club d’échec dans les toilettes”. C’est une approbation terrible pour tabasser les intellos frêles, mais avec le penchant de PSB pour les samples vocaux vintages sur du rock progressif mordant et leur faiblesse occasionnelle pour les nœuds papillon, cela a un peu de vérité.

Pour leur dernier album en date, le trio londonien se tourne vers l’histoire de l’exploitation minière au Pays de Galles pour l’inspiration ; la voix maltée de Richard Burton ouvre l’album, louant “la démarche arrogante des seigneurs du front de taille”. À partir de là, c’est un voyage au travers les jours de gloire, les challenges et la mort éventuelle de l’industrie minière.

L’électro-pop Progress oppose la chanteuse invitée Tracyanne Campbell à des voix célébrant la technologie qui a mécanisé l’exploitation minière ; All Out comprend des guitares violentes sous les histoires orales de la grève des mineurs de 1984 ; et la poignante et larmoyante Mother Of The Village accepte la fin d’une tradition vieille de plusieurs siècles.

Take Me Home, sur laquelle le Beaufort Male Choir offre une éloge funèbre stoïque à la vie de village, referme une unique proposition : un album concept sur la dignité du travail.

Traduction : 20 juillet 2019