Mentionné sur E.V.A.
Alexeï Arkhipovitch Leonov (en russe : Алексе́й Архи́пович Лео́нов), né le à Listvianka (oblast de Kemerovo), est un cosmonaute soviétique. Il est le premier homme à réaliser une sortie extravéhiculaire dans l’espace dans le cadre de la mission Voskhod 2, le 18 mars 1965.
En 1975, pour sa deuxième mission, commandant la mission Soyouz 19, il participe à la mission Apollo-Soyouz, première coopération spatiale entre les États-Unis et l’Union soviétique, entérinant la fin de la guerre froide ayant opposé les deux pays pendant trente ans.
Leonov est pilote de l’armée de l’Union soviétique lorsqu’il est sélectionné en 1960 pour devenir cosmonaute. Après un entrainement intensif de 18 mois destiné à l’habituer à l’apesanteur, il est désigné pour participer avec Pavel Beliaïev (commandant) à la mission Voskhod 2 dont l’objectif est de réaliser la première sortie extravéhiculaire dans l’espace.
Le , environ une heure et demie après que le vaisseau a été placé en orbite de 173×498 km, Léonov pénètre dans le sas gonflable Volga de Voskhod 2 pour commencer sa sortie dans l’espace. L’écoutille interne est refermée par Beliaïev. Celui-ci déclenche la dépressurisation du sas puis l’ouverture de l’écoutille externe. Leonov émerge prudemment du sas relié à la capsule spatiale par un filin de 4,5 mètres. Après s’être complètement extrait du sas, il est ébloui par le Soleil. Il signale qu’il parvient néanmoins à discerner les montagnes du Caucase que le vaisseau survole. Il enlève le capuchon de l’optique de la caméra fixée à l’extérieur sur le sas qui filme l’événement. Il tente d’effectuer des photos avec son propre appareil photo attaché à sa combinaison spatiale mais ne parvient pas à appuyer sur le déclencheur.
Alexeï Leonov raconte :
“Je m’avançais vers l’inconnu et personne au monde ne pouvait me dire ce que j’allais y rencontrer. Je n’avais pas de mode d’emploi. C’était la première fois. Mais je savais que cela devait être fait […]. Je grimpai hors de l’écoutille sans me presser et m’en extirpai délicatement. Je m’éloignai peu à peu du vaisseau […]. C’est surtout le silence qui me frappa le plus. C’était un silence impressionnant, comme je n’en ai jamais rencontré sur Terre, si lourd et si profond que je commençai à entendre le bruit de mon propre corps […]. Il y avait plus d’étoiles dans le ciel que je ne m’y étais attendu. Le ciel était d’un noir profond, mais en même temps, il brillait de la lueur du Soleil… La Terre paraissait petite, bleue, claire, si attendrissante, si esseulée. C’était notre demeure, et il fallait que je la défende comme une sainte relique. Elle était absolument ronde. Je crois que je n’ai jamais su ce que signifiait rond avant d’avoir vu la Terre depuis l’espace”.
Après une dizaine de minutes à flotter dans l’espace, Leonov entame les manœuvres pour réintégrer le vaisseau spatial. Il est prévu qu’il rentre les pieds devant pour pouvoir se réinstaller dans son siège, sans avoir à effectuer une culbute dans le sas car le diamètre de celui-ci ne le permet théoriquement pas. Mais il se rend alors compte que, dans le vide, la combinaison s’est tellement dilatée que ses pieds et ses mains ne sont plus positionnés dans les gants et les bottes, comme s’il avait rétréci. Il doit faire tomber la pression dans son scaphandre à 0,27 atmosphère grâce à une valve pour retrouver un peu de maniabilité et, contrairement à ce qui était prévu, il s’introduit à grand peine dans le sas la tête la première. Une fois dans le sas, il effectue avec difficulté un retournement pour être positionné les pieds devant. Leonov est exténué, son pouls est monté à 143 battements par minute et sa température corporelle à 38 degrés Celsius. En nage, il ouvre son casque immédiatement après avoir déclenché la fermeture de l’écoutille externe et pressurisé le sas en violation de ses instructions. Il réintègre la cabine, puis l’équipage de Voskhod 2 entame la suite du programme de la mission. La marche de Leonov dans l’espace a duré 12 minutes et 9 secondes tandis que l’écoutille externe est restée ouverte en tout 23 minutes.
La mission a rencontré d’autres problèmes par la suite. L’écoutille s’étant mal refermée, de l’air de la cabine fuyait lentement. Lors de la 17ème orbite prévue pour la rentrée atmosphérique du vaisseau, la mise à feu des rétrofusées ne s’est pas déclenchée, car le système d’orientation automatique du vaisseau n’avait pas fonctionné. Les deux cosmonautes ont dû utiliser un système manuel, imprécis, qui les a fait atterrir à 386 kilomètres du site prévu, dans une zone inhospitalière de Sibérie, au milieu d’une forêt dense. Les deux hommes ont passé deux nuits sur place avant de pouvoir être rapatriés.
Toutes ces péripéties non prévues de la sortie extravéhiculaire et de la mission ont été tues par les autorités soviétiques après l’annonce du succès de la mission. Elles ne seront dévoilées que bien plus tard lors de la libéralisation du régime. Le 3 juin de la même année, l’Américain Edward White réalisera la première sortie américaine dans l’espace, d’une durée de 20 minutes.
À la fin des années 1960, Alexeï Leonov participe ensuite au programme lunaire soviétique N1. Longtemps resté secret, ce programme N1 a été l’équivalent soviétique du programme Apollo : il prévoyait en effet de faire se poser un cosmonaute vers la fin des années 1960. A la tête du groupe des cosmonautes affectés à cette mission, Leonov s’est entraîné au pilotage du LOK, un Soyouz modifié pour la circonstance, et du LK, destiné à se poser). La fusée N1 (de la classe de la Saturne V américaine) devait propulser le train spatial vers la Lune. Leonov était pressenti pour être le premier Soviétique à poser le pied sur le sol lunaire mais les essais de la fusée ont tous été des échecs et le programme a été interrompu en novembre 1972, après l’explosion de la 4ème et dernière fusée, alors que Leonov s’entraînait déjà à voler sur la station Saliout.
En 1971, Leonov est prévu pour commander la mission Soyouz 11, en direction de la toute première station orbitale, Saliout 1, mais quatre jours avant le lancement, des tests médicaux laissent supposer qu’un membre de l’équipage, Koubassov, peut présenter des symptômes de tuberculose, ce qui entraîne alors le remplacement de tout l’équipage (Leonov, Koubassov et Kolodine) par l’équipage de réserve, composé de (Dobrovolski, Volkov et Patsaïev). Le vol est un succès mais se termine tragiquement par la mort des cosmonautes, asphyxiés par une fuite d’oxygène lors du retour sur Terre, le 29 juin.
En 1975, Leonov va jouer à nouveau un rôle décisif dans l’histoire du vol spatial puisqu’il est désigné commandant de Soyouz 19 en vue de la toute première jonction avec un vaisseau américain, après plus de dix ans de complétion dans l’espace et surtout trente années de guerre froide.
Accompagné de Valeri Koubassov, Leonov pilote le Soyouz auquel vient s’arrimer le vaisseau américain Apollo, grâce à un système d’arrimage universel mis au point en collaboration par les deux pays. Les deux “cosmonautes” et les trois “astronautes” passent plusieurs heures ensemble avant la séparation et le retour sur terre. La poignée de main de Leonov et de Stafford, le commandant d’Apollo, est entrée dans les livres d’histoire.
Général de l’Armée de l’Air (à la retraite) et héros de l’Union soviétique, Leonov est aussi un artiste peintre à l’origine de plusieurs œuvres souvent en rapport avec sa passion comme Près de la Lune. Il participe à de nombreux colloques et conférences, la dernière le 23 avril 2015 à l’Euro Space Center à Redu (Belgique).
L’astéroïde (9533) Aleksejleonov a été baptisé en son honneur. Un cratère lunaire porte également son nom.
Source : Wikipédia France