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L’évacuation de Dunkerque, communément appelé le miracle de Dunkerque, ou sous le nom de code Opération Dynamo par les Britanniques, a été l’évacuation des soldats alliés des plages et du port de Dunkerque, en France, entre le 26 mai et les premières heures du 3 juin 1940, parce que les troupes britanniques, françaises et belges ont été coupées de leurs arrières par l’armée allemande pendant la bataille de Dunkerque durant la Seconde Guerre mondiale. L’évacuation a été ordonnée le 26 mai. Dans un discours à la Chambre des communes, Winston Churchill a qualifié les événements en France de “désastre militaire colossal”, disant que “la racine, le noyau et le cerveau de l’armée britannique” avait été bloqués à Dunkerque et semblait sur le point de périr ou d’être capturés. Dans son discours “We Shall Fight on the Beaches” (“Nous nous battrons sur les plages”) du 4 juin, il a salué les secours comme un “miracle de la délivrance”.
Le premier jour, seulement 7 011 hommes ont été évacués, mais au neuvième jour, un total de 338 226 soldats (198 229 Britanniques et 139 997 Français) avaient été sauvés par une flotte de 850 bateaux assemblée à la hâte. Beaucoup de soldats ont pu s’embarquer à partir de la digue de protection du port sur 42 destroyers britanniques et autres grands navires, tandis que d’autres avaient à patauger des plages vers les navires, attendant pendant des heures de monter à bord, de l’eau jusqu’aux épaules. Des milliers ont été transportés depuis les plages vers les plus grands navires, par les fameux “petits navires de Dunkerque”, une flottille hétéroclite d’environ 700 bateaux de la marine marchande, de la flotte de pêche, de la flotte de plaisance et des canots de la Royal National Lifeboat Institution, le plus petit était le bateau de pêche opérant sur la Tamise de 4,6 m de long. il se trouve maintenant à l’Imperial War Museum. Les équipages civils ont été appelés au service au vu de l’urgence. Le “miracle des petits bateaux” reste au premier plan dans la mémoire populaire en Grande-Bretagne.
L’opération Dynamo tient son nom de la salle de la dynamo du quartier général naval situé sous le château de Douvres, qui contenait la dynamo qui alimentait le bâtiment en électricité pendant la guerre. C’est dans cette salle que le vice-amiral britannique Bertram Ramsay a planifié l’opération et informé Winston Churchill lors de son exécution.
En raison de la censure en temps de guerre et de la volonté de maintenir le moral de la nation, la pleine mesure du déroulement du “désastre” autour de Dunkerque n’a pas été médiatisée. Toutefois, la situation grave des troupes a conduit le roi George VI à appeler à une semaine sans précédent de prière. Partout dans le pays, les gens priaient le 26 mai pour une délivrance miraculeuse. L’archevêque de Canterbury a conduit les prières “pour nos soldats en situation de grand péril en France”. Des prières similaires ont été faites dans les synagogues et les églises à travers toute la Grande-Bretagne ce jour-là, ce qui confirme que le public soupçonnait la situation désespérée des troupes.
Les plans initiaux prévoyaient le sauvetage de 45 000 hommes du Corps expéditionnaire britannique (BEF) en deux jours, délai au bout duquel il était attendu que les troupes allemandes seraient en mesure de bloquer toute nouvelle évacuation. Seuls 25 000 hommes ont été sauvés pendant cette période, dont 7 000 le premier jour. Dix destroyers supplémentaires ont rejoint l’opération de sauvetage le 26 mai et ont tenté de participer en début de matinée, mais ont été incapables d’approcher suffisamment près des plages, bien que plusieurs milliers de soldats aient été secourus. Toutefois, le rythme de l’évacuation de la poche de Dunkerque, qui ne cessait de se rétrécir, croissait régulièrement.
Le 29 mai, 47 000 soldats britanniques ont été sauvés malgré la première attaque aérienne massive de la Luftwaffe dans la soirée. Le lendemain, 54 000 hommes supplémentaires ont embarqué, dont les premiers soldats français. 68 000 hommes et le commandant de la BEF, lord Gort, ont évacué le 31 mai. 64 000 soldats alliés supplémentaires sont partis le 1er juin, avant que les attaques aériennes n’empêchent l’évacuation de jour de se poursuivre. L’arrière-garde britannique a quitté la France dans la nuit du 2 juin, avec 60 000 soldats français. Un contingent de 26 000 soldats français supplémentaires ont été extraits pendant la nuit suivante avant l’achèvement de l’opération.
Deux divisions françaises sont restées en arrière pour protéger l’évacuation. Bien qu’elles aient stoppé l’avance allemande, elles ont bientôt été capturées. Le reste de l’arrière-garde, essentiellement française, s’est rendu le 3 juin 1940. Le lendemain, la BBC a rapporté que “le major-général Harold Alexander [le commandant de l’arrière-garde] a inspecté les rivages de Dunkerque depuis un bateau, ce matin, pour s’assurer que personne n’avait été laissé derrière avant de prendre le dernier bateau pour la Grande-Bretagne”.
La plupart des “petits navires” étaient des bateaux de pêche et des bateaux de plaisance privés, mais les navires de commerce ont également contribué à l’opération, y compris un certain nombre de navires venant de très loin (île de Man et Glasgow). Guidés par les embarcations de la marine à travers la Manche, depuis l’estuaire de la Tamise et Douvres, ces petits navires ont été en mesure de beaucoup plus s’approcher de la plage et ont fait la navette entre le rivage et les destroyers, embarquant les troupes qui faisaient la queue dans l’eau (certains attendaient de l’eau jusqu’aux épaules pendant des heures pour embarquer sur des navires plus grands). Des milliers de soldats ont également été rapatriés à bord de petits navires en Grande-Bretagne.
Trente-neuf bateaux côtiers néerlandais qui avaient échappé à l’occupation des Pays-Bas par les Allemands le 10 mai, ont été invités par le bureau maritime néerlandais à Londres à se joindre à l’opération de sauvetage. Les bateaux côtiers néerlandais ont été capable de s’approcher très près des plages grâce à leur fond plat et ont sauvé 22 698 hommes pour la perte de sept bateaux.
Dix-neuf canots de sauvetage de la Royal National Lifeboat Institution (RNLI) ont fait route vers Dunkerque. Ceux rattaché aux postes de sauvetage de Ramsgate et de Margate ont été conduits directement en France par leurs équipes de bénévoles habituels, mais les autres ont navigué jusqu’à Douvres, où ils ont été réquisitionnés par la Royal Navy, qui a fourni les équipages. Quelques équipages de la RNLI sont restés à Douvres pour mettre en place un atelier de réparation et ravitaillement en carburant pour les petits navires. Le canot de sauvetage, The Viscountess Wakefield, a été perdu après qu’il eut atteint la plage de Dunkerque. Le Jane Holland a été perforé lors d’un éperonnage par un torpilleur, et son moteur est tombé en panne après avoir été mitraillé par un avion. Il a été abandonné, mais plus tard, retrouvé à la dérive, remorqué jusqu’à Douvres et réparé. Il est retourné au service actif le 5 avril 1941.
Faisaient partie de cette flottille de canots de sauvetage :
- The Cyril and Lilian Bishop (Numéro officiel de la RNLI 740), un canot auto redressable de 10,82 mètres basé à Hastings.
- Jane Holland, douze mètres, un canot auto redressable d’Eastbourne.
- The Michael Stevens (ON 838) un 46 pieds (14 m) de la classe Watson basé à Lowestoft.
- The Viscountess Wakefield (ON 783) de 41 pieds (12 m) de la classe Watson de Hythe dans le Kent.
- Thomas Kirk Wright (ON 811) un 32 pieds (9,8 m) de la classe Surf de Poole.
- Un canot sans nom (ON 826), un 35 pied (10,7 m) un canot auto redressable nouvellement construit. Il a été réparé et remis au service actif en 1941 à Cadgwith avec le nom de Guide of Dunkirk.
- Mary Scott. Lancé en 1925, longueur 14,17 m, disposant d’un mât de 3,89 m, et d’un tirant d’eau d’un mètre. À Southwold, le Mary Scott a été remorqué jusqu’à Dunkerque par le bateau à aubes Empress of India, avec deux autres petits bateaux. À eux trois, ils ont transporté 160 hommes jusqu’à leur vaisseau-mère, et ont fait un voyage avec cinquante hommes à bord jusqu’à un autre navire de transport. Il a été abandonné sur la plage, récupéré et remis en service par la RNLI de Southwold.
- Dowager. Lancé en 1933, comme le Rosa Woodd et le Phyllis Lunn. 12,5 m de long, doté d’un mât haut de 3,56 m, et disposant d’un tirant d’eau de 0,91 m. Basé à Shoreham, Il a fait trois voyages entre Douvres et Dunkerque.
- Stenoa. Mis à la mer en 1929, comme le Cecil and Lilian Philpott. Longueur 13,87 m, doté d’un mât haut de 3,81 m, et disposant d’un tirant d’eau de 1,37 m. Il a sauvé 51 personnes de la plage de Dunkerque. Puis est retourné au service dans la RNLI à Newhaven.
Malgré le succès de l’opération, tous les équipements lourds et les véhicules ont dû être abandonnés. 2 472 canons, près de 65 000 véhicules et 20 000 motocyclettes ont été laissés en France. 377 000 t d’approvisionnement, plus de 68 000 t de munitions et 147 000 t de carburant ont également été abandonnées. 35 000 soldats, pour l’essentiel français, ont été capturés dans la poche de Dunkerque.
Six destroyers britanniques et trois français ont été coulés, avec neuf grands bateaux. En outre, 19 destroyers ont été endommagés. Plus de 200 bâtiments alliés ont été coulés, et autant ont été endommagés.
Les pertes les plus importantes de la Royal Navy, dans l’opération, ont été de six destroyers :
- HMS Grafton, coulé par le U-62 le 29 mai ;
- HMS Grenade, coulé par une attaque aérienne au large de la jetée Est de Dunkerque le 29 mai ;
- HMS Wakeful, coulé par une torpille du Schnellboot (E-boot) S-30 le 29 mai ;
- HMS Basilisk, Havant et Keith, coulés par une attaque aérienne au large des plages, le 1er juin.
La marine française a perdu trois destroyers :
- le Bourrasque, par une mine au large de Nieuport le 30 mai ;
- le Sirocco, coulé par les Schnellboote S-23 et S-26 le 31 mai ;
- le Foudroyant, coulé par une attaque aérienne au large des plages, le 1er juin.
La Royal Navy a revendiqué avoir détruit 35 appareils de la Luftwaffe grâce aux tirs depuis ses navires durant la période du 27 mai au 1er juin, et avoir endommagé 21 autres aéronefs.
Winston Churchill a révélé dans ses écrits sur la Seconde Guerre mondiale que la Royal Air Force (RAF) avait joué un rôle majeur dans la protection des troupes en retraite contre la Luftwaffe. Churchill a également écrit que le sable des plages avait amorti les explosions des bombes allemandes.
Entre le 26 mai et le 4 juin, la RAF a enregistré un total de 4822 sorties au-dessus de Dunkerque, perdant un peu plus de 100 avions dans les combats. Heureusement pour le BEF, le mauvais temps a cloué au sol la Luftwaffe pendant la plupart de l’opération contribuant ainsi à réduire les pertes.
La RAF a revendiqué la destruction de 262 appareils de la Luftwaffe au-dessus de Dunkerque. La RAF a perdu 177 avions entre le 26 mai et le 3 juin, tandis que la Luftwaffe a perdu 240 avions pendant la même période. Les pertes de chasseurs d’unités basées en France et en Grande-Bretagne du 10 mai au 4 juin se sont élevées à 432, tandis que le total des pertes de la RAF, toutes causes confondues pendant les mois de mai et juin ont été de 959 appareils, dont 477 chasseurs. Cependant, la plupart des duels aériens ont eu lieu loin des plages et des troupes en retraite ont largement ignoré cette aide vitale. En conséquence, de nombreux soldats britanniques ont accusé amèrement les aviateurs de n’avoir rien fait pour les aider.
Avant que l’opération ne soit achevée, le pronostic avait été sombre, avec Winston Churchill qui prévenait la Chambre des communes à s’attendre “des nouvelles dures et lourdes”. Par la suite, Churchill fait mention à l’issue de cette opération comme un “miracle”, et la presse britannique a présenté l’évacuation comme une “catastrophe qui a basculé vers le triomphe”, succès tel, que Churchill a dû rappeler au pays, dans un discours à la Chambre des communes le 4 juin, que “nous devons être très prudents de ne pas attribuer à cette délivrance les attributs d’une victoire. Les guerres ne se gagnent pas avec des évacuations”. Néanmoins, les exhortations à “l’esprit de Dunkerque”, une expression utilisée pour décrire la tendance de l’opinion publique britannique à se rassembler et à surmonter les moments d’adversité, sont toujours présentes dans l’inconscient britannique aujourd’hui.
Le sauvetage des troupes britanniques à Dunkerque a fourni une impulsion psychologique au moral britannique, pour l’ensemble du pays cela a été considéré comme une grande victoire. Alors que l’armée britannique avait perdu une grande partie de ses équipements et de ses véhicules en France, elle avait sauvé la plupart de ses soldats et a pu les affecter à la défense de la Grande-Bretagne. Une fois la menace d’invasion passée, ils ont été transférés outremer, au Moyen-Orient et sur d’autres théâtres. Ils ont également formé le noyau de l’armée qui est retournée en France en 1944.
Les forces terrestres allemandes aurait pu pousser leur attaque contre le corps expéditionnaire britannique (BEF) et ses alliés, en particulier après avoir conquis les ports de Calais et Boulogne. Pendant des années, on a supposé qu’Adolf Hitler avait ordonné à l’armée allemande d’arrêter l’attaque pour favoriser les bombardements par la Luftwaffe. Toutefois, selon le journal de guerre officiel du Groupe d’armées A, le Generalfeldmarshall Gerd von Rundstedt – le chef d’état-major général, préoccupé par la vulnérabilité de ses flancs et l’approvisionnement de ses troupes en pointe, a ordonné l’arrêt. Hitler aurait simplement validé l’ordre quelques heures plus tard. Cette accalmie a donné aux Alliés quelques jours pour évacuer par voie maritime.
Plusieurs hauts commandants allemands, par exemple, les généraux Erich von Manstein et Heinz Guderian, ainsi que l’amiral Karl Dönitz, ont considéré l’incapacité du haut commandement allemand à ordonner un assaut rapide sur Dunkerque pour éliminer le BEF comme l’une des principales erreurs que les Allemands aient faite sur le front occidental durant la Seconde Guerre mondiale.
Plus de 100 000 soldats français évacués ont été transférés vers des camps dans différents lieux dans le sud-ouest de l’Angleterre où ils ont été hébergés temporairement, avant d’être rapidement rapatriés. Les navires britanniques ont transporté les troupes françaises à Brest, Cherbourg et vers d’autres ports de la Normandie et de la Bretagne, bien que seulement environ la moitié des troupes rapatriées ait été déployées contre les Allemands avant l’armistice. Pour beaucoup de soldats français, l’évacuation de Dunkerque n’était pas un salut, mais ne représentait qu’un délai de quelques semaines avant d’être fait prisonniers par l’armée allemande après leur retour en France.
En France, la préférence perçue de la Royal Navy pour évacuer les forces britanniques au détriment des Français a conduit à un certain ressentiment. L’amiral français François Darlan avait à l’origine ordonné que les forces britanniques devraient avoir la préférence, mais Churchill était intervenu, lors d’une réunion 31 mai à Paris, pour ordonner que l’on procède de façon égale pour les deux troupes et pour que les Britanniques forment l’arrière-garde. Les 35 000 soldats de l’arrière-garde ont été pour l’essentiel français. Ils ont été capturés après que l’évacuation ait eû été prolongée d’une journée et a permis d’embarquer 26 175 Français en Grande-Bretagne le 4 juin.
Pour sept soldats qui se sont échappés de Dunkerque, un homme a été fait prisonnier de guerre. La majorité de ces prisonniers ont été envoyés par des marches forcées en Allemagne. Des prisonniers ont rapporté le traitement brutal subi de la part de leurs gardiens, dont les coups, la faim, et les assassinats. En particulier, les prisonniers britanniques se plaignaient que les prisonniers français reçoivent un traitement préférentiel. Une autre plainte majeure était que les gardes allemands renversaient les seaux d’eau qui avaient été laissés au bord de la route par des civils français. Beaucoup de prisonniers ont été conduits vers la ville de Trèves, au bout de 20 jours de marche. D’autres ont été conduits jusqu’à l’Escaut et ont été envoyés par barge vers la Ruhr. Les prisonniers étaient ensuite envoyés par train dans les différents camps de prisonniers de guerre en Allemagne. La majorité (ceux en dessous du grade de caporal), ont travaillé par la suite pour l’industrie allemande et l’agriculture pendant cinq ans.
Les pertes très importantes de matériel militaire abandonné à Dunkerque ont renforcé la dépendance financière du gouvernement britannique envers les États-Unis.
La Croix de saint Georges arborée à la proue d’un bateau est connue comme le pavillon de Dunkerque et est seulement arboré par les bateaux civils de toutes tailles qui ont pris part à l’opération de sauvetage de Dunkerque en 1940. Les seuls autres navires autorisés à arborer ce drapeau à la proue sont ceux avec un amiral de la flotte à bord.
Source : Wikipédia France