GENE CERNAN
Samplé sur Tomorrow
Eugene Andrew Cernan dit Gene Cernan (né le à Chicago, Illinois) est un astronaute américain. Il est à ce jour le dernier humain à avoir marché sur la Lune.
Petit-fils d’émigrants tchèque et slovaque, établis dans la région de Chicago avant la Première Guerre mondiale, il naît dans cette ville et grandit dans sa banlieue, à Maywood (Illinois).
Attiré très jeune par les avions et le pilotage, il tente de suivre une formation de pilote, et vise un programme de formation d’officiers de réserve (ROTC) en quatre ans pour la Navy, à l’université Purdue. En juin 1952, finissant 14ème sur 762 à la Proviso East High School de Maywood, il est accepté dans cette formation.
Il est diplômé Bachelor en ingénierie électrique à Purdue le 6 juin 1956, avec une moyenne de 5.1 sur 6 (17/20), et commence son service militaire dans la Navy de trois ans en tant qu’aspirant sur l’USS Saipan (CVL-48). Durant les 18 semaines de service sur ce navire, il est encouragé à s’engager dans la Navy, ce qu’il accepte. Début 1957, il commence à apprendre le pilotage sur des T-34 Mentor. Il poursuit sa formation de pilote pendant six mois à la Naval Air Station Whiting Field sur des T-28 Trojan.
Au moment où il s’apprête à retourner sur l’USS Saipan en tant que pilote, les règles du jeu du service militaire changent car les autorités veulent maintenant un engagement de cinq ans au lieu de deux ans pour une formation de pilote, ce qui provoque un flux de démissions. Cernan, qui ne rêve que de piloter des jets, accepte volontiers cette prolongation et obtient ainsi la possibilité de suivre une formation de pilote de jet à la Naval Air Station Memphis et pilote bientôt des T-33 Shooting Star. Il obtient sa qualification de pilote le 22 novembre 1957.
Affecté début 1958 à la Naval Air Station Pensacola, il poursuit sa formation sur des F9F Panther où ses résultats brillants lui donnent la possibilité de choisir sa future affectation : pilote d’attaque au sol à la Marine Corps Air Station Miramar, qui deviendra connue sous la dénomination de Top Gun. En mars 1959, il participe à une grande manœuvre dans le Pacifique ouest à bord de l’USS Shangri-La (CV-38), pilotant des Douglas A-4 Skyhawk.
C’est à bord de ce porte-avion qu’il remarque la présentation au monde, en avril 1959, du premier groupe d’astronautes recruté par la NASA, les fameux Mercury Seven, et devient immédiatement fasciné par leur mission et par l’idée de partir dans l’espace. “Un nouveau rêve s’était formé dans mon crâne rasé”. Mais il dispose alors de trop peu d’expérience en tant que pilote pour postuler. Il poursuit les manœuvres sur l’USS Hancock (CV-19) jusqu’en mars 1961.
En mai, il se marie avec une hôtesse de l’air, Barbara Atchley, qui deviendra une des femmes d’astronautes les plus connues et prisée des médias lors des programmes Gemini et Apollo. Ils auront une fille, Teresa Dawn “Tracy” en mars 1963.
À l’été 1961, la Navy propose à Cernan d’obtenir une maîtrise (“master’s degree”) en sciences aéronautiques, à la Naval Postgraduate School à Monterey (Californie), avec un engagement de 3 ans par année d’étude, c’est-à-dire six ans supplémentaires, ce qu’il accepte. Cernan suit alors avec passion les exploits de Alan Shepard ou Gus Grissom dans le programme Mercury. En septembre 1962, il apprend qu’un second groupe d’astronautes – les New Nine – est sélectionné et se pose sérieusement la question de savoir s’il peut postuler. Mais il se rend à l’évidence : bien que possédant l’âge et la formation requise, il est loin d’être un pilote d’essai vétéran comme la plupart des nouveaux astronautes. Mais il tente de se rapprocher de l’univers de l’espace en spécialisant sa maîtrise sur les systèmes avancés de propulsion de fusée par propergol liquide.
Au printemps 1963, la Course à l’espace bat son plein. Aux États-Unis comme en URSS, les premiers programmes Mercury et Vostok s’achèvent. Avant de se lancer dans le programme Apollo, les Américains se mobilisent pour un programme intermédiaire, le programme Gemini dont l’objectif est de mettre au point les techniques qui seront nécessaires au débarquement sur la Lune. La NASA recrute de nouveaux pilotes.
C’est en juin 1963 qu’il reçoit un coup de téléphone en provenance de la NASA. Il apprend qu’il a été sélectionné – avec 400 autres civils et militaires – comme candidat potentiel pour le programme Apollo en train de se mettre en œuvre. Cernan accepte la proposition avec enthousiasme. Pendant la longue série de tests, d’interviews et d’examens médicaux de la NASA, il termine avec application sa thèse sur l’utilisation de l’hydrogène pour des moteurs fusée à haute énergie, toujours assez sceptique sur le fait d’être sélectionné.
Pourtant, début octobre 1963, il reçoit un coup de téléphone de Deke Slayton, le chef des astronautes de la NASA : il lui apprend qu’il est officiellement sélectionné dans le groupe d’astronautes 3, avec Dick Gordon son collègue et ami à Monterey. Sans vraiment l’avoir recherché, ni y avoir cru, mais en ayant donné son maximum lors des tests et examens, Cernan atteint son rêve de devenir astronaute. Il déménage avec sa famille à Houston (Texas) début 1964 et commence sa carrière d’astronaute.
Cernan subit la formation habituelle des astronautes : cours théoriques, entraînement à la survie, apprentissage de la géologie, simulateur, etc. En tant qu’élève astronaute, il est aussi chargé de tâches au centre de contrôle de mission du programme Gemini. Étant donné la nature de sa thèse de maîtrise, il est affecté au contrôle des systèmes de propulsion et de la pression dans les réservoirs.
En tant que “Tanks” (surnom donné à ce poste) il peut provoquer l’annulation de la mission si des dysfonctionnements interviennent pendant le lancement. Il supervise ainsi à ce poste les lancements Gemini. Il aide aussi à transformer la fusée Agena en cible de rendez-vous spatial, qui sera utilisée en tant que telle dans les missions Gemini.
Cernan se demande s’il aura une place en tant qu’astronaute dans le programme Gemini. Il tient en haute estime David Scott, Dick Gordon, Charlie Bassett et Mike Collins du groupe 3 et pense qu’ils partiront avant lui, sans compter ceux du groupe 2 qui ne sont pas encore partis. Il estime ses chances assez faibles.
Mi-1965, Slayton commence à affecter des membres du groupe 3 comme équipage de réserve de Gemini 7 et comme équipage principal pour Gemini 8 et Gemini 9. Mais Cernan n’est toujours pas mentionné.
Le 8 novembre 1965, Slayton annonce à Cernan qu’il est officiellement nommé comme pilote dans l’équipage de secours de Gemini 9 avec Tom Stafford comme commandant, ce qui lui fait entrevoir un véritable vol sur Gemini 12, dernière mission planifiée du programme Gemini.
Mais pour le moment, il doit se préparer à la mission Gemini 9 comme s’il allait réellement y participer (ce qui est possible s’il arrive quelque chose à l’équipage principal, et il va s’avérer que tel sera le cas). Gemini 9 est une mission très ambitieuse, impliquant un rendez-vous avec une cible spatiale Agena, que Cernan a contribué à développer, d’autres procédures de rendez-vous complexes et surtout une sortie extra-véhiculaire longue impliquant l’utilisation d’un dispositif expérimental de propulsion AMU, qui est effectuée par le pilote de la mission, donc potentiellement Cernan. Il passe beaucoup de temps à Saint-Louis (Missouri) chez McDonnell Douglas à suivre la construction de la capsule de Gemini 9, jusqu’à “en connaître chaque vis et boulon”, et à suivre des séances d’entraînement en simulateur.
Fin février 1966, Cernan se rend donc à Saint-Louis avec son coéquiper Thomas Stafford aux commandes d’un T-38, tandis que l’équipage principal de Gemini 9, Charlie Bassett et Elliott See font de même à bord d’un autre T-38. Les deux avions volent de concert dans des conditions météorologiques exécrables. Une tempête de neige accueille les jets à l’arrivée : le jet de Cernan arrive à atterrir de justesse, mais le jet piloté par See s’écrase sur le bâtiment où est assemblé la capsule Gemini, non loin de l’aéroport. La capsule est sauve, mais les deux astronautes de l’équipage principal de Gemini 9 trouvent la mort dans cet accident. L’équipage de réserve de Gemini 9 devient donc l’équipage principal : Cernan partira donc dans l’espace mi-mai 1966 sur Gemini 9. Un nouvel équipage de réserve est nommé : Jim Lovell et Buzz Aldrin. Selon Cernan dans ses mémoires, sans cet accident, Buzz Aldrin n’aurait pas trouvé si tôt une place dans un équipage et ne serait sans doute pas devenu le deuxième homme à marcher sur la Lune.
C’est donc à Cernan que revient la charge d’effectuer la troisième sortie dans l’espace de l’histoire, un an après celles du soviétique Leonov (Voskhod 2, mars 1965) et de l’Américain Ed White (Gemini 4, juin 1965). Le vol est semé d’embûches. Tout d’abord, le 17 mai 1966, la fusée Agena qui devait servir de cible explose en vol. Puis, le 1er juin, a lieu un nouveau report de vol, quelques secondes avant le décollage. Le 3 juin, peu après avoir été mis sur orbite, nouvelle déconvenue de l’équipage : la coiffe de la nouvelle cible (ATDA) ne s’est pas déployée correctement, ce qui rend impossible toute jonction. La sortie extravéhiculaire est également perturbée. Cernan est relié à Gemini par un cordon ombilical de 7,5 mètres, apportant l’oxygène, l’électricité et les communications. Mais il a le plus grand mal à s’en dépêtrer et est très vite exténué. Après une pause, il se rend à l’arrière du vaisseau pour tester l’AMU. Mais il est gêné par la rigidité de sa combinaison, le manque de points d’appui pour se stabiliser et le manque de lumière, du fait qu’il est passé dans l’ombre de la Terre. Mettant cinq fois plus de temps que prévu pour endosser l’AMU, il est exténué lorsqu’il y parvient. Le test est annulé. L’intérieur de son casque étant couvert de buée, c’est dans l’urgence et à bout de souffle que Cernan réintègre la cabine.
Après Gemini 9, Cernan est membre d’équipage de réserve à deux reprises. Tout d’abord en novembre 1966 sur Gemini 12 puis – après l’accident mortel d’Apollo 1, en janvier 1967, et la restructuration complète du programme Apollo – en octobre 1968 sur Apollo 7.
C’est au retour d’Apollo 7 que son équipage de réserve de ce vol est nommé équipage principal d’Apollo 10. Une fois de plus, Cernan se retrouve sous le commandement de Thomas Stafford, John Young est pilote du module de commande tandis que lui-même est pilote du module lunaire. Tous trois ont pour mission d’effectuer l’ultime répétition du tout premier débarquement sur la Lune. La tâche échoit à Stafford et Cernan de se rapprocher à 15 km du sol lunaire puis de rejoindre Young en orbite haute avant de regagner la Terre. Le vol se déroule du 18 au .
Après avoir été commandant de réserve du vol Apollo 14, en février 1971 (doublure d’Alan Shepard), Cernan est nommé commandant de la toute dernière mission sur la Lune : Apollo 17. Ses coéquipiers sont Ronald Evans, un ami de longue date, et le géologue Harrison “Jack” Schmitt, avec qui il séjourne plus de trois jours dans la vallée Taurus-Littrow (en bordure de la Mer de la Sérénité), y parcourant, en trois sorties, 37,7 km. Le vol s’achève le .
Totalisant 23 jours 1 heure et 15 minutes de vol dans l’espace, Cernan, reste à ce jour le dernier homme à avoir foulé le sol de la Lune et celui à y avoir marché le plus longtemps.
De 1973 à 1975, Cernan participe à la préparation du tout premier et unique vol américano soviétique (vol Apollo Suyuz Test Project), qui se déroule en juillet 1975, le vaisseau Apollo étant commandé par son ami Stafford. Il quitte la NASA l’année suivante, le 1er.
Divorcé en 1981, il se remarie avec Jan Nanna en 1987, de qui il a deux filles.
Apparaissant assez régulièrement dans les commémorations des vols Apollo, il est l’un des astronautes les plus connus et les plus respectés dans son pays. Le 15 avril 2010, en compagnie de Neil Armstrong et James Lovell, Cernan conteste avec vigueur la décision de Barack Obama d’abandonner le programme lunaire Constellation (pour des raisons budgétaires) qui avait été initié par l’administration Bush et qui devait marquer le retour des Américains sur la Lune. Le 13 septembre 2012, après la mort d’Armstrong, il prononcera un discours officiel en sa mémoire à la cathédrale nationale de Washington.
Source : Wikipédia France