Traductions

CBC Music | 29 juin 2017

Première écoute : Public Service Broadcasting – Every Valley

Andrea Gin

Le groupe post-rock britannique Public Service Broadcasting plonge profondément dans la montée et la chute de l’industrie minière au Pays de Galles sur son nouvel album, Every Valley.

En écoutant cette nouvelle musique, on a un peu l’impression d’écouter un documentaire musical. Le groupe instrumental comprend des samples d’images historiques, comme des films de propagande et de vieux films d’actualités, et réussit à donner une petite leçon d’histoire avec chacun de ses albums. Les thèmes précédents ont inclus la seconde guerre mondiale et la course à l’espace, et Every Valley ne fait pas exception : dessus, le groupe raconte les histoires de la classe ouvrière galloise et sa lutte pour survivre durant le déclin de l’industrie minière et finalement son effondrement.

Le leader J. Willgoose, Esq trouve le sujet toujours très pertinent aujourd’hui. “[L’histoire] s’applique aux industries de part et autre le monde occidental et possiblement au-delà”, déclare-t-il via communiqué de presse, “d’une manière que la révolution industrielle a généré ces communautés qui étaient tellement dépendantes d’une industrie en particulier, et ce qui arrive à cette communauté quand tu lui retires cette industrie, et où cela nous laisse aujourd’hui”.

Un aspect de Every Valley est sensiblement différent des trois efforts précédents de Public Service Broadcasting : c’est le premier album à comprendre du chant. Les invités qui apparaissent incluent Tracyanne Campbell (Camera Obscura), James Dean Bradfield (Manic Street Preachers) et Lisa Jên Brown (9Bach).

Le morceau They Gave Me A Lamp est une collaboration avec le trio instrumental britannique Haiku Salut, et raconte l’histoire du rôle des groupes de soutien des femmes durant la grève des mineurs britanniques au milieu des années 1980, posé sur un paysage sonore de rock-indé exaltant et joyeux.

Au bout du compte, les chansons sur Every Valley abordent l’intérêt récemment renouvelé du groupe pour la politique au Royaume-Uni.

Comme Willgoose a dit au Guardian, “Cette expression horrible, restez dans votre voie… ce disque peste conte ça et se souvient du désir de s’améliorer qui est venu de communautés qui se sont unies autour d’une seule industrie, quand il y avait plus d’engagement politique et l’idée de venir de la classe ouvrière ne voulait pas dire que tu ne pouvais pas apprécier l’art ou la poésie”.

Every Valley sort le 7 juillet. Le groupe jouera deux dates au Canada cet automne : le 16 septembre au Belmont de Montréal et le 17 septembre au Mod Club de Toronto.

Traduction : 1er septembre 2024

NPR | 29 juin 2017

Chronique : Public Service Broadcasting – Every Valley

Stephen Thompson

Au début, la musique de Public Service Broadcasting semble être un gimmick léger : un groupe minimaliste – mené par un gars présenté sous le nom de “J. Willgoose, Esq.” – interprète des instrumentales dramatiques sur des voix off extraites de vieux films d’actualités, documentaires, images de propagande et du service public. Mais tandis que le groupe britannique se prépare à sortir son troisième album, il est frappant de voir combien ce son est devenu robuste et versatile.

Every Valley n’est pas le premier album concept de Public Service Broadcasting ; ce serait The Race For Space de 2015, qui revisite de manière émouvante la saga historique de la course à l’espace référencée dans son titre. Mais la palette thématique du groupe s’est dramatiquement agrandie sur Every Valley, qui utilise l’effondrement de l’industrie minière au Sud du Pays de Galles comme toile de fond d’une déclaration poignante et de grande envergure sur l’automatisation, ainsi que la vulnérabilité des ouvriers et des communautés qu’ils soutiennent. L’histoire semble universelle – et bien plus actuelle que certaines vieilles voix off pourraient suggérer.

Encore mieux, le son du groupe s’est agrandi pour aller avec ses ambitions artistiques. Sur Progress, des rythmes à la Kraftwerk, des chants transformés et des samples d’archives – “Vous devez beaucoup à ces machines” – sont installés contre des refrains dans lesquels Tracyanne Campbell de Camera Obscura roucoule, “Je crois au progrès !”. Sur Turn No More, Public Service Broadcasting engage le chant invité de James Dean Bradfield des Manic Street Preachers, qui donné à Every Valley un électrochoc de musique de protestation agitée. All Out, au contraire, contourne le chant en faveur de quelques samples dramatiques, posés sur un lit de drame post-rock tempétueux ; la chanson évoque violemment l’agitation de la main d’œuvre en son cœur, tout en tabassant aussi fortement que le groupe n’a jamais encore fait.

Public Service Broadcasting est marrant depuis le début – surtout sur scène, quand le groupe joue dans les ombres de vieux films évocateurs. Sur Every Valley, il atteint quelque chose d’encore plus riche et difficile à accomplir : la pertinence.

Traduction : 1er septembre 2024

Programme des Proms | 30 août 2022

D’une époque plus ancienne à la scène d’aujourd’hui

Le journaliste Ian Harrison parle aux membres du groupe PSB à propos de transformer le concept de This New Noise en performance sur la scène du Royal Albert Hall

En 1922, le directeur général fondateur de la BBC, John Reith, a déclaré que le mandat de la nouvelle société de radiodiffusion était de “Informer-Éduquer-Divertir”. 91 ans plus tard, l’ensemble rock électronique féru d’histoire, Public Service Broadcasting, a utilisé la formule de Reith comme titre de son premier album. “Quand tu fais cela”, raconte le membre principal et compositeur de PSB, J. Willgoose, Esq., “tu invites directement certains parallèles, n’est-ce pas ?”

Il est apte, alors, que ce soir Public Service Broadcasting marque le centenaire de la BBC avec leur nouvelle suite de chansons, This New Noise, qu’ils interprètent avec le BBC Symphony Orchestra dirigé par Jules Buckley.

Peu d’autres groupes auraient été à la hauteur du challenge à cet égard. Formés dans le Sud de Londres en 2009, PSB ont respecté leur propre credo fondateur – sur une série de sorties qui ont incorporé des samples audio vintages dans de frappants portraits musicaux de, diversement, la seconde guerre mondiale (The War Room, 2012), la montée et le déclin de l’industrie minière britannique (Every Valley, 2017) et la ville de Berlin et la métropole moderne (Bright Magic, 2021). Entretemps, une nouvelle version de The Race For Space de 2015, évocation émouvante de la rivalité des supers puissances en orbite pendant la guerre froide, a été jouée mémorablement aux Proms de 2019 avec le Multi-Story Orchestra de Peckham.

Mais comment résumer 100 ans de la société de diffusion nationale dans ses aspects ? Comme d’habitude avec PSB, l’approche est indirecte. “Elle couvre les années 1922 à possiblement 1937”, explique Willgoose, qui a commencé à écrire la musique plus tôt cette année. “En termes des bonds technologiques et quasi spirituels qui ont été faits, et le genre d’expansion évangélique de la BBC, c’est quasiment entièrement pré-guerre et pré-télévision. Essayer de faire rentrer tout ce que la Beeb a fait en 100 ans, on se serait retrouvés à faire une sorte de montage, avec, je ne sais pas, le générique de Jackanory ou peu importe. Cela aurait été en danger de juste devenir nostalgique, et nous ne sommes pas intéressés par cela”.

Mettre en lumière des vies et des idées qui semblent très éloignées de notre propre époque a impliqué de l’immersion et de l’étude. “J’ai lu des anciens numéros de Radio Time de 1927, de la première à la dernière page”, raconte Willgoose avec entrain : d’autres œuvres de référence incluaient Broadcasting (1933) par la pionnière de la production Hilda Matheson, The Story of Broadcasting (1924) par Arthur Burrows – le speaker qui a lu le tout premier bulletin d’informations de la BBC le 14 novembre 1922 – et les mémoires du génie fondateur Lord Reith, qui envisageait le service comme “le guide, philosophe et ami du citoyen”.

“L’idée”, selon Willgoose, “est de revenir là où elle a commencé, et de simplement demander, Pourquoi était-elle organisée de cette manière ? Qui était derrière ? Que pensaient-ils avoir avec cette nouvelle technologie de la radio ? Quel rôle pensaient-ils qu’elle remplissait ? Que pensaient-ils qu’elle ne devrait pas faire ? Cela parle de la magie de cette boîte qui est simplement apparue dans le salon des gens et tout à coup des voix en sortaient à tout moment de la journée – c’est assez renversant”.

En réunissant ses samples bruts, il a dû naviguer entre ce qui existe effectivement et ce dont il est possible d’obtenir l’autorisation, même s’il a reçu, dit-il, une aide inestimable de Simon Rooks de BBC Archives. Cela étant une Prom, il fallait également penser à un orchestre. De manière pratique, le bassiste et joueur de cuivre JFAbraham sert d’orchestrateur et arrangeur, partant des démos peaufinées de Willgoose :

“une autre préparation a impliqué les deux partageant des playlists en ligne, écoutant Ravel et Debussy, et allant à des concerts dont le Concerto pour violon de Korngold, la Symphonie n°6 de Tchaïkovski et la Music for 18 Musicians de Steve Reich. JF comble avec obligeance l’écart entre mon ignorance et le talent et la maîtrise d’un orchestre”, explique Willgoose. “Lire de la notation n’est souvent pas la manière dont les musiciens pop apprenent des chansons”, déclare JF avec diplomatie.

“Quand on a fait la Prom The Race For Space, les chansons pré-existaient”, dit JF, qui a étudié la trompette orchestrale pendant cinq ans et a également arrangé pour Bastille et Jessie Ware. “Mais ce n’est que des morceaux normaux qui ont été conçus pour un orchestre et le groupe. J joue de la guitare, Wrigglesworth de la batterie et cette fois je ne joue que du piano. C’est une version très réduite de ce qu’on fait habituellement en tant que groupe, parce qu’on a aussi cette énorme bête d’orchestre de 80 personnes”.

“Je suis une sorte de romantique refoulé”, explique Willgoose de l’écriture pour des cordes, des bois et des cuivres. “Cela ressort dans notre musique, même si cela ne ressort définitivement pas dans la vie quotidienne. Cette œuvre a nécessité d’avoir des moments d’envolée et les gros thèmes qui j’espère vont provoquer les gens. Cela fait partie de l’intérêt; qu’ils soient fiers de cette chose que leur pays a créée”.

“Le sentiment physique d’être proche d’un orchestre de cette taille et ce niveau de talent artistique, et l’étendue dynamique qu’ils peuvent produire – ça change l’air qui t’entoure”, explique JF. “Quand ça fonctionne au mieux, c’est juste un énorme organisme avec un but commun, de réaliser une œuvre plus grande”.

Alors c’est le cas avec This New Noise, tandis que des moments clés du début de l’histoire de la BBC sont évoqués dans huit tableaux sonores qui fusionnent l’antique et le futuriste. Cela inclut des avancées dans la technologie : A Cello Sings in Daventry se réfère à l’énorme station de retransmission dans le Northamptonshire qui a commencé à émettre en 1927, tandis que The Microphone (The Fleet Is Lit Up) inclut un conseil pour les hommes politiques de la part de George Bernard Shaw et revisite Lit Up du premier album de PSB, comprenant le capitaine de corvette qui était saoul de façon loquace tout en commentant la revue de la flotte du couronnement à Spithead en 1937 (l’explication officielle a impliqué la première utilisation de l’euphémisme “fatigué et émotionnel”). Les articles de foi sur lesquels le nouveau service a été fondé sont également invoqués, avec A Candle Which Will Not Be Put Out articulant les idéaux nobles de la radiodiffusion “l’étendue complète de pensée humaine et d’activité exprimée… au meilleur standard possible”. Il y a un sentiment d’admiration et d’émerveillement quand Ripples in the Ether (Towards The Infinite) regarde un avenir illimité dans une prononciation en anglais standard, accompagné par des ondes radio éthériques et le sifflement et le crépitement d’anciens disques de transcription.

Reith lui-même est au centre de l’attention dans le staccato chatoyant An Unusual Man. “Il n’était là que pendant une période relativement courte, de 1922 à 1938”, explique Willgoose, “mais il est la clé de tout – sa voix et ses idées se retrouvent partout dans la BBC, et il est toujours la force dominante dans son histoire. C’était des jours de grande aventure, ils apprenaient constamment, mais à cause de l’éducation de Reith, il y avait une sorte quasi-religieuse de penchant dedans – il était assez “sermon sur le mont” dans son élocution. Et l’idée qu’un système conçu pour profiter aux actionnaires contrerait les intérêts des médias, et que la radiodiffusion sans le service public est sans but et inutile… on pense, ouais, il pourrait avoir raison”.

Willgoose et JF promettent que la performance inclura des éléments théâtraux : le manque de sources audio originales est tel que certains contenus, comme les paroles de Hilda Matheson, seront narrées par Reeta Chakrabarti, tandis que le chanteur folk Seth Lakeman, né dans le Devon, apparaîtra sur une chanson. Le spécialiste des visuels scéniques de PSB, Mr B, déclare Willgoose d’un ton malicieux, a quelques “bricoles, même si peu de vidéos contemporaines existent. Mais il a mis la main sur une grosse vieille radio, et je voulais commencer avec elle apportée sur scène et branchée et s’allumant en bourdonnant, tandis que le signal commence à passer dans l’éther. Et je voulais finir avec elle qui s’éteint et qui est enlevée d’une scène vide, pour pousser les gens à se poser la question de, eh bien, si la BBC disparaît, comme certains le veulent, qui va prendre sa place ? Parce que ce n’est certainement pas quelque chose qui finance des choses comme les Proms.

D’ailleurs, Willgoose s’irrite quand on lui demande quelques services de la BBC il consomme : “Ce mot consommer est révélateur de combien l’éthique du service public a été corrompu par le commerce”, dit-il. “Je ne consomme rien, je regarde et j’écoute diverses choses et je les apprécie ! C’est Radio 4, BBC Four, Radio 6Music et, de plus en plus, Radio 3. Charlotte Higgins, d’après le livre de 2015 de laquelle, This New Noise. The Extraordinary Birth And Troubled Life Of The BBC, notre œuvre est nommée, disait que la BBC était la plus grande institution culturelle que ce pays n’a jamais connu. Je pense que c’est une force pour le bien, malgré ses faux pas”.

Se souciant du sens pratique, JF anticipe une soirée inoubliable. “Au Royal Albert Hall, tout ce que tu as à faire, c’est te balader en coulisses et regarder toutes les photos des concerts et spectacles qui ont eu lieu là-bas, et ça te donne cette énorme solennité des circonstances. Tu mets tout simplement tellement dans un soir de musique, parce qu’on n’aura peut-être pas la chance de le refaire”.

Tout en marquant une nouvelle frontière pour Public Service Broadcasting, la soirée promet de réaffirmer les premiers principes du groupe – et de la BBC. Nous serons informés. Nous serons éduqués. Et nous serons divertis. Lord Reith serait fier.

Traduction : 1er septembre 2024

The Arts Desk | 29 juin 2017

CD : Public Service Broadcasting – Every Valley

Le troisième album de PSB vire trop vers l’infotainment

Guy Oddy

Every Valley est le deuxième album studio de Public Service Broadcasting depuis Inform-Educate-Entertain de 2013, et comme ses prédécesseurs, c’est un voyage nostalgique vers le passé pas si récent que cela avec une toile de fond lourdement éléctronique et un sac plein de samples choisis de la bibliothèque du British Film Institute.

Tandis que J Willgoose Esq et Wrigglesworth ont pu être inspirés par les chemins de fer à vapeur et la course à l’espace sur les disques précédents, Every Valley voit le duo londonien prendre la mort de l’inductrie du charbon dans le Sud du Pays de Galles et son impact social comme source. Si cette terminologie sonne un peu sèche et académique, elle reflète l’ambiance de l’album, qui semble au bout du compte comme de “l’infotainment” valide avec de la musique que les saveurs electronica-trance-krautrock habituelles de Public Service Broadcasting.

Pour les premiers morceaux, Every Valley n’est pas surprenant pour les auditeurs de longue date de l’attaque particulière de Public Service Broadcasting sur l’idée de l’album concept. Mais au fur et à mesure, J Willgoose Esq et Wrigglesworth commençent à introduire des changements à leur son en incorporant des chanteurs invités comme Tracyanne Campbell, Lisa Jen Brown et James Dean Bradfield des Manic Street Preachers. Tandis que cela fonctionne sur la pop à la Goldfrapp de Progress et le duo anglo-gallois de You + Me, Turn No More semble être une opportunité perdue. Au lieu de sortir de sa zone de confort et d’essayer quelque chose de différent, Bradfield semble interpréter de manière terne un morceau de rock assez standard qui fait sonner ses hôtes comme son propre groupe.

Alors que Every Valley peut être un hymne attachant à l’idée de la “communauté”, il y a aussi un sentiment qu’il romantise un emploi qui était sale, dangereux et, dans plus de cas que possible, mortel pour tous ceux sur le front (littéral) de taille. De même, il ne fait pas attention aux retombées environnementales de l’industrie du charbon et semble par conséquent légèrement peu satisfaisant dans son échec à raconter plus que cette partie de cette histoire particulière.

★★☆☆☆

Traduction : 24 février 2024

Soundlab | 6 juillet 2017

Public Service Broadcasting – Every Valley

D R Pautsch

Note : 9
Date de sortie : 07/07/2017
Label : Play It Again Sam

Quand Public Service Broadcasting a sorti son premier album, Inform-Educate-Entertain, en 2013, il posait de nombreuses questions, malgré sa manifeste excellence. Premièrement, il était difficile de voir comment cette approche d’instrumentales relevées de dialogue de films d’information publique n’allait pas beaucoup vieillir très rapidement. Sur leur première sortie, l’approche était variée et couvrait des sujets comme le Spitfire, le Night Mail et l’Everest. Cependant, cette question a grandement été répondue avec leur excellent successeur passionné et plus focalisé, The Race For Space, qui est sorti deux ans plus tard. Cette approche était de se concentrer sur un seul sujet et il racontait l’histoire de la course à l’espace des deux angles américains et soviétiques, étant poignant, émouvant et parfois aussi épars que son sujet. Il démontrait également qu’ne mariant un morceau de musique original à un vieux discours de John F Kennedy, cela pouvait se transformer presque en propagande. Il y avait aussi un pas en avant en ayant du chant original avec les Smoke Fairies en invitées sur un morceau. Leur troisième album les voit explorer cette approche plus loin sur ce qui pourrait sembler au départ une échelle plus petite mais qui pourrait en fait avoir des profondeurs et des significations cachées et qui peut être l’un des albums les plus opportuns sortis cette années. PSB ont décampé au Pays de Galles et en particulier à Ebbw Vale pour raconter l’histoire des villes minières galloises. Employant des voix celtiques, dont James Dean Bradfield des Manic Street Preachers, ils suivent la montée, la chute et les conséquences du charbon gallois.

Bien sûr, il est presque impossible de retirer la politique de ce sujet étant donné qu’elle est enracinée tellement profondément dans toute la chute des mines galloises. Et à la première écoute, il semblerait que c’est un conte sur les mines galloises uniquement. Cependant, l’arc pourrait représenter Detroit avec la mort de l’industrie automobile ou n’importe quelle centrale électrique abandonnée où le progrès a apparemment laissé leur main-d’œuvre derrière depuis longtemps, dépourvue d’emplois, d’espoir et d’avenir. En particulier sur ce disque, le contrepoint du discours élocutoire parfait de Public Service Broadcasts disant à l’auditeur qu’il y aura toujours un besoin en charbon gallois, comme c’est le cas sur People Will Always Need Coal, sonne à la fois condescendant et comme la propagante même que nous entendons au quotidien de nos classes dirigeantes actuelles. Tout l’album a un arc très défini de la promesse d’emplois pour des siècles à la perte de toute une industrie et les promesses non tenues et les vies brisées. Le centre de tout cela sont les guitares qui attaquent et les voix galloises de All Out. C’est un riff quasi métallique qui ouvre la voie pour permettre aux ouvriers de raconter leur histoire avant que l’assaut continue à nouveau. C’est un morceau bestial rugissant qui dépeint avec précision la confrontation et les sentiments de l’époque et peut-être depuis lors.

Les voix invitées sont entrecoupées entre les morceaux instrumentaux. Celle qui attirera le plus l’attention sera James Dean Bradfield sur Turn No More qui parle de la fin d’une mine et le dernier tour de la molette. Sa guitare retentissante sonne pratiquement comme MSP par moments mais avec un sous-entendu de pressentiment qui ne peut appartenair à un album comme celui-ci. C’est à dire jusqu’au dénouement où la fierté commence à revenir et avec le véritable courage et l’attitude de défi qui est là depuis. Traceyanne Campbell de Camera Obscura donne une touche plus légère à Progress remplie d’adrénaline qui est à la fois bienvenue et nécessaire. You + Me voit aussi PSB s’éloigner de leurs règles où leur leader J Willgoose, Esq. fournit le contrepoint anglais au chant gallois de Jen Brown. C’est un morceau léger plein de cordes et ce pourrait être l’un des moments les plus beaux que PSB ont produit jusqu’ici.

Des morceaux instrumentaux, They Gave Me A Lamp ressort avec All Out comme l’un des moments les plus émouvants. Il raconte l’histoire des femmes dans les mines et combien elles étaient coude à coude avec les hommes.

Bien sûr, il y a toujours les doutes tenaces à propos de PSB. Est-ce que la musique sous-jacente est assez différente à chaque fois ? Parfois on ne le ressent pratiquement pas mais c’est souvent transcendé par le sujet et honnêtement, combien de groupes laboure le même sillon sur chaque album de toute manière ? L’inclusion d’un sample de Richard Burton, racontant la fierté des mineurs gallois sur le titre phare d’ouverture rappelle le miel lyrique que cette voix a donné autrefois à War of the Worlds et est peut-être dangereusement trop proche.

C’est un album qui fournit bien plus d’intensité avec son sujet et son approche que sur ce dont on en attend. Le fait qu’il n’en mette pas le paquet est à louer et le rend en fait bien plus efficace. Bien sûr, la toute fain de l’album ne peut être qu’une affaire plus funèbre que les fausses promesses contenues au début. Et inévitablement, cet album se finit de la seule manière possible, avec une chorale de voix masculines. L’approche unique de PSB pourrait avoir découvert un sillon et peut-être un qui réfléchit autant sur notre passé que sur notre présent et tristement notre futur potentiel.

Traduction : 23 février 2024

God Is In The TV | 6 juillet 2017

Public Service Broadcasting – Every Valley
(Play It Again Sam)

Vosne Malconsorts

Couplés avec leurs tendances parfois astrales et le fait que la dernière fois où je suis tombée sur Public Service Broadcasting – littéralement – était sur l’île de Skye, on avait de grands espoirs pour leur dernière offre. Et dans l’ensemble, ils sont satisfaits. Comme toujours, il y a une méthode derrière la folie légèrement excentrique et cette fois, c’est le Pays de Galles. Pourquoi pas ? On ne peut trouver à redire qu’ils manquent de créativité. On a des chorales de voix masculines, Richard Burton, du charbon et, naturellement, des diffusions de service public sur Every Valley. On peut dire sans se tromper qu’il est peu plausible que ce soit un thème surexploité en 2017 et pour juste cela, ils doivent être loués.

Que le groupe réussisse à prendre cette avenue improbable tout en sonnait comme eux-mêmes est une sorte de grandeur. Le sens d’altérité qui est une marque de fabrique de leur production est présent et correct. Des morceaux comme Go To The Road réussissent à être chaleureux, organiques voire réconfortants. Mais ces samples vocaux étouffés et grands synthés – tellement utilisés sur les disques précédents – tourbillonnent à en donner le vertige. C’est enivrant et vraiment assez unique à Public Service Broadcasting. Ils réussissent à sonner comme personne d’autre, à être sérieux mais enjoués et en quelque sorte perchés pourtant étrangément familiers et rassurants. Un talent inhabituel, il est certain.

Peut-être que le grand moment arrive tôt avec The Pt. De grands sons de cuivres sur un groove dissolu pendant qu’un gars vous enseigne les subtilités de, eh bien, la mine. Les mines devaient vraiment apparaître sur un album influencé par les vallées et transformer des sons qui semblent être des extraits d’un documentaire sur le front de taille en un morceau brillant est perturbant mais impressionnant.

Peut-être, comme on peut s’attendre d’un disque qui prend une industrie et une communauté anéanties comme inspiration, les choses ne sont pas que douceur et légèreté. Un extrait vocal samplé peut suggérer que “You’ll discover the excitement of going underground… there will alway be something new”, mais, comme cette manière de vivre elle-même, les choses prennent un tournant plus sombre. En effet, la mélodie sur People Will Always Need Coal (dans laquelle ce sample apparaît) – titre doux amer en lui-même – se transforme lentement en complainte quelque pleu en colère mais belle. Même si les guitares perçantes font trémousser les hanches, il y a cette noirceur. Dieu seul sait ce qu’un mineur à la retraite dans le Rhondda comprendrait cela mais bon dieu, c’est créatif.

Peut-être que ce qui empêche toute chronique ou note de partir dans la stratosphère, c’est simplement ce qu’on attend du groupe plutôt que ce que les experts en pensent. Every Valley est aussi bon que ce à quoi on s’attend, ni plus ni moins. C’est à peine leur faute s’ils produisent de la matière aussi consistente mais, bien qu’ils tentent peut-être n’importe quoi, on sent qu’il y a un chef d’œuvre absolu chez Public Service Broadcasting. Tandis que cet album est excellent, ce n’est pas exactement cela.

Every Valley est émouvant et émotionnel mais également un disque groovy qui s’envole. Prenant congé avec une simplement chorale de voix masculines sur Take Me Home, on ne peut s’empêcher de se demander exactement mais qu’est-ce qu’on vient d’écouter. Ces oreilles l’ont beaucoup apprécié et confirment que J. Willgoose, Esq et compagnie en tant que groupe ne feront jamais le prévisible. Appréciez le pour les grooves délicieux et grandement dansables ou plongez plus loin et considérez sa source et ce qui en deviendra. Captivant.

Traduction : 18 février 2024

The Quietus | 6 juillet 2017

Luke Turner à propos de Every Valley de Public Service Broadcasting

Les marchands de nostalgie se rappellent des mineurs avec des bêtises pompeuses, insipides et bizarrement sous-estimées. Luke Turner est vertueusement consterné.

En 1960, la BBC a diffusé un documentaire intitulé Borrowed Pasture. Narré par Richard Burton, il racontait l’histoire de Eugenius Okolowicz et Vlodek Bulaj, deux soldats polonais qui, incapables de retourner sur leurs terres natales après la seconde guerre mondiale, avaient du mal à joindre les deux bouts en travaillant la terre autour d’une ferme galloise décrépite. C’est une œuvre incroyable, évocatrice et poignante, capturant parfaitement la solitude de deux hommes qui se séparaient tous les soirs avec un “bonsoir M. Okolowicz” et “bonsoir M. Bulaj” avant de s’agenouiller à leurs lits pour faire leur prière.

J’évoque cela parce que Public Service Broadcasting m’ont longtemps donné l’impression qu’ils tentaient d’utiliser la musique pour atteindre quelque chose de tout aussi profond, avec leur utilisation d’images d’archives et de samples de vieux films une sorte d’approche de collage pour développer une nouvelle forme de documentaire. Dans d’autres mains, ce pourrait bien fonctionner, car le passé est riche et vid, rempli de tragédie et de joie, d’amour et de chagrin, d’envie et de destruction. Ce devrait et peut être une ressource riche pour les artistes qui souhaient nous montrer des vérités sur notre présent en explorant ces zones grises, narrations perturbées et vies oubliées. Depuis leur première sortie, le EP The War Room en 2012, Public Service Broadcasting se sont incroyablement trompés, avec des extraits maladroits et évidents d’archives audio lâchés en tas sur une musique qui sonne un peu mieux que des chutes du terrible groupe de trip-hop de la fin des années 2000 Lemon Jelly. Scandeleusement, ils ont plutôt prospéré, malgré le fait qu’ils soient l’équivalent musical de l’une de ces nuits en club épouvantables sur le thème du Blitz où les gens qui travaillent dans la pub se soulent en tenues des années 1940 avant de rentrer à la maison pour nettoyer le vomi du gin avec un torchon Keep Calm & Carry On.

Ce n’est probablement pas leur intention. Je suis sûr que leur troisième album studio Every Valley était censé être un commentaire significatif sur le déclin de l’industrie minière galloise et la destruction appliquée sur de nombreuses communautés au cours des années 1970 et 1980. Mais c’est là où se trouve le problème sur ce disque peu mémorable. Ce n’est que lorsque j’ai lu le communiqué de presse qui l’accompagnait que j’ai eu une idée de ce que Public Service Broadcasting essaient de dire. L’atmosphère générale de Every Valley, c’est “les mines ferment émoji triste”, mais à part cela ? Tout d’abord, les samples vocaux ne fonctionnent pas comme des paroles. Ils dépeignent une image en deux dimensions, délivrent une narration guindée. Pire, ils commençent à être agaçants après des écoutes répétées, au mieux diluant l’impact des paroles et de l’intention de l’orateur. Même le susmentionné Richard Burton, dont la phrase “Every little boy’s ambition in my valley was to become a miner… They were the kings of the underworld” ouvre le disque, commence à sonner plutôt lasse. Il est curieux qu’à la cinquième ou sixième écoute de la voix d’un mineur gallois à propos de leur gagne-pain qui disparaît, le gimmick de Public Service Broadcasting devient une appropriation de mauvais goût.

Un album sur le déclin d’une industrie qui employait des millions de personnes et qui a irrévocablement changé le paysage de ces îles aurait dû avoir un sens du sérieux et d’intensité. Il n’y a rien de cela ici. La gargouillante They Gave Me A Lamp, avec ses cuivres enjoués et ses chœurs “ooo ooo” est sur des plateaux bien trop ensoleillés, comme si c’était de la musique qui passait sur un film Pathé utopique futur d’anciens mineurs qui rentraient avec entrain dans le centre d’appel tout neuf, anticipant avec hâte une journée à répondre à des fans de Public Sector Broadcasting furieux qui se plaignent de leurs factures de gaz. Progress a un refrain vocal insipide de “I believe in progress” et pourrait se retrouver dans la sorte de livret de chorale chrétien moderne qui ne tient pas tête aux grands jours quand les chapelles des vallées résonnaient de véritables hymnes. Et après tout, les hommes qui ont fermé les mines l’ont fait au nom du progrès aussi. À l’envers, ils empruntent le titre du film de recrutement de 1975, People Will Always Need Coal pour une chanson qui tinte joyeusement. Quel est le commentaire ici, sous la musique légère grandement inapproprié ? Que les recrues en herbe ont été dupées ? Que nous aurions dû garder les mines ouvertes ? Face à la catastrophe climatique, ce serait une position absurde. Le fait que le vendredi 21 avril, la Grande-Bretagne a réussi sa première journée depuis des siècles sans brûler de charbon devrait être célébré, pas déploré. D’un point de vue environnemental, fermer les mines n’a pas été tant la tragédie que la manière dont les mineurs ont été abandonnés après cela. Ce morceau pose les bases du disque en entier, tout en tap tics de guitares irritants, batterie qui cataclope, une tentative de cuivres poignants en crescendo qui retombe à plat. All Out, c’est du Mogwai platement réimaginé pour conduire entre Merthyr Tydfil à Aberdare. Si vous arrivez à imaginer James Corden au volant, vous aurez l’idée générale de combien c’est confortablement ennuyeux. On se demande pourquoi James Dean Bradfield a accepté d’apparaître sur Turn No More, étant donné que les traumatisme psychiques infligés au Pays de Galles dans les années 1980 ont été une telle inspiration clé au fil des années, surtout étant donné que le groupe a essentiellement écrit un morceau qui somme comme s’il avait pu apparaître sur une compilation de karaoke des Manic Street Preachers. Même la présence (enfin !) de paroles en langue galloise de la part de Lisa Jen Brown ne peut sauver You + Me de la monstruosité au cul tandis qu’elle monte et monte, combinant la solidarité et l’amour : “If we stand as one we’ll have something they’ll never break”.

Cela me perplexe depuis longtemps que British Sea Power soient considérés comme des Scouts rock vieillots tandis que Public Service Broadcasting ont tout l’amout du public. BSP canalise l’intoxication psychédélique dérangée dans des chansons rock stratosphériques odes à la liberté de mouvement en Europe, la tragédie de la fonte de la calotte glaciaire, et des tentatives de s’opposer à l’âge algorithmique. La différence cruciale, c’est que là où la musique de British Sea Power est de ton élégiaques, ou que Kemper Norton, Laura Cannell, Darren Hayman, I Like Trains, Grumbling Fur et English Heretic puisent dans les histoires anciennes extraordinaires, Public Service Broadcasting colportent de la nostalgie confortable facielement digérable. Le mot en N est la seule énergie motrice, à la fois ici et sur le reste de la production risible de Public Service Broadcasting. Cela explique peut-être leur popularité bizarre, à la fois au Royaume-Uni (où la nostalgie est notre maladie nationale) et à l’étranger (où elle va avec l’image touristique d’une Grand-Bretagne où personne qui y vit n’est allé) et les fait sonner aussi comme le Brexit. Effectivement, l’esthétique de Public Service Broadcasting partage un conservatisme accidentel avec l’Albion pourri imaginé par Pete et Carl des Libertines, qui vont bientôt s’embarquer dans la tournée des villes de bord de mer britannique au nom stupide de Tiddeley On Pom Pom Tour.

Malgré l’insupportable suffisance de leurs chansons, c’était juste tolérable quand ils composaient des odes à des avions de chasse et la course à l’espace. Ici, cependant, cela laisse un goût âcre. Il y a beaucoup à propos de quoi être furieux quand on en vient à ce qui est arrivé à notre industrie minière, dans les vallées galloises et au-delà. Le gouvernement ne veut toujours pas ouvrir d’enquête publique sur les actions de la police contre les mineurs grévistes à Orgreave. Des centaines de milliers vivent dans l’anciens villes et villages miniers où le chômage est monnaire courante et les soutiens traditionnels de la communauté – les sociétés, la chapelle, le pub – se sont effrités ou ont été détruits. À la place, cela avance simplement la question si oui ou non il est possible d’être radical tout en faisant de la musique qui pourrait aussi bien être un stock de bibliothèque pour faire la bande sonore d’une pub pour une croisière sur le fleuve Bure, narré par Alan Partridge.

En 2014, Test Dept a créé une installation à propos des délabrés Dunston Coal Staithes sur le fleuve Tyne, en banlieue de Newcastle et Gateshead, où 14 000 tonnes de charbon par semaine ont été chargés sur des bateaux pour l’exportation. L’œuvre utilisait un collage d’images projetées de mines, grèves, discours et Thatcher combinées avec du son et des lumières pour faire un commentaire en collère grandement émotionnel sur ce qui avait été fait à l’industrie minière. Le collage de son finissait avec juste le murmure du fleuve alors que Take Me Home chanté par le South Wales Striking Miners Choir flottait sur les vagues noires : “I remember of the face of my father / as he walked back home from the mine”, chantaient-ils et j’ai regardé le public autour de moi ce soir-là et j’ai vu que personne n’avait les yeux secs. C’était l’une de mes expériences musicales les plus profondes de ma vie, exemple de comment le chant communal traditionnel et l’art contemporain pourrait provoquer une colère vertueuse pour la restitution et le changement. Public Service Broadcasting utilisent la même chanson pour refermer cet album. Cela sonne, comme à l’époque, comme une apparition. Pourtant cela révèle également le reste de Every Valley comme un exercice de fine superficialité, mémorial galvaudé aux efforts herculéens de ces inconnus qui trimaient sous les flancs de coteau humides de cette terre.

Traduction : 18 février 2024

The Independent | 7 juillet 2017

Interview de Public Service Broadcasting : le groupe explore le Brexit, Trump et l’industrie du charbon sur le nouvel album Every Valley

Pour le troisième album du groupe, le leader J Willgoose Esq a décidé d’explorer les vies de personnes ordinaires qui persistent contre toutes attentes. Le voyage l’a emmené au cœur des vallées galloises, où la fin de l’exploitation minière se ressent toujours.

Hazel Sheffield

J Willgoose Esq, leader du groupe Public Service Broadcasting, n’avait jamais rendu visite aux communautés minières du Sud du Pays de Galles avant de se décider d’écrire un album à leur propos. Mais aussi, il n’avait jamais visité les confins de la galaxie quand il a écrit le deuxième album du groupe, The Race For Space, en 2015.

Il a, cependant, passé des années à explorer les limites de l’exploit humain en samplant des enregistrements d’archive du British Film Institute et en les mettant en musique. Pour son dernier projet, il a décidé de tourner son attention vers les vies des personnes ordinaires qui persistent contre toutes attentes. “Je voulais écrire sur les actes héroïques de tous les jours”, dit-il au téléphone depuis chez lui dans le Sud de Londres. “Cet album parle de l’exploitation minière d’une manière, mais il parle de la communauté, la perte et gérer la disparition de quelque chose qui te définissait auparavant”.

Après s’être décidé sur les vallées, Willgoose s’est inquiété de foncer dans les communautés de village soudées et tenter de raconter leur histoire. Le mécontentement à propos du déclin de la manufacture, dont la fermeture des mines et des aciéries, est profondément ancré dans le Sud du Pays de Galles.

On lui a rappelé cela pendant le référendum, juste quelques semaines après avoir contacté le Ebbw Vale Institute, centre artistique construit en 1849 par la société locale d’aciérie, à la recherche d’un endroit où répéter et enregistrer.

Le lendemain du vote, un journal national a étalé que Ebbw Vale, ville “couverte d’argent européen”, était également l’endroit avec la plus grande proportion de votes pour quitter l’Union Européenne du Pays de Galles, à 62%. Il regrettait que le financement européen derrière les routes, voies de chemin de fer et programmes d’apprentissage locaux qui essayaient de rendre la vie meilleure malgré un taux de chômage à 40%.

Willgoose dit : “Le référendum m’a fait penser aux jeunes [qui sont] tellement privés d’un droit qu’ils lanceront le dé de leur propre avenir”.

Quand il s’est rendu sur place, il a découvert un joli village gallois dans un état de délabrement, où les adolescents enfourchaient des BMX sur le parking du Tesco du coin le vendredi. “J’ai probablement fait l’équivalent du Sud de Londres ado”, dit Willgoose. “Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y avait plus d’opportunités”.

“C’est un peu une ville industrielle lugubre”, explique Chris Phillips, l’organisateur d’événements du Ebbw Vale Institute. “Paroissiale, vraiment. On nous a oublié tellement longtemps, qu’on a développé une mentalité de siège”. Phillips pourvoit aux besoins des goûts locaux en réservant des groupes tribute de Nirvana et Thin Lizzy pour jouer dans la salle de 300 places de l’Institute, qui accueille des cours de yoga, un café et des services de prévention contre les drogues et l’alcool de la jeunesse. “Ils sont assez occupés”, déclare Chris.

Quand Public Service Broadcasting ont dit qu’ils voulaient enregistrer quelque part au Pays de Galles, leur management a suggéré des somptueux studios gallois comme Rockfield, où Queen a enregistré Bohemian Rhapsody, ou Monnow Valley, qui ont accueilli des groupes comme Oasis, les Manic Street Preachers et Iggy Pop. Mais Willgoose voulait quelque chose de plus DIY. Ils sont parvenus à un accord avec Phillips pour construire un studio dans la salle de concert pendant tout le mois de janvier. Phillips dit qu’ils ont sauté sur l’occasion : “On a dû déplacer les cours de Zumba et de jeté en patchwork et garder tout le monde lié par le secret”.

Pendant ce temps, Willgoose a commencé à bûcher à la South Wales Miners’ Library de l’université de Swansea. Il voulait trouver les héros de l’ombre des grèves des mineurs, ceux qui tenaient la communauté ensemble alors que leur économie locale s’effondrait autour d’eux.

Sian Williams, bibliothécaire assistante, a aidé Willgoose à découvrir une interview de Christine Powell réfléchissant aux grèves de 1984 et 1985. On peut l’entendre ouvrir la voie aux femmes sur They Gave Me A Lamp : “I didn’t see any reason why I shouldn’t be out there doing what I was doing, why I shouldn’t be in the support group”.

Williams parle avec animation de comment Public Service Broadcasting contribuent au but de la bibliothèque de partager leur matière à un public plus large, particulièrement dans le climat actuel. “Si on regarde certains des orateurs fantastiques et écoute leurs messages depuis les années 1920, la majeure partie sont les mêmes qu’on entend aujourd’hui, juste dans un contexte différent”, explique Williams. “J’espère que cela donnera de la force aux gens”.

Willgoose s’est procuré autant qu’il pouvait des enregistrements de la bibliothèque et des archives de films à Bristol et Londres, mais il avait besoin de quelque chose de plus. “La matière n’était pas vraiment là pour les histoires qu’il voulait raconter. Je n’allais pas trouver une lecture du poème de Idris Davies qui aurait été aussi bonne qu’avoir James Dean Bradfield le chanter”, dit-il. Il a été récompensé quand Bradfield, leader des Manic Street Preachers, a enregistré la version de Gwalia Deserta par le poète gallois Idris Davies qui est devenu Turn No More.

Public Service Broadcasting est retourné à l’Ebbw Vale Institute en juin, après que le disque ait été envoyé au pressage, pour jouer deux concerts à guichets fermés. Phillips et Williams étaient tous les deux là. “J’étais en fait très émue”, se souvient Williams. “J’étais juste tellement bouleversée par la sensibilité et la réaction de mineurs, dont certais avaient voyagé d’assez loin”.

Wayne Thomas, ancien mineur qui a travaillé au fond des puits pendant 20 ans, était aussi présent. Thomas est devenu le directeur d’une mine proche quand les mineurs l’ont mise en co-propriété. Il se souvient de se mettre en grève jeune homme avec une famille à nourrir.

“Mettre fin aux mines, c’est une chose, mais le vrai truc, c’était écraser les syndicats. Ça ne valait pas ce qui a coûté à ma communauté”, déclare-t-il. “Pour nous, c’était une affaire de combien les gens étaient désespérés, ils prenaient des jobs de nettoyage, de mise en rayon, à attendre que des trucs se pointent”.

Thomas dit que tout à coup, sans offir d’alternatives, le gouvernement a mis un terme à l’industrie minière : “Des quarantenaires qui étaient bien respectés dans leur industrie étaient au chômage pour la première fois de leur vie. Ils ne savaient pas comment gérer ça”.

Sur la chanson Progress, Tracyanne Campbell du groupe écossais Camera Obscura répète la ligne, “I believe in progress”, sur une instrumentalisation entraînante inspirée par Kraftwerk, les musiciens machines métalliques venus d’Allemagne qui célébraient toutes les choses industrielles.

Willgoose savait que cet album devait explorer les complexités du progrès, équilibrant le déclin inévitable des combustiles fossiles avec le besoin d’idées sociales progressives. “C’est l’épée à double tranchant ultime, la poussée continuelle derrière la race humaine”, dit-il. “Tu ne peux arrêter le progrès, même quand des communautés entière sont affectées d’une manière négative. Mais tu peux voir la société dans l’ensemble et te souvier des gens qui sont abandonnés”.

La voix de Christine Powell revient nous parler de ces personnes abandonnées sur Mother Of The Valley. Elle regrette la mort de l’industrie et son impact sur la ville : “You get to realise what you mean about the death of a village et about the pit being the mother of the village. It sounds romantic, but it’s not romantic at all. It’s true”.

Willgoose explique que c’est ainsi que les communautés laissées pour compte, désespérées d’obtenir des alternatives, deviennent les victimes des sortes de messages populistes colportés par Nigel Farage et Donald Trump. Wayne Thomas acquiesce. “Pour moi, la lutte n’est pas finie”, dit Thomas. “Cet album nous rappelle que ce n’est pas une période passée. Pas quand de vieux croûtons comme moi en gèrent encore les conséquences”.

Every Valley, le nouvel album de Public Service Broadcasting, sort le 7 juillet sur Play It Again Sam.

Traduction : 21 janvier 2024

Dork | 4 juillet 2017

Public Service Broadcasting : “C’était une atmosphère de soutien partout où je suis allé”

Le dernier effort de J. Willgoose, Esq. et cie se rappelle de la grève des mineurs du Sud du Pays de Galles dans les années 1980

Josh Williams

“Je pense que c’est une histoire fascinante et très humaine et, comme toutes les bonnes histoires, c’est ce qui m’a attiré”, explique le chef de la bande de Public Service Broadcasting d’Italie où ils sont actuellement en train de présenter leur nouvel album Every Valley. L’album précédent The Race For Space a vu le groupe explorer l’histoire de la course à l’espace tandis que Every Valley voit le groupe retourner à quelque chose de plus proche de la maison, explorant l’histoire de l’industrie minière du Sud du Pays de Galles.

Enregistré dans l’ancienne ville minière de Ebbw Vale, Willgoose a expliqué que “C’était très important pour moi de trouver quelque part dans les vallées pour enregistrer. Ça ne semblait pas bien d’écrire cet album de manière isolée et de l’enregistrer loin des lieux et des événements qu’il abordait”. Est-ce que l’environnement a informé et influencé le son ? “De toutes sortes de manières intangibles, probablement. Je savais que je voulais que l’album dans l’ensemble ait un côté plus riche, plus organique que nos albums précédents, et un son plus basique. Enregistrer sur bande a joué un grand rôle dans ça, ainsi qu’apprendre à embrasser certaines imperfections du processus d’enregistrement plutôt qu’essayer d’aplanir chaque petit défaut. On a enregistré en janvier, et j’ai promené mon chien de la colline de Sirhowy à Ebbw Vale tous les jours, et ce sont ces moments que je me rappellerais le plus, je pense”.

En effet, l’histoire de l’industrie minière du Sud du Pays de Galles est la typique montée, descente et ruine et pour s’aider à se préparer, Willgoose a visité “la plupart des grands musées miniers dont celui à Wakefield et le plus petit, je pense, à Afan Valley”, qui est là où il a découvert l’artiste Hannah Benkwitz, dont l’œuvre a terminé sur la pochette de l’album. “Tout le monde dans tous ces musées a été vraiment incroyablement serviable et arrangeant, et on leur doit tous énormément de remerciements”. De plus, Willgoose a interviewé des anciens mineurs et leurs familles, “C’était une partie vraiment importante de l’album – rencontrer les gens impliqués, écouter leurs histoires et ne pas y arriver avec des notions préconçues de comment c’était ou des problèmes qu’ils ont gérés”.

Le sujet dela chute de l’industrie minière et de la grève des mineurs demeure un sujet controversé même aujourd’hui dans les Vallées avec une génération qui a grandi dans l’ombre de ce qui reste, est-ce qu’ils devraient retirer quelque chose en particulier de Every Valley ? “Ce n’est pas vraiment à moi de dire. Ce n’est pas ma place en tout cas pour n’importe quel album, mais encore moins ici. L’art, la musique, les livres, les films que j’aime le plus sont ceux qui te laissent trouver ton chemin à travers plutôt qu’être frappé sur la tête avec un baton qui t’explique tout. C’est la différence entre un film adulte comme All Is Lost et quelque chose de cartoonesque comme Seul sur Mars. Ils sont à des années-lumière l’un de l’autre”. Comme toujours, il y a deux côtés à chaque histoire et Willgoose n’a pas fait l’effort de raconter l’autre côté en expliquant “l’album parle d’une communauté particulière – une qui est exceptionnellement soudée et solide – qui traverse une crise existentielle, plutôt que de politique”.

Every Valley a de nombreux collaborateurs avec Turn No More qui voit James Dean Bradfield des Manics qui arrive. “Je lui ai demandé au concert à Swansea qu’on a fait avec les Manics – j’étais très nerveux étant donné que c’est un groupe tellement énorme pour moi et tant d’autres. Il a dit oui, et même si je pensais qu’il était juste poli au début, il continuait à répondre au téléphone ! C’est un immense privilège et honneur d’avoir quelqu’un avec son talent et pédigrée – et lien à la région – sur cet album. Je n’y crois toujours pas, honnêtement”. Mais avec toutes ces collaborations, y-aurait-il un moment où Willgoose lui-même prendra le micro et chantera sur un morceau de PSB ? “Ça n’arrivera jamais, jamais, jamais”, souligne le leader.

En tournant l’album précédent The Race For Space, le groupe a joué à la Brixton Academy à guichets fermés, et tournera Every Valley en octobre. Willgoose pense que “le Barrowlands est un spécial à torcher”. PSB y jouent le 18 octobre. “Je pense que ce sera génial d’avoir l’opportunité de faire cet album en entier dans une salle prestigieuse du Sud du Pays de Galles un jour, comme on l’a fait pour The Race For Space à l’Albert Hall de Manchester et au Usher Hall d’Édimbourg”.

Le single Progress a le refrain “I believe in progress” mais est-ce que Willgoose a l’impression que PSB a progressé depuis la sortie de The Race For Space ? “On dirait que ça s’est beaucoup agrandi et que ça a beaucoup grandi. Peut-être que tout ça provient d’un désir malencontreux d’être pris au sérieux en tant qu’artiste. Qui sait ?”

“J’étais beaucoup inquiet auparavant”, explique Willgoose à l’idée de rentrer dans la communauté très unie de Ebbw Vale. “J’ai eu l’agréable surprise de ne pas trouver d’hostilité. En fait, il y avait une atmosphère qui était vraiment d’un grand soutien partout où j’allais, et avec toutes les personnes à qui j’ai parlées. Que ce soit grâce aux personnes là-bas, l’attitude générale ou juste de la chance, je ne sais pas, mais je suis très reconnaissant pour le soutien et l’encouragement”. Effectivement, le groupe est revenu dans la ville pour présenter l’album avec deux concerts spéciaux en juin, parlant avant le concert, Willgoose pensait que ce serait “assez émotionnel probablement, et je ne me laisse pas aller comme ça souvent. On dirait vraiment une époque spéciale et unique et on a l’impression que c’était il y a longtemps. Je ne suis pas sûr qu’on ne refera jamais un autre album comme ça”.


Public Service Broadcasting
Every Valley

Play It Again Sam
***

Il est incroyablement facile de réduire Public Service Broadcasting à un truc ; mélangeant des films et des audios d’archive de service public avec de l’électronica et du rock. On dirait que deux profs d’histoire ont imaginé une manière “marrante” et “cool” d’enseigner leur matière. Mais au fur et à mesure que le projet continuait, il est devenu clair que PSB avait saisi quelque chose de spécial.

Après s’être attaqué aux films d’éducation publique et la course à l’espace, cette dernière avec un effet véritablement époustouflant sur The Race For Space, leur troisième album, Every Valley, se dirige vers les communautés minières galloises ; explorant la fierté des mineurs, même à l’heure la plus sombre. Il évite les personnalités comme Thatcher et Scargill en faveur d’un regard plus large à l’histoire tumultueuse de l’industrie sans perdre en puissance émotionnelle.

Le titre éponyme Every Valley et People Will Always Need Coal résument le prestige qui allait avec l’extraction minière. Les petits villages étaient célébrés pour propulser tout un pays. C’est rempli d’espoir, avec des cordes qui s’envolent et des guitares brillantes.

C’est avec All Out que les choses tournent dans l’histoire que de nombreux d’entre nous connaissent. Des guitares puissantes qui sonnent plus issues d’un disque de PUP canalisent la rage et la frustration des grèves de l’époque de Thatcher ; ce moment distinctivement non PSB se distinguant pour toutes les bonnes raisons.

Every Valley est aussi une première pour des chanteurs invités. Cependant, les disques de PSB ont toujours été meilleurs quand ils laissent les audios d’archive parler pour eux-mêmes et les artistes comme James Dean Bradfield et Traceyanne Campbell, tout en faisant un boulot décent, occultent le message à son détriment.

Quoi qu’il en soit, Every Valley capture l’histoire de l’industrie du charbon de manière plutôt sordide. Au début, il y a de l’espoir, puis il y a de la rage, mais il y a toujours un sentiment de fierté et de dignité maintenue. Il dépeint à gros coups de pinceaux une période qui mérite une exploration plus nuancée, certes, mais c’est un regard émouvant et unique à cette période d’histoire souvent négligée néanmoins.

Chris Taylor

Traduction : 7 mai 2023

NPR | 5 juillet 2017

Quelque chose de vieux, quelque chose de neuf : Public Service Broadcasting à propos de l’histoire et de la narration

Jacob Pinter

Bien que connu surtout en tant que groupe, Public Service Broadcasting est tout autant un projet historique que musical. Fondé par J. Willgoose, Esq., le trio anglais utilise des archives, que ce soit des films ou des émissions de radio, pour écrire de nouvelles chansons autour. “On peut essayer de raconter les histoires du passé avec de la nouvelle musique – essayer d’apporter de nouvelles dimensions, je suppose”, explique Willgoose.

Pour son nouvel album, Every Valley, Public Service Broadcasting a puisé dans la véritable histoire d’un boom minier au Pays de Galles qui a contribué à faire prospérer les petites communautés – et l’effondrement de cette bulle industrielle qui s’en est ensuit à cause de l’innovation et la révolution techniques. Pour raconter cette histoire, le groupe s’est lourdement reposé sur l’énorme archive du British Film Institute d’images produites par le gouvernement, qui incluaient des films réalisés par le National Coal Board qui étaient diffusés aux mineurs dans les cinémas de l’époque.

À propos de la mission de Public Service Broadcasting
Ça a commencé comme une sorte de truc ironique dans lequel on déclarait “enseigner les leçons du passé via la musique du futur”. Et ça a toujours été une blague pour moi. Mais je pense qu’on a fini par prendre ça un petit peu plus sérieusement en ce qui concerne les leçons du passé et de le ramener à la surface, le réexaminer, le remettre en contexte grâce à la musique qu’on écrit autour, et fixer des limites entre le passé et le présent. C’est, pour moi, ce qui rend tout ça le plus intéressant. Ce n’est pas un exercice de nostalgie, c’est en fait une histoire de recadrage du passé.

À propos du processus du travail avec des images d’archive pour Every Valley
En gros, ils t’apportent ces boîtes de pellicules qui n’ont pas été ouvertes depuis de nombreuses années. Et ils montent ce film en 35 mm sur de vieux projecteurs Steinbeck et tu t’asseois là à le regarder via un minuscule viseur. En fait, j’ai dû emmener l’une des boîtes au technicien là-vas en disant, “Je n’arrive pas à l’ouvrir, tu fais quoi dans ce cas ?” Et il l’a juste jetée par terre et elle s’est ouverte [rit]. J’étais là, waou, on ne peut pas faire ça avec des disques durs.

À propos de la chanson Progress
La ligne “I believe in progress”, surtout dans le contexte de l’album, prend une sorte de signification à double tranchant. À un niveau, c’est une chanson pop assez superficielle, [mais] tu parles de progrès et de la poussée en avant incessante de la race humaine. [La technologie] s’est débarrassée de ce qui était un boulot dangereux et sale, mais au prix énorme pour les communautés qui comptaient dessus. On regarde le progrès, mais on regarde aussi ce qui est abandonné.

À propos de combien une contrainte créative peut être libératrice
Je pense que dès le départ, on a eu la question, “C’est un concept intéressant, mais allez-vous devenir à cours de matière ou d’idées ?” Pour moi, ça n’a jamais été une chose limitante. Ça a toujours été une chose vraiment libératrice parce qu’on peut se focaliser sur à peu près tout, et on peut traiter la matière à peu près de toutes les manières. C’est une manière libératrice de travailler, et ça libère l’imagination.

Traduction : 5 mai 2023