Soundlab | 6 juillet 2017

Public Service Broadcasting – Every Valley

D R Pautsch

Note : 9
Date de sortie : 07/07/2017
Label : Play It Again Sam

Quand Public Service Broadcasting a sorti son premier album, Inform-Educate-Entertain, en 2013, il posait de nombreuses questions, malgré sa manifeste excellence. Premièrement, il était difficile de voir comment cette approche d’instrumentales relevées de dialogue de films d’information publique n’allait pas beaucoup vieillir très rapidement. Sur leur première sortie, l’approche était variée et couvrait des sujets comme le Spitfire, le Night Mail et l’Everest. Cependant, cette question a grandement été répondue avec leur excellent successeur passionné et plus focalisé, The Race For Space, qui est sorti deux ans plus tard. Cette approche était de se concentrer sur un seul sujet et il racontait l’histoire de la course à l’espace des deux angles américains et soviétiques, étant poignant, émouvant et parfois aussi épars que son sujet. Il démontrait également qu’ne mariant un morceau de musique original à un vieux discours de John F Kennedy, cela pouvait se transformer presque en propagande. Il y avait aussi un pas en avant en ayant du chant original avec les Smoke Fairies en invitées sur un morceau. Leur troisième album les voit explorer cette approche plus loin sur ce qui pourrait sembler au départ une échelle plus petite mais qui pourrait en fait avoir des profondeurs et des significations cachées et qui peut être l’un des albums les plus opportuns sortis cette années. PSB ont décampé au Pays de Galles et en particulier à Ebbw Vale pour raconter l’histoire des villes minières galloises. Employant des voix celtiques, dont James Dean Bradfield des Manic Street Preachers, ils suivent la montée, la chute et les conséquences du charbon gallois.

Bien sûr, il est presque impossible de retirer la politique de ce sujet étant donné qu’elle est enracinée tellement profondément dans toute la chute des mines galloises. Et à la première écoute, il semblerait que c’est un conte sur les mines galloises uniquement. Cependant, l’arc pourrait représenter Detroit avec la mort de l’industrie automobile ou n’importe quelle centrale électrique abandonnée où le progrès a apparemment laissé leur main-d’œuvre derrière depuis longtemps, dépourvue d’emplois, d’espoir et d’avenir. En particulier sur ce disque, le contrepoint du discours élocutoire parfait de Public Service Broadcasts disant à l’auditeur qu’il y aura toujours un besoin en charbon gallois, comme c’est le cas sur People Will Always Need Coal, sonne à la fois condescendant et comme la propagante même que nous entendons au quotidien de nos classes dirigeantes actuelles. Tout l’album a un arc très défini de la promesse d’emplois pour des siècles à la perte de toute une industrie et les promesses non tenues et les vies brisées. Le centre de tout cela sont les guitares qui attaquent et les voix galloises de All Out. C’est un riff quasi métallique qui ouvre la voie pour permettre aux ouvriers de raconter leur histoire avant que l’assaut continue à nouveau. C’est un morceau bestial rugissant qui dépeint avec précision la confrontation et les sentiments de l’époque et peut-être depuis lors.

Les voix invitées sont entrecoupées entre les morceaux instrumentaux. Celle qui attirera le plus l’attention sera James Dean Bradfield sur Turn No More qui parle de la fin d’une mine et le dernier tour de la molette. Sa guitare retentissante sonne pratiquement comme MSP par moments mais avec un sous-entendu de pressentiment qui ne peut appartenair à un album comme celui-ci. C’est à dire jusqu’au dénouement où la fierté commence à revenir et avec le véritable courage et l’attitude de défi qui est là depuis. Traceyanne Campbell de Camera Obscura donne une touche plus légère à Progress remplie d’adrénaline qui est à la fois bienvenue et nécessaire. You + Me voit aussi PSB s’éloigner de leurs règles où leur leader J Willgoose, Esq. fournit le contrepoint anglais au chant gallois de Jen Brown. C’est un morceau léger plein de cordes et ce pourrait être l’un des moments les plus beaux que PSB ont produit jusqu’ici.

Des morceaux instrumentaux, They Gave Me A Lamp ressort avec All Out comme l’un des moments les plus émouvants. Il raconte l’histoire des femmes dans les mines et combien elles étaient coude à coude avec les hommes.

Bien sûr, il y a toujours les doutes tenaces à propos de PSB. Est-ce que la musique sous-jacente est assez différente à chaque fois ? Parfois on ne le ressent pratiquement pas mais c’est souvent transcendé par le sujet et honnêtement, combien de groupes laboure le même sillon sur chaque album de toute manière ? L’inclusion d’un sample de Richard Burton, racontant la fierté des mineurs gallois sur le titre phare d’ouverture rappelle le miel lyrique que cette voix a donné autrefois à War of the Worlds et est peut-être dangereusement trop proche.

C’est un album qui fournit bien plus d’intensité avec son sujet et son approche que sur ce dont on en attend. Le fait qu’il n’en mette pas le paquet est à louer et le rend en fait bien plus efficace. Bien sûr, la toute fain de l’album ne peut être qu’une affaire plus funèbre que les fausses promesses contenues au début. Et inévitablement, cet album se finit de la seule manière possible, avec une chorale de voix masculines. L’approche unique de PSB pourrait avoir découvert un sillon et peut-être un qui réfléchit autant sur notre passé que sur notre présent et tristement notre futur potentiel.

Traduction : 23 février 2024