God Is In The TV | 6 décembre 2021

LIVE : Manic Street Preachers – Wembley SEE Arena, Londres, 03/12/2021

Erica Viola

La dernière date live de 2021 des Manic Street Preachers voit Public Service Broadcasting de Londres ouvrir la soirée. Vêtus de blanc et occultés par des lumières scéniques éblouissantes, les art rockeurs délivrent des morceaux déchirants et élégants (soulignés par le chant de l’invitée EERA). Comprenant de nouvelles chansons extraites de leur dernier album Bright Magic ainsi que de The Race For Space, inspiré des missions Apollo, le set de PSB est une combinaison succulente de vision et de sons, une belle amorce pour le fan nouveau et aspirant, leur spectacle visuel caractéristique d’images d’archives remixées et de films d’époque donne au set du contexte et de la profondeur.

Le public élastique se resserre en anticipation tandis que les Manic Street Preachers se glissent sur scène et se lancent avec fracas dans Motorcycle Emptiness. Leur dernier album, The Ultra Vivid Lament, est entré à la première place des charts albums britanniques à sa sortie en septembre ; ils célèbrent les 35 ans du groupe et ont le répertoire qui va avec. Débordant d’énergie de confinement refoulée qui tourne, le trio apprécie sa tournée intermittente ça et là. Le concert de Wembley est le dernier hurlement de 2021, et quand les Manics hurlent, leurs fans leur répondent en hurlant. Les concerts de MSP sont interactifs ; ce soir, James Dean Bradfield et Nicky Wire sont impliqués et captivants, invitant toute l’arena à prendre les refrains (le batteur Sean Moore est, comme d’habitude, réticent derrière la grande clameur de sa batterie). You Stole The Sun From My Heart devient un effort de communauté ; Love’s Sweet Exile est un exercice d’intimité. Le concept de solitude est très fréquent dans le corps d’œuvre des Manics (ce soir voit des prestations de Your Love Alone Is Not EnoughEnola/Alone et Happy Bored Alone), mais les fans des Manics ont toujours eu un parfum de société secrète.

Bradfield et Wire sont positivement joyeux, contrastant avec des images du groupe période Generation Terrorists sur les écrans derrière eux, dans lesquelles ils portent des lunettes de soleil en intérieur et des expressions sciemment méprisantes. À leur moment de leur carrière, le groupe peut se permettre de regarder calmement eux plus jeunes, célébrer les vieux glamours avec la superbe interprétation solo de JDB en acoustique de l’angoissée La Tristesse Durera de 1993 et remercier le public pour “m’avoir [à Nicky Wire] donné la chance de me sortir de mon putain de survêt”. Ils étaient jeunes, et aujourd’hui ils sont d’un âge mûr, et ils sont à l’aise à la fois avec leur passé et leur présent.

La setlist rebondit entre les singles des années 1990 et les morceaux de The Ultra Vivid Lament. Les nouvelles chansons reçoivent l’attention et l’énergie qui leur sont dues, mais il est clair que le groupe ressent de la nostalgie : entre deux morceaux plus vieux, Bradfield beugle, avec un sourire dans la voix, “Et merde, restons dans les années 1990 !”. Nicky Wire est élastique, plein d’entrain, ponctuant sa performance avec ses sauts en ciseaux caractéristiques ; il est le bon côté de la folie. Un rare cadeau sous la forme d’une reprise balaye la salle ; rendant hommage au regretté producteur Steve Brown, les Manics reprennent She Sells Sanctuary de The Cult. Elle est magnifique, fidèle à l’originale, et elle est destinée à se retrouver partout sur YouTube. C’est également la transition parfaite pour la chanson de 1991 teintée de punk, Motown Junk. Bradfield crache ces paroles avec le même entrain qu’il a mis depuis les tout premiers concerts, et un millier de personnes d’âge mûr dans le public chantent en chœur : “Twenty one years of living and nothing means anything to me”, se rappelant une jeunesse durant laquelle ils voulaient le dire.

You Love Us! grogne Bradfield, se lançant violemment dans l’une des chansons les plus iconiques des Manics. C’est une autre chanson à crier, avec le public en orchestre qui saute en masse et celui en gradins qui chante jusqu’au plafond. La soirée se termine, comme tous les concerts de MSP, avec A Design For Life ; célèbrement, les Manic Street Preachers méprisent les rappels. Cette société secrète euphorique de fans des Manics sortent de la salle en file indienne, emportant avec elle les échos de la voix brutale de Bradfield, le fracas des percussions de Moore, et les lignes de basse liquides de Wire. À l’année prochaine, les garçons.

Traduction : 2 avril 2023