Tag Archive: Bright Magic

Nouvelles dates par pelletées !

Après deux festival annoncés pour le mois prochain, à savoir Focus Wales à Wrexham dans le Nord du Pays de Galles le 5 et le Bath Festival, où le groupe jouera au Forum le 21, une nouvelle tournée au Royaume-Uni a été annoncée mardi dernier, avec les billets déjà en vente depuis hier ! Toutes les dates en sommaire sur l’affiche suivante :

De plus, le premier festival estival a été annoncé, les garçons seront à l’affiche du Beat-Herder en juillet.

Report des dates irlandaises

Suite à la dégradation de la crise sanitaire, il a été décidé de reporter les trois dates irlandaises initialement prévues en janvier, rendez-vous maintenant en mai pour plus de Magie lumineuse sur scène !

Dernière ligne droite avant Bright Magic !

Avant la sortie vendredi de l’album, le groupe a hier soir donné une live session chez Steve Lamacq sur BBC Radio 6 Music, accompagnés de la chanteuse EERA, ils ont interprété les deux singles People, Let’s Dance et Blue Heaven, suivis d’un inédit de l’album, et l’autre chanson sur laquelle EERA a posé sa voix, Gib mir das Licht, sur laquelle est apparu le saxophoniste des Brassy Gents, Rittipo. La session s’est fini par Lichtspiel III: Symphonie Diagonale et le classique de The Race For Space, The Other Side. Vous pouvez la réécouter ici (à partir de 2 heures 32 environ).

Aujourd’hui, le groupe a également dévoilé le dernier morceau avant la sortie complète de l’album, il s’agit de Der Rhythmus der Maschinen, qui comprend un featuring de Blixa Bargeld, vétéran de Einstürzende Neubauten et des Bad Seeds. Vous pouvez l’écouter sur toutes les plateformes de streaming habituelles.

Selon J. Willgoose, Esq., “C’est une sorte de réinterprétation des quelques premières minutes du film de science fiction visionnaire créé à Berlin de Fritz Lang, Metropolis, utilisant des samples du film audio de Ruttmann, Wochenende (1930) appliqués sur une bande sonore lourde et industrielle. Blixa Bargeld prononce un monologue à moitié parlé vers la fin à propos de la ville en tant que machine – c’est un peu fou (toute la chanson l’est) mais je l’aime bien. La chanson parle de l’influence plus physique et industrielle sur la ville, que ce soit le chemin de fer ou l’industrie lourde et la production industrielle qui l’a vu prospérer à la fin du XIXème et au début du XXème siècle.

Voici le clip réalisé par Jordan Martin de Double Vision :

“Utilisant les Archives Prelinger, nous nous sommes procurés des images de cette période. Vous y verrez des choses extraites de Symphonie d’une grande ville de Ruttmann et de Master Hands de la Jam Handy Organisation. Un montage vraiment marrant, créant une énergie qui pousse le morceau vers l’avant, employant des images d’énormes machines complexes de la révolution industrielle”.

Le groupe jouera également son unique showcase annoncé pour l’instant à Pryzm en grande banlieue de Londres, à Kingston, en partenariat avec le disquaire Banquet Records, lundi prochain, le 27 septembre. Les billets sont disponibles ici si vous avez la chance de pouvoir y aller.

Banquet propose également des CD et vinyles noirs signés personnellement par le groupe ici. Quant à Rough Trade et Resident Music, disquaires respectivement à Londres et Brighton, ils proposent les vinyles oranges marbrés de noir avec des photos dédicacées par le groupe ici et ici.

Malheureusement, suite à des problèmes techniques, la sortie de l’édition deluxe (vinyle blanc, CD, CD bonus de démos, livret de photos exclusives par Andrew MacColl) est retardée au 6 octobre.

Et pour finir, le groupe tiendra une Twitter’s Listening Party pour l’album dimanche 26 septembre à 13h heure française. Le principe ? À l’heure dite, appuyez sur lecture sur le lecteur musical de votre choix (platine vinyle, lecteur CD, plateformes de streaming, MP3, etc.) et suivez le hashtag #timstwitterlisteningparty pour lire ce que le groupe a à dire à propos de chaque morceau (si c’est du même niveau que les quatre précédentes, ce sera excellent !).

BRIGHT MAGIC

Date de sortie : 24 septembre 2021

Formats : CD, vinyle noir standard, vinyle marbré orange/noire édition limitée, vinyle blanc édition très limitée avec CD, CD de démos et livre de photos exclusif, téléchargement

Morceaux :

  1. Der Sumpf (Sinfonie der Großstadt) | Instrumentale
  2. Im Licht | Instrumentale
  3. Der Rhythmus der Maschinen | avec Blixa Bargeld
  4. People, Let’s Dance | avec EERA
  5. Blue Heaven | avec Andreya Casablanca
  6. Gib mir das Licht | avec EERA
  7. The Visitor
  8. Lichtspiel I: Opus
  9. Lichtspiel II: Schwarz Weiss Grau
  10. Lichtspiel III: Symphonie Diagonale | Instrumentale
  11. Ich und die Stadt | avec Nina Hoss

Album en trois parties (“Building A City / Building A Myth / Bright Magic”), le quatrième album de Public Service Broadcasting est leur projet le plus ambitieux à ce jour, vous emmenant au cœur de la capitale de facto de l’Europe, la métropole culturelle et politique qu’est la Hauptstadt de la République Fédérale d’Allemagne – Berlin.

Bien que l’utilisation par PSB des sons électroniques et le rock à guitare déferlant restent familier, Bright Magic utilise les samples, et la langue anglaise, avec parcimonie. Il diffère de leurs albums précédents à bien d’autres égards : moins linéaire et narratif, à la place c’est un portrait impressionniste d’une ville à partir de rien. Un moment en quelque sorte eurêka est arrivé en novembre 2018 quand Willgoose a entendu l’œuvre sur pellicule radicale berlinois Wochenende (en anglais : Weekend), qui est samplée sur trois morceaux de Bright Magic. Créée en 1928, l’œuvre présentait une évocation sonore de la ville grâce à une succession de collages sonores, de paroles, d’enregistrements de terrain et de musique. Décide à intégrer ces fragments longtemps perdus à des sources sonores nouvellement manipulées, il s’est mis à créer son propre Wochenende, drame narratif pour les oreilles qui décode et réalise les rêves de Berlin qu’il s’était construit dans son esprit.

J. Willgoose, Esq. a dit : “J’ai commencé à avoir une impression quant à où le titre de Bright Magic voulait m’emmener, vers des idées d’illumination et d’inspiration, d’électricité et d’éclairs de lumières et de couleurs et de sons (un code couleurs finira par être attribué à tous les morceaux). Je l’ai envoyé au reste du groupe, et j’ai dit, Je sais que ça va changer, mais on verra comment la ville va colorier ça”.

“Faire cela semblait inévitable, en quelque sorte”, songe-t-il. “Dans ma tête, cela ronronnait et pulsait depuis longtemps, avant même Every Valley – cet endroit fascinant, contrariant, séduisant. Je savais que l’album allait parler de la ville, et de son histoire et de ses mythes, et que j’allais m’y installer. Alors c’est une histoire assez personnelle. C’est devenu un album à propos de s’installer à Berlin pour écrire un album à propos de personnes qui s’installent à Berlin pour écrire un album…”.

Willgoose s’est installé à Berlin entre avril 2019 et janvier 2020. Combinant l’archéologie sonore et la flânerie du psychogéographe, une poursuite de l’énergie de la ville a impliqué Willgoose à marcher dans la Leipzigstrasse, site du premier lampadaire électrique de la ville, utilisant un récepteur électromagnétique à large bande des Soma Laboratories de Moscou. “J’ai remonté et descendu la rue en enregistrant des courants électriques et des interférences”, explique-t-il en riant. “On peut entendre quelques-uns de ces petits bourdonnements de fréquence, ces clics et impulsions sur Im Licht (chanson inspirée en partie par les fabricants novateurs d’ampoules AEG et Siemens). C’est ce que j’essayais de faire au sens plus large, je suppose – capture ces toutes petites impulsions qu’on ressent quand on marche dans une ville”.

Il a écrit et enregistré dans le célèbre complexe d’enregistrement de Kreuzberg, Hansa Tonstudio. Cela a rapproché plusieurs références musicales inévitables : le triumvirat classique des années 1980 de Depeche Mode, Achtung Baby de U2 et, surtout, “Heroes” et Low de Bowie. “Toute la forme et la structure du disque est beaucoup redevable à Low, déclare Willgoose. En effet, sur le morceau qui évoque Warszawa, The Visitor – dont la couleur désignée est l’orange particulier de la pochette de l’album – était prévu à la base un sample de Bowie réfléchissant, selon Willgoose, sur “la manière dont il se voyait comme vaisseau qui synthétisait et réfractait d’autres influences, et qui présentait des influences avant-gardistes au mainstream. On a essayé d’absorber une partie de cet esprit”.

Aux côtés de EERA, qu’on entend sur le premier extrait de l’album, les autres voix invitées sur l’album incluent Blixa Bargeld, vétérant des Bad Seeds et de Einstürzende Neubauten, qui devient la voix de l’industrie berlinoise sur la robotique Der Rhythmus der Maschinen. Andreya Casablanca du groupe garage de Berlin, Gurr, remplace Marlene Dietrich sur Blue Heaven, hymne d’auto-détermination.

Disque très pro-européen, Bright Magic ne parle finalement pas que d’une ville, mais de tous les centres d’interaction humaine et de communauté qui permettent le libre-échange et l’hybridation des idées.


“Berlin est une ville de mythe, de légende, et de manipulation délibérée de l’histoire”

— Alexandra Richie, Faust’s Metropolis

On retrouve des mythes partout à Berlin : ceux de la création de la ville, ses habitants, son histoire à la fois dans les bons et mauvais moments. Faire la différence entre les images qu’elle choisit de présenter d’elle-même et son histoire souvent sans intérêt peut exiger un effort conscient. C’est à la fois une ville qui a été au cœur d’empires, de conflits et de superpuissances pan-continentales, “fondée” en 1237 et retenue à divers moments comme l’incarnation de valeurs germaniques d’une sorte ou d’une autre, et, également, une ville qui a émergé de façon quelconque des marais et marécages environnants (brl en slave) et qui porte toujours de nombreux noms de lieux dérivés du slave qui reflètent sa véritable genèse. Berlin et sa population ont été utilisées, maltraitées, pratiquement complètement détruites ; témoins de moments immensément créatifs et d’une partie des heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité. Pour la majeure partie des cent dernières années, elle a semblé être une force quasi magnétique, attirant les gens de tout le continent et au-delà – des papillons de nuit vers une flamme, comme le dit Ich bin von Kopf bis Fuss de Marlene Dietrich.

D’un point de vue personnel, Berlin m’a toujours captivé, et je me suis installé dans la ville pour commencer à écrire ce disque en 2019. En essayant de répondre à l’inévitable question “Pourquoi Berlin ?”, je me suis rendu compte que j’avais créé une version de la ville qui était la mienne, en partie fiction, réalité et illusion. Comme l’écrit Rory MacLean dans son fantastique livre Berlin: Imagine A City :

Toutes nos histoires – personnelles, collectives – deviennent des reconstructions imaginatives, les histoires en perpétuel changement vers lesquelles nous nous tournons pour comprendre la course chaotique de nouveaux événements.

Je suis d’accord sur le fait que, effectivement, nous construisons et reconstruisons avec imagination les lieux qui nous fascinent. Ernst Bloch a écrit que “tous ne sont pas présents dans le même temps présent” ; j’affirmerais de manière similaire que tous ne sont pas présents au même endroit. Nous choisissons des aspects de l’histoire d’un lieu ou de son peuple qui nous captive. Nous construisons nos propres cartes, déformant la géographie d’une ville par notre perception et notre expérience, tout comme la Naked City de Guy Debord. Nous approuvons les histoires d’un lieu de triomphe et de souffrance, d’inspiration et de lutte, d’héroïsme et de mal. Berlin ne manque pas de matière dans ces domaines.

Le titre de ce disque m’est venu avant toute musique ou n’importe quoi, ce qui est inhabituel, pour l’un de nos albums. Heitere Magie (“Magie lumineuse”) de Alfred Döblin est sorti dans une nouvelle traduction en anglais (Bright Magic and other stories) ; le nom m’a immédiatement saisi, et ne voulait me quitter. J’ai éliminé les idées de chanson les plus évidentes à propos de la Stasi, du Mur, du Pont aérien, des Nazis et je me suis forcé à la place à me tourner vers l’illumination, l’inspiration et de l’imagination. Berlin ne manque pas non plus de matière dans aucun de ces domaines.

La ville en est arrivée à agir comme un prisme pour moi, réfractant mes intérêts et ma recherche au travers sa construction unique, les angles irréguliers de son histoire séparant le “rayon blanc inspirant” de créativité de Kandinsky en des centaines de couleurs et de nuances. La couleur est devenue une telle partie importante du disques – je n’ai pas de synesthésie, mais l’écriture de cet album doit être le moment où je m’y suis rapproché le plus. Tandis que chaque chanson venait à l’esprit, un concert éclairé de la même façon était sous les feux de la rampe (sans mauvais jeu de mots) dans mon imagination, les verts et les bruns de Der Sumpf (le marais) cédant la place à l’éclair d’un blanc éblouissant de Im Licht (Dans la lumière), se transformant en nuances grises dorées teintées de Metropolis de Der Rhythmus der Maschinen (le Rythme des machines) et continuant ainsi de suite tout au long du disque.

Bright Magic est structuré en trois parties et quelque dans ma tête. La première partie du disque parle de la construction de la ville, sur le plan à la fois métaphorique et littéral. Sur Der Sumpf, les sons glauques et les chants d’oiseaux de l’île aux paons cèdent la place à un thème récurrent inspiré par la musique composée par Meisel pour Berlin, symphonie d’une grande ville de Ruttmann. De là, un saut soudain et brusque à la 2001 vers le début du XXème siècle et une explosion de lumière et son (sound and vision, si vous voulez), étant donné que Im Licht rappelle l’exploration éponyme qui n’économisait aucun lumen en octobre 1928 et la période où les Berlinois nommaient leur ville la “Ville de lumière”. Siemens et AEG tenaient deux brevets différents de l’ampoule et fabriquaient la majeure partie de la réserve de l’Europe ; mais la modeste ampoule a également servi, depuis son début, comme peut-être l’image la plus puissante d’imagination et d’étincelle créative. La ville comme catalyseur, toile – un éclair éblouissant d’inspiration et d’illumination simultanées.

Les sons contemporains de Berlin au temps de la République de Weimar, comme on peut l’entendre sur Wochenende de Ruttmann, composent la bande sonore de Der Rhythmus der Maschinen, combinaison à la fois d’un examen plus littéral des forces qui ont fait la ville et du film de science-fiction visionnaire que Fritz Lang a réalisé à Berlin, Metropolis. La prolifération du chemin de fer et des industries lourdes de toutes sortes à la fin du XIXème siècle “a placé Berlin au cœur de l’Europe” (Richie), et le train en particulier continue d’être à la fois une machine performante merveilleusement prosaïque et un stimulus créatif à la puissance unique. Comme l’écrivain Samuel Lublinski l’a dit, “nos locomotives qui avancent dans un nuage de vapeur, nos machines agitées qui martèlent, notre prouesse technique et notre science – c’est là où nous trouvons la vérité”.

Les gens construisent un endroit autant que briques, acier et mortier, cependant, et ce qui dresse le décor pour la deuxième partie de l’album, qui se focalise sur certains mythes qui ont formé mon interprétation de la ville. La scène des clubs de Berlin et l’énergie, la possibilité et la permissibilité qu’elle représente (People, Let’s Dance) est une telle partie clé de son identité que lui rendre hommage (via People Are People de Depeche Mode) semblait quasiment obligatoire. Marlene Dietrich (Blue Heaven), maîtresse du mythe qui s’est fait tout seul et forte tête unique, réussit à incarner l’air séducteur, androgyne et rebelle de Berlin, son identité seulement visible au travers les primes jumeaux de la ville et de sa personnalité déterminée. Anita Berber (Gib mir das LichtDonne-moi la lumière) est peut-être le symbole parfait de la République de Weimar, baignée à jamais dans la lueur rouge du portrait de Otto Dix. Son charme a malheureusement été vaincu par un mélange enivrant de cocaïne, morphine, alcool et opium ; son mythe pratiquement évaporé, le symbole ultime, comme l’écrit Richie, de la dissolution du “rêve chatoyant” de la République de Weimar.

Et je n’aurais pas fait ce disque sans écouter Low de Bowie (The Visitor) à l’âge impressionnable de 23 ans. S’il n’y a jamais eu de maître du mythe autodidacte et autoperpétué, c’était Bowie ; il avait même compris que le mythe avait besoin d’une actualisation constante, et dans certains cas, d’une modification radicale afin que l’artiste puisse le contrôler et y survivre. Combinant son talent auto-proclamé pour “synthétiser [la pensée originale] dans la société, ou la culture… Réfracter ses choses” avec l’atmosphère puissante de Berlin dans les années 1970 aurait redéfini les deux entités de manières profondes et durables. Peu importe la fabrication de mythes de la vérité (ou pas) de son inspiration pour “Heroes”, ou le fait que la majeure partie de sa trilogie berlinoise ait été écrite et enregistrée en Suisse et en France – lui et la ville sont liés à jamais.

L’ombre de la face B de Low plane énormément au-dessus de la troisième partie de l’album, dans laquelle la magie lumineuse du début du cinéma abstrait et expressionniste novateur – la majeure partie produit, ou dévoilé, à Berlin – est sur le devant de la scène. La tournée européenne à la fin de l’année 2018 nous a amenés à Berlin à, convenablement, un rare jour de repos. Armé seulement du titre Bright Magic et d’un sens de la curiosité, je suis allé à l’exposition du Novembergruppe à la Galerie berlinoise. La seconde où j’ai vu ces magnifiques films expressionnistes décrits comme de la “musique pour les yeux”, de la “peinture avec le temps” et du “rythme optique”, j’ai eu mon propre moment ampoule au-dessus de la tête et quasiment toute la deuxième moitié de l’album s’est mis en place. Les films de Ruttmann, Moholy-Nagy et Eggeling y sont référencés, mais la prolifération de l’idée du Lichtspiel (littéralement : jeu de lumière) était telle que de nombreux autres auraient pu être rajoutés.

Ruttmann était un véritable pionnier, au travers ses techniques cinématographiques remarquables utilisées à la fois dans son œuvre réaliste et expressionniste, et sa production du premier film de “collage audio” au monde, Wochenende, pour la radio berlinoise à la fin des années 1920. À la différence de toutes les autres personnalités pré-seconde guerre monde qui apparaissent sur cet album, dont une grande partie a quitté ou a été expulsées d’Allemagne par la menace imminente du national-socialisme (Moholy-Nagy, Tucholsky, Dietrich et Döblin sont tous partis pour faire face à leur propre forme unique d’exil, aux côtés de pratiquement tout le mouvement Bauhaus), Ruttmann restera et – au grand dommage de sa réputation personnelle – travaillera avec Riefenstahl sur le Triomphe de la volonté. Cela semble être un triste tournant à l’ironie noire qu’un membre du Novembergruppe, un pionnier d’exactement la sorte d’art osé et expressionniste que Goebbels aurait sans aucun doute inclus dans son exposition sur l’Art Dégénéré, ait pu se permettre de devenir un collaborateur. Il n’a pas été seul dans cela, malheureusement, et nous ne pouvons qu’espérer que, si nous avions été dans les mêmes circonstances, nous aurions été assez courageux pour résister.

Bien que Ruttmann soit mort durant la guerre, son art du début continue de vivre et, j’avancerais, n’a rien perdu de sa puissance, de sa beauté et de son originalité. Comme Orwell l’a écrit (à propos de Dali) : “L’un n’invalide pas ni, d’une certaine manière, nuit à l’autre”.

Lichtspiel: Schwarz Weiss Grau (Jeu de lumière : noir-blanc-gris) de Moholy-Nagy, qui utilise beaucoup son invention personnelle du Modulateur espace-lumière, est le deuxième film traité ici. La lumière du film chatoyante, réfléchissante et en changement continu est conçue pour être réfléchie dans la musique, tout comme le côté lugubre et plaintif de Symphonie Diagonale de Eggeling est la troisième œuvre. Tous les trois films sont des œuvres remarquables et révolutionnaires qui incarnent pour moi l’idée de la magie lumineuse.

Ich und die Stadt (littéralement “Moi et la ville”) est la partie “et quelque” à la fin de l’album et plus une réflexion personnelle à la fin de mon séjour à Berlin. Les paroles sont tirées d’un poème de Kurt Tucholsky Augen in der Großstadt (“Les yeux dans la ville”). Tucholsky – dont les œuvres, je pense, sont ma découverte préférée de tout ce processus – écrit avec un mélange d’humour berlinois désabusé et une véritable intensité alors qu’il décrit les rencontres accidentelles que la ville dans la ville a produit, évoquant une série d’images et de liens devant nos yeux avant que, en un éclair, tout est “vorbei, verweht, nie wieder” (“fini, disparu, plus jamais”). C’était à peu près la même chose lors de mon moment passé en Allemagne – des collisions et des interactions aléatoires, des éclairs d’inspiration qui vont et qui viennent apparemment en un instant.

Le titre du morceau vient de l’étonnant tableau éponyme qu’a peint Ludwig Meidner en 1913, fusion glorieuse, tapageuse et terrifiante de la ville et du protagoniste qui m’a particulièrement touché, étant donné la nature de l’album que j’essayais d’écrire. Comme Tobias Rüther l’écrit avec justesse à propos du tableau dans son livre sur Bowie et Berlin, “la ville est le moyen”. Selon moi, c’est la même chose avec cet album.

Les lumières se sont éteintes à Berlin à de nombreuses reprises au cours de sa vie turbulente, plongeant la ville, sa population est – durant la seconde guerre mondiale – la majeure partie du monde dans une obscurité insondable. De nombreuses de ces histoires sont racontées ailleurs, de manière plus complète et apparemment plus respectueuse que je n’espèrerais atteindre avec notre musique. Ce disque ne parle pas de ces périodes sombres, comme ce n’était pas ce que la ville représente pour moi de manière la plus puissante et séduisante. Il parle des moments où Berlin a projeté sa magie lumineuse et enflammé dans des esprits créatifs, attirés du monde entier, des idées, de l’énergie et de l’inspiration.

Mon allemand n’est pas génial mais il y a une phrase qui s’est formée plus parfaitement dans ma tête en allemand qu’en anglais : ich kann nicht eine Geschichte über Berlin schreiben ; ich muss meine Geschichte über Berlin schreiben (je ne peux écrire une histoire de Berlin ; je dois écrire la mienne).

Ce disque est mon histoire de Berlin.

J. Willgoose, Esq.
Mars 2021, Londres

Blue Heaven < Discographie

Nouvel extrait de Bright Magic en écoute !

À un peu plus de trois semaines avant la sortie de Bright Magic, le groupe nous propose un troisième extrait radicalement différent des deux premiers singles déjà sortis.

Il s’agit du titre Lichtspiel III: Symphonie Diagonale, basé sur le fim Symphonie Diagonale de Viking Eggeling, qui a été dévoilé à Berlin en 1925 dans le cadre de l’exposition avant-gardiste Dear Absolute Film.

Selon J, “Tous ces films (les trois morceaux Lichtspiel que nous avons écrits pour l’album) sont des œuvres remarquables et révolutionnaires qui incarnent pour moi l’idée de la magie lumineuse, mais je pense que Symphonie Diagonale de Viking Eggeling est mon préféré des trois. Le morceau est une douce plainte au piano et au synthé pour refléter ce que je voyais comme un film lugubre et élégiaque. Le son est grandement influencé par Vangelis – les motifs et la lumière de l’œuvre d’Eggeling me rappelle les incroyables décors de Blade Runner (par exemple le célèbre balcon de Frank Lloyd Wright et les néons) et il y a vraiment un fil rouge qui va du Metropolis de Fritz Lang au film de Ridley Scott”.

J a ré-édité le film de Eggeling comme clip du morceau (par ailleurs, nous savons désormais d’où provient le nouveau logo du groupe) :

BLUE HEAVEN | Single

Date de sortie : 2 août 2021

Formats : Téléchargement et streaming

Morceaux :

Deuxième single de Bright Magic, Blue Heaven fait partie, tout comme son prédécesseur, de la deuxième partie de l’album, “Building A Myth”.

La chanson est inspirée par, et parle de, Marlene Dietrich, et en particulier de son lien avec Berlin. Andreya Casablanca du groupe berlinois Gurr donne sa voix et J et elle ont tous les deux écrit les paroles et la musique en 2019 et 2020.

Le titre est tiré du standard du jazz My Blue Heaven, chanson que Dietrich a interprétée et qui lui a permis de rêver de s’installer en Amérique. Blue Heaven comprend également son célèbre refrain “Ich hab noch einen Koffer in Berlin” (“J’ai toujours une valise à Berlin”). En même temps, la couleur bleue du titre se réfère à son rôle majeur et émergeant dans l’Ange bleu, le film qui l’a catapultée star dans le monde entier.

Le single est accompagné par un clip réalisé par Alex Southam dans lequel apparaît l’artiste multi-disciplinaire allemand Celine Fortenbacher :

People, Let’s Dance < DiscographieBright Magic

PEOPLE, LET’S DANCE | Single

Date de sortie : 2 juin 2021

Formats : Téléchargement et streaming

Morceaux :

Après la Bataille de Grande-Bretagne, le sommet du Mont Everest, les confins de l’espace, le monde sous-terrain des mines au Pays de Galles et le naufrage du Titanic, le groupe nous emmène désormais à Berlin avec en premier extrait de l’album Bright Magic un ode aux clubs pour lesquels la capitale allemande est renommée.

Le single comprend la participation vocale de l’artiste norvégienne basée à Berlin EERA et est accompagné d’un clip riche en couleurs avec des patineuses à roulettes sur un fond urbain réalisé par Chloe Hayward.

Incorporant un riff de People Are People par Depeche Mode et tirant son titre d’un chapitre de l’excellent livre Berlin: Imagine A City par Rory MacLean, le morceau ouvre la deuxième partie de l’album, qui voit la schène changer en un environnement de club en weekend de trois jours et un aspect de Berlin en tant que zone libre établie depuis longtemps du plaisir, de l’art et de l’expression.

White Star Liner EP < DiscographieBlue Heaven

La “Magie lumineuse” en détails

Le 24 septembre prochain sortira le tant attendu quatrième album de Public Service Broadcasting, intitulé Bright Magic.

Idée personnelle de J Willgoose, Esq., il a été entièrement écrit et enregistré aux studios Hansa à Berlin (berceau d’albums cultes de Depeche Mode, Achtung Baby de U2 et bien sûr Low de David Bowie), ville dans laquelle J s’est installé pendant quelques mois.

Les précommandes sont déjà ouvertes ici. Divers formats sont proposés, du téléchargement MP3, au CD, aux vinyles de différentes couleurs (une édition noire avec lithographie dédicacée est disponible chez Record Store).

  1. Der Sumpf (Sinfonie der Grossstadt) 
  2. Im Licht
  3. Der Rhythmus der Maschinen (feat. Blixa Bargeld) 
  4. People, Let’s Dance (feat. EERA)
  5. Blue Heaven (feat. Andreya Casablanca) 
  6. Gib mir das Licht (feat. EERA)
  7. The Visitor
  8. Lichtspiel I: Opus
  9. Lichtspiel II: Schwarz Weiss Grau
  10. Lichtspiel III: Symphonie Diagonale
  11. Ich und die Stadt (feat. Nina Hoss)

Le titre de l’album tient son nom du titre anglophone d’un recueil de nouvelles d’Alfred Döblin. L’album est séparé en trois parties, intitulées “Building A City” (la construction d’une ville), “Building A Myth” (la construction d’un mythe) et Bright Magic (Magie lumineuse), et comprend des featurings de Blixa Bargeld, Andreya Casablanca, Nina Hoss and EERA.

Cette dernière apparaît sur le premier single extrait de l’album, People, Let’s Dance. Ce titre est tiré d’un chapitre du livre Berlin: Imagine A City de Rory MacLean, et incorpore un riff d’un classique enregistré à Hansa, People Are People de Depeche Mode. Le morceau ouvre la deuxième partie de l’album, qui dévoile un changement de scène vers un environnement de club pendant les trois jours du weekend et un aspect de Berlin comme zone établie depuis longtemps où le plaisir, l’art et l’expression vivent en toute liberté.

Le groupe tournera au Royaume-Uni cet automne :

24 octobre 2021 : Great Hall, Cardiff
25 octobre 2021 : Dome, Brighton
26 octobre 2021 : O2 Academy, Bristol
27 octobre 2021 : Great Hall, Exeter
28 octobre 2021 : O2 Guildhall, Southampton
30 octobre 2021 : Friars Waterside, Aylesbury
31 octobre 2021 : O2 Institute, Birmingham
1er novembre 2021 : O2 Academy, Leeds
2 novembre 2021 : Venue Cymru, Llandudno
4 novembre 2021 : O2 Apollo, Manchester
5 novembre 2021 : O2 City Hall, Newcastle
6 novembre 2021 : Music Hall, Aberdeen
7 novembre 2021 : Barrowlands, Glasgow
9 novembre 2021 : Rock City, Nottingham
10 novembre 2021 : O2 Academy Brixton, Londres
11 novembre 2021 : Corn Exchange, Cambridge

Sortez vos souliers rouges, ça guinche à Berlin !

Le nouveau single du groupe et premier extrait du quatrième album, People, Let’s Dance, a été dévoilé chez Steve Lamacq sur BBC6Music, vous pouvez l’écouter ici :

Le quatrième album s’appelle Bright Magic et sortira le 24 septembre chez PiaS !

  1. Der Sumpf (Sinfonie der Großstadt)
  2. Im Licht
  3. Der Rhythmus der Maschinen
  4. People, Let’s Dance
  5. Blue Heaven
  6. Gib mir das Licht
  7. The Visitor
  8. Lichtspiel I: Opus
  9. Lichtspiel II: Schwarz Weiss Grau
  10. Lichtspiel III: Symphonie Diagonale
  11. Ich und die Stadt

Bright Magic est nommé d’après le titre anglophone éponyme d’un recueil de nouvelles écrites à Alfred Döblin. L’album traite principalement de Berlin comme un endroit qui attire les personnes créatives et la créativité et la ville comme une toile ou un prisme qui réfracte les idées et les propagent de nouvelles manières intéressantes. Comme avec tous les disques de PSB, il y a eu une recherche approfondie du sujet et un niveau méticuleux de détail. L’album a été écrit et enregistré entièrement aux Studios Hansa à Berlin où le groupe s’est installé pendant six mois. Hansa est un studio de renommée mondiale où sont nés des albums classiques de David Bowie, Iggy Pop et Depeche Mode. La pochette a été conçue par l’artiste berlinois Torsten Posselt, qui travaille depuis de longues années avec le label Erased Tapes et a conçu des pochettes pour des gens comme Nils Frahm, Olafur Arnalds, Kiasmos and Rival Consoles entre autres.