Après The Race For Space aux Proms de 2019, Public Service Broadcasting ont été commissionnés pour créer une œuvre de la durée d’un album pour marquer le centenaire de la BBC. Le guitariste J, Willgoose, Esq. présente la réponse du groupe à ce défi unique.
Qu’il nous ait été demandé d’écrire un morceau spécial pour la consécration du centenaire de la BBC est à la fois un immense honneur et immensément intimidant – non seulement l’écrire mais l’interpréter avec un groupe de musiciens aussi talentueux que le BBC Symphony Orchestra sous la direction du chef d’orchestre Jules Buckley au Royal Albert Hall. En tant que groupe, PSB a souvent abordé de grands sujets auparavant, mais il y a quelque chose de remarquablement intimidant dans essayer de refléter, sous forme musicale, toute l’histoire et l’influence qu’a la BBC sur son propre pays et le monde. La question de où commencer est souvent la plus difficile à surmonter.
Dans le cas de This New Noise, cette question est également devenue la réponse, à sa façon. Cela semble évident, mais : commencer au début. Comment est née la BBC ? Pourquoi ? Qu’est-ce que ses créateurs et dirigeants originaux, directeurs et têtes pensantes créatives pensaient qu’elle était, et ce qu’elle allait devenir ? Comment ses nombreuses innovations technologiques et pratiques allaient changer le cours de l’histoire du pays ? Comment la BBC est devenue, dans les termes du livre de Charlotte Higgins, dont nous avons très admirablement emprunté le titre, “la plus grande institution culturelle que notre nation n’a jamais connue” ?
Selon moi, la plus grande réponse à la première de ces questions (et une qui pourrait décevoir tout spectateur des Proms qui espérait une sorte de “best of des génériques télévisés de la BBC”), c’est la plus extraordinaire des inventions : la radio. Il est facile d’oublier de nos jours combien ces systèmes ont dû sembler mystiques. Pour le prix d’un appareil et d’une modeste redevance annuelle, une nouvelle machine entrait dans votre monde ; allumez la et des voix humaines, de la musique et le miracle du son se manifestaient tout à coup dans votre foyer, transportés par l’éther. C’est ainsi que commence notre concert ce soir : Ripples in the Ether (Towards the Infinite) (“Des ondulations dans l’éther (vers l’infini)”) est une tentative de nous rappeler tous du truc magique simple d’apparence mais qui a changé le monde de la diffusion et la réception des ondes radio, comprenant une recréation de la première transmission faite au nom de la BBC, par la station 2LO, à Londres.
Puis nous nous lançons dans la grandiloquence du morceau éponyme, This New Noise (“Ce nouveau bruit”), tentative de recréer musicalement le chaos, la confusion et l’opportunité des premiers jours de la radiodiffusion, comprenant une partie des réflexions de John Reith, le premier directeur général de la BBC, et de J.H. Whitley, président du conseil d’administration à partir de 1930, sur l’objectif et le devoir de la radio diffusion en tant qu’idée et idéologie.
Reith est une figure imposante de l’histoire de la BBC (et ainsi de cette nation), et le troisième morceau, An Unusual Man (“Un homme inhabituel”), cherche à représenter le genre de personne qu’il était et les talents qu’il possédait et a exercé sur la Company (plus tard Corporation) naissante. La BBC, à ce jour, a un air de ferveur idéologique dans sa mission et son objectif, et l’enfance de Reith en tant que fils d’un pasteur presbytérien à Glasgow, associée à ses qualités uniques décrites dans ce morceau, signifiait qu’il a contribué à façonner la BBC plus que n’importe quelle autre personne de son histoire. Il n’a été là que pendant 16 ans mais son influence et son opinion ont resonné dans les couloirs de Broadcasting House des décennies plus tard.
La BBC de Reith a probablement fait plus pour unifier le pays (et, plus tard, l’Empire) que n’importe quelle institution du XXème siècle.
L’ouverture de l’émetteur à Daventry en 1927 a permis aux auditeurs de toute la nation d’entendre la même radiodiffusion pour la première fois en simultané. Il a également, selon les conditions atmosphériques, attiré des auditeurs de bien plus loin. Seth Lakeman est invité sur le quatrième morceau, A Cello Sings In Daventry (“Un violoncelle chante à Daventry”), comprenant la poésie traduite du poète allemand Robert Seitz, qui a écouté les premières radiodiffusions depuis Berlin et s’est retrouvé assez ému pour écrire ces beaux mots.
Dans le cinquième morceau, Broadcasting House, nous sommes emmenés dans une visite guidée de vénérable “temple des arts et des muses”, offerte par le film de la GPO de 1935 BBC: The Voice of Britain. Le fonctionnement interne de ce bâtiment des plus innovants et augustes, le cœur de la Corporation à ce jour, est révélé via le film de Stuart Legg, ainsi qu’un documentaire radio du début des années 1930.
La Corporation avait le temps et les ressources importants avec lesquels tenter de surmonter la majeure partie des difficultés techniques et technologiques auxquelles elle a fait face. Les microphones à ruban importés à prix élevé étaient une de ces difficultés : l’ampleur de la BBC était telle qu’elle a simplement conçu, produit et par la suite vendu son propre microphone Type A et d’innombrables autres innovations. Dans The Microphone (The Fleet is Lit Up) (“Le microphone (La flotte est allumée)”), les observations amusantes de George Bernard Shaw sur le pouvoir du microphone sont un clin d’œil à l’influence de la BBC dans ce domaine ; et, ayant été averti des dangers de boire un verre avant de se lancer sur les ondes, il fallait out simplement revenir sur l’un de nos plus vieux morceaux, de 1937, (Lit Up), et le commentaire glorieusement, et par occasions profondément, ivre du Lieutenant Commander Thomas Woodrooffe.
L’avant-dernier morceau, A Candle Which Will Not Be Put Out (“Une flamme qui ne sera pas éteinte”), cherche à aborder les directions uniques sur lesquelles la BBC a été fondée, avec une profonde emphase sur le service public et un désaveu de l’influence commerciale sur les droites et devoirs quasiment sacrés dont la BBC a assumé la responsabilité. Sa déclaration de mission, rapportée ici par des sommités telles que Sir Ian Jacob (DG, 1952-9), Basil Binyon (l’un des premiers directeurs de la Company), Sir William Haley (DG, 1944-52) et Reith lui-même, ne pouvait s’éloigner autant de l’allocution notoire de James Murdoch au festival international de la télévision d’Édimbourg plus de 70 ans plus tard : “le seul garant fiable, durable et perpétuel de l’indépendance est le profit”, nous informait-il en 2009.
Ayant tenté de décrire certains de ce que je considère comme les moments et développements clés du début de l’histoire de la BBC, nous tournons notre attention dans le dernier morceau de la soirée vers les événements à venir. What of the Future? (In Touch with the Infinite) (“Et l’avenir ? (En contact avec l’infini)”) sont les titres, respectivement, du dernier chapitre du livre de 1924 de Arthur Burrow The Story of Broadcasting et Broadcasting Over Britain de Reith. C’est, d’après moi, un fait simple et incontestable que si la BBC continue à être réduite – potentiellement jusqu’à ce qu’elle expire – il y aura de nombreux domaines qu’elle couvre, et les fonctions que cela fournit, disparaîtra tout simplement. Aucune organisation privée, motivée par juste le profit, ne financerait la saison des Proms ; ni Radio 3, ni 4, ni 6Music (sans le soutien de laquelle notre groupe n’existerait pas) ; ni les divers orchestres de la BBC (dont celui qui joue avec autant de dextérité ce soir) ; ni aucun des multiples services commercialement rebutants mais vitaux sur le plan culturel que nous fournit la BBC au quotidien pour ce qui – comparé à d’autres appareils de distribution grandement loués – revient à une bagatelle. Cela laissera un vide, il n’y aura plus d’ondulations dans l’éther, plus de tentatives tournées vers le public d’améliorer l’éducation et l’expérience (et cohésion) de ce pays. Il y aura tout simplement une scène vide, et peut-être que là l’ampleur de l’influence et l’importance de la BBC se verront ressentir si elle disparaît véritablement.
J’aimerais dédier This New Noise à la mémoire de mon amie Rebecca Teulet et sa famille, dont j’espère certains membres seront dans le public ce soir. Rebecca a travaillé pour la BBC et croyait passionnément en sa mission et son objectif, même si elle était par occasions frustrée par la manière dont elle fonctionnait. J’espère que notre concert est un hommage approprié à sa vie. Elle nous manque beaucoup.
Late Night final est le projet parallèle de J. Willgoose, Esq. de Public Service Broadcasting.
En tant qu’une des nombreuses conséquences de la pandémie de 2020 et du confinement qui s’en est ensuit, Willgoose s’est retrouvé avec du temps à tuer. Avec les sessions d’enregistrement du quatrième album de PSB retardées, et tout le matériel du groupe bloqué dans un autre pays, il a bricolé avec de vieux synthés, des séquenceurs et des pédales et s’est mis à créer quelque chose de nouveau. Conçus à l’origine comme une expérience en musique ambiante, les enregistrements se sont développés en quelque chose de plus excessif culminant en un nouveau corps entier d’œuvre sous la forme d’un LP 4 pistes sous le pseudonyme Late Night Final.
Avec des clins d’œil à des artistes comme Vangelis, Tangerine Dream, l’album précurseur de KLF chill Out et des artistes contemporains comme Amulets et Kelly Lee Owens, Late Night Final conserve l’oreille espiègle pour une mélodie de Public Service Broadcasting qui traverse discrètement le paysage sonore cérébral d’une beauté immersive du disque.
Nic Finch a créé des vidéos hypnotiques pour chacun des morceaux de l’album. Thank You tire son nom de l’unique sample présent dessus, celui de la pédale d’effet Chase Bliss’ Blooper.
A Wonderful Hope comprend le seul véritable long sample de l’album, à savoir celui d’une cassette de formation des Témoins de Jéhovah.
The Human Touch, premier extrait de l’album à avoir été dévoilé, inclut la voix de Teddy Hunter.
Quant au dernier morceau, Slow Release, beaucoup plus calme que les autres, il met en valeur les enregistrements de terrain que Willgoose a fait près de chez lui dans le Sud de Londres.
Formats : CD, vinyle noir standard, vinyle marbré orange/noire édition limitée, vinyle blanc édition très limitée avec CD, CD de démos et livre de photos exclusif, téléchargement
Morceaux :
Der Sumpf (Sinfonie der Großstadt) | Instrumentale
Album en trois parties (“Building A City / Building A Myth / Bright Magic”), le quatrième album de Public Service Broadcasting est leur projet le plus ambitieux à ce jour, vous emmenant au cœur de la capitale de facto de l’Europe, la métropole culturelle et politique qu’est la Hauptstadt de la République Fédérale d’Allemagne – Berlin.
Bien que l’utilisation par PSB des sons électroniques et le rock à guitare déferlant restent familier, Bright Magic utilise les samples, et la langue anglaise, avec parcimonie. Il diffère de leurs albums précédents à bien d’autres égards : moins linéaire et narratif, à la place c’est un portrait impressionniste d’une ville à partir de rien. Un moment en quelque sorte eurêka est arrivé en novembre 2018 quand Willgoose a entendu l’œuvre sur pellicule radicale berlinois Wochenende (en anglais : Weekend), qui est samplée sur trois morceaux de Bright Magic. Créée en 1928, l’œuvre présentait une évocation sonore de la ville grâce à une succession de collages sonores, de paroles, d’enregistrements de terrain et de musique. Décide à intégrer ces fragments longtemps perdus à des sources sonores nouvellement manipulées, il s’est mis à créer son propre Wochenende, drame narratif pour les oreilles qui décode et réalise les rêves de Berlin qu’il s’était construit dans son esprit.
J. Willgoose, Esq. a dit : “J’ai commencé à avoir une impression quant à où le titre de Bright Magic voulait m’emmener, vers des idées d’illumination et d’inspiration, d’électricité et d’éclairs de lumières et de couleurs et de sons (un code couleurs finira par être attribué à tous les morceaux). Je l’ai envoyé au reste du groupe, et j’ai dit, Je sais que ça va changer, mais on verra comment la ville va colorier ça”.
“Faire cela semblait inévitable, en quelque sorte”, songe-t-il. “Dans ma tête, cela ronronnait et pulsait depuis longtemps, avant même Every Valley – cet endroit fascinant, contrariant, séduisant. Je savais que l’album allait parler de la ville, et de son histoire et de ses mythes, et que j’allais m’y installer. Alors c’est une histoire assez personnelle. C’est devenu un album à propos de s’installer à Berlin pour écrire un album à propos de personnes qui s’installent à Berlin pour écrire un album…”.
Willgoose s’est installé à Berlin entre avril 2019 et janvier 2020. Combinant l’archéologie sonore et la flânerie du psychogéographe, une poursuite de l’énergie de la ville a impliqué Willgoose à marcher dans la Leipzigstrasse, site du premier lampadaire électrique de la ville, utilisant un récepteur électromagnétique à large bande des Soma Laboratories de Moscou. “J’ai remonté et descendu la rue en enregistrant des courants électriques et des interférences”, explique-t-il en riant. “On peut entendre quelques-uns de ces petits bourdonnements de fréquence, ces clics et impulsions sur Im Licht (chanson inspirée en partie par les fabricants novateurs d’ampoules AEG et Siemens). C’est ce que j’essayais de faire au sens plus large, je suppose – capture ces toutes petites impulsions qu’on ressent quand on marche dans une ville”.
Il a écrit et enregistré dans le célèbre complexe d’enregistrement de Kreuzberg, Hansa Tonstudio. Cela a rapproché plusieurs références musicales inévitables : le triumvirat classique des années 1980 de Depeche Mode, Achtung Baby de U2 et, surtout, “Heroes” et Low de Bowie. “Toute la forme et la structure du disque est beaucoup redevable à Low, déclare Willgoose. En effet, sur le morceau qui évoque Warszawa, The Visitor – dont la couleur désignée est l’orange particulier de la pochette de l’album – était prévu à la base un sample de Bowie réfléchissant, selon Willgoose, sur “la manière dont il se voyait comme vaisseau qui synthétisait et réfractait d’autres influences, et qui présentait des influences avant-gardistes au mainstream. On a essayé d’absorber une partie de cet esprit”.
Aux côtés de EERA, qu’on entend sur le premier extrait de l’album, les autres voix invitées sur l’album incluent Blixa Bargeld, vétérant des Bad Seeds et de Einstürzende Neubauten, qui devient la voix de l’industrie berlinoise sur la robotique Der Rhythmus der Maschinen. Andreya Casablanca du groupe garage de Berlin, Gurr, remplace Marlene Dietrich sur Blue Heaven, hymne d’auto-détermination.
Disque très pro-européen, Bright Magic ne parle finalement pas que d’une ville, mais de tous les centres d’interaction humaine et de communauté qui permettent le libre-échange et l’hybridation des idées.
“Berlin est une ville de mythe, de légende, et de manipulation délibérée de l’histoire”
— Alexandra Richie, Faust’s Metropolis
On retrouve des mythes partout à Berlin : ceux de la création de la ville, ses habitants, son histoire à la fois dans les bons et mauvais moments. Faire la différence entre les images qu’elle choisit de présenter d’elle-même et son histoire souvent sans intérêt peut exiger un effort conscient. C’est à la fois une ville qui a été au cœur d’empires, de conflits et de superpuissances pan-continentales, “fondée” en 1237 et retenue à divers moments comme l’incarnation de valeurs germaniques d’une sorte ou d’une autre, et, également, une ville qui a émergé de façon quelconque des marais et marécages environnants (brl en slave) et qui porte toujours de nombreux noms de lieux dérivés du slave qui reflètent sa véritable genèse. Berlin et sa population ont été utilisées, maltraitées, pratiquement complètement détruites ; témoins de moments immensément créatifs et d’une partie des heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité. Pour la majeure partie des cent dernières années, elle a semblé être une force quasi magnétique, attirant les gens de tout le continent et au-delà – des papillons de nuit vers une flamme, comme le dit Ich bin von Kopf bis Fuss de Marlene Dietrich.
D’un point de vue personnel, Berlin m’a toujours captivé, et je me suis installé dans la ville pour commencer à écrire ce disque en 2019. En essayant de répondre à l’inévitable question “Pourquoi Berlin ?”, je me suis rendu compte que j’avais créé une version de la ville qui était la mienne, en partie fiction, réalité et illusion. Comme l’écrit Rory MacLean dans son fantastique livre Berlin: Imagine A City :
Toutes nos histoires – personnelles, collectives – deviennent des reconstructions imaginatives, les histoires en perpétuel changement vers lesquelles nous nous tournons pour comprendre la course chaotique de nouveaux événements.
Je suis d’accord sur le fait que, effectivement, nous construisons et reconstruisons avec imagination les lieux qui nous fascinent. Ernst Bloch a écrit que “tous ne sont pas présents dans le même temps présent” ; j’affirmerais de manière similaire que tous ne sont pas présents au même endroit. Nous choisissons des aspects de l’histoire d’un lieu ou de son peuple qui nous captive. Nous construisons nos propres cartes, déformant la géographie d’une ville par notre perception et notre expérience, tout comme la Naked City de Guy Debord. Nous approuvons les histoires d’un lieu de triomphe et de souffrance, d’inspiration et de lutte, d’héroïsme et de mal. Berlin ne manque pas de matière dans ces domaines.
Le titre de ce disque m’est venu avant toute musique ou n’importe quoi, ce qui est inhabituel, pour l’un de nos albums. Heitere Magie (“Magie lumineuse”) de Alfred Döblin est sorti dans une nouvelle traduction en anglais (Bright Magic and other stories) ; le nom m’a immédiatement saisi, et ne voulait me quitter. J’ai éliminé les idées de chanson les plus évidentes à propos de la Stasi, du Mur, du Pont aérien, des Nazis et je me suis forcé à la place à me tourner vers l’illumination, l’inspiration et de l’imagination. Berlin ne manque pas non plus de matière dans aucun de ces domaines.
La ville en est arrivée à agir comme un prisme pour moi, réfractant mes intérêts et ma recherche au travers sa construction unique, les angles irréguliers de son histoire séparant le “rayon blanc inspirant” de créativité de Kandinsky en des centaines de couleurs et de nuances. La couleur est devenue une telle partie importante du disques – je n’ai pas de synesthésie, mais l’écriture de cet album doit être le moment où je m’y suis rapproché le plus. Tandis que chaque chanson venait à l’esprit, un concert éclairé de la même façon était sous les feux de la rampe (sans mauvais jeu de mots) dans mon imagination, les verts et les bruns de Der Sumpf (le marais) cédant la place à l’éclair d’un blanc éblouissant de Im Licht (Dans la lumière), se transformant en nuances grises dorées teintées de Metropolis de Der Rhythmus der Maschinen (le Rythme des machines) et continuant ainsi de suite tout au long du disque.
Bright Magic est structuré en trois parties et quelque dans ma tête. La première partie du disque parle de la construction de la ville, sur le plan à la fois métaphorique et littéral. Sur Der Sumpf, les sons glauques et les chants d’oiseaux de l’île aux paons cèdent la place à un thème récurrent inspiré par la musique composée par Meisel pour Berlin, symphonie d’une grande ville de Ruttmann. De là, un saut soudain et brusque à la 2001 vers le début du XXème siècle et une explosion de lumière et son (sound and vision, si vous voulez), étant donné que Im Licht rappelle l’exploration éponyme qui n’économisait aucun lumen en octobre 1928 et la période où les Berlinois nommaient leur ville la “Ville de lumière”. Siemens et AEG tenaient deux brevets différents de l’ampoule et fabriquaient la majeure partie de la réserve de l’Europe ; mais la modeste ampoule a également servi, depuis son début, comme peut-être l’image la plus puissante d’imagination et d’étincelle créative. La ville comme catalyseur, toile – un éclair éblouissant d’inspiration et d’illumination simultanées.
Les sons contemporains de Berlin au temps de la République de Weimar, comme on peut l’entendre sur Wochenende de Ruttmann, composent la bande sonore de Der Rhythmus der Maschinen, combinaison à la fois d’un examen plus littéral des forces qui ont fait la ville et du film de science-fiction visionnaire que Fritz Lang a réalisé à Berlin, Metropolis. La prolifération du chemin de fer et des industries lourdes de toutes sortes à la fin du XIXème siècle “a placé Berlin au cœur de l’Europe” (Richie), et le train en particulier continue d’être à la fois une machine performante merveilleusement prosaïque et un stimulus créatif à la puissance unique. Comme l’écrivain Samuel Lublinski l’a dit, “nos locomotives qui avancent dans un nuage de vapeur, nos machines agitées qui martèlent, notre prouesse technique et notre science – c’est là où nous trouvons la vérité”.
Les gens construisent un endroit autant que briques, acier et mortier, cependant, et ce qui dresse le décor pour la deuxième partie de l’album, qui se focalise sur certains mythes qui ont formé mon interprétation de la ville. La scène des clubs de Berlin et l’énergie, la possibilité et la permissibilité qu’elle représente (People, Let’s Dance) est une telle partie clé de son identité que lui rendre hommage (via People Are People de Depeche Mode) semblait quasiment obligatoire. Marlene Dietrich (Blue Heaven), maîtresse du mythe qui s’est fait tout seul et forte tête unique, réussit à incarner l’air séducteur, androgyne et rebelle de Berlin, son identité seulement visible au travers les primes jumeaux de la ville et de sa personnalité déterminée. Anita Berber (Gib mir das Licht – Donne-moi la lumière) est peut-être le symbole parfait de la République de Weimar, baignée à jamais dans la lueur rouge du portrait de Otto Dix. Son charme a malheureusement été vaincu par un mélange enivrant de cocaïne, morphine, alcool et opium ; son mythe pratiquement évaporé, le symbole ultime, comme l’écrit Richie, de la dissolution du “rêve chatoyant” de la République de Weimar.
Et je n’aurais pas fait ce disque sans écouter Low de Bowie (The Visitor) à l’âge impressionnable de 23 ans. S’il n’y a jamais eu de maître du mythe autodidacte et autoperpétué, c’était Bowie ; il avait même compris que le mythe avait besoin d’une actualisation constante, et dans certains cas, d’une modification radicale afin que l’artiste puisse le contrôler et y survivre. Combinant son talent auto-proclamé pour “synthétiser [la pensée originale] dans la société, ou la culture… Réfracter ses choses” avec l’atmosphère puissante de Berlin dans les années 1970 aurait redéfini les deux entités de manières profondes et durables. Peu importe la fabrication de mythes de la vérité (ou pas) de son inspiration pour “Heroes”, ou le fait que la majeure partie de sa trilogie berlinoise ait été écrite et enregistrée en Suisse et en France – lui et la ville sont liés à jamais.
L’ombre de la face B de Low plane énormément au-dessus de la troisième partie de l’album, dans laquelle la magie lumineuse du début du cinéma abstrait et expressionniste novateur – la majeure partie produit, ou dévoilé, à Berlin – est sur le devant de la scène. La tournée européenne à la fin de l’année 2018 nous a amenés à Berlin à, convenablement, un rare jour de repos. Armé seulement du titre Bright Magic et d’un sens de la curiosité, je suis allé à l’exposition du Novembergruppe à la Galerie berlinoise. La seconde où j’ai vu ces magnifiques films expressionnistes décrits comme de la “musique pour les yeux”, de la “peinture avec le temps” et du “rythme optique”, j’ai eu mon propre moment ampoule au-dessus de la tête et quasiment toute la deuxième moitié de l’album s’est mis en place. Les films de Ruttmann, Moholy-Nagy et Eggeling y sont référencés, mais la prolifération de l’idée du Lichtspiel (littéralement : jeu de lumière) était telle que de nombreux autres auraient pu être rajoutés.
Ruttmann était un véritable pionnier, au travers ses techniques cinématographiques remarquables utilisées à la fois dans son œuvre réaliste et expressionniste, et sa production du premier film de “collage audio” au monde, Wochenende, pour la radio berlinoise à la fin des années 1920. À la différence de toutes les autres personnalités pré-seconde guerre monde qui apparaissent sur cet album, dont une grande partie a quitté ou a été expulsées d’Allemagne par la menace imminente du national-socialisme (Moholy-Nagy, Tucholsky, Dietrich et Döblin sont tous partis pour faire face à leur propre forme unique d’exil, aux côtés de pratiquement tout le mouvement Bauhaus), Ruttmann restera et – au grand dommage de sa réputation personnelle – travaillera avec Riefenstahl sur le Triomphe de la volonté. Cela semble être un triste tournant à l’ironie noire qu’un membre du Novembergruppe, un pionnier d’exactement la sorte d’art osé et expressionniste que Goebbels aurait sans aucun doute inclus dans son exposition sur l’Art Dégénéré, ait pu se permettre de devenir un collaborateur. Il n’a pas été seul dans cela, malheureusement, et nous ne pouvons qu’espérer que, si nous avions été dans les mêmes circonstances, nous aurions été assez courageux pour résister.
Bien que Ruttmann soit mort durant la guerre, son art du début continue de vivre et, j’avancerais, n’a rien perdu de sa puissance, de sa beauté et de son originalité. Comme Orwell l’a écrit (à propos de Dali) : “L’un n’invalide pas ni, d’une certaine manière, nuit à l’autre”.
Lichtspiel: Schwarz Weiss Grau (Jeu de lumière : noir-blanc-gris) de Moholy-Nagy, qui utilise beaucoup son invention personnelle du Modulateur espace-lumière, est le deuxième film traité ici. La lumière du film chatoyante, réfléchissante et en changement continu est conçue pour être réfléchie dans la musique, tout comme le côté lugubre et plaintif de Symphonie Diagonale de Eggeling est la troisième œuvre. Tous les trois films sont des œuvres remarquables et révolutionnaires qui incarnent pour moi l’idée de la magie lumineuse.
Ich und die Stadt (littéralement “Moi et la ville”) est la partie “et quelque” à la fin de l’album et plus une réflexion personnelle à la fin de mon séjour à Berlin. Les paroles sont tirées d’un poème de Kurt Tucholsky Augen in der Großstadt (“Les yeux dans la ville”). Tucholsky – dont les œuvres, je pense, sont ma découverte préférée de tout ce processus – écrit avec un mélange d’humour berlinois désabusé et une véritable intensité alors qu’il décrit les rencontres accidentelles que la ville dans la ville a produit, évoquant une série d’images et de liens devant nos yeux avant que, en un éclair, tout est “vorbei, verweht, nie wieder” (“fini, disparu, plus jamais”). C’était à peu près la même chose lors de mon moment passé en Allemagne – des collisions et des interactions aléatoires, des éclairs d’inspiration qui vont et qui viennent apparemment en un instant.
Le titre du morceau vient de l’étonnant tableau éponyme qu’a peint Ludwig Meidner en 1913, fusion glorieuse, tapageuse et terrifiante de la ville et du protagoniste qui m’a particulièrement touché, étant donné la nature de l’album que j’essayais d’écrire. Comme Tobias Rüther l’écrit avec justesse à propos du tableau dans son livre sur Bowie et Berlin, “la ville est le moyen”. Selon moi, c’est la même chose avec cet album.
Les lumières se sont éteintes à Berlin à de nombreuses reprises au cours de sa vie turbulente, plongeant la ville, sa population est – durant la seconde guerre mondiale – la majeure partie du monde dans une obscurité insondable. De nombreuses de ces histoires sont racontées ailleurs, de manière plus complète et apparemment plus respectueuse que je n’espèrerais atteindre avec notre musique. Ce disque ne parle pas de ces périodes sombres, comme ce n’était pas ce que la ville représente pour moi de manière la plus puissante et séduisante. Il parle des moments où Berlin a projeté sa magie lumineuse et enflammé dans des esprits créatifs, attirés du monde entier, des idées, de l’énergie et de l’inspiration.
Mon allemand n’est pas génial mais il y a une phrase qui s’est formée plus parfaitement dans ma tête en allemand qu’en anglais : ich kann nicht eine Geschichte über Berlin schreiben ; ich muss meine Geschichte über Berlin schreiben (je ne peux écrire une histoire de Berlin ; je dois écrire la mienne).
Deuxième single de Bright Magic, Blue Heaven fait partie, tout comme son prédécesseur, de la deuxième partie de l’album, “Building A Myth”.
La chanson est inspirée par, et parle de, Marlene Dietrich, et en particulier de son lien avec Berlin. Andreya Casablanca du groupe berlinois Gurr donne sa voix et J et elle ont tous les deux écrit les paroles et la musique en 2019 et 2020.
Le titre est tiré du standard du jazz My Blue Heaven, chanson que Dietrich a interprétée et qui lui a permis de rêver de s’installer en Amérique. Blue Heaven comprend également son célèbre refrain “Ich hab noch einen Koffer in Berlin” (“J’ai toujours une valise à Berlin”). En même temps, la couleur bleue du titre se réfère à son rôle majeur et émergeant dans l’Ange bleu, le film qui l’a catapultée star dans le monde entier.
Le single est accompagné par un clip réalisé par Alex Southam dans lequel apparaît l’artiste multi-disciplinaire allemand Celine Fortenbacher :
Après la Bataille de Grande-Bretagne, le sommet du Mont Everest, les confins de l’espace, le monde sous-terrain des mines au Pays de Galles et le naufrage du Titanic, le groupe nous emmène désormais à Berlin avec en premier extrait de l’album Bright Magic un ode aux clubs pour lesquels la capitale allemande est renommée.
Le single comprend la participation vocale de l’artiste norvégienne basée à Berlin EERA et est accompagné d’un clip riche en couleurs avec des patineuses à roulettes sur un fond urbain réalisé par Chloe Hayward.
Incorporant un riff de People Are People par Depeche Mode et tirant son titre d’un chapitre de l’excellent livre Berlin: Imagine A City par Rory MacLean, le morceau ouvre la deuxième partie de l’album, qui voit la schène changer en un environnement de club en weekend de trois jours et un aspect de Berlin en tant que zone libre établie depuis longtemps du plaisir, de l’art et de l’expression.
Les morceaux, commissionnés par la BBC, ont été dévoilés en mai dernier sur la scène du festival BBC’s Biggest Weekend, à l’endroit même où le Titanic a été construit.
Le EP raconte l’histoire de la construction du paquebot et de sa rapide disparition tragique. Le groupe s’intéresse aux perspectives de ceux qui l’ont construit et navigué, tout en démontrant leur propre talent d’utilisation d’un mélange de musique et d’archives audio afin de fournir une nouvelle perspective sur des événements connus.
J. Willgoose, Esq. dit : “J’ai pensé que c’était un défi intéressant de raconter l’histoire de la construction du paquebot au sein de la fière histoire industrielle de Belfast, l’esprit d’optimisme de l’ère d’avant guerre qu’il représentait, et puis une description résumée et, j’espère, respectueuse d’à la fois le naufrage du navire (représenté par l’appel de détresse en morse répété, C – Q – D) et la découverte de l’épave en 1985”.
Les deux morceaux d’ouverture, The Unsinkable Ship et White Star Liner, font avancer le EP avec une énergie motorik, suivant minutieusement la construction et le lancement du paquebot. Tandis que le EP arrive à sa fin, la musique passe dans un état plus instable sur la puissant C – Q – D – l’indicatif en morse pour “À toutes les stations : appel de détresse” – avant de se refermer sur l’ambiance songeuse de The Deep, adaptation de Songe d’automne de Archibald Joyce, le morceau de musique que l’illustre historien du Titanic Walter Lord a conclu était probablement le dernier joué alors que le navire coulait. Couplé à la voix passionnée de la survivante Eva Hart, c’est une fin émouvante du EP, une qui est un hommage approprié à ceux qui ont construit le navire et ceux qui ont péri lors de son naufrage.
People Will Always Need Coal est le quatrième single extrait de Every Valley et le premier à avoir le droit à une sortie physique, à l’occasion du Disquaire Day 2018.
Il offre une fenêtre sur le monde de l’exploitation minière au Pays de Galles à son apogée. Arrosé d’ironie sombre étant donné les événements qui allaient se dérouler même pas dix ans plus tard, le morceau documente la course au recrutement pour persuader encore plus de jeunes hommes de plonger dans une carrière qui offre “de l’argent, beaucoup d’argent et la sécurité”.
Parlant de l’importance du morceau sur le disque, J. Willgoose, Esq. explique : “Il y a vraiment une ironie sauvage dans ce morceau quand on le contemple avec le bénéfice du recul – d’un charbonnage qui a la confiance d’assurer aux gens des emplois sûrs et prospères dans une industrie forte et stable alors qu’ils n’étaient qu’à dix ans de la plus grande confrontation industrielle… Cela ne sert qu’à montrer comment la confiance absolue d’une époque peut descendre en instabilité et chaos en un instant…”.
Turn No More est le troisième single extrait de Every Valley et comprend la voix et la guitare de James Dean Bradfield, chanteur des Manic Street Preachers.
J. Willgoose, Esq. dit du single et comment il rentre dans l’histoire dépeinte dans Every Valley, “Je voulais que le morceau ait une atmosphère contenue, plaintive, réfractaire mais toujours furieuse, et travailler avec la voix de James et le texte original en faisait un peu partie, surtout avec les couches de voix vers la fin. En son cœur, c’est une chanson sur les gens qui vivent avec les conséquences – à la fois environnementales et personnelles – du désespoir causé à la fois par les pratiques d’une industrie et sa chute qui a suivi”.
Pour J. Willgoose, Esq., Bradfield apparaissant sur un disque de PSB est une sensation particulière, étant donné que The Holy Bible des Manics a été une influence formatrice. Sur le morceau, Bradfield chante des vers du poème Gwalia Deserta de Idris Davies, que Willgoose avait découvert au National Coal Mining Museum de Wakefield. “Il m’a immédiatement rappelé La Terre vaine du point de vue de la structure, de son côté peu conventionnel, et de la longueur. Il a été écrit dans les années 1930 à la suite de la Grande Dépression, mais il est pertinent à la fois aux années 1980 et au présent également. C’était quelque chose que James connaissait bien, mais il a été assez ravi par l’idée. Il a dit Il a fallu d’un Anglais pour me faire chanter Gwent sur un disque…”
Se concentrant sur le réveil politique au sein des groupes de soutien des femmes à l’époque de la grève des mineurs dans le Sud du Pays de Galles entre 1984 et 1985, They Gave Me A Lamp est le deuxième extrait de Every Valley. Le morceau comprend le trio post-rock instrumental Haiku Salut.
Parlant de l’importance d’avoir ce groupe sur ce single et de couvrir le rôle des groupes de femmes durant la grève, J. Willgoose, Esq. explique : “Quand je faisais des recherches pour cet album, l’une des histoires qui m’a sauté au yeux comme la plus évidente était celle du rôle des groupes de soutien de femmes durant la grève. Cela semblait être un vériable réveil politique pour toute une génération de femmes qui se sont brusquement aperçu à la fois de leur potentiel et du pouvoir qu’elles avaient de façonner la société dont elles faisaient partie ; je voulais vraiment essayer de rendre justice à leur mouvement. Avoir Haiku Salut à bord, ainsi que des samples de certaines des femmes clés qui parlent de leur rôle dans la grève, ont été des facteurs importants pour moi quand j’ai monté cette chanson”.
Le troisième album du groupe chronique l’histoire de l’industrie minière au Pays de Galles des années 1930 aux années 1980.
Un aperçu a été posté en mars 2017, comprenant la voix de Richard Burton :
Enregistré au cœur des Vallées du Sud du Pays de Galles dans l’Institut de Ebbw Vale, où se sont déroulés également deux concerts exceptionnels les 8 et 9 juin, l’album comprend les voix féminines de Tracyanne Campbell de Camera Obscura, sur le premier single Progress, du groupe Haiku Salut, qui avait fait la première partie du groupe au concert caritatif de l’Islington Assembly Hall et Lisa Jên de 9Bach, originaire du Nord du Pays de Galles. Un invité de marque apparaît également, il s’agit de James Dean Bradfield des Manic Street Preachers.
Voici ce que J a écrit à propos de ce thème :
“Notre troisième album, Every Valley, est une histoire de déclin industriel. Il est centré autour de l’exploitation du charbon au Royaume-Uni, et au Sud du Pays de Galles en particulier, mais c’est une histoire qui s’est répétée de part le monde (occidental) et qui a des répercussions particulières frappantes étant donné le climat politique actuel.
L’album commence au cours d’un âge d’or, quand les mineurs étaient les rois des sous-terrains, comme un certain Mr Burton le dit ; il assimile la vie dans le puits de mine lui-même, traverse la campagne de recrutement du début et de la moitié des années 1970, s’arrête brièvement pour parler de mécanisation, d’automatisation et de la marche du progrès, avant de tomber doucement dans une spirale vers le bas à partir des fermetures du milieu à la fin des années 1970 pour finir dans le conflit total de la grève des mineurs et de ses tristes conséquences durables. C’est un sujet qui m’est d’abord venu à l’esprit alors que je finissais notre précédent album, The Race For Space, et plus j’y pensais, plus je m’y suis intéressé.
Je n’ai aucun liens personnels avec l’exploitation minière ou autre, et je n’ai pas de liens familiaux envers la région, mais il y a quelque chose dans cette histoire qui m’a attiré. C’est un album sur la communauté autant que c’est un album sur l’exploitation minière ; c’est l’histoire d’une région entière centrée autour d’une industrie, et ce qui arrive quand cette industrie meurt. Peut-être quelque chose dans le romantisme des vallées et leur géographie m’a attiré vers le Sud du Pays de Galles en particulier, peut-être était-ce leur solidité durant la grève de 1984-85 – ou, bien plus prosaïquement, peut-être était-ce une réponse à la réponse furieuse (principalement basée à Cardiff) à notre tournée britannique de 2015 qui ne comprenait aucune date galloise. On ne peut pas toujours expliquer ces choses, comme je l’ai appris. Ce qui est certain dans mon esprit, c’est que cet album ne parle pas que d’exploitation minière, et ne parle pas uniquement du Pays de Galles. C’est une histoire réfléchie dans des communautés abandonnées et négligés de part et d’autre du monde occidental, et une qui a mené à la recrudescence d’un style politique malintentionné, cynique et calculateur.
Nous avons enregistré Every Valley à Ebbw Vale, historiquement une ville de sidérurgistes mais une entourée de mines de charbon, dans l’ancien amphithéâtre de leur ancien instituts d’ouvriers. Il semblait important d’enregistrer dans les vallées, comme je voulais que cet album soit connecté à la région sur laquelle il avait été écrit d’une manière dont nos précédents albums ne l’avaient pas été. Je voulais que l’album ait un riche son plein et pragmatique et porte une partie de l’inflexion et du lyrisme de la langue elle-même, quelque chose incarné par son titre (“Chaque vallée”), extrait d’un film de transport des années 1950. Il fait allusion à des sommets et des creux, à la force et la solidité de la communauté, et la réalité géographique de l’industrie.
Façonner la narration de l’album a été quelque chose qui nous a vu piller encore une fois les enregistrements du BFI, tout en travaillant avec de nouvelles archives et ressources, voire, à quelques occasions, diriger nos propres interviews avec d’anciens mineurs et leurs familles. Nous avons également travaillé avec un éventail bien plus large de collaborateurs et de musiciens que jamais auparavant, devenant de loin notre enregistrement le plus ambitieux (et définitivement le plus difficile) en date.
Pour moi c’est un album qui parle de fierté, de colère, de force, et, en fin de compte, de perte, et il soulève plus de questions que nous n’espérions y répondre. Je pense que Every Valley est la meilleure chose que nous ayons fait de loin, mais finalement, ce n’est pas à moi de le dire ; j’espère que nos auditeurs l’aimeront et nous sommes impatients de le partager avec eux”.