Late Night final est le projet parallèle de J. Willgoose, Esq. de Public Service Broadcasting.
En tant qu’une des nombreuses conséquences de la pandémie de 2020 et du confinement qui s’en est ensuit, Willgoose s’est retrouvé avec du temps à tuer. Avec les sessions d’enregistrement du quatrième album de PSB retardées, et tout le matériel du groupe bloqué dans un autre pays, il a bricolé avec de vieux synthés, des séquenceurs et des pédales et s’est mis à créer quelque chose de nouveau. Conçus à l’origine comme une expérience en musique ambiante, les enregistrements se sont développés en quelque chose de plus excessif culminant en un nouveau corps entier d’œuvre sous la forme d’un LP 4 pistes sous le pseudonyme Late Night Final.
Avec des clins d’œil à des artistes comme Vangelis, Tangerine Dream, l’album précurseur de KLF chill Out et des artistes contemporains comme Amulets et Kelly Lee Owens, Late Night Final conserve l’oreille espiègle pour une mélodie de Public Service Broadcasting qui traverse discrètement le paysage sonore cérébral d’une beauté immersive du disque.
Nic Finch a créé des vidéos hypnotiques pour chacun des morceaux de l’album. Thank You tire son nom de l’unique sample présent dessus, celui de la pédale d’effet Chase Bliss’ Blooper.
A Wonderful Hope comprend le seul véritable long sample de l’album, à savoir celui d’une cassette de formation des Témoins de Jéhovah.
The Human Touch, premier extrait de l’album à avoir été dévoilé, inclut la voix de Teddy Hunter.
Quant au dernier morceau, Slow Release, beaucoup plus calme que les autres, il met en valeur les enregistrements de terrain que Willgoose a fait près de chez lui dans le Sud de Londres.
Formats : CD, vinyle noir standard, vinyle marbré orange/noire édition limitée, vinyle blanc édition très limitée avec CD, CD de démos et livre de photos exclusif, téléchargement
Morceaux :
Der Sumpf (Sinfonie der Großstadt) | Instrumentale
Album en trois parties (“Building A City / Building A Myth / Bright Magic”), le quatrième album de Public Service Broadcasting est leur projet le plus ambitieux à ce jour, vous emmenant au cœur de la capitale de facto de l’Europe, la métropole culturelle et politique qu’est la Hauptstadt de la République Fédérale d’Allemagne – Berlin.
Bien que l’utilisation par PSB des sons électroniques et le rock à guitare déferlant restent familier, Bright Magic utilise les samples, et la langue anglaise, avec parcimonie. Il diffère de leurs albums précédents à bien d’autres égards : moins linéaire et narratif, à la place c’est un portrait impressionniste d’une ville à partir de rien. Un moment en quelque sorte eurêka est arrivé en novembre 2018 quand Willgoose a entendu l’œuvre sur pellicule radicale berlinois Wochenende (en anglais : Weekend), qui est samplée sur trois morceaux de Bright Magic. Créée en 1928, l’œuvre présentait une évocation sonore de la ville grâce à une succession de collages sonores, de paroles, d’enregistrements de terrain et de musique. Décide à intégrer ces fragments longtemps perdus à des sources sonores nouvellement manipulées, il s’est mis à créer son propre Wochenende, drame narratif pour les oreilles qui décode et réalise les rêves de Berlin qu’il s’était construit dans son esprit.
J. Willgoose, Esq. a dit : “J’ai commencé à avoir une impression quant à où le titre de Bright Magic voulait m’emmener, vers des idées d’illumination et d’inspiration, d’électricité et d’éclairs de lumières et de couleurs et de sons (un code couleurs finira par être attribué à tous les morceaux). Je l’ai envoyé au reste du groupe, et j’ai dit, Je sais que ça va changer, mais on verra comment la ville va colorier ça”.
“Faire cela semblait inévitable, en quelque sorte”, songe-t-il. “Dans ma tête, cela ronronnait et pulsait depuis longtemps, avant même Every Valley – cet endroit fascinant, contrariant, séduisant. Je savais que l’album allait parler de la ville, et de son histoire et de ses mythes, et que j’allais m’y installer. Alors c’est une histoire assez personnelle. C’est devenu un album à propos de s’installer à Berlin pour écrire un album à propos de personnes qui s’installent à Berlin pour écrire un album…”.
Willgoose s’est installé à Berlin entre avril 2019 et janvier 2020. Combinant l’archéologie sonore et la flânerie du psychogéographe, une poursuite de l’énergie de la ville a impliqué Willgoose à marcher dans la Leipzigstrasse, site du premier lampadaire électrique de la ville, utilisant un récepteur électromagnétique à large bande des Soma Laboratories de Moscou. “J’ai remonté et descendu la rue en enregistrant des courants électriques et des interférences”, explique-t-il en riant. “On peut entendre quelques-uns de ces petits bourdonnements de fréquence, ces clics et impulsions sur Im Licht (chanson inspirée en partie par les fabricants novateurs d’ampoules AEG et Siemens). C’est ce que j’essayais de faire au sens plus large, je suppose – capture ces toutes petites impulsions qu’on ressent quand on marche dans une ville”.
Il a écrit et enregistré dans le célèbre complexe d’enregistrement de Kreuzberg, Hansa Tonstudio. Cela a rapproché plusieurs références musicales inévitables : le triumvirat classique des années 1980 de Depeche Mode, Achtung Baby de U2 et, surtout, “Heroes” et Low de Bowie. “Toute la forme et la structure du disque est beaucoup redevable à Low, déclare Willgoose. En effet, sur le morceau qui évoque Warszawa, The Visitor – dont la couleur désignée est l’orange particulier de la pochette de l’album – était prévu à la base un sample de Bowie réfléchissant, selon Willgoose, sur “la manière dont il se voyait comme vaisseau qui synthétisait et réfractait d’autres influences, et qui présentait des influences avant-gardistes au mainstream. On a essayé d’absorber une partie de cet esprit”.
Aux côtés de EERA, qu’on entend sur le premier extrait de l’album, les autres voix invitées sur l’album incluent Blixa Bargeld, vétérant des Bad Seeds et de Einstürzende Neubauten, qui devient la voix de l’industrie berlinoise sur la robotique Der Rhythmus der Maschinen. Andreya Casablanca du groupe garage de Berlin, Gurr, remplace Marlene Dietrich sur Blue Heaven, hymne d’auto-détermination.
Disque très pro-européen, Bright Magic ne parle finalement pas que d’une ville, mais de tous les centres d’interaction humaine et de communauté qui permettent le libre-échange et l’hybridation des idées.
“Berlin est une ville de mythe, de légende, et de manipulation délibérée de l’histoire”
— Alexandra Richie, Faust’s Metropolis
On retrouve des mythes partout à Berlin : ceux de la création de la ville, ses habitants, son histoire à la fois dans les bons et mauvais moments. Faire la différence entre les images qu’elle choisit de présenter d’elle-même et son histoire souvent sans intérêt peut exiger un effort conscient. C’est à la fois une ville qui a été au cœur d’empires, de conflits et de superpuissances pan-continentales, “fondée” en 1237 et retenue à divers moments comme l’incarnation de valeurs germaniques d’une sorte ou d’une autre, et, également, une ville qui a émergé de façon quelconque des marais et marécages environnants (brl en slave) et qui porte toujours de nombreux noms de lieux dérivés du slave qui reflètent sa véritable genèse. Berlin et sa population ont été utilisées, maltraitées, pratiquement complètement détruites ; témoins de moments immensément créatifs et d’une partie des heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité. Pour la majeure partie des cent dernières années, elle a semblé être une force quasi magnétique, attirant les gens de tout le continent et au-delà – des papillons de nuit vers une flamme, comme le dit Ich bin von Kopf bis Fuss de Marlene Dietrich.
D’un point de vue personnel, Berlin m’a toujours captivé, et je me suis installé dans la ville pour commencer à écrire ce disque en 2019. En essayant de répondre à l’inévitable question “Pourquoi Berlin ?”, je me suis rendu compte que j’avais créé une version de la ville qui était la mienne, en partie fiction, réalité et illusion. Comme l’écrit Rory MacLean dans son fantastique livre Berlin: Imagine A City :
Toutes nos histoires – personnelles, collectives – deviennent des reconstructions imaginatives, les histoires en perpétuel changement vers lesquelles nous nous tournons pour comprendre la course chaotique de nouveaux événements.
Je suis d’accord sur le fait que, effectivement, nous construisons et reconstruisons avec imagination les lieux qui nous fascinent. Ernst Bloch a écrit que “tous ne sont pas présents dans le même temps présent” ; j’affirmerais de manière similaire que tous ne sont pas présents au même endroit. Nous choisissons des aspects de l’histoire d’un lieu ou de son peuple qui nous captive. Nous construisons nos propres cartes, déformant la géographie d’une ville par notre perception et notre expérience, tout comme la Naked City de Guy Debord. Nous approuvons les histoires d’un lieu de triomphe et de souffrance, d’inspiration et de lutte, d’héroïsme et de mal. Berlin ne manque pas de matière dans ces domaines.
Le titre de ce disque m’est venu avant toute musique ou n’importe quoi, ce qui est inhabituel, pour l’un de nos albums. Heitere Magie (“Magie lumineuse”) de Alfred Döblin est sorti dans une nouvelle traduction en anglais (Bright Magic and other stories) ; le nom m’a immédiatement saisi, et ne voulait me quitter. J’ai éliminé les idées de chanson les plus évidentes à propos de la Stasi, du Mur, du Pont aérien, des Nazis et je me suis forcé à la place à me tourner vers l’illumination, l’inspiration et de l’imagination. Berlin ne manque pas non plus de matière dans aucun de ces domaines.
La ville en est arrivée à agir comme un prisme pour moi, réfractant mes intérêts et ma recherche au travers sa construction unique, les angles irréguliers de son histoire séparant le “rayon blanc inspirant” de créativité de Kandinsky en des centaines de couleurs et de nuances. La couleur est devenue une telle partie importante du disques – je n’ai pas de synesthésie, mais l’écriture de cet album doit être le moment où je m’y suis rapproché le plus. Tandis que chaque chanson venait à l’esprit, un concert éclairé de la même façon était sous les feux de la rampe (sans mauvais jeu de mots) dans mon imagination, les verts et les bruns de Der Sumpf (le marais) cédant la place à l’éclair d’un blanc éblouissant de Im Licht (Dans la lumière), se transformant en nuances grises dorées teintées de Metropolis de Der Rhythmus der Maschinen (le Rythme des machines) et continuant ainsi de suite tout au long du disque.
Bright Magic est structuré en trois parties et quelque dans ma tête. La première partie du disque parle de la construction de la ville, sur le plan à la fois métaphorique et littéral. Sur Der Sumpf, les sons glauques et les chants d’oiseaux de l’île aux paons cèdent la place à un thème récurrent inspiré par la musique composée par Meisel pour Berlin, symphonie d’une grande ville de Ruttmann. De là, un saut soudain et brusque à la 2001 vers le début du XXème siècle et une explosion de lumière et son (sound and vision, si vous voulez), étant donné que Im Licht rappelle l’exploration éponyme qui n’économisait aucun lumen en octobre 1928 et la période où les Berlinois nommaient leur ville la “Ville de lumière”. Siemens et AEG tenaient deux brevets différents de l’ampoule et fabriquaient la majeure partie de la réserve de l’Europe ; mais la modeste ampoule a également servi, depuis son début, comme peut-être l’image la plus puissante d’imagination et d’étincelle créative. La ville comme catalyseur, toile – un éclair éblouissant d’inspiration et d’illumination simultanées.
Les sons contemporains de Berlin au temps de la République de Weimar, comme on peut l’entendre sur Wochenende de Ruttmann, composent la bande sonore de Der Rhythmus der Maschinen, combinaison à la fois d’un examen plus littéral des forces qui ont fait la ville et du film de science-fiction visionnaire que Fritz Lang a réalisé à Berlin, Metropolis. La prolifération du chemin de fer et des industries lourdes de toutes sortes à la fin du XIXème siècle “a placé Berlin au cœur de l’Europe” (Richie), et le train en particulier continue d’être à la fois une machine performante merveilleusement prosaïque et un stimulus créatif à la puissance unique. Comme l’écrivain Samuel Lublinski l’a dit, “nos locomotives qui avancent dans un nuage de vapeur, nos machines agitées qui martèlent, notre prouesse technique et notre science – c’est là où nous trouvons la vérité”.
Les gens construisent un endroit autant que briques, acier et mortier, cependant, et ce qui dresse le décor pour la deuxième partie de l’album, qui se focalise sur certains mythes qui ont formé mon interprétation de la ville. La scène des clubs de Berlin et l’énergie, la possibilité et la permissibilité qu’elle représente (People, Let’s Dance) est une telle partie clé de son identité que lui rendre hommage (via People Are People de Depeche Mode) semblait quasiment obligatoire. Marlene Dietrich (Blue Heaven), maîtresse du mythe qui s’est fait tout seul et forte tête unique, réussit à incarner l’air séducteur, androgyne et rebelle de Berlin, son identité seulement visible au travers les primes jumeaux de la ville et de sa personnalité déterminée. Anita Berber (Gib mir das Licht – Donne-moi la lumière) est peut-être le symbole parfait de la République de Weimar, baignée à jamais dans la lueur rouge du portrait de Otto Dix. Son charme a malheureusement été vaincu par un mélange enivrant de cocaïne, morphine, alcool et opium ; son mythe pratiquement évaporé, le symbole ultime, comme l’écrit Richie, de la dissolution du “rêve chatoyant” de la République de Weimar.
Et je n’aurais pas fait ce disque sans écouter Low de Bowie (The Visitor) à l’âge impressionnable de 23 ans. S’il n’y a jamais eu de maître du mythe autodidacte et autoperpétué, c’était Bowie ; il avait même compris que le mythe avait besoin d’une actualisation constante, et dans certains cas, d’une modification radicale afin que l’artiste puisse le contrôler et y survivre. Combinant son talent auto-proclamé pour “synthétiser [la pensée originale] dans la société, ou la culture… Réfracter ses choses” avec l’atmosphère puissante de Berlin dans les années 1970 aurait redéfini les deux entités de manières profondes et durables. Peu importe la fabrication de mythes de la vérité (ou pas) de son inspiration pour “Heroes”, ou le fait que la majeure partie de sa trilogie berlinoise ait été écrite et enregistrée en Suisse et en France – lui et la ville sont liés à jamais.
L’ombre de la face B de Low plane énormément au-dessus de la troisième partie de l’album, dans laquelle la magie lumineuse du début du cinéma abstrait et expressionniste novateur – la majeure partie produit, ou dévoilé, à Berlin – est sur le devant de la scène. La tournée européenne à la fin de l’année 2018 nous a amenés à Berlin à, convenablement, un rare jour de repos. Armé seulement du titre Bright Magic et d’un sens de la curiosité, je suis allé à l’exposition du Novembergruppe à la Galerie berlinoise. La seconde où j’ai vu ces magnifiques films expressionnistes décrits comme de la “musique pour les yeux”, de la “peinture avec le temps” et du “rythme optique”, j’ai eu mon propre moment ampoule au-dessus de la tête et quasiment toute la deuxième moitié de l’album s’est mis en place. Les films de Ruttmann, Moholy-Nagy et Eggeling y sont référencés, mais la prolifération de l’idée du Lichtspiel (littéralement : jeu de lumière) était telle que de nombreux autres auraient pu être rajoutés.
Ruttmann était un véritable pionnier, au travers ses techniques cinématographiques remarquables utilisées à la fois dans son œuvre réaliste et expressionniste, et sa production du premier film de “collage audio” au monde, Wochenende, pour la radio berlinoise à la fin des années 1920. À la différence de toutes les autres personnalités pré-seconde guerre monde qui apparaissent sur cet album, dont une grande partie a quitté ou a été expulsées d’Allemagne par la menace imminente du national-socialisme (Moholy-Nagy, Tucholsky, Dietrich et Döblin sont tous partis pour faire face à leur propre forme unique d’exil, aux côtés de pratiquement tout le mouvement Bauhaus), Ruttmann restera et – au grand dommage de sa réputation personnelle – travaillera avec Riefenstahl sur le Triomphe de la volonté. Cela semble être un triste tournant à l’ironie noire qu’un membre du Novembergruppe, un pionnier d’exactement la sorte d’art osé et expressionniste que Goebbels aurait sans aucun doute inclus dans son exposition sur l’Art Dégénéré, ait pu se permettre de devenir un collaborateur. Il n’a pas été seul dans cela, malheureusement, et nous ne pouvons qu’espérer que, si nous avions été dans les mêmes circonstances, nous aurions été assez courageux pour résister.
Bien que Ruttmann soit mort durant la guerre, son art du début continue de vivre et, j’avancerais, n’a rien perdu de sa puissance, de sa beauté et de son originalité. Comme Orwell l’a écrit (à propos de Dali) : “L’un n’invalide pas ni, d’une certaine manière, nuit à l’autre”.
Lichtspiel: Schwarz Weiss Grau (Jeu de lumière : noir-blanc-gris) de Moholy-Nagy, qui utilise beaucoup son invention personnelle du Modulateur espace-lumière, est le deuxième film traité ici. La lumière du film chatoyante, réfléchissante et en changement continu est conçue pour être réfléchie dans la musique, tout comme le côté lugubre et plaintif de Symphonie Diagonale de Eggeling est la troisième œuvre. Tous les trois films sont des œuvres remarquables et révolutionnaires qui incarnent pour moi l’idée de la magie lumineuse.
Ich und die Stadt (littéralement “Moi et la ville”) est la partie “et quelque” à la fin de l’album et plus une réflexion personnelle à la fin de mon séjour à Berlin. Les paroles sont tirées d’un poème de Kurt Tucholsky Augen in der Großstadt (“Les yeux dans la ville”). Tucholsky – dont les œuvres, je pense, sont ma découverte préférée de tout ce processus – écrit avec un mélange d’humour berlinois désabusé et une véritable intensité alors qu’il décrit les rencontres accidentelles que la ville dans la ville a produit, évoquant une série d’images et de liens devant nos yeux avant que, en un éclair, tout est “vorbei, verweht, nie wieder” (“fini, disparu, plus jamais”). C’était à peu près la même chose lors de mon moment passé en Allemagne – des collisions et des interactions aléatoires, des éclairs d’inspiration qui vont et qui viennent apparemment en un instant.
Le titre du morceau vient de l’étonnant tableau éponyme qu’a peint Ludwig Meidner en 1913, fusion glorieuse, tapageuse et terrifiante de la ville et du protagoniste qui m’a particulièrement touché, étant donné la nature de l’album que j’essayais d’écrire. Comme Tobias Rüther l’écrit avec justesse à propos du tableau dans son livre sur Bowie et Berlin, “la ville est le moyen”. Selon moi, c’est la même chose avec cet album.
Les lumières se sont éteintes à Berlin à de nombreuses reprises au cours de sa vie turbulente, plongeant la ville, sa population est – durant la seconde guerre mondiale – la majeure partie du monde dans une obscurité insondable. De nombreuses de ces histoires sont racontées ailleurs, de manière plus complète et apparemment plus respectueuse que je n’espèrerais atteindre avec notre musique. Ce disque ne parle pas de ces périodes sombres, comme ce n’était pas ce que la ville représente pour moi de manière la plus puissante et séduisante. Il parle des moments où Berlin a projeté sa magie lumineuse et enflammé dans des esprits créatifs, attirés du monde entier, des idées, de l’énergie et de l’inspiration.
Mon allemand n’est pas génial mais il y a une phrase qui s’est formée plus parfaitement dans ma tête en allemand qu’en anglais : ich kann nicht eine Geschichte über Berlin schreiben ; ich muss meine Geschichte über Berlin schreiben (je ne peux écrire une histoire de Berlin ; je dois écrire la mienne).
Le troisième album du groupe chronique l’histoire de l’industrie minière au Pays de Galles des années 1930 aux années 1980.
Un aperçu a été posté en mars 2017, comprenant la voix de Richard Burton :
Enregistré au cœur des Vallées du Sud du Pays de Galles dans l’Institut de Ebbw Vale, où se sont déroulés également deux concerts exceptionnels les 8 et 9 juin, l’album comprend les voix féminines de Tracyanne Campbell de Camera Obscura, sur le premier single Progress, du groupe Haiku Salut, qui avait fait la première partie du groupe au concert caritatif de l’Islington Assembly Hall et Lisa Jên de 9Bach, originaire du Nord du Pays de Galles. Un invité de marque apparaît également, il s’agit de James Dean Bradfield des Manic Street Preachers.
Voici ce que J a écrit à propos de ce thème :
“Notre troisième album, Every Valley, est une histoire de déclin industriel. Il est centré autour de l’exploitation du charbon au Royaume-Uni, et au Sud du Pays de Galles en particulier, mais c’est une histoire qui s’est répétée de part le monde (occidental) et qui a des répercussions particulières frappantes étant donné le climat politique actuel.
L’album commence au cours d’un âge d’or, quand les mineurs étaient les rois des sous-terrains, comme un certain Mr Burton le dit ; il assimile la vie dans le puits de mine lui-même, traverse la campagne de recrutement du début et de la moitié des années 1970, s’arrête brièvement pour parler de mécanisation, d’automatisation et de la marche du progrès, avant de tomber doucement dans une spirale vers le bas à partir des fermetures du milieu à la fin des années 1970 pour finir dans le conflit total de la grève des mineurs et de ses tristes conséquences durables. C’est un sujet qui m’est d’abord venu à l’esprit alors que je finissais notre précédent album, The Race For Space, et plus j’y pensais, plus je m’y suis intéressé.
Je n’ai aucun liens personnels avec l’exploitation minière ou autre, et je n’ai pas de liens familiaux envers la région, mais il y a quelque chose dans cette histoire qui m’a attiré. C’est un album sur la communauté autant que c’est un album sur l’exploitation minière ; c’est l’histoire d’une région entière centrée autour d’une industrie, et ce qui arrive quand cette industrie meurt. Peut-être quelque chose dans le romantisme des vallées et leur géographie m’a attiré vers le Sud du Pays de Galles en particulier, peut-être était-ce leur solidité durant la grève de 1984-85 – ou, bien plus prosaïquement, peut-être était-ce une réponse à la réponse furieuse (principalement basée à Cardiff) à notre tournée britannique de 2015 qui ne comprenait aucune date galloise. On ne peut pas toujours expliquer ces choses, comme je l’ai appris. Ce qui est certain dans mon esprit, c’est que cet album ne parle pas que d’exploitation minière, et ne parle pas uniquement du Pays de Galles. C’est une histoire réfléchie dans des communautés abandonnées et négligés de part et d’autre du monde occidental, et une qui a mené à la recrudescence d’un style politique malintentionné, cynique et calculateur.
Nous avons enregistré Every Valley à Ebbw Vale, historiquement une ville de sidérurgistes mais une entourée de mines de charbon, dans l’ancien amphithéâtre de leur ancien instituts d’ouvriers. Il semblait important d’enregistrer dans les vallées, comme je voulais que cet album soit connecté à la région sur laquelle il avait été écrit d’une manière dont nos précédents albums ne l’avaient pas été. Je voulais que l’album ait un riche son plein et pragmatique et porte une partie de l’inflexion et du lyrisme de la langue elle-même, quelque chose incarné par son titre (“Chaque vallée”), extrait d’un film de transport des années 1950. Il fait allusion à des sommets et des creux, à la force et la solidité de la communauté, et la réalité géographique de l’industrie.
Façonner la narration de l’album a été quelque chose qui nous a vu piller encore une fois les enregistrements du BFI, tout en travaillant avec de nouvelles archives et ressources, voire, à quelques occasions, diriger nos propres interviews avec d’anciens mineurs et leurs familles. Nous avons également travaillé avec un éventail bien plus large de collaborateurs et de musiciens que jamais auparavant, devenant de loin notre enregistrement le plus ambitieux (et définitivement le plus difficile) en date.
Pour moi c’est un album qui parle de fierté, de colère, de force, et, en fin de compte, de perte, et il soulève plus de questions que nous n’espérions y répondre. Je pense que Every Valley est la meilleure chose que nous ayons fait de loin, mais finalement, ce n’est pas à moi de le dire ; j’espère que nos auditeurs l’aimeront et nous sommes impatients de le partager avec eux”.
Formats : Double CD Promo, double CD et DVD, Double 33 tours bleu et DVD, Double 33 tours et DVD, Téléchargement
Morceaux :
Concert (avec ou sans commentaire du groupe)
The Race For Space
Sputnik
Signal 30
Theme From PSB
Night Mail
London Can Take It
Valentina (avec Smoke Fairies)
Korolev
E.V.A.
If War Should Come
Spitfire
Lit Up
The Other Side
Go!
Tomorrow
Gagarin
Everest
Clips
Gagarin
Go!
Sputnik
The Other Side
Valentina
Album et DVD de la soirée inoubliable que nous avons partagée à la Brixton Academy le 29 novembre 2015.
“Nous avons tout d’abord parlé de la possibilité d’un album et d’un DVD live bien avant Brixton et je dois avouer que je l’ai exclu quasiment immédiatement”, dit le leader J. Willgoose, Esq.
“J’ai été persuadé sur quelques mois, cependant, à la fois par la réaction le soir-même – qui a été écrasante – et de ceux qui avaient suivi le live stream, que quelque chose de spécial s’était passé et que cela en valait vraiment la peine de le documenter. Brixton était mon rêve depuis que j’y ai vu les Manics lors de leur tournée Everything Must Go il y bien des Lunes de cela. Y jouer dans Public Service Broadcasting, et à guichets fermés, était quelque chose que je n’aurais jamais pensé possible. C’est ma salle préférée au monde et nous voulions faire un concert dont on s’en souviendrait”.
Le concert comprend de la production d’arena entassée sur la scène de Brixton avec une chorale de 13 personnes, une section à cordes de 5 musiciens, une section de cuivres étendue, une setlist plus longue, Smoke Fairies sur Valentina, un invité surprise, des danseurs, des pyrotechniques et plus tandis que le groupe de Londres en met plein les yeux au public avec une performance très spéciale.
La sortie sera accompagnée d’un DVD tourné le soir-même avec un commentaire audio du groupe et des bonus (clips des singles extrait de The Race For Space).
Un avant-goût de cette sortie peut se regarder tandis que le groupe interprète sa célébration de l’atterrissage sur la Lune avec la favorite du public, Go! :
Le DVD du concert est un remaniement du stream qui était passé en direct sur internet (avec beaucoup moins de plans sur moi, Dieu merci – NDLR) et le résultat est particulièrement réussi, nous avons y le témoignage parfait de ce qu’est PSB durant The Race For Space avec des plans magnifiques sur Wrigglesworth (dont un de ses meilleurs moments durant la deuxième partie de Lit Up), JF Abraham et son air de petit garçon tombé des étoiles, Mr B qui saute de joie durant The Other Side (regardez le DVD pour savoir pourquoi) et la concentration (stress ?) de J ; sans oublier la chorale, les cordes et nos Brassy Gents plus déments que jamais.
L’album en lui-même est superbement bien mixé, cependant, beaucoup d’interactions de la voix de PSB ont été retirées, ce que je trouve dommage.
En bonus, nous trouvons les clips officiels des singles extraits de l’album, mais pas l’histoire de Ralph et Geoffrey, tant pis !
Le DVD du concert est également accompagné d’un hilarant commentaire des quatre membres scéniques du groupe réalisé dans le garage de J autour de vin et de fromages, dont voici un extrait :
Compilation de remixes de chansons issues du deuxième album du groupe, certains déjà connus avant la sortie de l’album, la majeure partie reste de l’inédit.
“Même quand j’écrivais encore cet album, j’imaginais le genre de remixes que l’on pourrait obtenir et les artistes auxquels nous les demanderons. Je ne pourrais être plus heureux du résultat ; je pense que c’est une réinterprétation vraiment intéressante et fraîche (et dans certains cas, légèrement cinglée, ce qui est une bonne chose pour moi) de nos chansons et j’ai hâte de la partager avec nos fans”.
Rendez-vous ci-dessous pour les deux premiers extraits inédits de l’album, suivis d’autres plus connus 🙂
Ayant tout lu ou presque sur l’album dans les magazines et sur la toile, je vous traduis donc les paroles de l’homme lui-même, J. Willgoose, Esq. : “Je sais que c’est assez inhabituel d’écrire une note de l’auteur pour ce qui est, essentiellement, un album quasiment pop, mais j’aime toujours lire les notes des livrets moi-même et j’ai pensé que ce serait bien de donner un peu plus d’explications sur les raisons pour lesquelles cet album a fini par se retrouver ainsi. Ce pourrait être prétentieux de le faire, si oui, je m’excuse. Dans tous les cas, je vais le faire, alors c’est parti.
Si vos vouliez écrire un album sur la course à l’espace, comment faire pour comprimer l’une des périodes de 15 ans les plus excitantes de l’histoire moderne en 9 petites chansons ? Comment faire tenir tous les événements importants, tous les drames, les hauts et les bas, en 43 petites minutes ? Comment tenter d’amener les plus larges connotations politiques de l’époque et les incorporer dans sa version de l’histoire ? Quel genre de musique écrire pour essayer de réfléchir la terreur, le chaos, l’excitation et finalement le triomphe ?
La réponse courte, c’est que tenter d’aborder chacune de ces questions avec un simple album est une tâche impossible, et vous seriez idiot d’essayer cela. Ce que j’ai tenté de faire à la place avec ces chansons, c’est de sélectionner quelques-unes des histoires de la période qui m’intéressaient le plus, émotionnellement et intellectuellement, et me mettre à les comparer, liant les histoires que nous avons couvertes avec des thèmes récurrents tout en les juxtaposant avec des styles différents. J’ai essayé d’éviter les choses qui semblaient avoir été faites à de nombreuses reprises auparavant – la majeure partie des répliques les plus célèbres, celles que j’appellerais les hollywoodiennes, de la course à l’espace ne sont pas sur cet album, bien que quelques-unes les plus évidentes s’y trouvent. En cours de route, j’ai pris d’assez grandes libertés avec la chronologie et je suis passé par divers styles musicaux, le tout dans une tentative de faire un album qui à la fois raconte l’histoire de l’époque et qui a sa propre histoire à raconter.
J’ai toujours essayé de ne pas être trop littéral lors de l’écriture de la musique autour des samples que nous utilisons. Dans de nombreux cas, j’aime l’incohérence qui en résulte, et je suis un grand partisan que tout ne doit pas être sensé tout le temps. C’est pour ces raisons – et d’autres ! – que nous nous sommes retrouvés avec une chanson comme Gagarin, sorte de chanson de super-héros pseudo-funk. Ce n’est probablement pas ce qu’on s’attend à entendre dans une chanson à propos du premier humain dans l’espace, mais après avoir regardé les images fantastiques du British Film Institue et écouté la narration – le héros qui a ouvert la voie vers les étoiles, toute la planète le connaissait et l’aimait – cela semblait approprié d’essayer de créer une chanson qui capturait le triomphe et l’exubérance de cette époque. Et en même temps, un peu de mélancolie s’immisce vers la fin, présageant sa mort tragique dans un accident d’avion seulement sept ans plus tard.
L’incohérence, et la menace constante du danger, est également la raison pour laquelle j’ai mis Fire In The Cockpit, dont le sujet est la mort terriblement triste et bouleversante de trois astronautes lors d’un entraînement pour le lancement d’Apollo 1, si proche entre les triomphes soviétiques jumeaux du premier voyage spatial de Gagarine et la première sortie dans l’espace de Leonov. Je me suis trituré l’esprit si oui ou non il fallait inclure l’histoire d’Apollo 1, mais j’en suis arrivé à la conclusion que cela ne rendait pas service de ne pas le mentionner, que de le mentionner – et surtout si l’on considère le nombre de vies qui ont été sauvées en conséquence des changements faits à la suite de leurs morts. À la lecture de nombreux récits d’astronautes de l’époque, ainsi que l’excellent A Man On The Moon d’Andrew Chaikin, il semblait que leurs collègues pensaient très fortement que la mort de l’équipage d’Apollo 1 ait sauvé un grand nombre de vies, et je voulais refléter cela. (La véritable tragédie des trois morts américaines, c’était qu’un cosmonaute soviétique, Valentin Bondarenko, était décédé dans des circonstances très similaires bien plus tôt en 1961 ; si les Soviétiques et les Américains avaient eu une manière facile d’échanger les informations, et peut-être un petit peu plus de confiance, les circonstances entourant sa mort ne seraient pas restées un mystère au monde extérieur durant une si longue période après.) Coincer la chanson entre les deux “grands moments” indubitables de la conquête de l’espace semblait être une manière efficace de suggérer que le danger n’était jamais loin – quelque chose que l’expérience d’Alexeï Leonov durant la première sortie dans l’espace pourrait concorder, le Russe ayant passé bien plus que les dix minutes dans l’espace mentionnées dans E.V.A., perdant pratiquement la vie durant le processus.
Sur une note plus positive, j’aimerais écrire un mot sur Valentina Terechkova, et l’implication de Smoke Fairies dans la chanson que nous avons écrite à propos d’elle. L’un des plus gros problèmes avec le matériel que nous utilisons, de la période que nous abordons, c’est qu’il est pratiquement totalement dépourvu de voix féminine. On dit souvent que l’histoire est écrite par les vainqueurs, mais ce serait tout aussi, sinon plus, apte de dire qu’elle a été complètement écrite par les hommes. Des images que j’ai obtenues de la première femme dans l’espace, toutes comprenaient sa voix traduite par des voix masculines. Plutôt que des hommes encore – nous, dans ce cas – tentent de parler en son nom, il semblait plus approprié de demander à une chanteuse invitée de fournir une voix féminine, alors nous avons essayé une approche différente avec Valentina et je suis très heureux de l’avoir faite. Smoke Fairies a mis beaucoup de travail dans cette chanson et j’espère que vous appréciez ce qui est une excursion assez inhabituelle pour nous.
Le morceau d’ouverture est probablement une excursion encore plus inhabituelle pour nous. Je n’ai jamais écrit pour une chorale auparavant (et j’ai été assisté de manière compétente par Peter Gregson aux arrangements dans ce cas), mais il me semblait correct d’ouvrir l’album avec des voix humaines – des voix délicates qui montaient néanmoins en quelque chose de puissant, dans une tentative de refléter la puissance de la rhétorique de Kennedy. Il me semblait également correct d’essayer quelque chose de difficile et risquée en tant que compositeur afin de refléter la lutte que décrit JFK, en particulier la décision de faire des choses non pas parce qu’elles sont faciles, mais parce qu’elles sont difficiles. La chorale réapparaît sur le dernier morceau (avec plusieurs mélodies adaptées d’autres chansons en cours de route) comme une manière de refermer le cercle ouvert par la première, mais j’ai aussi ajouté un court morceau ambiant – tentative d’une sorte d’instrumentale appel de la lune – pour suggérer qu’il y a des choses à régler, et nous pourrions, un jour, envoyer une autre mission habitée vers la lune. Je l’espère.
Attiser la rivalité entre les deux parties était également quelque chose que nous avons essayé d’incorporer dans l’album, que ce soit via de subtils détails comme enregistrer les chansons de chaque nation avec des batteries différentes et de faire leurs panoramiques audios dans des directions opposées (c’est pour les geeks audiophiles, probablement !) ou plus évidemment opposer les bips témoins de la NASA (les bips Quindar si cela vous intéresse) au signal de Spoutnik. L’idée d’utiliser le signal de Spoutnik pour tirer la chanson est venue assez rapidement, tout comme l’idée d’essayer de donner à la chanson une atmosphère plus générale de menace pulsante électronique. Pour les Américains, entendre cette voix soviétique diffusée depuis l’orbite au-dessus d’eux a dû être profondément perturbant ; de même, pour les Soviétiques, savoir que c’était là-haut a dû être à la fois impressionnant et une source de fierté.
Deux morceaux que je n’ai pas encore mentionnés, Go! et The Other Side, sont des tentatives de trouver des manières relativement nouvelles d’aborder des événements très célèbres en évitant trop de répliques trop connues ou utilisées. Mission Control (le centre de contrôle de mission) à Houston devient ainsi le centre de l’attention des deux chansons, et j’aime en particulier la manière prosaïque dont ceux restés au sol ont traité avec les hommes qui atterrissaient sur la lune pour la première fois ; Nous venons d’avoir une panne est rapidement suivi par un D’accord, arrêtez de bavarder dans cette pièce. Ce sont des choses admirablement lucides, et ces deux chansons sont notre petit hommage à ces gens, principalement en coulisses, qui ont tellement contribué à ces succès américains. Et malgré cette qualité impassible, le moment où Apollo rétablit le contact après avoir voyagé sur la face cachée de la lune est tellement émotionnel que même le commentateur ne peut cacher sa joie. Pour moi, c’est le moment le plus émotionnel de l’album.
Je suspecte que certains auditeurs pourraient se plaindre que cet album s’arrête trop brusquement (certains pourraient aussi bien déclarer le contraire !), sautant de Apollo 11 à 17 en un seul morceau. Beaucoup de choses sont arrivées entre ces missions, notamment la tragédie soviétique de Soyouz 11 et les événements célèbres qui ont entouré Apollo 13, mais le saut de la mission 11 à 17 dans notre version des événements est assez délibéré. L’une des choses les plus tristes, regardant toute la période avec les yeux de quelqu’un qui n’a pas eu la chance de la vivre, c’est la manière dont aller sur la lune semblait devenir banal, et la rapidité avec laquelle le public semblait perdre de l’intérêt pour cela. Les Soviétiques avaient déjà délaissé la lune en faveur de leurs efforts pour leur station spatiale orbitale qui saisit moins l’imagination, et les Américains ont envoyé 6 autres équipages sur la lune (dont seuls 5 ont eu du succès, avec Apollo 13 considéré comme un échec à succès) durant les 3 ans et demi qui se sont écoulés entre Apollo 11 et 17 ; et puis, aussi rapidement que cela, l’âge d’or de l’exploration spatiale habitée était terminée.
Ce court recueil de chansons ne va pas raconter même une fraction de la distance de l’histoire entière de la course à l’espace. Je suis assez sûr qu’il échoue à bien des niveaux, et je pourrais probablement vous dire moi-même la plupart d’entre eux. C’est, néanmoins, notre version, et j’espère qu’elle contient quelque chose qui vous parle. Au bout du compte, c’est ce que nous avons essayé d’atteindre avec cet album, et j’espère que nous y sommes arrivés, même si ce n’est que d’une certaine manière, aussi petite qu’elle soit”.
J. Willgoose, Esq. 32 ans et demi Londres, novembre 2014
Même la pochette reflète la dichotomie de l’album puisqu’elle est réversible, une face américaine avec les premiers pas d’Armstrong sur la lune et l’autre soviétique représentant Spoutnik s’envolant avec le logo du groupe sur son flanc, ainsi aucune n’est mise en avant. Même le poster dédicacé était réversible !
L’album est entré à la 11ème place des charts et même à la 1ère des charts des disquaires indépendants, le troisième entrera-t-il à la 1ère place des charts généraux ?
Le premier album tant attendu après moultes retransmissions live et singles tient son nom du motto du public service britannique (l’équivalent de notre ORTF) “Informer, éduquer, divertir”. Il a atteint la 21ème place des charts albums britanniques. Alors qu’à première vue, ce ne serait être un album concept comme l’a été le EP The War Room, il s’agit bien d’un selon J. Willgoose, Esq., “le concept, c’est nous”. L’album est une compilation de morceaux plus ou moins anciens, certains datant même d’avant le EP. L’album s’ouvre sur le titre éponyme, qui s’avère être un medley musical de l’album. Suit un échappé du EP The War Room, Spitfire, dont on a déjà bien parlé, donc je vous renvoie là-bas pour plus d’information. Theme From PSB, comme son nom l’indique, raconte l’histoire du Public Service Broadcasting. Basé sur le banjo, c’est un des plus anciens morceaux du groupe, ici retravaillé. Morceau très estival, il fonctionne très bien en festivals. Signal 30 parle de sécurité routière et du film éducatif du même nom. Je vous invite à consulter l’article consacré au single pour en savoir plus. Night Mail sample le film documentaire du même nom de 1936 à propos d’un train postal du London, Midland and cottish Railway (LMS) de Londres en Écosse. Plus d’informations concernant ce film se trouvent dans l’article consacré au single. Qomolangman est le nom tibétain du Mont Everest et celui d’une réserve protégée qui correspond à la partie septentrionale de son massif. On comprendra plus aisément que ce morceau reprend des thèmes du morceau Everest avec des cuivres dessus. C’est la seule instrumentale de l’album et sert de pause sur la version CD de l’album (sur le 33 tours, elle clôt la face A. La face B commence par ROYGBIV, dont on a déjà parlé ici, à propos de l’arrivée de la couleur à la télévision. Ce morceau est une tentative d’écrire un morceau aussi coloré que possible, dixit J. Willgoose, Esq. The Now Generation, ensuite, est le morceau le plus superficiel de l’album, puisqu’il parle de mode. “Notre ode au velours côtelé”, hommage à leur style vestimentaire si important (il suffit de regarder le nom de ce site). Arrive après le morceau le plus ancien de l’album, et le deuxième morceau que Willgoose ait écrit sous le nom de Public Service Broadcasting. Je vous renvoie à l’article du single ROYGBIV pour plus d’informations. Everest, le morceau préféré de Willgoose sur l’album, vient de sa volonté d’écrire un morceau plus optimiste après le EP The War Room sur la deuxième guerre mondiale. L’album se conclut sur Late Night Final, très morose puisqu’il parle de la mort, mais c’est un très beau morceau, joué trop rarement sur scène. (Je vous recommande la vidéo captée à XOYO le 27 novembre 2012 – soirée de lancement du single Everest – avec des membres de Professor Penguin aux cuivres et à la basse. Si ce bassiste vous dit quelque chose, c’est qu’il ressemble fortement à un certain JF Abraham 😉 ). J. Willgoose, Esq., n’aimant pas le saxophone, s’étonne de la présence de celui de Wrigglesworth mais ne regrette rien. Cet album un peu fourre-tout en apparence était une bonne introduction au groupe et son concept.