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The Quietus | 6 juillet 2017

Luke Turner à propos de Every Valley de Public Service Broadcasting

Les marchands de nostalgie se rappellent des mineurs avec des bêtises pompeuses, insipides et bizarrement sous-estimées. Luke Turner est vertueusement consterné.

En 1960, la BBC a diffusé un documentaire intitulé Borrowed Pasture. Narré par Richard Burton, il racontait l’histoire de Eugenius Okolowicz et Vlodek Bulaj, deux soldats polonais qui, incapables de retourner sur leurs terres natales après la seconde guerre mondiale, avaient du mal à joindre les deux bouts en travaillant la terre autour d’une ferme galloise décrépite. C’est une œuvre incroyable, évocatrice et poignante, capturant parfaitement la solitude de deux hommes qui se séparaient tous les soirs avec un “bonsoir M. Okolowicz” et “bonsoir M. Bulaj” avant de s’agenouiller à leurs lits pour faire leur prière.

J’évoque cela parce que Public Service Broadcasting m’ont longtemps donné l’impression qu’ils tentaient d’utiliser la musique pour atteindre quelque chose de tout aussi profond, avec leur utilisation d’images d’archives et de samples de vieux films une sorte d’approche de collage pour développer une nouvelle forme de documentaire. Dans d’autres mains, ce pourrait bien fonctionner, car le passé est riche et vid, rempli de tragédie et de joie, d’amour et de chagrin, d’envie et de destruction. Ce devrait et peut être une ressource riche pour les artistes qui souhaient nous montrer des vérités sur notre présent en explorant ces zones grises, narrations perturbées et vies oubliées. Depuis leur première sortie, le EP The War Room en 2012, Public Service Broadcasting se sont incroyablement trompés, avec des extraits maladroits et évidents d’archives audio lâchés en tas sur une musique qui sonne un peu mieux que des chutes du terrible groupe de trip-hop de la fin des années 2000 Lemon Jelly. Scandeleusement, ils ont plutôt prospéré, malgré le fait qu’ils soient l’équivalent musical de l’une de ces nuits en club épouvantables sur le thème du Blitz où les gens qui travaillent dans la pub se soulent en tenues des années 1940 avant de rentrer à la maison pour nettoyer le vomi du gin avec un torchon Keep Calm & Carry On.

Ce n’est probablement pas leur intention. Je suis sûr que leur troisième album studio Every Valley était censé être un commentaire significatif sur le déclin de l’industrie minière galloise et la destruction appliquée sur de nombreuses communautés au cours des années 1970 et 1980. Mais c’est là où se trouve le problème sur ce disque peu mémorable. Ce n’est que lorsque j’ai lu le communiqué de presse qui l’accompagnait que j’ai eu une idée de ce que Public Service Broadcasting essaient de dire. L’atmosphère générale de Every Valley, c’est “les mines ferment émoji triste”, mais à part cela ? Tout d’abord, les samples vocaux ne fonctionnent pas comme des paroles. Ils dépeignent une image en deux dimensions, délivrent une narration guindée. Pire, ils commençent à être agaçants après des écoutes répétées, au mieux diluant l’impact des paroles et de l’intention de l’orateur. Même le susmentionné Richard Burton, dont la phrase “Every little boy’s ambition in my valley was to become a miner… They were the kings of the underworld” ouvre le disque, commence à sonner plutôt lasse. Il est curieux qu’à la cinquième ou sixième écoute de la voix d’un mineur gallois à propos de leur gagne-pain qui disparaît, le gimmick de Public Service Broadcasting devient une appropriation de mauvais goût.

Un album sur le déclin d’une industrie qui employait des millions de personnes et qui a irrévocablement changé le paysage de ces îles aurait dû avoir un sens du sérieux et d’intensité. Il n’y a rien de cela ici. La gargouillante They Gave Me A Lamp, avec ses cuivres enjoués et ses chœurs “ooo ooo” est sur des plateaux bien trop ensoleillés, comme si c’était de la musique qui passait sur un film Pathé utopique futur d’anciens mineurs qui rentraient avec entrain dans le centre d’appel tout neuf, anticipant avec hâte une journée à répondre à des fans de Public Sector Broadcasting furieux qui se plaignent de leurs factures de gaz. Progress a un refrain vocal insipide de “I believe in progress” et pourrait se retrouver dans la sorte de livret de chorale chrétien moderne qui ne tient pas tête aux grands jours quand les chapelles des vallées résonnaient de véritables hymnes. Et après tout, les hommes qui ont fermé les mines l’ont fait au nom du progrès aussi. À l’envers, ils empruntent le titre du film de recrutement de 1975, People Will Always Need Coal pour une chanson qui tinte joyeusement. Quel est le commentaire ici, sous la musique légère grandement inapproprié ? Que les recrues en herbe ont été dupées ? Que nous aurions dû garder les mines ouvertes ? Face à la catastrophe climatique, ce serait une position absurde. Le fait que le vendredi 21 avril, la Grande-Bretagne a réussi sa première journée depuis des siècles sans brûler de charbon devrait être célébré, pas déploré. D’un point de vue environnemental, fermer les mines n’a pas été tant la tragédie que la manière dont les mineurs ont été abandonnés après cela. Ce morceau pose les bases du disque en entier, tout en tap tics de guitares irritants, batterie qui cataclope, une tentative de cuivres poignants en crescendo qui retombe à plat. All Out, c’est du Mogwai platement réimaginé pour conduire entre Merthyr Tydfil à Aberdare. Si vous arrivez à imaginer James Corden au volant, vous aurez l’idée générale de combien c’est confortablement ennuyeux. On se demande pourquoi James Dean Bradfield a accepté d’apparaître sur Turn No More, étant donné que les traumatisme psychiques infligés au Pays de Galles dans les années 1980 ont été une telle inspiration clé au fil des années, surtout étant donné que le groupe a essentiellement écrit un morceau qui somme comme s’il avait pu apparaître sur une compilation de karaoke des Manic Street Preachers. Même la présence (enfin !) de paroles en langue galloise de la part de Lisa Jen Brown ne peut sauver You + Me de la monstruosité au cul tandis qu’elle monte et monte, combinant la solidarité et l’amour : “If we stand as one we’ll have something they’ll never break”.

Cela me perplexe depuis longtemps que British Sea Power soient considérés comme des Scouts rock vieillots tandis que Public Service Broadcasting ont tout l’amout du public. BSP canalise l’intoxication psychédélique dérangée dans des chansons rock stratosphériques odes à la liberté de mouvement en Europe, la tragédie de la fonte de la calotte glaciaire, et des tentatives de s’opposer à l’âge algorithmique. La différence cruciale, c’est que là où la musique de British Sea Power est de ton élégiaques, ou que Kemper Norton, Laura Cannell, Darren Hayman, I Like Trains, Grumbling Fur et English Heretic puisent dans les histoires anciennes extraordinaires, Public Service Broadcasting colportent de la nostalgie confortable facielement digérable. Le mot en N est la seule énergie motrice, à la fois ici et sur le reste de la production risible de Public Service Broadcasting. Cela explique peut-être leur popularité bizarre, à la fois au Royaume-Uni (où la nostalgie est notre maladie nationale) et à l’étranger (où elle va avec l’image touristique d’une Grand-Bretagne où personne qui y vit n’est allé) et les fait sonner aussi comme le Brexit. Effectivement, l’esthétique de Public Service Broadcasting partage un conservatisme accidentel avec l’Albion pourri imaginé par Pete et Carl des Libertines, qui vont bientôt s’embarquer dans la tournée des villes de bord de mer britannique au nom stupide de Tiddeley On Pom Pom Tour.

Malgré l’insupportable suffisance de leurs chansons, c’était juste tolérable quand ils composaient des odes à des avions de chasse et la course à l’espace. Ici, cependant, cela laisse un goût âcre. Il y a beaucoup à propos de quoi être furieux quand on en vient à ce qui est arrivé à notre industrie minière, dans les vallées galloises et au-delà. Le gouvernement ne veut toujours pas ouvrir d’enquête publique sur les actions de la police contre les mineurs grévistes à Orgreave. Des centaines de milliers vivent dans l’anciens villes et villages miniers où le chômage est monnaire courante et les soutiens traditionnels de la communauté – les sociétés, la chapelle, le pub – se sont effrités ou ont été détruits. À la place, cela avance simplement la question si oui ou non il est possible d’être radical tout en faisant de la musique qui pourrait aussi bien être un stock de bibliothèque pour faire la bande sonore d’une pub pour une croisière sur le fleuve Bure, narré par Alan Partridge.

En 2014, Test Dept a créé une installation à propos des délabrés Dunston Coal Staithes sur le fleuve Tyne, en banlieue de Newcastle et Gateshead, où 14 000 tonnes de charbon par semaine ont été chargés sur des bateaux pour l’exportation. L’œuvre utilisait un collage d’images projetées de mines, grèves, discours et Thatcher combinées avec du son et des lumières pour faire un commentaire en collère grandement émotionnel sur ce qui avait été fait à l’industrie minière. Le collage de son finissait avec juste le murmure du fleuve alors que Take Me Home chanté par le South Wales Striking Miners Choir flottait sur les vagues noires : “I remember of the face of my father / as he walked back home from the mine”, chantaient-ils et j’ai regardé le public autour de moi ce soir-là et j’ai vu que personne n’avait les yeux secs. C’était l’une de mes expériences musicales les plus profondes de ma vie, exemple de comment le chant communal traditionnel et l’art contemporain pourrait provoquer une colère vertueuse pour la restitution et le changement. Public Service Broadcasting utilisent la même chanson pour refermer cet album. Cela sonne, comme à l’époque, comme une apparition. Pourtant cela révèle également le reste de Every Valley comme un exercice de fine superficialité, mémorial galvaudé aux efforts herculéens de ces inconnus qui trimaient sous les flancs de coteau humides de cette terre.

Traduction : 18 février 2024

The Independent | 7 July 2017

Public Service Broadcasting interview: Band explore Brexit, Trump and coal mining on new album Every Valley

For the band’s third abum, frontman J Willgoose Esq decided to explore the lives of ordinary people who persist against great odds. The journey took him to the heart of the Welsh valleys, where the end of coal mining can still be felt

Hazel Sheffield

J Willgoose Esq, frontman of the band Public Service Broadcasting, had never visited the mining communities of South Wales before he decided to write an album about them. Then again, he’d never visited the outer reaches of the galaxy when he wrote the band’s second album The Race for Space in 2015.

He has, however, spent years exploring the limits of human achievement by sampling archive recordings from the British Film Institute and setting them to music. For his latest project, he decided to turn his attention to the lives of ordinary people who persist against great odds. “I wanted to write about everyday heroic deeds,” he says down the phone from his home in south London. “This album is about mining in one way, but it’s also about community and loss and dealing with the vanishing of something that previously defined you.”

After settling on the valleys, Willgoose worried about barrelling into close-knit village communities and attempting to tell their story. Disaffection about the decline of manufacturing, including the closure of coalmines and steelworks, runs deep in South Wales.

He was reminded of it during the referendum, just a few weeks after he contacted the Ebbw Vale Institute, an arts centre built in 1849 by the local steelworks company, looking for a place to rehearse and record.

The day after the vote, a national newspaper splashed that Ebbw Vale, a town “showered with EU cash”, was the also the place with the highest proportion of leave voters in Wales, at 62 per cent. It lamented that EU funding was behind local roads, railway links and apprenticeship schemes trying to make life better despite unemployment at 40 per cent.

Willgoose says: “The referendum got me thinking about young people [who are] so disenfranchised that they would roll the dice on their own future,”

When he visited he found a pretty Welsh village in a state of disrepair, where teenagers rode BMX’s round the carpark at the local Tesco on a Friday. “I probably did the equivalent in south London when I was a teenager,” Willgoose says. “But I can’t help thinking there were more opportunities.”

“It’s a bit of a bleak industrial town,” says Chris Phillips, events organiser for the Ebbw Vale Institute. “Parochial, really. We’ve been forgotten for so long, we’ve developed a siege mentality.” Phillips caters for local taste by booking Nirvana and Thin Lizzy tribute acts to play at the 300 capacity venue in the Institute, which has become home to yoga classes, a cafe and youth drug and alcohol services. “They are quite busy,” Chris says.

When Public Service Broadcasting said they wanted to record somewhere in Wales, their management suggested plush Welsh studios like Rockfield, where Queen recorded “Bohemian Rhapsody”, or Monnow Valley, which has hosted the likes of Oasis, Manic Street Preachers and Iggy Pop. But Willgoose wanted something more DIY. They struck a deal with Phillips to build a studio in the gig venue for the whole of January. Phillips says they jumped at the chance: “We had to move the Zumba classes and the patchwork quilt classes and kept everyone sworn to secrecy.”

In the meantime, Willgoose started digging at the South Wales Miners’ Library at Swansea University. He wanted to find the unsung heroes of the miners’ strikes, the ones who held the community together as their local economy collapsed around them.

Sian Williams, assistant librarian, helped Willgoose discover an interview with Christine Powell reflecting on the strikes of 1984 and 1985. She can be heard blazing a trail for women in “They Gave Me A Lamp”: “I didn’t see any reason why I shouldn’t be out there doing what I was doing, why I shouldn’t be in the support group.”

Williams, assistant librarian, talks animatedly about how Public Service Broadcasting are helping with the library’s aim of sharing their material with a wider audience, particularly in the current climate. “If you look at some of the fantastic orators and listen to their messages from the 1920s onwards, many of them are the same things we are hearing today, just in a different context,” Williams says. “I hope it will give people strength.”

Willgoose sourced as much as he could from library recordings and film archives in Bristol and London, but he needed something more. “The material wasn’t really there for the stories we wanted to tell. I wasn’t going to find a reading of Idris Davies’s poem that would have been as good as getting James Dean Bradfield to sing it,” he says. He was made up when Bradfield, frontman of Manic Street Preachers, recorded the version of “Gwalia Deserta” by the Welsh poet Idris Davies that became “Turn No More”.

Public Service Broadcasting returned to the Ebbw Vale Institute in June, after the record had been sent off for pressing, to play two sold out shows. Phillips and Williams were both there. “I was actually very emotional,” Williams remembers. “I just was so overwhelmed by the sensitivity and the reaction from the miners, some of whom had travelled quite far.”

Wayne Thomas, an ex-miner who worked down the pits for 20 years, was also there. Thomas became the director of a nearby colliery when the miners brought it into community ownership. He remembers striking as young man with a family to feed.

“Ending mining is one thing, but the real thing was smashing the union. It wasn’t worth what it cost my community,” he says. “For us it was a case of how desperate people were, they would go into cleaning jobs, stocking shelves, waiting for things to crop up.”

Thomas says all of a sudden, without offering alternatives, the Government pulled the plug on the mining industry: “Guys in their forties who were well respected in their industry were on the dole for the first time in their lives. They didn’t know how to cope with it.”

On the song “Progress”, Tracyanne Campbell from the Scottish band Camera Obscura repeats the line, “I believe in progress,” over a rousing instrumentation inspired by Kraftwerk, the metal machine musicians from Germany who celebrated all things industrial.

Willgoose knew this album had to explore the complexities of progress, balancing the inevitable decline of fossil fuels with the need for progressive social ideas. “It’s the ultimate double-edged sword, the relentless drive behind the human race,” he says. “You can’t stop progress, even when whole communities are affected in a negative way. But you can view view society as a whole and take care of the people who are left behind.”

Christine Powell’s voice returns to tell us about those left behind on “Mother of the Valley”. She laments the demise of the industry and its impact on the town: “You get to realise what you mean about the death of a village and about the pit being the mother of the village. Its sounds romantic, but it’s not romantic at all. It’s true.”

Willgoose says this is how disenfranchised communities, desperate for alternatives, fall prey to the kinds of populist messages peddled by Nigel Farage and Donald Trump. Wayne Thomas agrees. “For me the fight isn’t over,” Thomas says. “This album reminds us that this is not a bygone era. Not when old farts like me are still dealing with the consequences.”

‘Every Valley’, the new album from Public Service Broadcasting, is out on 7 July via Play It Again Sam

The Independent

The Independent | 7 juillet 2017

Interview de Public Service Broadcasting : le groupe explore le Brexit, Trump et l’industrie du charbon sur le nouvel album Every Valley

Pour le troisième album du groupe, le leader J Willgoose Esq a décidé d’explorer les vies de personnes ordinaires qui persistent contre toutes attentes. Le voyage l’a emmené au cœur des vallées galloises, où la fin de l’exploitation minière se ressent toujours.

Hazel Sheffield

J Willgoose Esq, leader du groupe Public Service Broadcasting, n’avait jamais rendu visite aux communautés minières du Sud du Pays de Galles avant de se décider d’écrire un album à leur propos. Mais aussi, il n’avait jamais visité les confins de la galaxie quand il a écrit le deuxième album du groupe, The Race For Space, en 2015.

Il a, cependant, passé des années à explorer les limites de l’exploit humain en samplant des enregistrements d’archive du British Film Institute et en les mettant en musique. Pour son dernier projet, il a décidé de tourner son attention vers les vies des personnes ordinaires qui persistent contre toutes attentes. “Je voulais écrire sur les actes héroïques de tous les jours”, dit-il au téléphone depuis chez lui dans le Sud de Londres. “Cet album parle de l’exploitation minière d’une manière, mais il parle de la communauté, la perte et gérer la disparition de quelque chose qui te définissait auparavant”.

Après s’être décidé sur les vallées, Willgoose s’est inquiété de foncer dans les communautés de village soudées et tenter de raconter leur histoire. Le mécontentement à propos du déclin de la manufacture, dont la fermeture des mines et des aciéries, est profondément ancré dans le Sud du Pays de Galles.

On lui a rappelé cela pendant le référendum, juste quelques semaines après avoir contacté le Ebbw Vale Institute, centre artistique construit en 1849 par la société locale d’aciérie, à la recherche d’un endroit où répéter et enregistrer.

Le lendemain du vote, un journal national a étalé que Ebbw Vale, ville “couverte d’argent européen”, était également l’endroit avec la plus grande proportion de votes pour quitter l’Union Européenne du Pays de Galles, à 62%. Il regrettait que le financement européen derrière les routes, voies de chemin de fer et programmes d’apprentissage locaux qui essayaient de rendre la vie meilleure malgré un taux de chômage à 40%.

Willgoose dit : “Le référendum m’a fait penser aux jeunes [qui sont] tellement privés d’un droit qu’ils lanceront le dé de leur propre avenir”.

Quand il s’est rendu sur place, il a découvert un joli village gallois dans un état de délabrement, où les adolescents enfourchaient des BMX sur le parking du Tesco du coin le vendredi. “J’ai probablement fait l’équivalent du Sud de Londres ado”, dit Willgoose. “Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y avait plus d’opportunités”.

“C’est un peu une ville industrielle lugubre”, explique Chris Phillips, l’organisateur d’événements du Ebbw Vale Institute. “Paroissiale, vraiment. On nous a oublié tellement longtemps, qu’on a développé une mentalité de siège”. Phillips pourvoit aux besoins des goûts locaux en réservant des groupes tribute de Nirvana et Thin Lizzy pour jouer dans la salle de 300 places de l’Institute, qui accueille des cours de yoga, un café et des services de prévention contre les drogues et l’alcool de la jeunesse. “Ils sont assez occupés”, déclare Chris.

Quand Public Service Broadcasting ont dit qu’ils voulaient enregistrer quelque part au Pays de Galles, leur management a suggéré des somptueux studios gallois comme Rockfield, où Queen a enregistré Bohemian Rhapsody, ou Monnow Valley, qui ont accueilli des groupes comme Oasis, les Manic Street Preachers et Iggy Pop. Mais Willgoose voulait quelque chose de plus DIY. Ils sont parvenus à un accord avec Phillips pour construire un studio dans la salle de concert pendant tout le mois de janvier. Phillips dit qu’ils ont sauté sur l’occasion : “On a dû déplacer les cours de Zumba et de jeté en patchwork et garder tout le monde lié par le secret”.

Pendant ce temps, Willgoose a commencé à bûcher à la South Wales Miners’ Library de l’université de Swansea. Il voulait trouver les héros de l’ombre des grèves des mineurs, ceux qui tenaient la communauté ensemble alors que leur économie locale s’effondrait autour d’eux.

Sian Williams, bibliothécaire assistante, a aidé Willgoose à découvrir une interview de Christine Powell réfléchissant aux grèves de 1984 et 1985. On peut l’entendre ouvrir la voie aux femmes sur They Gave Me A Lamp : “I didn’t see any reason why I shouldn’t be out there doing what I was doing, why I shouldn’t be in the support group”.

Williams parle avec animation de comment Public Service Broadcasting contribuent au but de la bibliothèque de partager leur matière à un public plus large, particulièrement dans le climat actuel. “Si on regarde certains des orateurs fantastiques et écoute leurs messages depuis les années 1920, la majeure partie sont les mêmes qu’on entend aujourd’hui, juste dans un contexte différent”, explique Williams. “J’espère que cela donnera de la force aux gens”.

Willgoose s’est procuré autant qu’il pouvait des enregistrements de la bibliothèque et des archives de films à Bristol et Londres, mais il avait besoin de quelque chose de plus. “La matière n’était pas vraiment là pour les histoires qu’il voulait raconter. Je n’allais pas trouver une lecture du poème de Idris Davies qui aurait été aussi bonne qu’avoir James Dean Bradfield le chanter”, dit-il. Il a été récompensé quand Bradfield, leader des Manic Street Preachers, a enregistré la version de Gwalia Deserta par le poète gallois Idris Davies qui est devenu Turn No More.

Public Service Broadcasting est retourné à l’Ebbw Vale Institute en juin, après que le disque ait été envoyé au pressage, pour jouer deux concerts à guichets fermés. Phillips et Williams étaient tous les deux là. “J’étais en fait très émue”, se souvient Williams. “J’étais juste tellement bouleversée par la sensibilité et la réaction de mineurs, dont certais avaient voyagé d’assez loin”.

Wayne Thomas, ancien mineur qui a travaillé au fond des puits pendant 20 ans, était aussi présent. Thomas est devenu le directeur d’une mine proche quand les mineurs l’ont mise en co-propriété. Il se souvient de se mettre en grève jeune homme avec une famille à nourrir.

“Mettre fin aux mines, c’est une chose, mais le vrai truc, c’était écraser les syndicats. Ça ne valait pas ce qui a coûté à ma communauté”, déclare-t-il. “Pour nous, c’était une affaire de combien les gens étaient désespérés, ils prenaient des jobs de nettoyage, de mise en rayon, à attendre que des trucs se pointent”.

Thomas dit que tout à coup, sans offir d’alternatives, le gouvernement a mis un terme à l’industrie minière : “Des quarantenaires qui étaient bien respectés dans leur industrie étaient au chômage pour la première fois de leur vie. Ils ne savaient pas comment gérer ça”.

Sur la chanson Progress, Tracyanne Campbell du groupe écossais Camera Obscura répète la ligne, “I believe in progress”, sur une instrumentalisation entraînante inspirée par Kraftwerk, les musiciens machines métalliques venus d’Allemagne qui célébraient toutes les choses industrielles.

Willgoose savait que cet album devait explorer les complexités du progrès, équilibrant le déclin inévitable des combustiles fossiles avec le besoin d’idées sociales progressives. “C’est l’épée à double tranchant ultime, la poussée continuelle derrière la race humaine”, dit-il. “Tu ne peux arrêter le progrès, même quand des communautés entière sont affectées d’une manière négative. Mais tu peux voir la société dans l’ensemble et te souvier des gens qui sont abandonnés”.

La voix de Christine Powell revient nous parler de ces personnes abandonnées sur Mother Of The Valley. Elle regrette la mort de l’industrie et son impact sur la ville : “You get to realise what you mean about the death of a village et about the pit being the mother of the village. It sounds romantic, but it’s not romantic at all. It’s true”.

Willgoose explique que c’est ainsi que les communautés laissées pour compte, désespérées d’obtenir des alternatives, deviennent les victimes des sortes de messages populistes colportés par Nigel Farage et Donald Trump. Wayne Thomas acquiesce. “Pour moi, la lutte n’est pas finie”, dit Thomas. “Cet album nous rappelle que ce n’est pas une période passée. Pas quand de vieux croûtons comme moi en gèrent encore les conséquences”.

Every Valley, le nouvel album de Public Service Broadcasting, sort le 7 juillet sur Play It Again Sam.

Traduction : 21 janvier 2024

Yorkshire Evening Post | 29 juin 2017

“Je suis heureux de dire qu’il y avait beaucoup d’ouverture d’esprit”

La grande quantité d’anciens films contenus au sein des archives du British Film Institute de Londres se sont révélés une source riche d’inspiration pour Public Service Broadcasting.

Après avoir fondé leurs deux premiers albums sur des films d’information publics et la course à l’espace entre les États-Unis et la Russie soviétique, J Willgoose Esq s’y est redirigé pour leur troisième disque.

Every Valley explore l’histoire de la communauté de l’exploitation minière dans le Sud du Pays de Galles et les changements profonds causés par le déclin et la chute de l’industrie.

“Il n’y a pas de trajet particulièrement simple pour arriver à l’album tel qu’il est”, commence Willgoose. “C’était l’idée réfléchie sur une longue période que peut-être je pourrais faire quelque chose d’intéressant avec les archives minières du BFI, parce que je sais qu’ils en ont beaucoup et qu’on a une bonne relation avec eux, je voulais faire quelque chose de différent avec The Race For Space et cette progression de grands thèmes épiques et énormes et peut-être faire quelque chose d’un petit peu plus spécifique géographiquement avec peut-être un côté un petit peu plus politique.

“Je pense que la chose qui m’a attiré vers le Sud du Pays de Galles plus que tout, c’était la force de la communauté là-vas et combien c’était la région la plus solide durant la grèce [de 1984-85] et moi qui me demandait pourquoi c’était le cas et si oui, comment c’est aujourd’hui ? C’est probablement ce qui a fait ronronner les engrenages en premier lieu”.

Willgoose tenait également à visiter les vallées galloise lui-même. “C’était une partie importante pour que tout soit correct – ou aussi correct que quelqu’un comme moi puisse faire. Y aller et y passer beaucoup de temps à faire de véritables recherches et à rencontrer des gens et leur parler et le faire dans le véritable esprit d’implication et d’ouverture d’esprit que le mérite un sujet comme ça. Si tu vas le faire, tu dois bien le faire et ne pas y aller avec beaucoup d’idées préconçues, faire presque table rase et dire, Qu’est-ce qui s’est passé ici alors ?

Parler avec les gens qui ont travaillé dans les mines d’Ebbw Vale s’est avéré révélateur. “Comme ils ont vécu la grève, c’était des petites choses comme s’attendre à ce qu’ils soient très anti-poloce. Je pense que dans les vallées, ils n’ont pas eu beaucoup de personnes de Londres qui sont arrivées en bus pour superviser ces choses. La majeure partie du temps, les conflits étaient avec les gens qu’ils connaissaient et plus d’une sorte personnelle. C’était des trucs comme ça, découvrir combien c’était plus nuancé, pas juste y aller pour crier.

“C’était des recherches utiles et il était utile de parler avec des personnes qui étaient directement impliquées et ne pas simplement y aller en pensant avoir lu quelques livres et regardé quelques films ; c’était une partie importante du processus – mesurer autant que possible ce qu’allait être la réaction de ces gens envers quelqu’un comme moi qui venait en disant j’aimerais écrire un album à propos de ça : est-ce que ça allaot être un mur d’hostilité ou y’allait-il avoir une ouverture d’esprit ? Je suis ravi de dire qu’heureusement il y a eu beaucoup d’ouverture d’esprit et quasiment un encouragement tacite à plusieurs égards. C’était génial”.

Willgoose admet que le manager du groupe avait à l’origine des doutes à propos du projet. “Certains pourraient avoir également cette réaction : comment prendre quelque chose comme ça et le rendre ouvert et accessible ? Comment finir avec un album intéressant qui n’est pas que politique, conflit et colère ? Je ne voulais pas vraiment écrire cet album”, explique Willgoose. “Ça a sa place dessus mais ce n’est pas l’émotion principale, certainement”.

Le thème central de l’album du manque d’attention et de l’abandon de toute une communauté peut se voir reflété dans d’autres sociétés post-industrielles de par le monde. Willgoose admet se sentir particulièrement impliqué dans la politique au cours de ses dernières années.

“Je pense que c’est comme le dit le sample dans They Gave Me A Lamp, à un moment, que ce soit tôt dans votre vie, ou plus tard, vous vous rendez compte que tout dans la politique vous affecte directement ou indirectement. Je ne vois pas comment tu ne peux pas t’intéresser étant donné ce qu’il se passe depuis ces deux dernières années.

“C’était la chose intéressante pendant qu’on faisait cet album parce que je savais que je voulais le faire comme ça avant même les dernières élections législatives, quans ces résultats sont sortis, ils ont pris tout le monde par surprise. J’ai pensé Peut-être que c’est un bon moment de faire quelque chose comme ça. Puis le référendum sur l’UE est arrivé et ça a ajouté un tout nouveau niveau de complication, de subtilité et d’importance à tout ça et puis M. Trump de l’autre côté de l’océan qui parle de ramener ces emplois et tu penses tout simplement je ne sais pas comment tu ne pourrais pas ne pas être impliqué sur le plan politique en ce moment. Ça me semble tout simlpement impossible. Certains y arrivent peut-être, par conséquent, ils ont une vie moins anxieuse peut-être”.

Every Valley sort le 7 juillet. Public Service Broadcasting jouent à l’O2 Academy de Leeds le 19 octobre.

Traduction : 6 août 2023

The Scotsman | 3 juillet 2017

Public Service Broadcasting : Every Valley

PIAS ★★★☆☆

Le groupe londonien Public Service Broadcasting est l’une des success stories les moins connues mais des plus agréablement surprenantes de ces dernières années, capturant l’imagination de leurs astucieux samples d’audio-visuels d’information publique sur des instrumentales atmosphériques inspirées du Krautrock.

Leur concert The Race For Space, construit autour de films d’archive de la NASA, a été le grand moment du récent Edinburgh International Science Festival mais aujourd’hui, ils reviennent sur terre avec assez d’emphase, tournant leur attention à la montée et la chute de l’industrie minière sur Every Valley.

Cette histoire locale à la résonnance globale a été enregistrée dans l’ancien institut des mineurs de Ebbw Vale et comprend des interviews avec des mineurs d’autrefois, un petit peu de cuivres des mines et de chorales de voix masculines. Mais PSB n’ont pas la main lourde sur les références culturelles ou sur les avertissements implicites de l’histoire.

Chaque morceau présente un aperçu d’une facette différente de la société minière. Le morceau d’ouverture se développe en fanfare orchestrale chatoyante tandis que les tonalités suaves de Richard Burton brossent le tableau de la noblesse perçue de la profession pour les jeunes garçons du Sud du Pays de Galles, tandis que les tons BCBG des présentateurs d’après-guerre documentent les dangers de la profession sur la bande sonore prophétique de The Pit.

Des voix chantées sont tissées dans les clips de spoken word. La chanteuse de Camera Obscura, Tracyanne Campbell, ajoute de la texture chant d’oiseau à la vitesse motorik régulière de Progress. Turn No More est plus rock avec la voix étouffée du leader des Manic Street Preachers, James Dean Bradfield, qui a grandi au cours de la grève des mineurs.

They Gave Me A Lamp aborde le réveil politique des femmes des mineurs, tandis que Mother Of The Village est une analyse à froid réfléchie et douloureuse. C’est malheureusement trop facile d’appliquer le bénéfice du recul sur les prédictions super-optimistes des opportunités de carrière dans People Will Always Need Coal, probablement le moment le plus poignant de cet album empathique.

Traduction : 8 mai 2023

Drowned In Sound | 5 juillet 2017

Public Service Broadcasting
Every Valley

Label : PIAS Recordings
Sortie : 07/07/2017

Matthew Slaughter

Ebbw Vale était l’une de nombreuses villes industrielles au cœur des vallées du Sud du Pays de Galles décimées par la démolition intentionnelle et, avec le recul, presque inimaginable de l’industrie du charbon au cours des années 1980. Village qui prospérait grâce au travail et à la communauté génération après génération, le peuple de Ebbw Vale a vu son gagne-pain et son avenir arrachés alors que la vie qu’ils connaissaient s’est arrêtée brusquement ; un avenir défini et consistant remplacé par l’incertitude et la pauvreté.

Le troisième album de Public Service Broadcasting, Every Valley, prend Ebbw Vale en tant que microcosme ; une étude de cas qui caractérise en montre les conséquences de la mort de l’extraction minière ; il étend cet exemple comme couche télescopique transparente au travers de laquelle il devient peut-être plus facile de comprendre les conséquences d’une politique inhumaine imposée aux gens de la classe ouvrière d’une portée bien plus large de lieux géographiques. Malgré avoir enregistré et dévoilé l’album à Ebbw Vale elle-même, l’album parle effectivement de sujets plus larges.

“La politique, c’est la vie, et tout ce qui a à voir avec te touche, directement ou indirectement”, déclare une voix féminine d’archive sur They Gave Me A Lamp, tourbillon de boîte à musique avec Haiku Salut, qui se concentre sur l’importance du rôle des femmes dans les communautés comme celle-ci – souvent quelque chose seulement véritablement souligné ou reconnu quand ces communautés commencent à se désagréger. Une offre d’émancipation arrive à la fin de la chanson avec le sample direct et clair “Je n’ai jamais baissé les bras… et j’en suis très fière” déclare une femme sur le fond d’un son hurlant et intense.

Les chansons comme celles-ci sont au cœur d’un disque qui pourrait sembler, soyons francs, vachement lugubre. Pourtant même si notre voyage commence (oui, c’est un album concept alors à quoi nous attendons-nous ?) avec des chansons comme Every Valley avec J. Willgoose, Esq. samplant les paroles retentissantes de Richard Burton alors qu’il décrit le statut des mineurs au Pays de Galles (“C’était les rois du monde souterrain”, psalmodie-t-il) ; trempée d’ironie cruelle et de débris de guitare tordue ; ou la dingue, quasi comique People Will Always Need Coal, qui s’ouvre avec un sample incroyable d’une publicité des années 1970 conçue pour attirer les mineurs et offre des platitudes comme “les jeunes hommes du Pays de Galles trouvent… un avenir sûr dans le charbon gallois aujourd’hui”, il y a un peu de lumière qui brille ici.

Le premier single Progress qui offre une ruée douce de pop tendre de la part de la chanteuse de Camera Obscura Tracyanne Campbell, est emblématique tout en maintenant un intellect et un art intelligent. Morceau sublime augmenté par les bribes de discours qui fait bien comprendre à l’auditeur l’idée d’un avenir pour les communautés apparemment condamnées. Il offre au moins un espoir mélodique au sein de la tragédie.

Plus tard, nous recevons la fureur déchaînée de All Out – signe que les grèves ont commencé, le présent et l’avenir devenant plus dangereux au jour le jour. Des sons d’une foule furieuse sont placés sur du bruit de guitare déchiquetante et arrogante – “On n’en peut plus”. C’est émouvant, enrageant et quelque peu libérateur dans les mains de Willgoose et Wrigglesworth. “On m’a élevé dans le respect de la police… je ne la respecte plus aujourd’hui”, offre une vois avant de laisser la place à une vague violente de guitare furieuse.

James Dean Bradfield prête ses tonalités iconiques et son oreille inégalable pour la mélodie émotive avec le poème de Idris Davies Gwalia Deserter sur Turn No More qui offre un refrain frappant à la manière de l’époque récente des Manics tout en permettant à PSB de maintenir leur identité musicale grâce à des lignes développées d’instrumentalisation.

Le centre doux du disque voit la chanteuse de langue galloise Lise Jen Brown de 9Bach délivrer un duo glorieux et rêvant avec Willgoose lui-même sur You + Me – la première fois que sa voix apparaît sur disque ; c’est une tentative craintive, incertaine mais tendre et pleine de véritable sentiment. La chanson est un répit, un régal.

Vers la fin du conte, nous sommes poussés dans le pur désespoir climatique de Mother Of The Village. “On pensait tous qu’on serait là pour le reste de nos vies. Mais bien sûr, ça n’a pas fini comme ça” ; “Rien ne va la remplacer”. “tu comprends ce qu’ils voulaient dire par la mort d’un village”.

L’album se referme superbement avec le Beaufort Male Choir qui interprète la chanson des mineurs Take Me Home d’une manière qui émeut et donne la chair de poule, une main placée sur le cœur, évoquant l’hiraeth dans une mesure quasiment impossible. “Ramène-moi à la maison, laisse-moi chanter à nouveau” – les voix unifiées s’envolent, autre élément d’espoir contre l’oppression et la dépression.

Every Valley est certainement un disque important et opportun, mais heureusement, c’est également un qui est satisfaisant et émouvant. Même s’il ne peut ne pas avoir la portée évidente de leur disque de perçée The Race For Space, il a quelque chose d’important à nous raconter à propos de la période dans laquelle nous vivons et les dures leçons déchirantes que nous devrions tous apprendre du passé.

9

Traduction : 8 mai 2023

Dork | 4 juillet 2017

Public Service Broadcasting : “C’était une atmosphère de soutien partout où je suis allé”

Le dernier effort de J. Willgoose, Esq. et cie se rappelle de la grève des mineurs du Sud du Pays de Galles dans les années 1980

Josh Williams

“Je pense que c’est une histoire fascinante et très humaine et, comme toutes les bonnes histoires, c’est ce qui m’a attiré”, explique le chef de la bande de Public Service Broadcasting d’Italie où ils sont actuellement en train de présenter leur nouvel album Every Valley. L’album précédent The Race For Space a vu le groupe explorer l’histoire de la course à l’espace tandis que Every Valley voit le groupe retourner à quelque chose de plus proche de la maison, explorant l’histoire de l’industrie minière du Sud du Pays de Galles.

Enregistré dans l’ancienne ville minière de Ebbw Vale, Willgoose a expliqué que “C’était très important pour moi de trouver quelque part dans les vallées pour enregistrer. Ça ne semblait pas bien d’écrire cet album de manière isolée et de l’enregistrer loin des lieux et des événements qu’il abordait”. Est-ce que l’environnement a informé et influencé le son ? “De toutes sortes de manières intangibles, probablement. Je savais que je voulais que l’album dans l’ensemble ait un côté plus riche, plus organique que nos albums précédents, et un son plus basique. Enregistrer sur bande a joué un grand rôle dans ça, ainsi qu’apprendre à embrasser certaines imperfections du processus d’enregistrement plutôt qu’essayer d’aplanir chaque petit défaut. On a enregistré en janvier, et j’ai promené mon chien de la colline de Sirhowy à Ebbw Vale tous les jours, et ce sont ces moments que je me rappellerais le plus, je pense”.

En effet, l’histoire de l’industrie minière du Sud du Pays de Galles est la typique montée, descente et ruine et pour s’aider à se préparer, Willgoose a visité “la plupart des grands musées miniers dont celui à Wakefield et le plus petit, je pense, à Afan Valley”, qui est là où il a découvert l’artiste Hannah Benkwitz, dont l’œuvre a terminé sur la pochette de l’album. “Tout le monde dans tous ces musées a été vraiment incroyablement serviable et arrangeant, et on leur doit tous énormément de remerciements”. De plus, Willgoose a interviewé des anciens mineurs et leurs familles, “C’était une partie vraiment importante de l’album – rencontrer les gens impliqués, écouter leurs histoires et ne pas y arriver avec des notions préconçues de comment c’était ou des problèmes qu’ils ont gérés”.

Le sujet dela chute de l’industrie minière et de la grève des mineurs demeure un sujet controversé même aujourd’hui dans les Vallées avec une génération qui a grandi dans l’ombre de ce qui reste, est-ce qu’ils devraient retirer quelque chose en particulier de Every Valley ? “Ce n’est pas vraiment à moi de dire. Ce n’est pas ma place en tout cas pour n’importe quel album, mais encore moins ici. L’art, la musique, les livres, les films que j’aime le plus sont ceux qui te laissent trouver ton chemin à travers plutôt qu’être frappé sur la tête avec un baton qui t’explique tout. C’est la différence entre un film adulte comme All Is Lost et quelque chose de cartoonesque comme Seul sur Mars. Ils sont à des années-lumière l’un de l’autre”. Comme toujours, il y a deux côtés à chaque histoire et Willgoose n’a pas fait l’effort de raconter l’autre côté en expliquant “l’album parle d’une communauté particulière – une qui est exceptionnellement soudée et solide – qui traverse une crise existentielle, plutôt que de politique”.

Every Valley a de nombreux collaborateurs avec Turn No More qui voit James Dean Bradfield des Manics qui arrive. “Je lui ai demandé au concert à Swansea qu’on a fait avec les Manics – j’étais très nerveux étant donné que c’est un groupe tellement énorme pour moi et tant d’autres. Il a dit oui, et même si je pensais qu’il était juste poli au début, il continuait à répondre au téléphone ! C’est un immense privilège et honneur d’avoir quelqu’un avec son talent et pédigrée – et lien à la région – sur cet album. Je n’y crois toujours pas, honnêtement”. Mais avec toutes ces collaborations, y-aurait-il un moment où Willgoose lui-même prendra le micro et chantera sur un morceau de PSB ? “Ça n’arrivera jamais, jamais, jamais”, souligne le leader.

En tournant l’album précédent The Race For Space, le groupe a joué à la Brixton Academy à guichets fermés, et tournera Every Valley en octobre. Willgoose pense que “le Barrowlands est un spécial à torcher”. PSB y jouent le 18 octobre. “Je pense que ce sera génial d’avoir l’opportunité de faire cet album en entier dans une salle prestigieuse du Sud du Pays de Galles un jour, comme on l’a fait pour The Race For Space à l’Albert Hall de Manchester et au Usher Hall d’Édimbourg”.

Le single Progress a le refrain “I believe in progress” mais est-ce que Willgoose a l’impression que PSB a progressé depuis la sortie de The Race For Space ? “On dirait que ça s’est beaucoup agrandi et que ça a beaucoup grandi. Peut-être que tout ça provient d’un désir malencontreux d’être pris au sérieux en tant qu’artiste. Qui sait ?”

“J’étais beaucoup inquiet auparavant”, explique Willgoose à l’idée de rentrer dans la communauté très unie de Ebbw Vale. “J’ai eu l’agréable surprise de ne pas trouver d’hostilité. En fait, il y avait une atmosphère qui était vraiment d’un grand soutien partout où j’allais, et avec toutes les personnes à qui j’ai parlées. Que ce soit grâce aux personnes là-bas, l’attitude générale ou juste de la chance, je ne sais pas, mais je suis très reconnaissant pour le soutien et l’encouragement”. Effectivement, le groupe est revenu dans la ville pour présenter l’album avec deux concerts spéciaux en juin, parlant avant le concert, Willgoose pensait que ce serait “assez émotionnel probablement, et je ne me laisse pas aller comme ça souvent. On dirait vraiment une époque spéciale et unique et on a l’impression que c’était il y a longtemps. Je ne suis pas sûr qu’on ne refera jamais un autre album comme ça”.


Public Service Broadcasting
Every Valley

Play It Again Sam
***

Il est incroyablement facile de réduire Public Service Broadcasting à un truc ; mélangeant des films et des audios d’archive de service public avec de l’électronica et du rock. On dirait que deux profs d’histoire ont imaginé une manière “marrante” et “cool” d’enseigner leur matière. Mais au fur et à mesure que le projet continuait, il est devenu clair que PSB avait saisi quelque chose de spécial.

Après s’être attaqué aux films d’éducation publique et la course à l’espace, cette dernière avec un effet véritablement époustouflant sur The Race For Space, leur troisième album, Every Valley, se dirige vers les communautés minières galloises ; explorant la fierté des mineurs, même à l’heure la plus sombre. Il évite les personnalités comme Thatcher et Scargill en faveur d’un regard plus large à l’histoire tumultueuse de l’industrie sans perdre en puissance émotionnelle.

Le titre éponyme Every Valley et People Will Always Need Coal résument le prestige qui allait avec l’extraction minière. Les petits villages étaient célébrés pour propulser tout un pays. C’est rempli d’espoir, avec des cordes qui s’envolent et des guitares brillantes.

C’est avec All Out que les choses tournent dans l’histoire que de nombreux d’entre nous connaissent. Des guitares puissantes qui sonnent plus issues d’un disque de PUP canalisent la rage et la frustration des grèves de l’époque de Thatcher ; ce moment distinctivement non PSB se distinguant pour toutes les bonnes raisons.

Every Valley est aussi une première pour des chanteurs invités. Cependant, les disques de PSB ont toujours été meilleurs quand ils laissent les audios d’archive parler pour eux-mêmes et les artistes comme James Dean Bradfield et Traceyanne Campbell, tout en faisant un boulot décent, occultent le message à son détriment.

Quoi qu’il en soit, Every Valley capture l’histoire de l’industrie du charbon de manière plutôt sordide. Au début, il y a de l’espoir, puis il y a de la rage, mais il y a toujours un sentiment de fierté et de dignité maintenue. Il dépeint à gros coups de pinceaux une période qui mérite une exploration plus nuancée, certes, mais c’est un regard émouvant et unique à cette période d’histoire souvent négligée néanmoins.

Chris Taylor

Traduction : 7 mai 2023

NPR | 5 juillet 2017

Quelque chose de vieux, quelque chose de neuf : Public Service Broadcasting à propos de l’histoire et de la narration

Jacob Pinter

Bien que connu surtout en tant que groupe, Public Service Broadcasting est tout autant un projet historique que musical. Fondé par J. Willgoose, Esq., le trio anglais utilise des archives, que ce soit des films ou des émissions de radio, pour écrire de nouvelles chansons autour. “On peut essayer de raconter les histoires du passé avec de la nouvelle musique – essayer d’apporter de nouvelles dimensions, je suppose”, explique Willgoose.

Pour son nouvel album, Every Valley, Public Service Broadcasting a puisé dans la véritable histoire d’un boom minier au Pays de Galles qui a contribué à faire prospérer les petites communautés – et l’effondrement de cette bulle industrielle qui s’en est ensuit à cause de l’innovation et la révolution techniques. Pour raconter cette histoire, le groupe s’est lourdement reposé sur l’énorme archive du British Film Institute d’images produites par le gouvernement, qui incluaient des films réalisés par le National Coal Board qui étaient diffusés aux mineurs dans les cinémas de l’époque.

À propos de la mission de Public Service Broadcasting
Ça a commencé comme une sorte de truc ironique dans lequel on déclarait “enseigner les leçons du passé via la musique du futur”. Et ça a toujours été une blague pour moi. Mais je pense qu’on a fini par prendre ça un petit peu plus sérieusement en ce qui concerne les leçons du passé et de le ramener à la surface, le réexaminer, le remettre en contexte grâce à la musique qu’on écrit autour, et fixer des limites entre le passé et le présent. C’est, pour moi, ce qui rend tout ça le plus intéressant. Ce n’est pas un exercice de nostalgie, c’est en fait une histoire de recadrage du passé.

À propos du processus du travail avec des images d’archive pour Every Valley
En gros, ils t’apportent ces boîtes de pellicules qui n’ont pas été ouvertes depuis de nombreuses années. Et ils montent ce film en 35 mm sur de vieux projecteurs Steinbeck et tu t’asseois là à le regarder via un minuscule viseur. En fait, j’ai dû emmener l’une des boîtes au technicien là-vas en disant, “Je n’arrive pas à l’ouvrir, tu fais quoi dans ce cas ?” Et il l’a juste jetée par terre et elle s’est ouverte [rit]. J’étais là, waou, on ne peut pas faire ça avec des disques durs.

À propos de la chanson Progress
La ligne “I believe in progress”, surtout dans le contexte de l’album, prend une sorte de signification à double tranchant. À un niveau, c’est une chanson pop assez superficielle, [mais] tu parles de progrès et de la poussée en avant incessante de la race humaine. [La technologie] s’est débarrassée de ce qui était un boulot dangereux et sale, mais au prix énorme pour les communautés qui comptaient dessus. On regarde le progrès, mais on regarde aussi ce qui est abandonné.

À propos de combien une contrainte créative peut être libératrice
Je pense que dès le départ, on a eu la question, “C’est un concept intéressant, mais allez-vous devenir à cours de matière ou d’idées ?” Pour moi, ça n’a jamais été une chose limitante. Ça a toujours été une chose vraiment libératrice parce qu’on peut se focaliser sur à peu près tout, et on peut traiter la matière à peu près de toutes les manières. C’est une manière libératrice de travailler, et ça libère l’imagination.

Traduction : 5 mai 2023

God Is In The TV | 6 décembre 2021

LIVE : Manic Street Preachers – Wembley SEE Arena, Londres, 03/12/2021

Erica Viola

La dernière date live de 2021 des Manic Street Preachers voit Public Service Broadcasting de Londres ouvrir la soirée. Vêtus de blanc et occultés par des lumières scéniques éblouissantes, les art rockeurs délivrent des morceaux déchirants et élégants (soulignés par le chant de l’invitée EERA). Comprenant de nouvelles chansons extraites de leur dernier album Bright Magic ainsi que de The Race For Space, inspiré des missions Apollo, le set de PSB est une combinaison succulente de vision et de sons, une belle amorce pour le fan nouveau et aspirant, leur spectacle visuel caractéristique d’images d’archives remixées et de films d’époque donne au set du contexte et de la profondeur.

Le public élastique se resserre en anticipation tandis que les Manic Street Preachers se glissent sur scène et se lancent avec fracas dans Motorcycle Emptiness. Leur dernier album, The Ultra Vivid Lament, est entré à la première place des charts albums britanniques à sa sortie en septembre ; ils célèbrent les 35 ans du groupe et ont le répertoire qui va avec. Débordant d’énergie de confinement refoulée qui tourne, le trio apprécie sa tournée intermittente ça et là. Le concert de Wembley est le dernier hurlement de 2021, et quand les Manics hurlent, leurs fans leur répondent en hurlant. Les concerts de MSP sont interactifs ; ce soir, James Dean Bradfield et Nicky Wire sont impliqués et captivants, invitant toute l’arena à prendre les refrains (le batteur Sean Moore est, comme d’habitude, réticent derrière la grande clameur de sa batterie). You Stole The Sun From My Heart devient un effort de communauté ; Love’s Sweet Exile est un exercice d’intimité. Le concept de solitude est très fréquent dans le corps d’œuvre des Manics (ce soir voit des prestations de Your Love Alone Is Not EnoughEnola/Alone et Happy Bored Alone), mais les fans des Manics ont toujours eu un parfum de société secrète.

Bradfield et Wire sont positivement joyeux, contrastant avec des images du groupe période Generation Terrorists sur les écrans derrière eux, dans lesquelles ils portent des lunettes de soleil en intérieur et des expressions sciemment méprisantes. À leur moment de leur carrière, le groupe peut se permettre de regarder calmement eux plus jeunes, célébrer les vieux glamours avec la superbe interprétation solo de JDB en acoustique de l’angoissée La Tristesse Durera de 1993 et remercier le public pour “m’avoir [à Nicky Wire] donné la chance de me sortir de mon putain de survêt”. Ils étaient jeunes, et aujourd’hui ils sont d’un âge mûr, et ils sont à l’aise à la fois avec leur passé et leur présent.

La setlist rebondit entre les singles des années 1990 et les morceaux de The Ultra Vivid Lament. Les nouvelles chansons reçoivent l’attention et l’énergie qui leur sont dues, mais il est clair que le groupe ressent de la nostalgie : entre deux morceaux plus vieux, Bradfield beugle, avec un sourire dans la voix, “Et merde, restons dans les années 1990 !”. Nicky Wire est élastique, plein d’entrain, ponctuant sa performance avec ses sauts en ciseaux caractéristiques ; il est le bon côté de la folie. Un rare cadeau sous la forme d’une reprise balaye la salle ; rendant hommage au regretté producteur Steve Brown, les Manics reprennent She Sells Sanctuary de The Cult. Elle est magnifique, fidèle à l’originale, et elle est destinée à se retrouver partout sur YouTube. C’est également la transition parfaite pour la chanson de 1991 teintée de punk, Motown Junk. Bradfield crache ces paroles avec le même entrain qu’il a mis depuis les tout premiers concerts, et un millier de personnes d’âge mûr dans le public chantent en chœur : “Twenty one years of living and nothing means anything to me”, se rappelant une jeunesse durant laquelle ils voulaient le dire.

You Love Us! grogne Bradfield, se lançant violemment dans l’une des chansons les plus iconiques des Manics. C’est une autre chanson à crier, avec le public en orchestre qui saute en masse et celui en gradins qui chante jusqu’au plafond. La soirée se termine, comme tous les concerts de MSP, avec A Design For Life ; célèbrement, les Manic Street Preachers méprisent les rappels. Cette société secrète euphorique de fans des Manics sortent de la salle en file indienne, emportant avec elle les échos de la voix brutale de Bradfield, le fracas des percussions de Moore, et les lignes de basse liquides de Wire. À l’année prochaine, les garçons.

Traduction : 2 avril 2023

Gig Junkies | 12 novembre 2013

Public Service Broadcasting + Story Books à la Library de l’Institute de Birmingham, Royaume-Uni – 12 novembre 2013

Ken Harrison

Le concert de ce soir est animé par Public Service Broadcasting, duo basé à Londres constitué de J. Willgoose, Esq. à la guitare, au banjo, autres instruments à cordes, sample et instruments électroniques, et Wrigglesworth à la batterie (mais il joue également d’autres instruments) et accompagnés sur scène par Mr B pour les visuels, les projections et quelques images live ponctuelles de Willgoose et Wrigglesworth.

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